El Houma a constitué une référence dans l'organisation des villes algériennes, notamment dans celle urbaine dans la régence d'Alger. Le terme est spécifique à la ville d’Alger[1]. En dialecte algérien, le terme fait référence aux habitants d’un quartier mais également aux codes et aux légendes urbaines qui font sa spécificité[2].

Le concept d'El Houma a été abordé par plusieurs sociologues grâce à son importance dans l'organisation sociale des villes algériennes et le mode de vie de leurs habitants[3],[4],[5],[6],[7]. Le concept d'El Houma est équivalent aux concepts contemporains de communauté durable et de quartier durable basé sur les pratiques socioculturelles locales[8]. El Houma représente un produit socio-spatial qui est défini par le fait de vivre à proximité, jouer et se socialiser dans un quartier commun, qui à son tour regroupe les voisins autour d'une identité commune et renforce leur cohésion sociale[8].

Par conséquent, El Houma n'est pas utilisé pour faire référence à un quartier ordinaire dont la seule fonction est héberger des personnes, en revanche, El Houma indique un quartier ou une zone urbaine dans laquelle l'espace urbain est fréquemment utilisé par les gens, afin d'effectuer diverses activités sociales lesquelles, à leur tour, engendrent un degré élevé de cohésion sociale, de solidarité, d'attachement au lieu et d'appartenance à une identité et à une communauté communes[9].

Étymologie modifier

La racine arabe ha-wa-ma renvoie à la notion d'environnement, périmètre circulaire ou encore correspond à une masse dense ou à un lieu densément pratiqué mais il n'y a qu'au Maghreb que le terme hawma équivaut au mot quartier.

Histoire modifier

Avant la colonisation il y aurait eu 59 houmas à Alger, et leurs noms faisaient généralement référence aux propriétaires de maisons. Un retournement d'espace a commencé dès les premières années de la colonisation. Les militaires français voulaient naturaliser Alger et de ce fait, ils ont imposé une institution urbaine aux rues d'Alger, qui s'est soldée par la correction du sens donné à la Houma[10].

Références modifier

  1. Pierre-Wilfrid Boudreault, Génies des lieux, , 297 p. (ISBN 978-2-7605-1904-6, lire en ligne), p. 166.
  2. « El Houma, quartiers libres à Alger », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Isabelle Grangaud, « La Hawma : les processus de disqualification d’une institution ottomane (Alger 1830) », Insaniyat / إنسانيات. Revue algérienne d'anthropologie et de sciences sociales, no 59,‎ , p. 105–132 (ISSN 1111-2050, DOI 10.4000/insaniyat.13950, lire en ligne, consulté le )
  4. Nora Bouaouina, « Alger à travers sa « houma » : Formation et déformation des espaces identitaires communautaires de quartier. », Esprit Critique,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Julia Ann Clancy-Smith, Mediterraneans: North Africa and Europe in an Age of Migration, C. 1800-1900, University of California Press, (ISBN 978-0-520-25923-2, lire en ligne)
  6. Nassima Dris, « Formes urbaines, sens et représentations : l'interférence des modèles », Espaces et sociétés, vol. 122, no 4,‎ , p. 87 (ISSN 0014-0481 et 1961-8700, DOI 10.3917/esp.122.0087, lire en ligne, consulté le )
  7. Nora Semmoud, « Nouvelles significations du quartier, nouvelles formes d’urbanité.Périphérie de l’Est d’Alger », Insaniyat / إنسانيات. Revue algérienne d'anthropologie et de sciences sociales, nos 44-45,‎ , p. 59–73 (ISSN 1111-2050, DOI 10.4000/insaniyat.406, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b (en) Mohamed Yazid Khemri, Alessandro Melis, & Silvio Caputo, « Sustaining the Liveliness of Public Spaces in El Houma through Placemaking: The Case of Algiers », The Journal of Public Space,‎ (lire en ligne)
  9. (en) Mohamed Yazid Khemri and Alessandro Melis, « Achieving Community Resilience through Informal Urban Practices: The Case of El Houma in Algiers », Informality through Sustainability: Urban Informality Now,‎ (lire en ligne)
  10. Osman Chaggou, « Une historienne dans « la Houma » Isabelle Grangaud au CCF », El Watan,‎ (lire en ligne)