Golrokh Ebrahimi Iraee

militante iranienne pour les droits de l'homme
Golrokh Ebrahimi Iraee
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Condamnée pour

Golrokh Ebrahimi Iraee ou Golrokh Iraee (en persan: گلرخ ایرایی), né vers 1980[1], est un écrivaine, comptable et défenseure des droits humains iranienne militant contre la pratique de la lapidation en Iran. Elle est actuellement emprisonnée pour ses opinions religieuses.

Pays avec une peine de mort par lapidation.

En octobre 2016, Golrokh débute une peine de six ans de prison pour « insulte au sacré » et « propagande contre l'État » à la suite de la découverte lors de la perquisition de son domicile d'une histoire non publiée critiquant la lapidation[2]. Elle est libérée de prison le 3 janvier 2017 après une grève de la faim de 71 jours de son mari et de nombreuses protestations sur Twitter qui attirent l'attention internationale. Elle est renvoyée en prison le 22 janvier, après que son mari ait arrêté sa grève de la faim[3].

La lapidation à mort est controversée en Iran et est généralement utilisée contre les femmes. En 2010, la communauté internationale critique fortement l'Iran à cause du cas de Sakineh Mohammadi Ashtiani, libéré en mars 2014, après neuf ans dans le couloir de la mort[4],[5].

Biographie modifier

 
Abu Bakr arrêtant une lapidation à La Mecque.

Golrokh Ebrahimi Iraee est mariée à Arash Sadegh, militant des droits de l'homme iranien.

Perquisition et critique de la lapidation modifier

En septembre 2014, les autorités iraniennes fouillent le domicile de Golrokh Ebrahimi Iraee et de son mari Arash Sadeghi à Téhéran. Les policiers s'emparent des ordinateurs portables, de documents papiers, et de CDs[6]. Ils découvrent une histoire non-publiée écrite par Iraee et critiquant la lapidation des femmes[7]. Dans l'histoire, une jeune fille regarde le film La Lapidation de Soraya M. et, énervée, décide de brûler un exemplaire du Coran[4].

Arrestation modifier

Après la découverte de l'histoire, Iraee et son mari Sadegh sont arrêtés par quatre hommes soupçonnés d'appartenir au Corps des Gardiens de la révolution islamique. Sadegh est envoyé à la prison d'Evin, mais Iraee est d'abord emmenée dans un lieu tenu secret pendant trois jours ou elle n'est pas autorisée à voir un avocat ou à parler à sa famille. Elle est ensuite emmenée à la prison d'Evin où pendant 17 jours, elle est interrogée quotidiennement pendant des heures. Durant les interrogatoires, ses yeux sont bandés et elle reçoit des menaces de mort. Pendant les interrogatoires, Iraee est également contrainte d'entendre les gardes donner des coups de pied et étrangler son mari dans la cellule voisine[6],[8].

Procès modifier

Iraee est convoquée deux fois devant le tribunal. Sa première audition porte sur l'activité politique de son mari. Elle n'y est pas été autorisée à parler. Au moment de la deuxième audience, elle est à l'hôpital à la suite d'une opération. Le tribunal refuse d'examiner son dossier médical, son premier avocat est poussé à abandonner le dossier et son deuxième avocat se voit interdire de la représenter[7].

En octobre 2016, des responsables iraniens contactent Iraee et la convoquent à la prison d'Evin pour y commencer à purger une peine de six ans de prison[7]. Aucun mandat d'arrêt n'est délivré, contrairement à ce qu'exige la loi et Iraee est condamnée pour « insulte au sacré » et « propagande contre l'État »[4].

Réactions modifier

Amnesty International appelle le gouvernement iranien à libérer Iraee. Selon Philip Luther, directeur de la section Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'ONG, « elle fait face à des années derrière les barreaux simplement pour avoir écrit une histoire qu'elle n'a même pas été publiée - elle est en fait punie pour avoir utilisé son imagination. Au lieu d'emprisonner une jeune femme pour avoir exercé pacifiquement ses droits humains en exprimant son opposition à la lapidation, les autorités iraniennes devraient s'attacher à abolir cette peine, qui équivaut à de la torture. »[9].

Détention modifier

Première détention (oct. 2016 - jan. 2017) et grève de la faim de Sadeghi modifier

Iraee est incarcérée à la prison d'Evin en octobre 2016.

Le , Sadeghi, le mari d'Iraee, entame une grève de la faim en prison pour protester contre l'emprisonnement de sa femme. Des manifestations ont lieu devant la prison d'Evin, ce qui est rarissime en Iran[10]. Même si Twitter est interdit en Iran, une campagne y est menée avec le hashtag #SaveArash[11]. Le 3 janvier 2017, Iraee est libérée et Sadeghi arrête sa grève de la faim. La famille de Sadghi déclare qu'il a alors de nombreux problèmes médicaux, notamment des vomissements de sang et des problèmes respiratoires, cardiaques, rénaux et gastro-intestinaux[12]. Il est emmené à l'hôpital, mais le 7 janvier, après seulement quelques jours d'hospitalisation, il est renvoyé en prison contre l'avis des médecins recommandant une hospitalisation[13].

Les autorités iraniennes déclarent qu'Iraee et Sadegh peuvent être temporairement libérés de prison sous caution s'ils obtenaient des obligations foncières d'une valeur de 7 et 10 milliards de rials (300 000 USD) pour Arash Sadeghi et de 5 milliards de rials (150 000 USD) pour Golrokh Ebrahimi Iraee[12]. Iraee apporte un acte de propriété au tribunal pour la caution exigé mais le gouvernement annonce que la situation a changé et qu'elle doit être réincarcérée. Iraee refuse de retourner en prison, mais lorsqu'elle essaye de rendre visite à son mari à l'hôpital, le 22 janvier, elle est arrêtée par des gardiens de la révolution et renvoyée à la prison d'Evin[13].

Seconde détention (jan. 2017 - présent) modifier

Le Iraee entame une grève de la faim.

En mars 2018, Iraee est transférée de la prison d'Evin à la prison de Qarchak, près de Varamin. À cette époque, Golrokh est incarcérée avec la militante des droits humains Atena Daemi dans une section de quarantaine de cette prison. Les conditions y sont mauvaises et les militantes portent toujours les mêmes vêtements qu'à leur arrivée[14].

Au 9 mars, après 35 jours de grève de la faim, Iraee souffre de douleurs musculaires sévèreset reçoit de force des liquides par voies intraveineuses.

Références modifier

  1. (en) J. W. F. Staff, « Iranian Human Rights Activist Jailed for 6 Years Over Facebook Posts », sur Jimmy Wales Foundation, (consulté le )
  2. (ar) « السعودية: الحكم على صحفي بالسجن خمس سنوات لنشره تغريدات دليل آخر على استمرار الممارسات القمعية للسلطات السعودية », sur www.amnesty.org (consulté le )
  3. « Wife of Imprisoned Activist Arash Sadeghi Resists Order to Return to Prison », sur Center for Human Rights in Iran, (consulté le )
  4. a b et c Vishakha Sonawane, « Who Is Golrokh Ebrahimi Iraee? Iranian Woman Sentenced To 6 Years In Jail For Writing About Stoning », sur International Business Times, (consulté le )
  5. (en) « Iranian writer faces long jail term for short story on stoning to death », sur the Guardian, (consulté le )
  6. a et b (en-GB) « A writer in Iran is facing six years in prison because she wrote an unpublished novel about stoning », The Independant,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. a b et c (en-GB) Saeed Kamali Dehghan, « Iranian writer faces long jail term for short story on stoning to death », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  8. (en-GB) Chiara Palazzo, « Iranian writer faces long jail term for fictional novel about stoning », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )
  9. (en-US) « Iran: Writer facing imminent imprisonment for story about stoning », sur Amnesty International USA (consulté le )
  10. Gladstone, « Iranian Activist Ends Hunger Strike as Wife Is Released From Prison », sur NYTimes.com,
  11. « Jailed Iranian activist ends hunger strike after wife freed », sur www.bbc.com,
  12. a et b « Update:Golrokh Ebrahimi Iraee Iranian writer and human rights activist released on bail today »,
  13. a et b « Wife of Imprisoned Activist Arash Sadeghi Resists Order to Return to Prison »
  14. « 9 March 2018 - Held in poor conditions in Shahr-e Rey prison »,