Arabofuturisme

courant du futurisme porté par des artistes de culture arabe

L'arabofuturisme, aussi appelé futurisme arabe, est un courant du futurisme et notamment des arts et littératures de l'imaginaire porté par des artistes de culture arabe.

Histoire

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Elodie Bouffard, commissaire d'exposition d'Arabofuturs Science-fiction et nouveaux imaginaires et Nawel Dehina, commissaire associée, font remonter les prémisses de cette science-fiction aux années 1950 en Égypte et évoquent les travaux de chercheurs qui établissent des liens avec le scientifique merveilleux de la culture médiévale classique arabe[1].

La journaliste Sarra Grirra lie, elle, l'arabofuturisme à la littérature jeunesse arabe des années 1980 et notamment de la série Milaf al-mostaqbal qui reprend tous les tropes de science-fiction en choisissant le Moyen-Orient comme décor principal plutôt que l'Occident[2].

L'arabofuturisme comme mouvement spécifique est défini en tant que tel par Sophia Al-Maria et Fatima Qadiri sous le terme de « futurisme du Golfe » en 2012 comme une critique du modernisme, à l'œuvre dans la région au début du 21ème siècle et qui s'accompagne d'un fort développement urbain et technologique couplé à une forme d'artificialité et à la surconsommation[3]. Elles rapprochent ainsi, par montage photographique, le vide des déserts de sable à celui des centres commerciaux[4].

En 2018, la fondation libanaise Dar el Nimer expose les œuvres de l'artiste palestinienne Larissa Sansour, où l'esthétique SF sert à critiquer le colonialisme israélien en Palestine[3]. Cette approche lui permet selon elle de redonner de l'humanité aux palestiniens en produisant des images qui sortent du documentaire et de la souffrance[3]. La même année, l’écrivain jordano-palestinien Ibrahim Nasrallah reçoit le Prix international de la fiction arabe pour son roman dystopique Harb al-Kalb Al-thaniya[3]. Dans son essai, Teresa Pepe, estime que « la SF arabe, et son genre croisé la fiction dystopique critique, recoupe la fiction climatique mondiale, tout en maintenant un horizon d'espoir. »[5] .

Les historiens de l'art Bodhisattva Chattopadhyay et Merve Tabur, à propos des artistes exposés en 2024 à l'Institut du monde arabe, Arabofuturs Science-fiction et nouveaux imaginaires[6],[7], soulignent que face à un récit unique et imposé de progrès, ceux-ci imaginent des avenirs possibles « ensemble simultanément ». Les chercheurs le définissent par le terme « compossibilité » : « Les futurs compossibles sont ceux où différents types d’être et de devenir peuvent prospérer, où la diversité est [...] ouverte à des types infinis de proliférations et de combinaisons , évoluant sans cesse vers de nouvelles couches de possibilités. »[4].

Bibliographie

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  • Institut du monde arabe, Arabofuturs : Art, science-fiction et nouveaux imaginaires (catalogue exposition), Manuella Editions, , 143 p. (lire en ligne)[8].
  • Kawthar Ayed, « La littérature de science-fiction arabe », Afkar/Idées,‎ (lire en ligne).
  • (en) Teresa Pepe, « Climate change and the future of the city: Arabic science fiction as climate fiction in Egypt and Iraq », Middle Eastern Literatures,‎ , p. 1–20 (ISSN 1475-262X et 1475-2638, DOI 10.1080/1475262X.2023.2252774, lire en ligne, consulté le ).
  • Léa Polverini, « La science-fiction arabe, ou l'ère du désenchantement post-révolutions », Slate,‎ (lire en ligne).

Cinématographie

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  • In the Future, They Ate from the Finest Porcelain, réalisation Søren Lind et Larissa Sansour, court métrage, 29 mn (2015)[9].

Exposition

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Références

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  1. Natacha Triou, « Exposition Arabofuturs : la science-fiction habibi dans la Science, CQFD » [audio], sur France Culture, (consulté le )
  2. Sarra Grira, « Quand les héros égyptiens sauvaient le monde des épidémies », sur Orient XXI, (consulté le )
  3. a b c et d « Arabfuturism(s) - un phénomène passé à la loupe 1/2 », sur Onorient, (consulté le )
  4. a et b Aymen Tahin, « L’arabofuturisme, entre science-fiction et théorie décoloniale », sur www.philomag.com, (consulté le )
  5. Pepe 2023.
  6. Jean-Marie Durand, « L’Institut du monde arabe expose des “Arabofuturs” pour mieux comprendre le présent »  , sur https://www.lesinrocks.com/, (consulté le )
  7. Mathilde Simon, « « Arabofuturs » : plongée dans les contre-récits du monde arabe », sur usbeketrica.com, (consulté le )
  8. a et b « Arabofuturs Science-fiction et nouveaux imaginaires », sur Institut du monde arabe, (consulté le )
  9. (en) Søren Lind et Larissa Sansour, « In the Future, They Ate from the Finest Porcelain », sur IMDb, (consulté le )
  10. (en) « Larissa Sansour at Dar El-Nimer for Arts and Culture , Beirut », sur Lawrie Shabibi (consulté le )
  11. Muriel Maalouf, « Reportage culture - «Arabofuturs» à l'IMA: les artistes arabes inventent un avenir meilleur » [audio], sur RFI, (consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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