Apocalypse Now (peinture)

tableau de Christopher Wool

Apocalypse Now est une peinture réalisée en 1988 par l'artiste américain Christopher Wool et considérée comme l'une de ses plus importantes « peintures-mots » réalisées à la fin des années 1980[1],[2],[3].

Description modifier

L'œuvre d'art contient une suite de mots sans ponctuation en lettres capitales « SELL THE HOUSE SELL THE CAR SELL THE KIDS » (soit en français : « Vendre la maison vendre la voiture vendre les enfants »), stylisées en noir avec un revêtement en émail alkyde[4],[5] sur de l'aluminium et de l'acier, peints en blanc cassé. La plaque mesure 84 × 72 pouces (213,4 × 182,9 cm)[6]. La citation s'inspire du film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979), où elle est écrite sur une lettre envoyée par la poste par un personnage qui a perdu la tête dans la jungle[1].

L'œuvre (dont la première version existe sur papier) a été exposée pour la première fois en dans le cadre d'une exposition collective à la Gallery 303 d'East Village, Manhattan, avec trois urinoirs sculptés par l'artiste Robert Gober. L'œuvre a été achetée, avec les urinoirs de Gober, par la collectionneuse d'art Elaine Dannheisser qui, selon une estimation ultérieure de Bloomberg Business, a payé environ 7 500 $ pour le tableau[1] « C'était probablement le tableau de l'année », a déclaré Richard Flood, conservateur en chef du New Museum, qui a déclaré que son texte a servi de « sorte de mantra de la fin des années 1980 » pendant le krach d'octobre 1987[1],[3].

Accueil modifier

Selon la critique d'art Kay Larson, le format rigide et le « code fracturé » de la syntaxe de l'œuvre de Christopher Wool dans Apocalypse Now avertissent d'une catastrophe « des plus glaçantes » et « urgente d'une manière télégraphique »[5]. Peter Schjeldahl note une « faute de compréhension » du fait que les lettres sont mal espacées et mal ponctuées[2]. D'autres notent que c'est inhabituel qu'une œuvres de Wool porte un titre[3].

Exposition et vente modifier

Apocalypse Now a été exposé au Whitney Biennial en 1989[4],[5]. Elaine Dannheisser voulait faire don du tableau en 1996 au Museum of Modern Art (MOMA) qui le refusera car le tableau valait probablement à cette époque au moins 80 000 $, et car il possédait déjà une œuvre de Wool[1]. L'œuvre est passée entre les mains d'un certain nombre d'éminents collectionneurs jusqu'à son entrée, à partir de 1999, dans la collection de Donald L. Bryant, Jr. à Saint Louis, Missouri. En 2001, selon Philippe Ségalot, ancien commissaire-priseur de la maison de ventes Christie's, le collectionneur qui a acquis l'œuvre, Bryant JR, lui a expliqué que sa femme le « détestait » à cause des mots imprimés, et qu'il a donc cherché quelqu'un pour la vendre[1].

L'ancien commissaire-priseur Ségalot a organisé une vente en 2001 à François Pinault, propriétaire et président de la maison de vente aux enchères Christie's, pour environ 400 000 $[1]. Quatre ans plus tard, Pinault l'a vendu au gestionnaire de fonds spéculatifs David Ganek pour environ 2 millions $[1]. Ganek aurait contracté des prêts bancaires pour se procurer le tableau[1], qui a de nouveau changé de mains peu avant la nouvelle vente aux enchères chez Christie's le , où il a été vendu pour plus de 26 millions $ à un acheteur dont l'identité est restée inconnue[1],[4],[7],[8]. Dans sa description du lot, Christie's a décrit le tableau comme étant « intemporel et affectif, imposant et frappant » et « d'une grande pertinence aujourd'hui »[4].

La vente du tableau a battu le record de l'œuvre la plus chère de Christopher Wool, une œuvre sans titre connue sous le nom de Fool, qui a atteint 7 758 022  en [9]. Le record a été éclipsé à son tour en mai 2015 lorsque l'œuvre sans titre connue sous le nom de Riot, peinte par Wool en 1990, a été vendue 29 930 000 $ chez Sotheby's[10]. Un conservateur européen anonyme a déclaré à The Art Newspaper que la réputation de Wool était celle d'un « artiste incontournable »[11], mais que son inventaire sur le marché, relativement rare, risquait d'être contrôlé (comme celui de Jean-Michel Basquiat) par un petit et puissant cercle de collectionneurs[8].

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g h i et j (en) Vernon Silver, « The 350,000 Percent Rise of Christopher Wool's Masterpiece Painting », (consulté le )
  2. a et b (en) Peter Schjeldahl, « Writing on the Wall: a Christopher Wool Retrospective », (consulté le )
  3. a b et c (en) Richard Flood, « Wool Gathering », sur Parkett (consulté le )
  4. a b c et d « Apocalypse Now by Christopher Wool (b. 1955), auction November 12, 2013 », sur Christie's Auction House, (consulté le )
  5. a b et c (en) Kay Larson, The Subplot Thickens, (lire en ligne), p. 67
  6. (en) « Christopher Wool (B. 1955), Apocalypse Now », sur www.christies.com (consulté le )
  7. (en) Barry Schwabsky, « Surviving the Moment », (consulté le )
  8. a et b (en) Gareth Harris, « Why the rise of Christopher Wool? », (consulté le )
  9. (en) « $7.8 M. Artist Record for Christopher Wool Set at Christie’s Evening Sale », (consulté le )
  10. (en) Dan Duray, « Sotheby's Delivers a Solid, If Slow, $379.7 M. Contemporary Sale, With Records for Polke, Wool, More », (consulté le )
  11. (en) « Wool: His painting spells TRBL », sur Taschen Books, (consulté le )