Thierry Metz

écrivain français
Thierry Metz
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 40 ans)
Bordeaux
Nom de naissance
Thierry Jean Gaston Metz
Nationalité
Activité

Thierry Metz, né le à Paris et mort le à Bordeaux[1], est un poète français.

Biographie modifier

Après le lycée, Thierry Metz prolonge en autodidacte sa formation philosophique, littéraire et poétique en puisant largement dans les fonds de livres des Chiffonniers d'Emmaüs[2]. Une aubaine pour ce jeune homme avide d’écrits et soucieux de son budget. Il a 21 ans lorsqu’il s’installe, en 1977, avec sa famille à Saint-Romain-le-Noble, près d'Agen. Il partage son temps entre des travaux de manœuvre de chantier, de maçon puis d'ouvrier agricole, qui lui permettent de gagner sa vie, et des périodes de chômage durant lesquelles il écrit.

Il prend contact avec le poète Jean Cussat-Blanc, dont la revue Résurrection est la première à le publier avec une évidente reconnaissance. Cette reconnaissance se poursuit avec la publication de son premier recueil poétique, Sur la table inventée (éditions Jacques Brémond), pour lequel il obtient le prix Ilarie Voronca en 1988, puis avec la publication chez Gallimard du Journal d'un manœuvre (1990), inspiré par son travail dans un chantier du centre d'Agen, préfacé par le poète Jean Grosjean, et salué par Jean Cussat-Blanc comme une manifestation de « l'or du pauvre[3] ».

Dans les périodes de chômage, Metz écrit et lit beaucoup, des poètes, mais aussi des philosophes, sa quête étant, selon les termes d'Isabelle Lévesque, « philosophique, politique, spirituelle, mais aussi poétique[4]. »

La mort accidentelle d'un de ses trois enfants (son fils Vincent, fauché par une voiture à l'âge de huit ans, le , jour même de l'obtention du prix Voronca[5]) est pour lui un drame familial et personnel dont il ne se remettra jamais et qui le conduit à l'alcoolisme[6].

En 1996, il s'installe à Bordeaux, puis se fait admettre à l'hôpital psychiatrique de Cadillac, pour combattre sa dépendance à l'alcool et sa neurasthénie ; durant deux séjours (1996 et 1997), il y écrit le cahier de L'Homme qui penche[7], dans lequel il portraiture les ombres errantes de l'hôpital. Le dernier de ces poèmes est daté du , deux mois et demi avant son suicide, survenu dans cet hôpital le [8].

Thèmes et reconnaissance modifier

Dans une langue épurée, sa poésie est l'expression contenue, pleine de sensibilité et de détresse, d'un homme fracassé par la vie, mais qui, selon les termes de Jean Grosjean, réussit à faire en sorte que « ce que nous pouvions prendre pour un univers de médiocrité banale se trouve être une merveille. Elle ne nous retient pas par la manche comme font les vendeurs forains. Elle parle à mi-voix et l'entende qui veut. Elle dit : Qui que tu sois, tes instants ne contiennent rien d'autre, mais ils sont des miracles[9]. »

Pour Metz, « écrire un poème / c'est comme être seul / dans une rue si étroite / qu'on ne pourrait / croiser que son ombre[10]. »

L'homme et son œuvre ont reçu l'hommage du monde de la poésie et des éditeurs de poésie[11],[12].

Prix modifier

  • Prix Voronca 1988
  • Prix Froissart[13] 1989

Œuvres modifier

  • Sur la table inventée, Éditions Jacques Brémond, 1988 (prix Ilarie Voronca 1988) ; nouvelle édition avec des encres de Gaëlle Fleur Debeaux, éd. Jacques Brémond, 2015 - traduction[14]
  • Dolmen suivi de La Demeure phréatique, Cahiers Froissart, 1989 (prix Froissart) ; rééd. Jacques Brémond, 2001
  • Le Journal d'un manœuvre, Éditions Gallimard, coll. « L'Arpenteur », 1990 et 2016 - traduction[15]
  • Entre l'eau et la feuille, Éditions Arfuyen, 1991[16] ; rééd. Jacques Brémond, 2015
  • Lettres à la bien-aimée, Éditions Gallimard, coll. « L'Arpenteur », 1995
  • Dans les branches, Éditions Opales, 1995 et 1999 ; rééd., avec une postface de Jean Maison (« Je t'attendrai en mai »), Le Ballet Royal, 2020
  • Le Drap déplié, Éditions L'Arrière-Pays, 1995 et 2001
  • De l'un à l'autre, avec des toiles filées de Denis Castaing, Jacques Brémond, 1996
  • L'Homme qui penche[17],[18], Éditions Opales / Pleine Page, 1997 ; nouvelle édition revue et augmentée, Pleine Page, 2008 - traduction[19] ; rééd. avec une préface de Cédric Le Penven, Éditions Unes, 2017
  • Terre, Éditions Opales / Pleine Page, 1997 et 2000 ; rééd. avec sept peintures de Véronique Gentil, Pierre Mainard éditeur[20], coll. « Grands Poèmes », 2021
  • Dialogue avec Suso, Éditions Opales / Pleine Page, 1999
  • Sur un poème de Paul Celan, avec deux encres originales de Jean-Gilles Badaire, Éditions Jacques Brémond, 1999
  • Tout ce pourquoi est de sel (inédit), avec des illustrations de Marc Feld, Éditions Pleine Page, 2008
  • Carnet d'Orphée et autres poèmes, avec quatre encres et lavis de Jean-Claude Pirotte, préface de Isabelle Lévesque, Éditions Les Deux-Siciles, 2011 - traduction[21]
  • Tel que c'est écrit, Éditions L'Arrière-Pays, 2012
  • Poésies 1978-1997 (rassemble ses poèmes jamais parus en livre), préface de Thierry Courcaud (« Dernière rencontre avec Thierry Metz »), Pierre Mainard éditeur, 2017 - traduction[22]
  • Le Grainetier (récit inédit)[23], suivi d'un entretien avec Jean Cussat-Blanc (« Avec Kostas Axelos et les Problèmes de l’enjeu »), préface d’Isabelle Lévesque, Pierre Mainard éditeur, 2019

Adaptations théâtrales et films modifier

  • Dans l'ici d'un homme, réalisé par Guillaume Metz en 2022.
  • L'Homme qui penche, film de Marie-Violaine Brincard et Olivier Dury, Survivance, 2020, sorti en 2021[24].
  • L'Homme qui penche :
    • par le comédien et poète Lionel Mazari en 2003 à la médiathèque intercommunale de Miramas ;
    • par Marc Feld en 2008, à Lausanne[25].

Notes et références modifier

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Jérôme Garcin, « Thierry Metz : l'homme qui se redresse », L'Obs, 14 août 2017.
  3. Cité par Thierry Courcaud dans « Dernière rencontre avec Thierry Metz », préface à Poésies 1978-1997, Éditions Pierre Mainard, 2017, p. 15.
  4. Isabelle Lévesque, préface au Grainetier, Pierre Mainard, 2019, p. 7.
  5. Mention faite dans Lettres à la Bien-aimée, quatrième de couverture, Gallimard, coll. « L'Arpenteur », 1995.
  6. Voir le texte de Marc Feld, auteur en 1995 d'une adaptation de L'Homme qui penche pour le théâtre, sur le site theatre-contemporain.net.
  7. « C’est l’alcool. Je suis là pour me sevrer, redevenir un homme d’eau et de thé. [...] Je dois tuer quelqu'un en moi, même si je ne sais pas trop comment m'y prendre. Toute la question ici est de ne pas perdre le fil. De le lier à ce que l'on est, à ce que je suis, écrivant », écrit-il en octobre 1996 en arrivant au centre hospitalier, dans le premier des quatre-vingt-dix brefs poèmes en prose de L’Homme qui penche, éditions Opales, 1997 ; rééd. Unes, 2017, n. p.
  8. « Et pourtant l’homme qui penche n’est pas dans la tristesse, pas davantage dans le désespoir, mais au-delà de ces états, entouré, enfermé par un cercle invisible qui le rend comme absent à lui-même. Il s’observe et observe les autres, qui essaient eux aussi “de ne pas perdre le fil” », Marie Étienne, « Le poète encerclé », En attendant Nadeau, 4 juillet 2017.
  9. Jean Grosjean, préface au Journal d'un manœuvre, Gallimard, coll. « L'Arpenteur », 1990, p. 8.
  10. Thierry Metz, Poésies 1978-1997, Pierre Mainard, 2017, p. 142.
  11. « Terre avant les oiseaux, avant les étoiles hommage à Thierry Metz », sur remue.net, (consulté le ).
  12. Marc Blanchet, « Le drap déplié », sur lmda.net, Le Matricule des anges n° 14, novembre 95 - janvier 96 (consulté le ).
  13. Froissart avec un « t » et non un « d » est le nom du chroniqueur médiéval honoré à Valenciennes, dont la revue et les éditions dirigées par Jean Dauby ont pris le nom.
  14. Traduction italienne par Riccardo Corsi, Sulla tavola inventata, Rome, Edizioni degli animali, 2018.
  15. Traduction italienne, Diario di un manovale, a cura di Andrea Ponso, Milano, Edizioni degli animali, 2020.
  16. Consultable partiellement sur Gallica.
  17. L'Homme qui penche sur Le Tiers Livre.
  18. L'Homme qui penche, critique de Patrick Kechichian, Le Monde, .
  19. Traduction italienne par Michel Rouan et Loriano Gonfiantini, L'Uomo Che Pende, Pistoia, Edizioni Via del Vento, 2001.
  20. Pierre Mainard éditeur.
  21. Traduction italienne par Marco Rota, avec trois linogravures de Piermario Dorigatti, Quaderno di Orfeo, Milano, Edizioni, 2012.
  22. Traduction de poèmes extraits de Poésies 1978-1997, sous le titre Dire tutto alle case (« Tout dire aux maisons ») et traduits par Mia Lecomte, Interno Poesia Editore, 2021.
  23. Ce récit initiatique et onirique de jeunesse, « récit symbolique » d'avant les poèmes, a été initialement publié par épisodes, de l'hiver 1979 à l'hiver 1982, dans la revue Résurrection de Jean Cussat-Blanc, découvreur du poète qui l’accueillit dans chaque numéro ou presque, jusqu’en 2004, c’est-à-dire bien après la mort de Thierry Metz.
  24. SurPrologue-ALCA, un entretien avec les deux réalisateurs.
  25. Voir sur theatre-contemporain.net.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Hommages modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier