David Vallat

ancien djihadiste français

David Vallat, né en ou à Villefontaine, est un djihadiste français repenti. Condamné à six ans de prison en 1998 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, il décide de rompre avec l'idéologie islamiste et se réinsère dans la société française. Dans les années 2010, il sort du silence pour témoigner sur son expérience.

David Vallat
David Vallat en 2017
Biographie
Naissance
Nationalité

Parcours modifier

Jeunesse modifier

David Vallat naît en 1971 ou 1972 à Villefontaine en Isère[1],[2],[3]. Il grandit dans un quartier multiculturel de la commune et, au contact de ses amis d'enfance maghrébins, s'intéresse aux coutumes musulmanes, commence à apprendre l'arabe et se convertit à l'âge de 15 ans en 1987[4]. À cette même époque, il bascule dans la délinquance, enchaînant cambriolages, vols de voitures puis braquages[5].

Conversion et radicalisation modifier

À partir de l'âge de 19 ans, il se tourne vers une pratique plus poussée de l'islam afin d'échapper à la délinquance[6].

En 1991, il effectue son service militaire chez les Chasseurs alpins au 27e BIM[7].

En janvier 1993, il part en voiture pour la Bosnie avec neuf autres jeunes hommes d'Isère et de la région lyonnaise, afin de rejoindre les rangs des moudjahidine étrangers (en) partis s'engager auprès des Bosniaques dans le contexte de la guerre de Bosnie-Herzégovine[8] mais le groupe se fait refouler à la frontière bosno-croate et rentre en France[9]. En avril 1994, il prend l'avion pour le Pakistan et rejoint de là l'Afghanistan. Il y suit pendant plusieurs mois un entraînement militaire dans un camp de djihadistes[10].

Il revient en France le 26 décembre 1994 et rejoint un autre converti qu'il a connu dans le camp d'entraînement afghan, Joseph Jaime, dit « Youssef ». Ensemble, ils forment la cellule djihadiste dite de Chasse-sur-Rhône et apportent leur soutien au Groupe islamique armé algérien[11]. Vallat aide le terroriste algérien Ali Touchent alors bloqué aux Pays-Bas à s'installer à Chasse-sur-Rhône en lui fournissant une pièce d'identité[12].

Dans le contexte des attentats de 1995 en France, le groupe est démantelé. Lors d'une perquisition menée au domicile de Vallat et de Jaime à Chasse-sur-Rhône le 31 août 1995, des armes et du matériel pour fabriquer des engins explosifs sont retrouvés[11].

Condamnation et « déradicalisation » modifier

Il est condamné à 6 ans de prison ferme le 18 février 1998 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, une peine ramenée à 5 ans en appel[13]. Il passe 52 mois de détention à la Santé, Nanterre et Villepinte[14]. Il est libéré le 18 décembre 1999[15].

Il dit s'être « déradicalisé » grâce à la prison. Il profite de sa détention pour reprendre ses études, suit des cours d'histoire de la faculté de Bordeaux et lit énormément. Il finit par abandonner ses études d'histoire pour suivre une formation de serrurier[14].

Interventions médiatiques modifier

Dans les années 2010, Vallat décide de rompre le silence et de témoigner sur son parcours personnel de djihadiste repenti. Il le fait une première fois de manière anonyme dans Libération, à la suite des attentats commis par Mohamed Merah en 2012[10],[16]. Après l'attentat contre Charlie Hebdo, il témoigne sous son nom dans un article du Monde[14],[17] puis, en mars 2015, dans l'émission de France 2, Complément d'enquête qui revient sur l'assaut de Dammartin-en-Goële[5].

Le 10 octobre 2019, il est invité dans l'émission Balance ton post ! sur C8 pour un débat sur le sujet « Radicalisation dans la police : sommes-nous en danger ? », après l'attentat de la préfecture de police de Paris survenu une semaine plus tôt ; il y retrace notamment son parcours.

Le 4 octobre 2021, il est invité dans l'émission Ça commence aujourd'hui sur France 2 sur le thème « Renaître après la haine ».

Publication modifier

Références modifier

  1. « Genas - Rédemption », Le Progrès, (consulté le )
  2. Dominique MENVIELLE, « L’ex-djihadiste David Vallat : « Il y aura encore des attaques » », Le Progrès, (consulté le )
  3. Voir sur catalogue.bnf.fr.
  4. Vallat, p. 30-32.
  5. a et b Vallat, p. 39.
  6. Vallat, p. 40.
  7. Vallat, p. 49-50.
  8. Vallat, p. 71.
  9. Vallat, p. 84.
  10. a et b Olivier Bertrand, « Terreur de jeunesse : grand angle », Libération,‎ , p. 38 (lire en ligne).
  11. a et b Jean-Marie Pontaut, « Le procès du réseau français », L'Express,‎ (lire en ligne).
  12. Pierre Puchot et Romain Caillet, Le combat vous a été prescrit, Stock, , 288 p. (ISBN 978-2-234-08238-0, lire en ligne), « Le réseau Kelkal ».
  13. Vallat, p. 211.
  14. a b et c Richard Schittly, « David Vallat, ex-djihadiste, raconte « l’engrenage » de la radicalisation », Le Monde, (consulté le )
  15. Épisode Islamistes en prison : LES PROPHETES DE L'OMBRE, quinzième épisode de la cinquième saison de la série Docs interdits, d'une durée de 52 minutes. Réalisation de Jean-Charles Doria. Diffusé pour la première fois le à 23 h 15 sur la chaîne France 3. Visionner l'épisode en ligne
  16. Vallat, p. 12.
  17. Vallat, p. 13.

Lien externe modifier