Le Grand Azerbaïdjan (azéri : Bütöv Azərbaycan) est un concept nationaliste azéri prônant l'union politique des territoires peuplés d'Azéris ou ayant historiquement abrité des populations azéries[1].

Carte du Grand Azerbaïdjan selon Adalet Tahirzadeh.

Histoire

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La notion de « Grand Azerbaïdjan » a été formulée par Piruz Dilenchi (en) en 1991 et définie par Abulfaz Elchibey (président de la République d’Azerbaïdjan en 1992-1993) en 1992. Dans un livre consacré à cette idée intitulé Bütöv Azərbaycan yolunda publié à Ankara en 1998, Elchibey revendique « le droit des Azéris à contrôler les territoires leur appartenant historiquement » (« Historiquement, [les frontières du] Grand Azerbaïdjan s'étendaient de Derbent au golfe Persique, avec Hamedan en son centre »[2]), affirmant que le territoire de l'Azerbaïdjan (Birləşmiş Azərbaycan Yurdları[3]) devrait s'étendre de Derbent au Daghestan jusqu'au lac d'Ourmia en Iran (Azerbaïdjan iranien)[3],[4].

Usage actuel

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Répartition des Azéris en Azerbaïdjan et dans les pays voisins.

Le terme de « Grand Azerbaïdjan » est toujours utilisé dans le cadre d'initiatives politiques telles que le SANLM (CAMAH) et le Parti du front populaire pour le Grand Azerbaïdjan (en)[5]. Bien que les frontières du Grand Azerbaïdjan ne soient pas strictement définies, la plupart des sources citent les territoires suivants[6] :

Contexte idéologique

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La notion de « Grand Azerbaïdjan » s'inscrit dans une idéologie protochroniste qui affirme que les Azéris actuels descendent directement des habitants non seulement antiques, mais préhistoriques de l'ancienne Atropatène, qui auraient été des peuples turcs parlant une langue-mère[7], la « langue-Soleil » dont seraient issues toutes les langues de la Terre[8],[9] : par conséquent, les Azéris auraient été présents sur le territoire du Grand Azerbaïdjan avant tous les peuples voisins, caucasiens, indo-européens, iraniens, et c'est pour restaurer cette « vérité première » que les autorités azerbaïdjanaises détruisent ou transforment les monuments et les nécropoles de leur juridiction, témoignant de la culture de ces autres peuples[10].

Références

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  1. (en) « Diaspora agrees to reintegrate Iranian Azerbaijan in Republic of Azerbaijan », sur abc.az (consulté le )
  2. Əbülfəz Elchibey, « Böyük Azərbaycan tarixən şimalda Dərbənddən başlayıb, Həmədan mərkəz olmaqla Bəsrə körfəzinədək uzanırdı » in : Bütöv Azərbaycan yolunda, Ecdad Yayınları, Ankara 1998
  3. a et b « Satranç Tahtasında Azerbaycan ve Farsistan »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ) Arif Rehmoğlu, Avrasya Dosyası, Avrasya Stratejik Araştırmalar Merkezi, Spring 200], Ankara
  4. « Bütöv Azərbaycan Haqqında », journal Yeni Müsavat, Bakou, 2002
  5. Siyasi partiyaların neçə üzvü var? - Sorğu, [1]
  6. « Bütöv Azərbaycan Haritası »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )
  7. Erol Özkoray : Turquie : le putsch permanent, éd. Sigest, 2010.
  8. Geoffrey Lewis, The Turkish Language Reform: A Catastrophic Success, p 59.
  9. Erik-Jan Zürcher, La théorie du «langage-soleil» et sa place dans la réforme de la langue turque.
  10. À propos du cimetière de Djoulfa rasé entre 1998 et 2005, Hasan Zeynalov, alors représentant permanent du Nakhitchevan à Bakou, affirma que « les Arméniens n'ont jamais vécu au Nakhitchevan, terre azerbaïdjanaise depuis les temps immémoriaux, et c'est pourquoi il n'y a ni cimetières ni monuments arméniens, et il n'y en a jamais eu » cité dans Sarah Pickman, (en) « Tragedy on the Araxes » in Archaelogy du 30 juin 2006 - [2] consulté le 18 juin 2012.