4p1000
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Stéphane Le Foll (depuis 2021)
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4p1000 (sigle représentant la proportion 4 ) est une initiative internationale lancée lors de la COP21 en 2015. Son but est de promouvoir la compréhension du cycle du carbone et du rôle important du sol dans le stockage du carbone[1], qui peut être utilisé comme levier pour réduire la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.

La naissance du 4p1000 modifier

Elle a été annoncée publiquement par Stéphane Le Foll lors de la 3e conférence scientifique mondiale sur l’agriculture climato-intelligente. Il suffirait d'augmenter le stock de carbone du sol de manière infime (0,4 % par an) pour compenser l’augmentation des émissions de CO2 dans l’atmosphère[2]. Cela peut être effectué en adoptant des pratiques agroécologiques et en réhabilitant les sols. La stratégie est présentée comme étant gagnante - gagnante puisqu’elle permettrait une meilleure résistance des sols aux changements climatiques et augmenterait leur fertilité, nécessaire à la sécurité alimentaire dans le monde. L'agriculture de conservation, l'agriculture régénérative, ainsi que l'agroforesterie entrent pleinement dans cette stratégie.

Soutien au 4p1000 modifier

Plusieurs entités, organismes de recherche et financeurs proposent leur soutien à l’initiative 4p1000[3] :

Le calcul du 4p1000 modifier

Le chiffre du 4p1000 est calculé de la manière suivante[5] : l’augmentation annuelle de CO2 dans l'atmosphère due à la combustion d’énergie fossile est estimée à 8,9 Gt C par an, tandis que le stock de carbone du sol sur les deux premiers mètres à 2400 Gt. Le ratio des deux (8,9 / 2400) permet d’obtenir la valeur arrondie de 0,4 %, soit 4 . Ce stockage permettrait de compenser l’augmentation des émissions de carbone dans l’atmosphère et d’augmenter la productivité agricole.

En juin 2019, l'INRAE évalue le potentiel en France. Au total, le stockage additionnel pourrait atteindre, au maximum, + 1,9 ‰ sur l’ensemble des surfaces agricoles et forestières (mais 3,3 ‰ pour les seules surfaces agricoles et 5,2 ‰ si l’on se restreint aux grandes cultures), soit 41 % des émissions de carbone agricoles. Le potentiel le plus élevé se situe là ou le stockage existant est le plus faible, les grandes cultures. Les pratiques conseillées sont la mise en place de couverts intercalaires et intermédiaires, l'introduction et allongement des prairies temporaires dans les rotations culturales, le développement de l’agroforesterie, l'apport de composts ou produits résiduaires organiques, la plantation de haies[6].

Les critiques du 4p1000 modifier

Plusieurs critiques sont formulées à propos du calcul du 4p1000[7],[8]:

  • Le taux d’augmentation des émissions de carbone est sous-estimé, il semble ne pas prendre en compte les émissions générées par la déforestation mais seulement celles des combustions fossiles[9].
  • Le volume et la surface de sol concernés sont surestimés, les pratiques agricoles ne pouvant être appliquées que sur les terres agricoles et non sur tous les sols, et seulement à une profondeur de 30 cm[10].

De plus, le stockage de carbone dans le sol ne permettra pas d'atténuer les émissions de gaz à effet de serre d'origine anthropique car cela ne prend pas en compte les autres émissions de méthane ou de protoxyde d'azote[10]. Pour conserver l'équilibre stœchiométrique des sols, l'apport de carbone devra être compensé par l'apport d'azote et de phosphore. Et, enfin, l'apport de carbone frais dans le sol peut avoir pour effet de déstabiliser le carbone stable[11].

Néanmoins, les promoteurs de l'Initiative évoquent le fait que le taux de "4 pour 1000" n'est pas un taux cible à atteindre de façon précise partout dans le monde, mais à prendre comme une direction à suivre pour lutter contre le changement climatique, aider à l'adaptation de l'agriculture et améliorer la sécurité alimentaire, via le stockage du carbone dans les sols.

Références modifier

  1. (en) H. H. Janzen, « Beyond carbon sequestration: soil as conduit of solar energy », European Journal of Soil Science, vol. 66, no 1,‎ , p. 19–32 (ISSN 1365-2389, DOI 10.1111/ejss.12194, lire en ligne, consulté le )
  2. Balesdent, « Usage des terres et stockage de carbone dans les sols du territoire français. Une estimation des flux nets annuels pour la période 1900-1999 », Acad.Agric,‎
  3. (en) « MEMBERS AND PARTNERS OF THE "4 PER 1000" INITIATIVE » (consulté le )
  4. « Colloque international sur le carbone organique du sol | Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture », sur www.fao.org (consulté le ).
  5. Budiman Minasny, Brendan P. Malone, Alex B. McBratney et Denis A. Angers, « Soil carbon 4 per mille », Geoderma, vol. 292,‎ , p. 59–86 (ISSN 0016-7061, DOI 10.1016/j.geoderma.2017.01.002, lire en ligne, consulté le )
  6. « Stocker 4 pour 1000 de carbone dans les sols : le potentiel en France », sur INRAE Institutionnel (consulté le )
  7. William H Schlesinger, « Carbon sequestration in soils: some cautions amidst optimism », Agriculture, Ecosystems & Environment, vol. 82, no 1,‎ , p. 121–127 (ISSN 0167-8809, DOI 10.1016/S0167-8809(00)00221-8, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) D. S. Powlson, A. P. Whitmore et K. W. T. Goulding, « Soil carbon sequestration to mitigate climate change: a critical re-examination to identify the true and the false », European Journal of Soil Science, vol. 62, no 1,‎ , p. 42–55 (ISSN 1365-2389, DOI 10.1111/j.1365-2389.2010.01342.x, lire en ligne, consulté le )
  9. (en-GB) Wim de Vries, « Soil carbon 4 per mille: a good initiative but let's manage not only the soil but also the expectations », Geoderma, vol. 309,‎ , p. 111–112 (ISSN 0016-7061, DOI 10.1016/j.geoderma.2017.05.023, lire en ligne, consulté le )
  10. a et b A. J. VandenBygaart, « Comments on soil carbon 4 per mille by Minasny et al. 2017 », Geoderma, vol. 309,‎ , p. 113–114 (ISSN 0016-7061, DOI 10.1016/j.geoderma.2017.05.024, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) H. H. Janzen, « Beyond carbon sequestration: soil as conduit of solar energy: Soil carbon and energy », European Journal of Soil Science, vol. 66, no 1,‎ , p. 19–32 (DOI 10.1111/ejss.12194, lire en ligne, consulté le )

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Articles connexes modifier

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