Compensation (échecs)

aux échecs, l’avantage positionnel qu’un joueur obtient en sacrifiant du matériel

Aux échecs, la compensation correspond à l'avantage positionnel qu'un joueur obtient en sacrifiant du matériel. Les avantages à court terme obtenus sont l'initiative et l'attaque.

Formes modifier

La compensation peut se caractériser par :

  • une meilleure structure de pions ;
  • la « paire de fous » qui désigne le fait d'avoir les fous des deux couleurs alors que l'adversaire n'en a qu'un ou pas. Presque tous les joueurs modernes considèrent le fait d'avoir les deux fous comme un avantage même si, historiquement, il y a eu un grand débat sur le degré d'avantage qu'ils constituent. Les deux fous sont plus susceptibles de montrer leur puissance en fin de partie ;
  • une meilleure activité des pièces et/ou un meilleur développement (courant dans les gambits) ;
  • le fait d'avoir le roi ennemi exposé à de futures attaques, soit en raison d'une perte de couverture de pion, soit en étant piégé au centre du plateau, est souvent une excellente compensation ;
  • l'obtention de pions passés souvent décisifs en fin de partie. Les pions passés connectés et/ou protégés sont encore plus dangereux ;
  • le contrôle de cases-clés, de diagonales, de colonnes ou de rangées.

Exemples modifier

Polugaevsky contre Evans modifier

Polugaevsky contre Evans, 1970
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Trait aux blancs

Une tour sur la septième rangée (la deuxième rangée de l'adversaire) est généralement très puissante car elle menace les pions non avancés de l'adversaire et restreint la liberté du roi ennemi. Une tour au septième rang est une compensation suffisante pour un pion. Dans cette position issue d'une partie entre Lev Polougaïevski et Larry Evans la tour au septième rang permet aux Blancs d'obtenir une partie nulle en dépit d'être mené d'un pion[1].

Spassky contre Fischer modifier

Spassky contre Fischer, 1960
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Position après 5.Ce5
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Position après 13.Cc3

Une célèbre parte de 1960 entre les futurs champions du monde Boris Spassky et Bobby Fischer a débuté par un Gambit roi[2]. Blanc sacrifie un pion lors de son deuxième coup :

1. e4 e5 2. f4 exf4 3. Cf3 g5 4. h4 g4 5. Ce5

obtenant la position indiquée (premier schéma). Fischer explore un cinquième coup alternatif pour les Noirs :

5 ... h5 6. Fc4 Th7 7. d4 d6 8. Cd3 f3 9. gxf3 Fe7 10. Fe3 Fxh4 + 11. Rd2 Fg5 12. f4 Fh6 13. Cc3

atteignant la position indiquée (deuxième diagramme) où Fischer explique que « les blancs ont une compensation plus que suffisante pour le pion. »

La paire de fous modifier

Avoir la paire de fous donne souvent une compensation à long terme pour le matériel sacrifié.

Berthelot contre Flear modifier

Berthelot contre Flear, 1988
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Deux fous et un pion sont souvent une compensation suffisante pour une tour et un cavalier.

Une position déséquilibrée a émergé à la suite de l'ouverture, dans laquelle, avec un centre ouvert, Noir a un pion et la paire de fous pour la qualité.

Balashov contre Quinteros modifier

Balashov contre Quinteros, 1976
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Position après 21...Fh6+. Les Blancs ont l'avantage matériel ; les Noirs compensent par deux fous actifs.

Un milieu de partie relativement intéressant a été atteint. Les Blancs ont l'avantage matériel tandis que les Noirs compensent par deux fous actifs dont les diagonales sont ouvertes.

Fous de couleurs opposées modifier

Position exemple
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Les fous de couleurs opposées et le cavalier blanc contrôlent le centre en échange de la qualité. Les Noirs sont meilleurs mais le fou noir ne peut pas menacer le cavalier blanc sur son avant-poste au centre de l'échiquier.

Les fous de couleurs opposées donnent parfois des chances d'obtenir une partie nulle même si l'adversaire a un avantage matériel d'un ou deux pions voire de la qualité.

Voir également modifier

Références modifier