Transformation de Hankel

En mathématiques, la transformation de Hankel, ou transformation de Fourier-Bessel, exprime une fonction donnée f(r) comme l'intégrale pondérée de fonctions de Bessel du premier type Jν(kr). Les fonctions de Bessel dans la somme sont toutes du même ordre ν, mais diffèrent par un facteur k sur l'axe radial. Le coefficient nécessaire Fν de chaque fonction de Bessel dans la somme, vu comme une fonction du facteur d'échelle k, constitue la transformée.

Cette transformation peut être vue pour l'ordre comme la transformation de Fourier d'une fonction définie sur un espace de dimension 2, muni d'un système de coordonnées circulaires indépendante de l'angle et ne dépendant donc que de la coordonnée radiale . Elle est donc tout particulièrement utilisée pour résoudre les équations linéaires de fonctions à deux dimensions à symétrie radiale.

Définition modifier

La transformation de Hankel d'ordre ν d'une fonction f(r) est donnée par :

 

Jν est la fonction de Bessel du premier type d'ordre ν, avec ν ≥ − 12. La transformation de Hankel inverse de Fν(k) est définie par :

 

L'équivalence peut être obtenue par l'utilisation de l'orthogonalité des fonctions de Bessel.

Domaine de définition modifier

La transformation de Hankel d'une fonction f(r) est valide en tout point où f(r) est continu, supposant que la fonction est définie sur (0, ∞), qu'elle y est continue par morceaux et de variation bornée sur tout sous-intervalle de (0, ∞), et qu'elle vérifie

 

Cependant, comme la transformation de Fourier, le domaine peut être étendu par un argument de densité pour inclure des fonctions pour lesquelles l'intégrale précédente n'est pas définie, par exemple  .

Orthogonalité modifier

Les fonctions de Bessel forment une base orthogonale pour le produit scalaire suivant :

 

Application des théorèmes de Parseval et Plancherel modifier

Soient f(r) et g(r) deux fonctions de transformées de Hankel respectives Fν(k) et Gν(k). Si celles-ci sont bien définies, alors le théorème de Plancherel donne

 

En particulier, le théorème de Parseval donne :

 

Ces deux résultats se déduisent simplement de la propriété d'orthogonalité.

Relation avec les autres transformations intégrales modifier

Avec la transformation de Fourier modifier

La transformation de Hankel d'ordre 0 est essentiellement la transformation de Fourier sur un espace de dimension 2 d'une fonction ayant une symétrie circulaire.

En effet, considérons une fonction f (r) du vecteur radial r sur un espace de dimension 2. Sa transformée de Fourier est alors :

 

Sans perte de généralité, on munit l'espace d'un système de coordonnées polaires (r, θ) tel que le vecteur k soit sur l'axe θ = 0. La transformée de Fourier se réécrit alors:

 

θ désigne l'angle entre les vecteurs k et r. Si la fonction f présente une symétrie circulaire, elle est indépendante de la variable θ et peut se réécrire f (r). L'intégration sur θ se simplifie et il reste :

 

ce qui correspond à 2π fois la transformée de Hankel d'ordre 0 de f (r). Quant à la transformation inverse,

 

donc f (r) est la transformée de Hankel inverse d'ordre 0 de 12πF(k).

On peut généraliser au cas où f est développée en série multipolaire,

 

et si θk est l'angle entre la direction de k et l'axe θ = 0, alors

 

Le terme (∗) vient du fait que si fm est assez lisse près de l'origine et nulle en dehors d'une boule de rayon R, elle peut être développée en série de Tchebychev,

 

L'aspect important du point de vue numérique est que les coefficients du développement fmt peuvent être obtenus par des techniques similaires à une transformation de Fourier discrète.

Avec les transformations de Fourier et Abel modifier

La transformée de Hankel est un membre du cycle Abel-Fourier-Hankel d'opérateurs intégraux. En deux dimensions, si on note A l'opérateur de la transformation d'Abel, F comme l'opérateur de la transformation de Fourier et H l'opérateur de la transformation de Hankel d'ordre 0, alors le théorème de la tranche centrale (en) appliquées aux fonctions ayant une symétrie circulaire donne :

 

Ainsi, la transformation de Hankel d'ordre 0 d'une fonction revient à une transformation d'Abel d'une fonction 1D puis à une transformation de Fourier.

Quelques transformées de Hankel modifier

On se réfère à l'ouvrage de Papoulis[1].

   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   

Kn(z) est la fonction de Bessel modifiée du second type. L'expression

 

correspond à l'opérateur de Laplace en coordonnées polaires (k, θ) appliquée à une fonction ayant une symétrie sphérique F0(k).

Les transformées de Hankel des polynômes de Zernike sont des fonctions de Bessel (Noll 1976):

 

pour tous nm ≥ 0.

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. (en) Athanasios Papoulis, Systems and Transforms with Applications to Optics, Florida USA, Krieger Publishing Company, , 140–175 p. (ISBN 0-89874-358-3)

Bibliographie modifier

  • (en) Jack D. Gaskill, Linear Systems, Fourier Transforms, and Optics, New York, John Wiley & Sons, , 554 p. (ISBN 0-471-29288-5)
  • (en) A. D. Polyanin et A. V. Manzhirov, Handbook of Integral Equations, Boca Raton, CRC Press, (ISBN 0-8493-2876-4)
  • (en) William R. Smythe, Static and Dynamic Electricity, New York, McGraw-Hill, , 3e éd., 179–223 p.
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  • Robert F. MacKinnon, « The asymptotic expansions of Hankel transforms and related integrals », Mathematics of Computation, vol. 26, no 118,‎ , p. 515–527 (DOI 10.1090/S0025-5718-1972-0308695-9, JSTOR 2003243)
  • Peter Linz et T. E. Kropp, « A note on the computation of integrals involving products of trigonometric and Bessel functions », Mathematics of Computation, vol. 27, no 124,‎ , p. 871–872 (JSTOR 2005522)
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  • Luc Knockaert, « Fast Hankel transform by fast sine and cosine transforms: the Mellin connection », IEEE Trans. Signal Process., vol. 48, no 6,‎ , p. 1695–1701 (lire en ligne)
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  • Charles Cerjan, « The Zernike-Bessel representation and its application to Hankel transforms », J. Opt. Soc. Am. A, vol. 24, no 6,‎ , p. 1609–1616 (DOI 10.1364/JOSAA.24.001609, Bibcode 2007JOSAA..24.1609C)