Dakshinâmûrti (Sanskrit: दक्षिणामूर्ति (Dakṣiṇāmūrti)) est un aspect de Shiva représentant la connaissance et particulièrement le jñāna (ज्ञान, sanskrit, n.). Cet aspect représente également Shiva sous la forme d'un guru, maître de la musique, du yoga et du savoir[1].

Dakshinamurti, XVIe siècle, Musée Guimet, Paris.

Signification modifier

Dakshina (sanskrit : दक्षिणा (dakṣiṇā)) signifie 'vers le sud'[2] et mûrti, 'forme', (sanskrit : मूर्ति (mūrti)[3]. Dakshinâmûrti[4] signifie donc littéralement 'Forme (de Shiva) faisant face au sud' en Sanskrit.

Représentation modifier

Dakshinâmûrti est représenté avec quatre bras, assis sous un banian et faisant face au sud. Il est souvent entouré de sages recevant son enseignement. Son pied droit repose sur le démon apasmara (un démon nain, la personnification de l'ignorance selon la mythologie hindoue), alors que sa jambe gauche est repliée sur sa cuisse droite. Une de ses mains supérieures porte un serpent et/ou un rosaire tandis que l'autre détient une flamme. On représente souvent sa main gauche inférieure portant les écritures. Sa main droite inférieure forme la 'Jnana Mudrā' (littéralement 'geste/signe de la connaissance'), dans laquelle le pouce et l'index sont en contact alors que les autres doigts sont écartés en arrière. Plus rarement, cette main exprime la 'Abhaya Mudrā' (ou 'geste/signe de la protection').

Il existe des variations autour de cette représentation : on le retrouve parfois sous la forme de Vinadhara Dakshinâmûrti (jouant de la vīnā) ou de Rishabharoda Dakshinâmûrti (monté sur un taureau).

Symbolisme modifier

Un caractère original de Dakshinâmûrti réside dans le fait qu'il est certainement une des seules divinités qui est représentée face au sud. Dans les temples dédiés à Shiva on le retrouve souvent sur la face sud du sanctuaire. Dans le symbolisme hindou, au nord siège la connaissance. La direction du sud (sanskrit: दक्षिण (dakṣiṇa)) représente quant à elle la mort, la destruction/le changement. Du nord au sud, la connaissance se répand comme les rayons de la lumière. Ce déversement/cette dispersion de la connaissance est symbolisé par Dakshinâmûrti qui fait face au sud. Son orientation rappelle également qu'il est le dieu qui préside à la mort[5].

La Jnana Mudra ou Cin Mudra formé par la main droite inférieure de Dakshinâmûrti est attaché à une symbolique particulière. Le pouce (aṅguṣṭha) représente le principe divin ou Īśvara tandis que l'index (tarjanīya) représente ahamkara, l'égo ou l'identification au soi personnel jīva. Les trois autres doigts sont attachés à plusieurs symboles assemblés classiquement par trois. On peut donc retrouver les trois gunas (caractéristiques), les trois śarīras (corps), les trois avasthās (états de conscience) ou plus simplement deha (le corps physique), prāṇa (le souffle) et l'antahkaraṇa (l'équipement mental). Selon l'hindouisme, l'identification fallacieuse du soi avec ces trois niveaux est à l'origine de la sensation de limitation ou d'imperfection de soi. Par le discernement (viveka), on doit réaliser que l'âme individuelle/incarnée – jīvaḥ – n'est jamais séparée de Īśvara (et ainsi pouvoir abolir l'illusoire ahamkara/ego, ou moi transitoire, empêchant l'accès à la Délivrance des réincarnations et à la connaissance du Divin). Tout ce qui existe est seulement Brahman et rien d'autre. C'est la signification du pouce et de l'index se rejoignant pour former un cercle, le tout sans commencement ni fin[6].

Notes et références modifier

  1. G. Huet, Héritage du Sanskrit, Dictionnaire sanskrit-français, 2005.
  2. « Sanskrit Heritage Dictionary », sur inria.fr (consulté le ).
  3. « Sanskrit Heritage Dictionary », sur inria.fr (consulté le ).
  4. « Sanskrit Heritage Dictionary », sur inria.fr (consulté le ).
  5. A. Danielou, Mythes et dieux de l'inde, le polythéisme hindou, Éditions du Rocher, 1992.
  6. Dieu en tant que Dakshinâmûrti, Pûjya Shri Swâmî Dayânanda Sarasvati, traduction de Swami Advayananda Sarasvati, Livret du Mahâ Kumbha Abhishekam dédiés à Shri Jnana Ganapati et Shri Medha Dakshinamûrti, Arsha Vidya Ashram - Le Port, La Réunion, 2002

Voir aussi modifier

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