Ennemond Mayoussier

Ennemond Mayoussier, né à Pont-en-Royans en 1823, est le fils de Marie-Julie Guinard et d’Ennemond Mayoussier, deux marchands de bois locaux. Il épouse Félicie Elisabeth Thomas en 1847, il est alors négociant dans son village natal. Il devient ensuite représentant pour l’entreprise lyonnaise Perret & Ollivier qui produit de l’acide sulfurique. Acteur important dans les négociations pour la fusion de l’entreprise lyonnaise et de Saint-Gobain, la direction commerciale des manufactures lui est confiée dès sa création. Bien que ses affaires l’occupent surtout à Paris, Ennemond vient parfois se reposer dans une bâtisse située à Auberives-en-Royans. Cette bâtisse aux allures de château est initialement un héritage obtenu par alliance, la propriété est nommée "le Belle”.

Ennemond Mayoussier
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait d'Ennemond Mayoussier
Naissance
Pont-en-Royans
Décès (à 67 ans)
Paris
Nationalité Français
Pays de résidence France
Profession
Directeur commercial des produits chimiques de Saint-Gobain
Descendants

Félix Mayoussier (fils)

Henry Mayoussier (petit-fils)

Biographie modifier

Enfance et formation modifier

Marie-Julie Guinard, mère d’Ennemond Mayoussier est issue d’une famille pontoise importante. Cette famille est restée pendant plusieurs générations une famille de référence pour l’économie locale. Ils étaient de grands marchands de laine et fabricants de draps[1]. Le registre de naissance d’Ennemond Mayoussier indique que ses parents étaient marchands de bois au moment de sa naissance[2].

Contrairement à son fils puis son petit-fils[3], Ennemond ne semble pas avoir suivi de cursus à l’université qui aurait pu favoriser son ascension sociale. Il est d’abord négociant à Pont-en-Royans puis intègre l’entreprise lyonnaise Perret & Ollivier avant que celle-ci ne fusionne avec l’entreprise Saint-Gobain dans laquelle Ennemond fait la suite de sa carrière.

Vie de famille modifier

A Pont-en-Royans le 24 octobre 1847, il épouse à l’âge de 24 ans Félicie Elisabeth Thomas, âgée de 18 ans et fille d’un défunt greffier de la justice de paix[4].

Ils ont un enfant né le 18 juin 1851 et résident dans le XVIe arrondissement de Paris, avenue Jules Janin. Leur fils, Emile Jules Joseph Félix reprend le poste de son père à Saint-Gobain en 1890 après avoir été licencié de la faculté de droit[5].

Mort modifier

Ennemond Mayoussier meurt le 23 octobre 1890. Il est enterré au cimetière d’Auberives-en-Royans[6].

Les Mayoussier et Saint-Gobain modifier

Fondée sous le règne de Louis XIV, la manufacture royale des glaces installe son principal site de production dans un petit village du Nord-Est du royaume, Saint-Gobain, qui lui a donné son nom. En 1872, l’entreprise fusionne avec Perret & Ollivier ce qui lui permet de développer sa branche chimique[7]. Le nouvel outil chimique développé par l’entreprise familiale Perret & Ollivier est progressivement remplacé par un autre procédé plus efficient. Saint-Gobain doit donc trouver de nouveaux débouchés pour son acide sulfurique. C’est grâce au développement des engrais chimiques pour l’agriculture que la firme trouve un marché pour l’acide sulfurique.

L’entreprise s’organise en trois directions générales dont deux réservées aux produits chimiques en plus de celle réservée aux glaceries. La direction pour le commerce des produits chimiques dont le rôle est de s’occuper des nouveaux débouchés de l’acide sulfurique, est confiée à Ennemond Mayoussier jusqu’en 1890 . Ennemond Mayoussier n’est ni actionnaire significatif de l’entreprise ni lié à la firme avant sa fusion avec Perret & Ollivier. En revanche, Ennemond Mayoussier semble hautement impliqué dans les négociations concernant la fusion des deux entreprises. Il pousse à la réunion des deux firmes pour des motifs dont les détails restent inconnus. La création d’une direction générale créée ad hoc ainsi que la haute responsabilité qui en découle lui sont confiées. Cette direction générale restera, jusqu’à sa suppression en 1935, le pré-carré des Mayoussier. En effet, à sa mort, son fils Félix reprend le poste puis en 1921, c’est son petit-fils Henry qui prend la suite. En 1935, Henry prend une retraite anticipée puisqu’il n’a alors que 54 ans[5]. L’entreprise Saint-Gobain est réformée, les deux branches destinées aux produits chimiques sont regroupées pour n’en former plus qu’une seule dans une direction générale unique. Ainsi, cette direction générale “pour le commerce des produits chimiques” est restée le pré-carré des Mayoussier tout au long de son existence.

Cette trajectoire en trois temps ou plutôt en trois hommes semble parfaitement valider le modèle des « trois générations » tel qu’il est théorisé par l’historien Maurice Lévy-Leboyer à la fin des années 80[8]. Cette théorie interroge la notion de génération comme maillon d’une chaîne dynastique qui assure le devenir de la firme et vise à démontrer qu’une entreprise familiale suit un paradigme récurrent qui veut que la première génération crée l’entreprise, la seconde la développe et la troisième la ruine . Dans le cas des Mayoussier, il n’est pas question de la création d’une entreprise mais d’une direction générale qu’ils s’approprient. Cette dernière s’éteint bien au milieu de la carrière d’Henry même si sa disparition semble plutôt être causée par la conjoncture économique que par les erreurs de son directeur. L’intérêt de la loi des trois générations dans l’histoire des entreprises est de structurer les étapes du développement économique des firmes et de l’ascension sociale de la famille[5] .

Propriété dans le Royans modifier

 
Photo issue d'un album de la famille Mayoussier, originale en noir et blanc, 1941

Félicie Mayoussier, née Thomas, hérite de son grand-père d’une maison-forte, “le Belle” située à Auberives-en Royans dont on retrouve déjà la trace sur la carte de Cassini puis sur la carte d'Etat-Major.  Elle partage les droits de propriété avec sa sœur Louise Thomas, épouse Fournier jusqu’en 1877, date à laquelle Félicie et Ennemond Mayoussier achètent la partie appartenant à Louise Thomas[9].

La propriété est ensuite transmise à Félix Mayoussier puis à Henry Mayoussier. Cette propriété est un lieu de villégiature pour la famille mais aussi un symbole de réussite sociale.

En 2013, une partie de la propriété est transformée en domaine viticole par les descendants de la famille. Trois hectares de vigne sont plantés sur les terres qui jouxtent la bâtisse.

Notes et références modifier

  1. Sylviane Chaussamy, Petite Histoire de Pont-en-Royans, Grenoble, Éditions des "Cahiers de l'Alpe", , 172 p. (lire en ligne), p. 78
  2. Etat civil et registres paroissiaux, Acte de naissance d’Ennemond Mayoussier, Communes de Pont-en-Royans et Auberives-en-Royans, 9NUM1/5E320/4, Coll. départementale ( 1793-1810 ) et 9NUM/AC018/3, Coll. communale ( 1793-1812 ), Archives départementales de l’Isère, Consulté en 2023
  3. Hervé Joly, « La position dominée des chimistes à la direction des grandes firmes chimiques en France (années 1900-1960) », L’industrie chimique en question,‎ (lire en ligne  )
  4. Etat civil et registres paroissiaux, Acte de mariage de Mlle Félicie Thomas et M. Ennemond Mayoussier, Commune de Pont-en-Royans, 9NUM/5E320/8, Coll. départementale ( 1833-1872), Archives départementales de l’Isère, Consulté en 2022  
  5. a b et c Hervé Joly, DIRIGER UNE GRANDE ENTREPRISE AU XXE SIÈCLE : l'élite industrielle française, Paris, Presses universitaires François Rabelais, , 428 p. (ISBN 978-2-86906-298-6, lire en ligne)
  6. Cimetière d'Auberives-en-Royans
  7. Archives de Saint-Gobain, « 1872, Saint-Gobain developpe sa branche chimique en fusionnant avec Perret-Ollivier », sur www.archives.saint-gobain.com (consulté en )
  8. Bernadette Angleraud, « Les entreprises familiales à l’épreuve de la « loi des trois générations » », Temporalités. Revue de sciences sociales et humaines,‎ (lire en ligne  )
  9. Maitre Bonnet, Vente du Beyle entre Thomas et Mayoussier, Archives privées du Belle, 20/01/1877