Forteresse (échecs)

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Aux échecs, on appelle forteresse une position dans laquelle le camp en infériorité matérielle a construit un rempart infranchissable sans qu'un zugzwang soit possible, parce que le défenseur dispose de coups d'attente, ou bien en raison de menace de pat. Elle est pour la première fois expliquée en 1850, dans un article publié par Alexandre Petrov[1].

La forteresse est un thème fréquemment utilisé dans les études.

Sans les bases de données de finales, la plupart des programmes d'échecs sont incapables d'évaluer correctement ce type de position.

Exemples

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Exemple de forteresse (1).
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Giri, Anish contre Shankland, Samuel.
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Dans le diagramme de droite, malgré leur avantage matériel, les Blancs ne peuvent progresser, la tour noire empêchant le roi blanc de passer. Le Roi Noir défend le pion Noir qui lui-même défend la tour. Cette dernière peut osciller entre les cases f6 et d6, toujours sous la protection du pion. Le roi Blanc ne peut franchir la sixième rangée pour apporter son soutien à la dame.

Voici un autre exemple de forteresse, issue d'une partie entre Anish Giri et Samuel Shankland, où le meneur des Noirs a abandonné alors qu'il pouvait facilement obtenir une forteresse, car le roi va rester en d8 et en c8, interdisant l'accès au roi Blanc, et si le fou blanc va en g5 pour bloquer la case d8 au roi Noir, ce dernier ira se cacher en b8, forçant la nulle[2].

Exemple de forteresse (2).
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La forteresse de pions est la forteresse la plus courante. Elle se distingue par un Roi dans un coin entouré de pions ou une muraille de pions avec un Roi de chaque côté.

Sur le diagramme de droite, la position est nulle, car après 1. Kf3!? Ke5 (si 1. Ke3??, 1... Ke5 2. Kf3 Kd4, et les Noirs s'infiltrent), les Blancs jouent 2. Ke3, aucun des camps n'arrive à prendre l'avantage (2... Kf6 3. Ke4 Ke6) et la position se répète grâce à la triangulation du Roi. Les Blancs ni les Noirs ne peuvent progresser à l'Aile Roi car les deux camps sont en zugzwang.

Sacrifices

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Serper, Gregory contre Nakamura, Hikaru.
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Il y a deux types de sacrifices dans les forteresses de pions : le sacrifice pour obtenir une forteresse et le sacrifice pour bloquer un pion a ou h avec le Roi.

Problème forteresse.
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Dans le diagramme à gauche, tiré d'une partie entre Gregory Serper et Hikaru Nakamura, les Blancs ont compris que, s'ils gardaient leur Cavalier, ils perdraient, et Serper a joué 82. Nxe4!! 1/2 1/2, avec l'idée de créer une forteresse en f1 et et en g1 avec leur roi[3].

Sur le problème à droite, les Noirs semblent perdants, mais ils ont une ressource : 1. Bh3!!, car après 1... gxh3, les Blancs ont les pions doublés sur la colonne h et les Noirs contrôlent la case h8, et sur 1... Bf3 2. Bxg2! Bxg2, et les Noirs peuvent encore une fois arrêter le pion h[4],[5].

Notes et références

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  1. (en)Jean-Louis Cazaux, Rick Knowlton, A World of Chess: Its Development and Variations through Centuries and Civilizations, McFarland, (ISBN 9781476629018, lire en ligne), p. 298-299
  2. Kévin Bordi, Gagner aux échecs (même quand on débute), "Bon à savoir" > la Forteresse, p. 186-187
  3. (en + fr) Chess.com, « Termes d'échecs : la forteresse », sur chess.com
  4. Kévin Bordi, Gagner aux échecs (même quand on débute), "Les pions a et h", p. 183
  5. Kévin Bordi, Gagner aux échecs (même quand on débute), "Bon à savoir" > le Mauvais fou, p. 185