Chansonniers du Val de Loire

Les chansonniers du Val de Loire sont un groupe apparenté de recueils de chansons [1] réalisés v. 1465-v. 1475 dans la région du Val de Loire dans le centre de la France et reliés au contexte de la cour royale française. Ils se composent de six manuscrits : Copenhague, Dijon, Nivelle, Laborde, Louvain et Wolfenbüttel[2]. Les recueils de chansons, plus petits qu'un livre de poche moderne [3], personnalisés et richement décorés, sont les premiers exemples survivants d'un nouveau genre offrant une association de poèmes, de musique et d'enluminures[4].

Histoire

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Les chansonniers de la fin du XVe siècle étaient des objets de divertissements, offrant des aspects artistiques, musicaux et textuels formant une expérience de lecture à plusieurs visages[5]. Avant les années 1470, les paroles étaient écrites en premier lieu par des scribes, puis la notation musicale y était alignée. Mais dans les années 1470, les mélodies étaient disposées en premier, suivies par les paroles, mais pas dans un alignement systématique, seulement à proximité[6]. Les livres contiennent des chansons vernaculaires profanes à trois ou quatre voix avec des textes inspirés de la tradition poétique de l'amour courtois, écrits par des compositeurs actifs dans la région du Val de Loire à peu près à la même époque. Chaque partie vocale est introduite par des lettrines décorées. Sur un total de 273 chansons, 107 sont des chansons qui survivent dans une seule source[3].

Deux des chansonniers (Dijon et Laborde), disposent d'index quasi alphabétiques. Contrairement à celles d'Antoine Busnois, les chansons de Firminus Caron sont peu représentées dans les chansonniers du Val de Loire[7]. Des deux chansons attribuées à Josquin des Prez, l'une est "Adieu mes amours"[8].

Chansonniers

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Le Chansonnier Nivelle de la Chaussée est conservé à la Bibliothèque nationale de France à Paris[9]. Il contient de nombreuses corrections minimes et des notes barrées qui révèlent un aperçu de son scribe principal ainsi que plusieurs cas d'effacements à grande échelle, post-reliure, où des parties vocales entières ont été effacées[10]. Sept œuvres du compositeur Johannes Delahaye y figurent[11]. Ce manuscrit est largement reconnu comme étant le plus ancien du groupe[1].

Le Chansonnier de Dijon est situé à la Bibliothèque municipale de Dijon[9]. Les compositeurs représentés sont Barbingant, Gilles Binchois, Antoine Busnois, Firminus Caron, Loyset Compère, Convert, Jean Delahaye, Guillaume Dufay, Hayne van Ghizeghem, Jean Molinet, Robert Morton, Johannes Ockeghem et Johannes Tinctoris[12].

Le Chansonnier Laborde contient plus d'une centaine de chansons de Binchois, Busnois, Dufay, Ockeghem et autres. Beaucoup de chansons y sont exclusives et les pages sont richement illustrées. Le recueil de chansons a été découvert pour la première fois en 1857 au "Comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France", le manuscrit ayant été présenté par un membre du Comité, le comte Léon de Laborde, et ayant été envoyé au Comité de L'abbé Jacques-Rémi-Antoine Texier[13]. En 2011, la Goldberg Stiftung a mis à disposition sa transcription en clés modernes et originales[14].

Le Chansonnier de Copenhague est un manuscrit sur parchemin contenant 33 chansons à trois voix de la fin du XVe siècle ; une chanson, « J'actens secours de ma seulle pensee » de Claudin de Sermisy, fut ajoutée au XVIe siècle ; ainsi que des essais d'écriture polyphonique dans plusieurs tons. Il a été qualifié comme le manuscrit musical médiéval le plus précieux de la Bibliothèque royale danoise[15].

Le Chansonnier Wolfenbüttel Codex Guelf 287 Extrav s'apparente au Chansonnier Laborde[16]. Il se trouve à la bibliothèque Herzog August à Wolfenbüttel, en Allemagne[9].

Notes et références

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  1. a et b Alden, « Redating Loire Valley Songbooks: The Sources as Evidence », Toronto, American Musicological Society, (consulté le ), p. 9
  2. Meconi, « Art-Song Reworkings: An Overview », Journal of the Royal Musical Association, Oxford University Press, vol. 119, no 1,‎ , p. 9 (DOI 10.1093/jrma/119.1.1, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  3. a et b Jane Alden, Songs, Scribes, and Society: The History and Reception of the Loire Valley Chansonniers, Oxford University Press US, , 3–4 p. (ISBN 978-0-19-538152-8, lire en ligne)
  4. « Short Description for Songs, Scribes, and Society », bookdepository.com (consulté le )
  5. Alden, « Reading the Loire Valley Chansonniers », Acta Musicologica, International Musicological Society, vol. 79, no 1,‎ (JSTOR 25071281)
  6. Edwards, « The Loire Valley Chansonniers and Intuitive Syllable Deployment » [archive du ], 2005 Medieval and Renaissance Music Conference, Tours, France, University of Tours, (consulté le ), p. 12
  7. Ignace Bossuyt, Mark Delaere et Pieter Bergé, "Recevez ce mien petit labeur": studies in Renaissance music in honour of Ignace Bossuyt, Leuven University Press, , 83–84 p. (ISBN 978-90-5867-650-4, lire en ligne)
  8. David Fallows et Centre d'études supérieures de la Renaissance, Josquin, Brepols, (ISBN 978-2-503-53065-9, lire en ligne), p. 79
  9. a b et c Christoffersen, « The Copenhagen Chansonnier and the related ‘Loire Valley’ chansonniers », Københavns Universitet, (consulté le )
  10. Nagy, « Scratched-out Notes, Erased Pieces, and other Lacunae in the Chansonnier Nivelle de la Chaussée », Notes, Project MUSE, Johns Hopkins University Press, vol. 66, no 1,‎ , p. 7–35 (ISSN 1534-150X, DOI 10.1353/not.0.0196, lire en ligne)
  11. Société belge de musicologie, Belgisch tijdschrift voor Muziekwetenschap, Société belge de musicologie, , 44–45, 53 (lire en ligne)
  12. Maniates, « Combinative Chansons in the Dijon Chansonnier », Journal of the American Musicological Society, vol. 23, no 2,‎ , p. 228–281 (DOI 10.2307/830643, JSTOR 830643)
  13. Alden, « Excavating Chansonniers: Musical Archaeology and the Search for Popular Song », The Journal of Musicology, University of California Press, vol. 25, no 1,‎ , p. 46–87 (DOI 10.1525/jm.2008.25.1.46, JSTOR 10)
  14. Cowderoy, « The Laborde Chansonnier », undoulxregard.org (consulté le )
  15. « The Copenhagen Chansonnier : (Thott 291 8º ) », Det Kongelige Bibliotek, (consulté le )
  16. Cowderoy, « Codex Guelf 287 Extrav, The Wolfenbuttel Chansonnier » (consulté le )