Franz Xaver Dorsch
Franz Xaver Dorsch (à gauche) et le ministre du Reich pour l'Armement et les Munitions Albert Speer (au centre) en tournée d'inspection d'une partie du mur de l'Atlantique.
Biographie
Naissance
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MunichVoir et modifier les données sur Wikidata
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Sturmabteilung
Jägerstab (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions

Franz Xaver Dorsch (né le à Illertissen en Allemagne et décédé le à Munich) est un ingénieur civil allemand. Il est ingénieur en chef de l'Organisation Todt, un groupe à la fois civil et militaire surtout connu pour la multitude et l'ampleur de différents ouvrages réalisés pour le compte du Troisième Reich. Dorsch joua un rôle central dans plusieurs importants projets de construction sur le territoire allemand et dans les pays occupés, dont la ligne Siegfried et le mur de l'Atlantique. Après la guerre, il ne fut pas poursuivi malgré son allégeance au Parti nazi et fonda une société de génie conseil à Wiesbaden.

Biographie modifier

Franz Xaver Dorsch naît à Illertissen, dans la région d'Allgäu, en Bavière. Il sert dans l'armée allemande pendant la Première Guerre mondiale du au , et atteint le grade de sergent. Après la démobilisation, il rejoint les corps francs et participe à l'écrasement de la République des conseils de Bavière en . Plus tard cette même année, il entreprend des études de génie civil à la Technische Hochschule Stuttgart — aujourd'hui université de Stuttgart —, et devient architecte qualifié en 1928[1]. De 1929 à 1933, il travaille avec Fritz Todt, qui fondera l'Organisation Todt, pour le compte de la firme munichoise d'ingénierie Sager und Wörner[2].

Dorsch et Todt sont des partisans de la première heure d'Adolf Hitler. Dorsch adhère au Parti nazi naissant et son aile paramilitaire, le Sturmabteilung (SA), en 1922, et participe au putsch manqué de la Brasserie les 8-. Il reçoit plus tard le Symbole d'or du Parti nazi et l'Ordre du sang du Parti nazi en reconnaissance des services rendus[3]. En , Todt est nommé Generalinspektor für das deutsche Straßenwesen (« Inspecteur général des routes allemandes »), et nommé responsable de la construction du réseau des Autobahnen allemandes[4]. Todt recrute Dorsch comme adjoint et chef du bureau central de l'Organisation Todt à Berlin, et le fait travailler sur le projet des Autobahnen[2]. En 1938, Dorsch joue un rôle central dans la construction de la ligne Siegfried (en allemand : Westwall), un vaste système défensif s'étendant sur plus de 630 km le long des frontières orientales allemandes, des Pays-Bas à la Suisse[5].

À partir de , Dorsch supervise la construction du mur de l'Atlantique dans les parties orientales des territoires européens occupés, mais son travail est critiqué par les responsables de l'armée de terre et de la marine, car il ignore leurs suggestions[6]. Le , Fritz Todt meurt dans un accident d'avion. Albert Speer, l'architecte en chef d'Adolf Hitler, le remplace. Speer prend le contrôle de l'Organisation Todt en tant que ministre du Reich pour l'Armement et les Munitions, mais dans les faits remet à Dorsch l'autorité de la mener comme il l'entend[7]. En reconnaissance des services rendus, Dorsch reçoit la Croix du mérite de guerre avec sabres le [3].

Les relations entre Speer et Dorsch sont néanmoins tendues. En théorie, l'Organisation Todt ne peut réaliser de constructions qu'à l'extérieur du Reich, mais dans la pratique, ses services sont de plus en sollicités pour construire des ouvrages dans le Reich et Dorsch souhaite donc imposer ses conditions à l'industrie de la construction allemande. Dorsch et Speer s'affrontent durement à ce sujet, Dorsch exigeant d'être responsable de toutes les activités de construction du Reich de façon que l'Organisation Todt supervise tous les nouveaux projets d'importance[8]. Dorsch est un allié secret de Martin Bormann, qui l'avait recruté comme agent du Parteikanzlei pour espionner Speer[9]. Selon Speer, Dorsch a agi de façon à miner son autorité sur le ministère dont il est responsable[10]. Au printemps de 1944, Dorsch tente de faire limoger Speer. Même s'il échoue, l'autorité de Speer est sérieusement diminuée[11].

En , Adolf Hitler remet à Dorsch le contrôle de l'Organisation Todt[12]. Dorsch est invité à soumettre des propositions pour le projet, auquel Speer s'est vigoureusement opposé, de déplacer les usines allemandes dans des « bâtiments de béton » ou des installations souterraines dans le but de les protéger des bombardements alliés. Hermann Göring, le ministre de l'Aviation, ordonne à Dorsch de commencer la construction de hangars à avions souterrains pour le compte de la Luftwaffe[13]. Dorsch est nommé responsable des bureaux du ministère du Reich pour l'Armement et les Munitions et sert comme ministre adjoint en tant que commissaire général de l'industrie de la construction. Étant toujours chargé de l'Organisation Todt, il est donc de facto responsable de l'ensemble des activités de construction du Troisième Reich pendant la dernière année de guerre[8]. L'ordre d'Hitler de construire des usines à l'épreuve des bombes donne à Dorsch l'autorité nécessaire pour contrôler l'ensemble de l'industrie de la construction allemande. En , il dirige ainsi plus de 780 000 personnes, pour la plupart des travailleurs forcés capturés par les forces allemandes hors du Reich, qui construisent des ouvrages sur le territoire contrôlé par le Troisième Reich[8].

La guerre terminée, Dorsch n'est pas poursuivi en justice[14], mais est mandaté par l’United States Army pour rédiger un manuel de 1 000 pages sur l'Organisation Todt, qui est publié en 1947[15].

En 1950, Dorsch fonde la firme de génie-conseil Reg. Baumeister Xaver Dorsch, Ingenieurbüro à Wiesbaden[16], firme nommée Dorsch Consult en 1951 puis Dorsch Gruppe en 2006[17]. En 2011, cette société, qui emploie plus de 1 600 personnes, est la plus grande société indépendante dans son secteur d'activités[18].

Xaver Dorsch meurt à Munich le .

Notes et références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Franz Xaver Dorsch » (voir la liste des auteurs).

  1. (en) Franz Wilhelm Seidler, Die Organisation Todt : Bauen für Staat und Wehrmacht, 1938–1945, Bernard & Graefe, , 300 p. (ISBN 978-3-7637-5842-5), p. 17
  2. a et b (en) Werner Flos (ancien ingénieur en chef de l'Organisation Todt) et R. V. Jones (« père du renseignement scientifique »), « An Engineer Returns ... And a Museum is Born », After the Battle, Londres, vol. 57,‎ , p. 49-53 (présentation en ligne)
  3. a et b (en) Klaus D. Patzwall, Die Ritterkreuzträger des Kriegsverdienstkreuzes 1942–1945 : eine Dokumentation in Wort und Bild, Hambourg, Verlag Militaria-Archiv K.D. Patzwall, , p. 38
  4. (en) Charles Stephenson, The Channel Islands 1941-45 : Hitler's Impregnable Fortress, Osprey Publishing, , 64 p. (ISBN 978-1-84176-921-9), p. 16
  5. Patzwall, p. 39.
  6. (en) Anthony Saunders, Hitler's Atlantic Wall, Sutton, (ISBN 978-0-7509-2544-0), p. 9
  7. (en) Isobel Gutman, Encyclopedia of the Holocaust : Volume 2, Macmillan Library Reference USA, , 1905 p. (ISBN 978-0-02-896090-6), p. 1095
  8. a b et c (en) Rolf-Dieter Müller, Germany and the Second World War : Organization and mobilization of the German sphere of power, vol. 5, Oxford University Press, , 389, 487–9 (ISBN 978-0-19-820873-0, lire en ligne), « Albert Speer and Armaments Policy in Total War »
  9. (en) Dietrich Orlow, The History of the Nazi Party : 1933-1945, University of Pittsburgh Press, , 538 p. (ISBN 978-0-8229-3253-6), p. 460
  10. (en) Blaine Taylor, Hitler's Engineers : Fritz Todt and Albert Speer : Master Builders of the Third Reich, Casemate Publishers, , 272 p. (ISBN 978-1-932033-68-7), p. 200
  11. (en) Alfred C. Mierzejewski, The Collapse of the German War Economy, 1944-1945 : Allied Air Power and the German National Railway, UNC Press Books, , 285 p. (ISBN 978-0-8078-1792-6, lire en ligne), p. 16
  12. Taylor, p. 213.
  13. (en) Claus Reuter, The V2 and the German, Russian and American Rocket Program, German-Canadian Museum of Applied History, (ISBN 978-1-894643-05-4, lire en ligne), p. 100
  14. (en) Gerald L. Posner, Hitler's children : sons and daughters of leaders of the Third Reich talk about their fathers and themselves, Random House, , 239 p. (ISBN 978-0-394-58299-3), p. 81
  15. (en) Dorsch, Xaver, Robinson, J.B. et Ross, W.F., Organization Todt, Historical Division, US Army European Command, Foreign Military Studies Branch, .
  16. (en) Karl Strute, Who's who in technology, Volume 3, Who's Who the International Red series, , 3968 p. (ISBN 978-3-921220-36-8), p. 2611
  17. (en) « Chronicle », Dorsch Gruppe (consulté le ).
  18. (en) « Company », Dorsch Gruppe (consulté le ).

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