Abdoulaye Hissène

homme politique et chef de guerre centrafricain

 

Abdoulaye Hissène
Illustration.
Abdoulaye Hissène à Bangui en 2020
Fonctions
Général du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique
En fonction depuis (10 ans)
Ministre de la Jeunesse et des Sports de Centrafrique

(10 mois)
Président Michel Djotodia
Biographie
Date de naissance (57 ans)
Lieu de naissance Akourousoulba, préfecture de Bamingui-Bangoran (République centrafricaine)
Nationalité Centrafricain

Abdoulaye Hissène, né le , à Akourousoulba, dans la préfecture de Bamingui-Bangoran, en République centrafricaine, est un chef de guerre et homme politique centrafricain, général chargé du commandement du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), sanctionné par les institutions internationales pour de multiples crimes de guerre[1].

Biographie modifier

Famille et origines modifier

Il naît le 1er janvier 1967[2], dans le village d'Akourousoulba, près de la frontière avec le Tchad. Sa famille, musulmane, appartient à l'ethnie Runga. Son père est garde environnemental, chargé de la surveillance des aires protégées de la région. Dans sa jeunesse, le père d'Hissène lui apprend, ainsi qu'à ses frères et sœurs, la chasse et le maniement des armes. Selon d'autres sources, son père est Abba Adoum Kette, collectionneur de diamants influent de Bria. Un de ses fils serait le chef de guerre Mahamet Saleh[3].

Carrière professionnelle modifier

Dans les années 1990 et 2000, Hissène fait carrière dans le commerce des minéraux. Il travaille comme négociant en diamants et en or[4] pour la société centrafricaine SODIAM. Après avoir accumulé de multiples dettes, il s'enfuit au Tchad en 2009 pour échapper à ses créanciers. À 40 ans, il se lance dans la vente de voitures de luxe, activité qui lui permet de nouer des relations d'affaires avec l'entourage du président tchadien, Idriss Déby, ainsi qu'avec des hommes d'affaires influents[4]. À l'aide de fausses pièces d'identité tchadiennes, il ouvre deux comptes bancaires qu'il utilise entre 2009 et 2010, l'un à la Société générale et l'autre à la United Bank of Africa (UBA), dans sa succursale de N'Djamena, la capitale du Tchad.

Actions militaires durant la guerre civile modifier

En 2009, il rejoint le groupe rebelle centrafricain Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP). Il s'autoproclame président de la CPJP en 2011. De 2009 à 2012, il fait fortune grâce au commerce des diamants, ses combattants étant dans le même temps responsables de multiples crimes de guerre.

En septembre 2015, il ordonne à ses combattants de tuer un garçon musulman de 17 ans à Bangui, afin de répandre des rumeurs selon lesquelles les anti-balaka ont commis ce crime pour inciter à la violence dans la capitale, Bangui[5],[4]. Il donne également l'ordre à ses troupes de tirer sur les personnes participant au référendum du 17 décembre 2015, tuant au moins cinq d'entre eux[5]. Le 15 mars 2016, il est arrêté par la police, avant que ses hommes ne prennent d'assaut son lieu de détention pour le libérer[6]. Le 19 juin 2016, un groupe de combattants qu'il dirige enlèvent cinq policiers à Bangui[1].

Le 12 août 2016, il décide de fuir le quartier PK5 de Bangui. Avec Haroun Gaye et Hamit Tidjani, ils peignent sept véhicules en blanc, de couleur similaire à ceux de l'ONU. 35 ex-combattants de la Seleka lourdement armés le suivent. En traversant un point de contrôle, un soldat leur tire dessus, tuant un combattant. À Damara, ils affrontent à nouveau des soldats. Un combattant, tombé du véhicule, est tué par les anti-balaka. À Sibut, la MINUSCA tente de stopper le convoi. Ils abandonnent leurs véhicules et la MINUSCA arrête 11 combattants, mais Gaye et Hissène parviennent à s'enfuir à pied. Début septembre 2016, il arrive à N'Délé avec Gaye. De là, le groupe se rend à Siki Kedi et N'Da dans la préfecture de Vakaga où ils rencontrent Noureddine Adam, avant de se rendre à Bria pour assister à l'Assemblée générale de la faction anciennement appelée Seleka[3]. En novembre 2016, lors d'affrontements à Bria, il ordonne à des groupes de miliciens de tuer des civils peuls. Il attise ainsi les tensions ethniques, encourageant les combattants anti-balaka à attaquer le groupe armé Unité pour la paix en Centrafrique[5]. En août 2018, il est missionné par le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique pour participer à une réunion diplomatique à Khartoum, à la suite de laquelle est signée la déclaration d'entente de Khartoum[7].

En 2019, il épouse la fille du sultan de Birao[3].

En 2020, il refuse de rejoindre la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). En février 2021, il bloque une cargaison d'armes destinée aux combattants du CPC[8].

Fonctions politiques modifier

En août 2012, Abdoulaye Hissène reçoit un poste ministériel dans le cadre d'un accord de paix avec le gouvernement. De mars 2013 à janvier 2014, il est ministre[4] de la Jeunesse et des Sports sous la présidence de Michel Djotodia. De février à août 2014, il devient ministre et conseiller présidentiel pour la jeunesse sous la présidence de Samba-Panza. En juin 2014, il est nommé premier conseiller du Front populaire pour la renaissance de la République centrafricaine (FPRC), nouveau groupe qui prend la suite de l'organisation Seleka[5].

Dès 2019, il se rapproche du pouvoir centrafricain, jusqu'à obtenir une autorisation officielle de port d'arme. Plusieurs logements lui sont attribués, et une importante indemnité financière lui est versée[9].

Sanctions modifier

Abdoulaye Hissène est placé sous mandat d'arrêt de le justice centrafricaine en 2018, et jugé par contumace à Bangui le 23 juin 2018[10]. Avant cela, en 2017, l'Organisation des Nations Unies et les États-Unis lui imposent des sanctions en raison de sa responsabilité dans les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par ses troupes[9].

Ses avoirs sont gelés par la justice de son pays en juin 2017[11].

Références modifier

  1. a et b « ABDOULAYE HISSENE | Conseil de sécurité des Nations Unies », sur www.un.org (consulté le )
  2. (en) « Abdoulaye Hissene », sur OpenSanctions.org, (consulté le )
  3. a b et c (en) Conseil de sécurité des Nations Unies, « Letter dated 5 December 2016 from the Panel of Experts on the Central African Republic extended pursuant to Security Council resolution 2262 (2016) addressed to the President of the Security Council » [PDF], sur securitycouncilreport.org, (consulté le )
  4. a b c et d Corbeaunews Centrafrique, « Abdoulaye Hissène, chef de guerre motivé par l'argent, est le nouveau partenaire du gouvernement », sur Corbeau News Centrafrique, (consulté le )
  5. a b c et d (en) « [https://thesentry.org/wp-content/uploads/2018/11/FearInc_TheSentry_Nov2018-web.pdf Fear, Inc. : War Profiteering in the Central African Republic and the Bloody Rise of Abdoulaye Hissène] » [PDF], sur The Sentry, (consulté le )
  6. RFI, « RCA: Abdoulaye Hissène s'évade de prison avec l'aide de ses hommes », sur rfi.fr, (consulté le )
  7. « 4 principaux groupes armés créent à Khartoum un Rassemblement pour pacifier la RCA », sur www.radiondekeluka.org (consulté le )
  8. (en) Conseil de sécurité des Nations Unies, « Letter dated 25 June 2021 from the Panel of Experts on the Central African Republic extended pursuant to resolution 2536 (2020) addressed to the President of the Security Council », sur ecoi.net, (consulté le )
  9. a et b Anselme Mbata, « RCA : Abdoulaye Hissen, chef militaire du FPRC officiellement doté d’une autorisation de port d’arme de gros calibre et d’un versement mensuel de prime », sur Corbeau News Centrafrique, (consulté le )
  10. RFI, « RCA: le chef de guerre Abdoulaye Hissène jugé par contumace », sur rfi.fr, (consulté le )
  11. AfricaNews, « Tchad : gel des avoirs du chef de guerre centrafricain Abdoulaye Hissene », sur Africanews, (consulté le )

Voir aussi modifier