Fred Vlès

biologiste et déporté français, directeur de l'Institut de Physique biologique de l'université de Strasbourg (1885-1944)

Fred Manuel Raoul Vlès, né le au Havre et mort le (à 59 ans), à Dachau[1], est un zoologiste et biologiste français, docteur ès sciences, professeur de physique biologique à la faculté de médecine de Strasbourg entre 1922 et sa déportation en 1944.

Fred Vlès
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Service historique de la Défense (AC 21 P 548 380)
Service historique de la Défense - site de Vincennes (d) (GR 16 P 598300)Voir et modifier les données sur Wikidata

Biographie modifier

Il participe à la Première Guerre mondiale dans un régiment de zouaves, où il est cité deux fois à l'ordre.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le , il échappe à la rafle de l'Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand effectuée par la Gestapo à la suite d'un attentat commis le même jour. Mais pour éviter des représailles infligées à d'autres, il se présente volontairement deux jours après à la Kommandantur locale. Emprisonné au 92e RI de Clermont-Ferrand pendant trois mois, il est envoyé à Compiègne où l'attend un des derniers convois pour Dachau.

Le Fred Vlès est déporté au camp de concentration de Dachau par le convoi 7909 qui arrivera au camp le [2],[3]: 2 521 individus sont dénombrés au départ de Compiègne, 984 mourront durant le trajet vers l'Allemagne et seulement 181 individus reviendront de captivité. Il est enregistré comme décédé le premier jour du trajet[4].

Son fils unique Jean-Claude Vlès, servant dans l'aviation, est tué lors de cette même guerre.

Travaux modifier

« Fred Vlès avait été astronome, géologue, naturaliste, physiologiste et physicien; il fit alors des études médicales. Cette formation riche et variée traduit une curiosité scientifique peu commune. Ses recherches comme sa formation furent multiples, originales et fécondes. Il était avant tout un biologiste. Il avait quitté la station de biologie marine de Roscoff[5] pour enseigner à Strasbourg[6]. Était-ce au contact de cet environnement qu'il prit conscience du rôle primordiale des propriétés physico-chimiques des solutions dans l'étude des manifestations, aussi multiples que complexes, dont il avait été un observateur quotidien ?

Vlès fut le pionnier des la physico-chimie biologique des cellules et de leur environnement, appelé le milieu intérieur, véritable mer nutritionnelle, siège des équilibres subtils, et assurant les échanges avec le milieu extérieur. Il publia Introduction à la chimie-physique biologique(1927).

Vlès s'attacha à l'étude de l'homéostasie ionique et oncotique du milieu intérieur, il en étudia les variations au cours de la croissance et des déviations dans le cancer. S'il s'intéressa plus particulièrement aux équilibres ioniques, son élève de Roscoff, Paul Reiss(1901-1944), qui deviendra son agrégé en 1930, se consacra à l'étude des équilibres d'oxydoréduction cellulaire. l'un comme l'autre étaient convaincus des ressources que l'on pouvait tirer des procédés physiques. Ils développèrent des techniques électrométriques et spectroscopiques originales, qui leur permirent une étude structurale fine de la fibre musculaire, des milieux transparents de l’œil et des sellules embryonnaires. Paul Reiss publia Action des agents physiques sur les organismes (1935)[7]. »

Publications modifier

  • Notes et revue no 2 des archives de zoologie expérimentale et générale : quelques remarques sur tokophrya cyclopum cl. et c. - sur la biréfrigérence musculaire - notes sur les myxosporidies, 1908.
  • Propriétés optiques des muscles, Hermann (Paris), 1911, Texte intégral.
  • La cinématographie astronomique, Charles-Mendel (Paris), [ca 1914].
  • Notes sur les constantes optiques des hémoglobines, Vigot (Paris), 1921.
  • L'osmose et les propriétés qui sont liées à la concentration moléculaire des solutions, 1927.
  • Travaux Pratiques de Physique Biologique et de Chimie-Physique, Vigot (Paris), 1927.
  • Introduction à une physico-chimie pathologique, [Thèse de Médecine présentée le 17 juin 1929], impr.-éd. universitaires de Strasbourg (Strasbourg), 1929.
  • Précis de chimie physique à l'usage des étudiants en médecine, {préface de Georges Weiss ], Vigot (Paris), 1929, 416 p.
  • Titres et Travaux scientifiques de Fred Vlès, docteur ès sciences, professeur de physique biologique à la Faculté de médecine de Strasbourg, Impr. Floch ; Vigot frères (Paris), 1931.
  • « Documents pour servir à l'étude du rôle des facteurs électriques dans l'évolution des embryons d' Oursin », in: Bulletin de l'Institut océanographique (Monaco), no. 586.
  • Les conditions biologiques créées par les propriétés électriques de l'atmosphère : le comportement des organismes électriquement connectés au sol, ou isolés de celui-ci, Hermann et Cie (Paris), 1940.
  • Physique biologique, Hermann (Paris), 1940.
  • Introduction à la photochimie biologique à l'usage des médecins et des biologistes. Radiations. Analyse spectrale. Photochimie, Vigot (Paris), 1942.
  • La Spectroscopie en biologie, Presses documentaires (Paris), 1945.
En collaboration
  • avec L. Chevroton: « La cinématographie du développement embryonnaire de l'oursin (Paracentrotus Lividus Lk.) et ses applications a la mécanique de la segmentation », in : Archives de zoologie expérimentale et générale, p. 449-517, 5e série, t. VIII. P., Albert Schulz, 1911.
  • avec Maurice Gex: Cours sur la physico-chimie des pétroles, Vigot (Paris), 1921.
  • avec S. Nouël: Notes sur quelques propriétés physico chimiques des produits sexuels de l'oursin, Vigot (Paris), 1922.
  • avec Paul Reiss: Contribution à la théorie des anticorps, Vigot (Paris), 1924.

Reconnaissance modifier

À Strasbourg, une rue à proximité de la faculté porte le nom de Fred Vlès[8] en son hommage, comme l'un des amphithéâtres de la Faculté de médecine de Strasbourg. Une plaque commémorative est apposée dans l'Institut de physique biologique, bâtiment construit par l'architecte Garnon, à l'initiative de Vlès, en 1937-1938 et dont il fut le premier directeur.

Notes et références modifier

  1. « Arrêté du 12 janvier 1993 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes de décès », in: JORF, no 52 du 3 mars 1993 page 3345.
  2. Voir le chapitre écrit par Francis Rohmer intitulé « Le convoi de la mort » dans Des universités aux camps de concentration. Témoignages strasbourgeois (ISBN 2-86820-714-6).
  3. Fondation pour la mémoire de la déportation, « Livre mémorial », sur www.bddm.org (consulté le )
  4. « Base des morts en déportation (1939-1945) - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  5. Il est l'élève d'Yves Delage à la Station biologique de Roscoff où il devient préparateur entre 1905 et 1914.
  6. Il est recruté par le doyen Georges Weiss en 1922.
  7. Jacques Chambron, « La physique médicale est de nouveau une discipline à part entière », in: Histoire de la médecine à Strasbourg, Jacques Héran (coord.), La Nuée Bleue (Strasbourg), 1997 (2e  éd. rév.), p. 501-502
  8. Bertrand Merle, 50 mots pour comprendre la résistance alsacienne : 1939-1945, (ISBN 978-2-7468-4334-9 et 2-7468-4334-X, OCLC 1356270846, lire en ligne)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Geneviève Achard: Fred Vlès (1885-1944), Strasbourg, 8 p.
  • Georges Bohn: La Mouvement scientifique, in: Mercure de France (Paris) 1930, t. 227, no 777, p. 689-90, directeur Alfred Vallette, lire en ligne sur Gallica.
  • Jacques Chambron, « La physique médicale est de nouveau une discipline à part entière », in: Histoire de la médecine à Strasbourg, Jacques Héran (coord.), La Nuée Bleue (Strasbourg), 1997 (2e  éd. rév.), p. 501-502.
  • Claudine Fourrer Claudine (épouse Himmelspach), Fred Vlès (1885-1944), Paul Reiss (1901-1944) : héros de la faculté de médecine de Strasbourg, [Thèse de médecine, Université Louis Pasteur, Strasbourg, 1989]
  • (en) H.Munro Fox: « Obituary. Prof. Fred Vlès », in: Nature, 159, 597 (3 May 1947), doi:10.1038/159597b0 Extrait.
  • Daniel Lancereau: « La physique biologique à Strasbourg », in: La science sous influence : l'université de Strasbourg, enjeu des conflits franco-allemands, 1872-1945, sous la direction d'Elisabeth Crawford et de Josiane Olff-Nathan, La Nuée Bleue (Strasbourg), 2005.
  • « Nombreuses arrestations le 8 mars 1944 dont dans le milieu universitaire à Clermont-Ferrand », Texte intégral.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier