Spoliations napoléoniennes

Les spoliations napoléoniennes consistent en une série de soustractions d’actifs perpétrée à grande échelle sur une période de vingt ans, de 1797 à 1815, notamment d’œuvres culturelles, d'œuvres d’art, d’objets précieux constituant l’identité patrimoniale et spirituelle des territoires spoliés et qui a été le plus souvent organisée sous forme de traités pour des lieux spécifiques en fonction d’une histoire et d’une réalité locale particulière.

Spoliations napoléoniennes
George Cruikshank : caricature propagandiste évoquant les spoliations napoléoniennes (1815).
George Cruikshank : caricature propagandiste évoquant les spoliations napoléoniennes (1815).

Type Confiscation de bien, vol, razzia
Pays Italie, péninsule Ibérique, Pays-bas, Europe centrale
Cause Butin de Guerre, pillage
Date de 1797 à 1815
Participant(s) Armée d'Italie, Grande Armée, avec l’aide de certaines communautés locales non concernées par le patrimoine dérobé.
Revendications Traités de Paix ou sans revendication dans les cas de razzia
Résultat confiscation de biens culturels et cultuels ; constitution d’un trésor national

Le concept de spoliation peut s'étendre ici à ceux de pillages, saccages mais aussi aux démembrements, ou destructions d’œuvres d’art ou objets de valeur par les troupes napoléoniennes, de vols délibérés de la part de Napoléon en personne (en attestent par exemple les camés de Joséphine ou la collection d’environ 16 000 œuvres italiennes de Joseph Fesch consignées au Musée Fesch à Ajaccio) ainsi que de l’achat par vente forcée d’œuvres majeures par la contrainte de différents traités entre la France et les États pontificaux ou par des montages financiers particuliers comme en donne un exemple Stendhal dans l'ouvrage Rome, Naples et Florence.

Nombre de recensements d’œuvres en vue de leur confiscation ont été réalisés par des fonctionnaires nommés par Napoléon lui-même au sein de la population locale, à l’instar de la commission du traité de Tolentino où les fonctionnaires ont été désignés au sein de la communauté hébraïque du ghetto d’Ancône[1].

Bien qu’elles peuvent plus amplement y figurer dans cet article, n’entrent pas de la même manière les spoliations opérées dans la péninsule Ibérique, aux Pays-Bas, en Europe centrale et encore moins celles d'Égypte pour la bonne raison que les spoliations et les pillages ne portaient pas sur des objets de culte encore en usage en 1797.

Ce qui révèle par là-même la violence intrinsèque de la constitution-même du musée du Louvre à son origine quand il s’est agi d’exposer sans distinction des œuvres passées de l’histoire de l’art et des œuvres encore en usage et encore vénérées du temps de leur exposition.

Après la période napoléonienne, les spoliations se complètent de la collection de Giampietro Campana en 1861 pour le compte du musée du Louvre et du musée du Petit Palais d'Avignon, se soldant également par un éparpillement des collections sous forme de présents à des États tiers, reventes à des collectionneurs privés français et étrangers.

Pillages, célébrations et justifications idéologiques modifier

Pillages et destructions modifier

Les pillages furent perpétrés à grande échelle de 1797 à 1815, et comprenaient non seulement des œuvres picturales ou sculpturales, mais également des éléments architecturaux, des biens archéologiques, des archives et des bibliothèques, des collections glyptiques, numismatiques, de sciences naturelles, minéralogiques et botaniques.

Parfois, des actes de destruction ont également eu lieu : destruction d’œuvres d’art (ex: le complexe sculptural en argent dit des apôtres d’Antonio Calcagni et Tiburzio Vergelli est fondu à Lorette, destruction de la statue de Grégoire VIII de Girolamo Lombardo à Ascoli Piceno ) ; d’églises (à l’instar du Duomo d'Alexandrie datant du XIIe siècle, mais aussi de monastères, d'ouvrages publics, de palais, très souvent motivés par la recherche d’or et d’argent.

Selon l'historien Paul Wescher, les pillages napoléoniens représenteraient « le plus grand déplacement d'œuvres d'art de l'histoire »[2], qui a causé divers dommages collatéraux.

Selon l'article publié par l'historienne de l'art Dorothy Mackay Quynn intitulé "Les confiscations d'art des guerres napoléoniennes", l'Italie se trouve confrontée à des restitutions complexes, car légalisés par des traités, alors que les cessions de la Belgique et des Pays-Bas ont été effectuées comme butin ou prise de guerre.

Selon le catalogue Canova, catalogue incomplet au demeurant, sur les 506 tableaux recensés importés en France, 248 sont restés en France, 249 sont rentrés en Italie, 9 ont été classés comme introuvables.

Célébrations modifier

 
Entrée à Paris du convoi des œuvres d'art confisquées par Bonaparte et son armée (Auber 1802: vol. 3, pl. 136). 1802. — Collection complète des tableaux historiques de la Révolution française, tome 2. Pierre Didot l’aîné, Paris.

Au neuvième jour de Thermidor de l'an VI (), s'est déroulée la plus grande célébration d'une victoire militaire à Paris. L’événement est rappelé par une gravure de la Bibliothèque nationale de Paris reproduisant une peinture de Louis-Auguste Girardot. Elle montre l’arrivée au Champ de Mars, devant l'École Militaire de Paris du premier convoi de marchandises confisquées à la fin de la campagne d'Italie menée par le général Bonaparte.

Dans les estampes d'époque, nous voyons les chevaux de la basilique Saint-Marc à Venise sur un char tiré par six chevaux, précédés d’un autre char sur lequel est posée une cage de lions et suivis de quatre dromadaires. Devant un panneau, il déclare: « La Grèce les céda ; Rome les perdit. » L’Apollon du Belvédère, la Vénus de Médicis, le Discobole, le Laocoon et une soixantaine d’œuvres, dont neuf peinture de Raphaël, deux célèbres collections du Corrège, de minéraux et d’antiquaires, plusieurs animaux exotiques, mais aussi plusieurs manuscrits du Vatican datant du premier millénaire ap. J-C. Il fut rapporté que l'attention du public fut attirée par les animaux exotiques et par la statue et les reliques de la Madone de Lorette considérée à l’époque comme l'œuvre de saint Luc et capable de faire des miracles.

Liste établie des œuvres traçables envoyées à Paris modifier

Lieu et date

d'enlèvement

Tableaux

enlevés

Tableaux repris

en 1815

Tableaux

restés en France

Tableaux

perdus

Milan. 19 6 11 2
Crémone. 6 2 4
Modène. 20 10 10
Parme. 15 12 3
Bologne. 31 15 16
Cento. 12 6 6
Livourne. 1 0 1
Modène. 30 11 19
Lorette. 4 1 3
Pérouse. 30 10 20
Mantoue. 4 0 4
Foligno. 1 1 0
Pesaro. 1796 7 3 4
Fano. 1797 3 0 3
Rome. 1797 13 12 1
Vérone. 14 7 7
Venise. 18 14 4
TOTAL 1796-1797 227 110 115 2
Rome. 1798 14 0 14
Turin. 1799 66 46 20
Florence. 1799 63 56 0 7
Turin. 1801 3 0 3
Naples. 1802 7 0 7
Rome (Saint-Louis-des-Français). 26 0 26
Parme. 1803 27 14 13
TOTAL 1798-1803 206 116 83 7
Savone. 1811 6 3 3
Gênes. 1811 9 6 3
Chiavari. 1811 2 1 1
Levanto. 1811 1 1 0
La Sapieza. 1811 1 1 0
Pise. 1811 9 1 8
Florence. 1811 9 0 9
Parme. 1811 5 2 3
Foligno. 1811 1 1 0
Todi. 1811 3 2 1
Pérouse. 1811 10 5 5
Milan (Brera). 1812 5 0 5
Florence. 1813 12 0 12
TOTAL 1811-1813 73 23 50
TOTAL GÉNÉRAL 506 249 248 18

Les traces de justifications idéologiques modifier

Les justifications idéologiques du pillage furent diverses, allant au-delà de la simple prise de guerre. D'une part, une pétition d'artistes français mentionnait que les œuvres étaient une inspiration pour le progrès des arts républicains. Certains croyaient que les œuvres étaient restées « emprisonnées trop longtemps... ces œuvres immortelles ne sont plus dans un pays étranger, mais introduites dans la patrie des Arts et du Génie, dans la patrie des libertés et de l'Égalité sacrée: la République française ». « Ou encore des statues que les Français ont empruntées à l'église romaine dégénérée pour orner le grand musée de Paris, afin de distinguer le plus noble des trophées, le triomphe de la Liberté sur les Tyrannies, de la Connaissance sur la Superstition ».

Face à ce qui était considéré à l’époque comme des butins de guerre, quelques-uns, comme Quatremère de Quincy, se souvinrent que, par chance, les plus grandes œuvres du génie humain ne pouvaient être effacées, comme le Colisée, la Farnesina, la chapelle Sixtine ou les salles du Vatican, et que si les Français voulaient vraiment redécouvrir le passé, au lieu de dépouiller Rome, ils devraient « se tourner vers les ruines de la Provence, enquêter sur les ruines d'Arles, d'Orange et restaurer le magnifique amphithéâtre de Nîmes ».

 
Antoine Quatremère de Quincy par F. Bonneville.

Traités de la première Campagne d'Italie modifier

Traité de Campoformio modifier

 
Le traité de Campo-Formio par Jean-Baptiste François Desoria.

La première campagne d'Italie avait apporté un très grand nombre d'objets de valeur de toutes sortes, depuis la signature des armistices avec les duchés de Modène et de Parme en jusqu'au traité de Campo-Formio avec la république de Venise en 1797.

Ledit traité de Campo-Formio met fin à la république de Venise millénaire que Napoléon donne à l’Autriche, avec des conséquences évidentes sur le patrimoine du reste de la péninsule italienne, mais l’on ne peut parler de spoliation de la part de l’Empire autrichien.

Milan fut d'abord privée des collections des Gonzague de Mantoue. Les ducs de Modène et de Parme avaient été tenus de remettre vingt tableaux de leurs collections privées et publiques, qui devinrent bientôt 40, puis 50 pour finir par en perdre le décompte.

En juin, le roi Ferdinand Ier et le pape Pie VI signèrent des armistices dans lesquels ils s'engageaient à remettre 500 anciens manuscrits du Vatican et une centaine de peintures et de bustes, en particulier les bustes de Marcus et de Giunius Brutus Capitolin.

Les manuscrits ont été choisis par un dénommé de la Porte du Theil, un érudit français qui connaissait bien les bibliothèques vaticanes et qui prit entre autres la Fons Regina, la bibliothèque de la reine Christina de Suède. Le pape fut obligé de payer les frais de transport des manuscrits et des travaux jusqu’à Paris.

Des pillages ont également eu lieu dans les bibliothèques du Vatican, la bibliothèque Estense de Modène, celles de Bologne, Monza, Pavie et Brera et enfin dans la bibliothèque Ambrosienne de Milan.

Remarque : A la suite de l’occupation de Venise par les troupes napoléoniennes, on note d'autres disparitions ultérieures, peut-être même de destruction d’œuvres d’art d’importance à l’instar du Jugement de saint Stéphane de Vittore Carpaccio. Imputables logiquement aux autrichiens alors au pouvoir, il semble que ce n'était pas dans les pratiques autrichiennes de se livrer à de telles exactions.

Traité de Tolentino modifier

 
Signature du traité de Tolentino.

Par la suite, le traité de Tolentino a ajouté des œuvres des trésors de Ravenne, Rimini, Pérouse, Lorette et Pesaro.

Au Vatican, les salles du pape sont ouvertes et complètement saccagées, à la fois pour l'enrichissement des officiers napoléoniens et expressément pour Napoléon, tandis que les œuvres en or et en argent sont fondues.

La bibliothèque privée du pape Pie VI fut achetée par le fonctionnaire Daunou et, en 1809, la collection de marbre du prince Borghèse fut vendue à Napoléon sous la contrainte pour huit millions de francs. Le prince n'a même pas obtenu toutes les sommes promises, mais a été payé en terrains confisqués à l'Église et en droits d'exploitation minière dans le Latium, qu'il a ensuite dû restituer à ses propriétaires légitimes.

 
Confiscation du 25 pluviôse de l’an V de la statue de Notre Dame de Lorette et des reliques de la Madone avant que le sanctuaire de la Sainte Maison de Lorette ne soit fermé sous scellé.

W. Buchanan notait en 1824 la manière dont Napoléon avait imposé une lourde taxation aux princes et à la noblesse romaine qui s'étaient opposés à son armée ; et comme il avait remarqué que ses demandes étaient payées par les propriétaires, il les renouvelait dans la mesure où ceux-ci possédaient encore des trésors : c’est ainsi que les familles Colonna, Borghese, Barberini, Chigi, Corsini, Falconieri, Spada et de nombreuses autres familles nobles de Rome ont été forcées de vendre leurs œuvres pour trouver les moyens de supporter le paiement des taxes

À Venise, les chevaux de bronze de Saint-Marc, traditionnellement attribués à Lysippe, sculpteur de bronze d'Alexandre le Grand, ont été envoyés à Paris. Les noces de Cana de Véronèse ont été coupées en deux et envoyées au Louvre. L'Arsenal de Venise a été démantelé, les canons, les plus belles armures et les armes à feu ont été envoyés en France, d'autres ont été fondues.

Cependant, parfois, la méconnaissance de certains commissaires chargés des réquisitions fit que certains chefs-d’œuvre restèrent sur place, comme ce fut le cas pour la Conversation sacrée de Piero della Francesca, confisquée à Urbino, arrêtée dans son départ pour Paris à Milan en 1811 car jugée de peu d’importance et restée aujourd’hui encore à Milan, ou bien celle de La Donna Velata de Raphaël attribuée à Sustermans.

À Lorette, le trésor[3] du plus grand pèlerinage des XVIe et XVIIe siècle d’Occident est pillé[4]. 80 chariots de statues d’argent, pierres précieuses, diamants, or et d’offrandes de valeur faites au sanctuaire pendant trois siècles par les pèlerins et régents d’Europe sont acheminés vers Paris où ils seront fondus. Le complexe sculptural en argent dit des apôtres d’Antonio Calcagni et Tiburzio Vergelli est détruit et fondu, la sainte Maison de Lorette est fermée sous scellé, ce qui met un terme au pèlerinages marial le plus important de l’histoire de l'Occident, la statue et les reliques de la Madone volées par Napoléon en personne[5] sont envoyées au Louvre, et le Trésor du sanctuaire consigné sous une boutique d’orfèvre du Faubourg Saint-Marcel à Paris[6]. Charles Nicolas Cochin recense en 1758 au sein de la santa Casa la naissance de la Vierge d’Annibale Carracci aujourd’hui au Louvre, Une Vierge de Raphaël, probablement la Vierge de Lorette de Raphaël aujourd’hui au Musée Condé de Chantilly, L’Annonciation de Baroccio aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts de Nancy.

À Ascoli Piceno, la statue de Grégoire VIII de Girolamo Lombardo est détruite.

Exemples de sculptures de l'Antiquité romaine cédées à la suite du traité de Tolentino modifier


Quelques exemples de biens spoliés à la suite du traité de Tolentino modifier

Traité de Presbourg modifier

Le traité de Presbourg est signé le entre la France et l'Autriche où les possessions autrichiennes en Italie sont cédées à la France qui souhaite récompenser ses alliés du Sud de l’Allemagne. Aussi, ne peut-on comprendre l’ampleur des spoliations napoléoniennes sans prendre en considération la disséminations des trésors de guerre dans des territoires tiers, ainsi que la circulation d’œuvres cédées puis reprises entre deux traités, contribuant à brouiller les pistes de la traçabilité des œuvres.

Sans pouvoir attester de spoliations de la part de l’Autriche ou de déplacements d’œuvres de Paris vers la Bavière, l’on peut cependant appuyer sur la surprenante contemporanéité des grandes collections en provenance de la péninsule italienne dans les principaux musées munichois (Glyptothèque, Staatliche Antikensammlungen, Alte Pinakothek).

Par manque de traçabilité complète, nous ne pouvons affirmer avec certitude que la majorité des 276 peintures majeures italiennes de la National Gallery est également la conséquence de ces spoliations.

Exemple d’œuvres italiennes entrées dans les collections munichoises pendant et juste après les campagnes napoléoniennes modifier

Exemple d’œuvres sans acquisition spécifiée probablement spoliées puis acquises à la France pour les collections londoniennes modifier

Du cheminement inverse à savoir de l’Angleterre vers la France, nous citerons les trois Panneaux d’un Retable de Rubens commandités pour la chapelle sainte Hélène dans la Basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem de Rome entre 1601 et 1602. Les dernières traces écrites de l’existence du tableau dans l’église nous révèlent la date de 1763 après quoi, deux des panneaux ont été mis en vente en Angleterre en 1812, racheté par un particulier français qui en a fait don à la Cathédrale de Grasse. Le troisième panneau est semble-t-il perdu.

Spoliations du duché de Modène modifier

L'armistice entre Napoléon et le Duché de Modène a été signé le à Milan par San Romano Federico d'Este, représentant du duc Hercule III de Modène. Il a été exigé la livraison de vingt tableaux des collections de la maison d'Este et d'une somme d'argent trois fois supérieure à celle de l'armistice avec Parme. La première expédition a été organisée par Giuseppe Maria Soli, directeur de l'Académie Atestina des Beaux-Arts de Modène, qui s'est occupé du choix des peintures, qui ont été retirées des appartements du duc d'Este et envoyées à Milan en 1796 avec les commissaires Tinet et Berthélemy. Cependant, arrivées en France, elles furent jugées médiocres par Le Brun et Napoléon déclara l'armistice avec le duc d'Este rompue en raison de la violation des clauses.

Le , Napoléon entra à Modène avec deux nouveaux commissaires, Garrau et Antoine Christophe Saliceti, qui allèrent plusieurs fois passer au crible les galeries des médailles et la galerie du palais ducal pour recueillir la collection de camées gravés et de pierres semi-précieuses. Le , après avoir prélevé à la bibliothèque ducale de nombreux manuscrits et livres anciens, 1213 objets furent envoyés : 900 pièces impériales en bronze, 124 pièces des colonies romaines, 10 pièces en argent, 31 contournées, 44 pièces provenant de villes grecques, 103 pièces de monnaie des pontifes envoyées à la Bibliothèque Nationale à Paris, et à Paris depuis conservées.

Son épouse Joséphine contribua à cette spoliation en  : en séjournant au palais ducal de Modène, elle souhaita voir la collection de camées et de pierres précieuses, en préleva deux cents sans compter ceux subtilisés par les aides de camp de son mari qui l'accompagnait. 1 300 dessins trouvés dans les collections Estensi ont été envoyés au Louvre, 16 camées d'agate, 51 pierres semi-précieuses et plusieurs vases en cristal de roche, où ils se trouvent depuis. Le , le buste de Lucius Verus et Marc Aurèle, un dessin de la colonne de Trajan et un autre représentant les bustes d'empereurs ont été réquisitionnés. Saliceti et Garrau ont personnellement pris plusieurs camées avec des cadres en or et en émail. La deuxième livraison de tableaux a eu lieu le , lorsque Tinet, Moitte et Berthélemy ont choisi d'envoyer 28 tableaux à Paris, ainsi que 554 autres dessins, dont 4 albums pour un total de 800 dessins. De nombreux tableaux de l'école émilienne sont restés en France. Citons :

Aperçu d'œuvres du duché de Modène demeurées en France modifier

Spoliation du duché de Toscane modifier

Le pillage au grand-duché de Toscane a été mené à bien par le même directeur du Musée du Louvre, Dominique Vivant Denon.

Entre l'été et l'hiver 1811, il a passé Massa-Carrara au tamis, puis Pise, puis Volterra et enfin Florence.

Dans chacune de ces villes, il a noté scrupuleusement les œuvres à envoyer à Paris.

À Pise, Dominique Vivant Denon choisit neuf peintures et un bas-relief tous conservés en France aujourd’hui :

À Florence, Dominique Vivant Denon fouilla dans le dépôt de l’ex-couvent de Sainte Catherine et envoya :

Spoliations en république de Venise (partiel) modifier

La commission française chargée de l'envoi de chefs-d'œuvre en France était dirigée par Monge, Berthollet, Berthélemy et Tinet, qui s'étaient précédemment installés à Modène.

Les œuvres en or et en argent accumulées au cours des siècles à la Monnaie de Venise et envoyées en France ont été fondues. Le trésor de la basilique Saint-Marc a été fondu et les soldats français ont été payés avec l'or liquéfié.

Les ordres religieux ont été abrogés et 70 églises ont été démolies. Environ 30 000 œuvres d'art ont disparu ou ont été vendues

Le Bucentaure, fut brisé en morceaux avec toutes ses sculptures brûlées dans l'île de San Giorgio Maggiore pour faire fondre la feuille d'or qui les recouvrait.

L'Arsenal de Venise a été démantelé, les canons, les armures les plus belles et les armes à feu ont été envoyés en France, d'autres ont été fondues.

Plus de 5 000 canons fondus, ainsi que les armes anciennes en fer et en cuivre qui faisaient la fierté de l’Arsenal ont été envoyés dans les musées français.

Les Invalides abritent aujourd’hui un canon en bronze de facture vénitienne d’un poids de 36 kilogrammes, destiné à un usage militaire, conçu par la Sérénissime pour célébrer l’alliance entre le royaume du Danemark, de la Norvège et de la république de Venise, dont les emblèmes sont placés pour orner l’arme elle-même. Le canon de la question apporte la date de création: Année Salutis. MDCCVIII.

Les Noces de Cana de Véronèse qui se trouvait une fois au réfectoire bénédictin de l'île San Giorgio Maggiore de Venise a été coupée en deux et envoyée au Louvre, où elle a été recousue et où elle se trouve toujours.

Originaire de Vérone, près de San Zeno, le retable de San Zeno d'Andrea Mantegna a été coupé et envoyé en France. Les éléments de la prédelle sont maintenant en France – La Crucifixion au musée du Louvre, La Prière au Jardin des Oliviers et La Résurrection au musée des Beaux-Arts de Tours – tandis que le panneau principal est de retour à Vérone, rompant pour toujours l'unicité de l'œuvre.

À Vérone, la collection de fossiles Gazola du Monte Bolca (constituée en grande partie de trouvailles de poissons appartenant à l'Éocène) a été confisquée en et déposée au Museum national d'histoire naturelle à Paris, où elle se trouve encore aujourd'hui.

. Il semble que Gazola ait été indemnisé rétrospectivement par une rente en 1797 et une pension en 1803. De cette manière, Gazola a reconstitué une seconde collection de fossiles également confisqués et emmenés à Paris en 1806.

En , les Français enlevèrent le lion et les statues de bronze des chevaux de Saint-Marc, que la tradition attribuait à Lysippe, le bronzier d'Alexandre le Grand.

Quand Napoléon décida de commémorer ses victoires de 1805 et 1806, il ordonna la construction de l'Arc de Triomphe sur la place du carrousel et que les chevaux soient placés au sommet comme unique ornement de l’arc.

Le lion ailé de Saint Marc n'est jamais revenu, alors que les Autrichiens ont pris soin d'obtenir auprès de la France la récupération des chevaux, sans les biens volés à l'Arsenal.

Exemples d’œuvres volées à Venise[7] modifier

Spoliations à Mantoue modifier

Aux dépens de Mantoue, les œuvres de certains des artistes les plus importants ayant travaillé pour les Gonzague. Parmi les œuvres principales non retournées provenant de Mantoue et des collections des Gonzague :

Spoliations en Lombardie autrichienne modifier

 
Feuillet du Manuscript B. de Léonard de Vinci, Encre et Crayon sur papier, 23 x 16 cm, Bibliothèque de l’Institut de France.

Les troupes françaises sont entrées à Milan en 1796 pour coïncider avec la première campagne d'Italie de Napoléon. Ici, ils ont réquisitionné le Codex Atlanticus et d'autres brouillons et écrits de Léonard de Vinci conservés à la Bibliothèque Ambrosienne de Milan depuis 1673. Le corpus léonardien des écrits n'est revenu que partiellement, le Codex Atlanticus a été restitué non intact à la bibliothèque Ambrosienne.

En fait, plusieurs feuilles du Codex sont conservées à Nantes et à Bâle, tandis que tous les autres cahiers et écritures dédicacées de Léonard de Vinci sont conservés à la Bibliothèque nationale de France et de la Bibliothèque de l'Institut de France à Paris.

En 1799, le général Jean-Étienne Championnet acta la même politique à l’égard du Royaume de Naples, comme résultat d’une missive envoyée au Directoire le 7 Ventôse de l’année VII ()

« Je vous annonce avec plaisir que nous avons trouvé des richesses que nous croyions perdues. Outre les plâtres d’Herculanum qui sont à Portici, nous avons trouvé deux statues équestres en marbre de Nonius, père et fils ; la Vénus Callipyge n’ira pas seule à Paris, parce que nous avons trouvé dans la manufacture de porcelaine, une superbe Agrippine qui attend la mort ; les statues en marbre de grandeur naturelle de Caligula, de Marc-Aurèle, et un beau Mercure en bronze ainsi que des bustes antiques de marbre d’une très grande valeur parmi lesquels celui de Homère. Le convoi partira dans quelques jours. »

 
Antécédent de mutilation d'œuvre : Le Mariage mystique de sainte Catherine de Lorenzo Lotto, toile mutilée dont le paysage supérieur représentant une vue idéalisée de Jerusalem n’a pas été retrouvé.

Le pillage napoléonien ne se limitait pas aux peintures et sculptures, il concernait également le patrimoine du livre et de la joaillerie. La plupart de ces objets précieux ne sont jamais revenus.

Spoliations en Espagne et au Portugal modifier

 
Le maréchal « Sou », caricature de Daumier, 1832.

La guerre d'Espagne, de 1808 à 1814, est l'occasion de nombreux prélèvements dans les collections et églises. Bien que l'art espagnol, à l'époque, suscite beaucoup moins d'intérêt que l'art italien, les généraux Junot, Merlin, Delaborde, Sébastiani, Fournier-Sarlovèze, le maréchal Lannes et surtout le maréchal Soult profitent de leurs campagnes du Portugal et d'Espagne pour ramener des quantités d'objets d'art, l'administration impériale fermant les yeux sur ce trafic. Soult, le plus exigeant, sous couvert de dons, cadeaux ou achats forcés, remplit au moins 10 convois de butin dont 9 pendant son séjour en Andalousie.

Après 1815, il cèdera certaines pièces à Louis XVIII et à d'autres personnalités. L'inventaire fait en 1852 après sa mort aligne 111 peintures espagnoles, 22 italiennes, 23 flamandes et hollandaises.

Napoléon lui-même charge son meilleur expert en art, Dominique Vivant Denon, de récolter les plus belles pièces pour le musée du Louvre : il avait rempli les mêmes fonctions en Hollande et en Hesse-Cassel.

En Espagne, Denon apprécie surtout les Murillo. Joseph Bonaparte, promu roi d'Espagne, tente de préserver le patrimoine espagnol en interdisant l'exportation des œuvres d'art mais il accorde de nombreuses dérogations à ses protégés[8].

Musée du Louvre modifier

 
Pallas de Velletri, Louvre.

Dans le domaine des biens culturels, Napoléon a mis en place une politique de dépossession des nations défaites, confisquant les œuvres d'art des lieux de culte du clergé, des cours royales et des collections nobles et privées des familles de l'Ancien Régime qui, à des fins de propagande, furent installées d’abord dans le bâtiment du Louvre à Paris qu’il voulait musée des monuments français en 1795, ainsi que dans d’autres musées en France

La collection du musée du Louvre était à l'origine composée d'objets provenant des collections Bourbon et de familles nobles françaises, ainsi que de fonds ecclésiastiques. Mais déjà à l'occasion de la première campagne de guerre aux Pays-Bas (1794 - 1795), il confisqua plus de 200 chefs-d'œuvre de la peinture flamande, dont au moins 55 œuvres de Rubens et 18 œuvres de Rembrandt.

Après la campagne italienne de 1796, il apporta à la France 110 autres chefs-d'œuvre grâce à l'armistice de Cherasco (). Le même sort a été subi, avec le traité de Tolentino (), de nombreuses œuvres d'art des États pontificaux. La politique de transfert des avoirs des territoires occupés italiens en France correspondait à un ordre précis du directoire qui, le , envoya à Bonaparte les directives suivantes :

Citoyen général, le directoire exécutif est convaincu que pour vous la gloire des Beaux-Arts sont attachées à celle de l’Armée sous vos ordres.

« L’Italie doit à l’Art la majeure partie de ses richesses et de sa renommée ; mais il est venu le temps d’en transférer dans le Règne en France, pour consolider et embellir le Règne de la Liberté. Le Musée national doit renfermer toutes les œuvres artistiques les plus célèbres, et vous ne manquerez pas de l'enrichir de celles dont on peut s’attendre des actuelles conquêtes de l’armée italienne et de celles que le futur nous réserve. Cette glorieuse campagne, au-delà de placer la République en position d’offrir la paix à ses propres ennemis, doivent réparer les ravages du vandalisme intérieur, ajoutant à la splendeur des triomphes militaires l'enchantement consolateur et bénéfique de l’Art. Le Directoire exécutif vous exhorte pour autant à chercher, réunir, et apporter à Paris tous les objets les plus précieux de ce genre, et de donner des ordres précis pour l’exécution éclairée de telles dispositions. »

Seuls les traités de paix constituaient l’instrument juridique utilisé par Napoléon pour légitimer ces pillages: il renfermait, entre autres clauses, la remise d’œuvres d’art (en plus de l’imposition d’impôts sous forme de tributs de guerre).

Ces mêmes œuvres avaient déjà été identifiées auparavant par une commission spécifique composée de spécialistes en suite de son armée, dirigée par le baron Dominique Vivant Denon, qui a personnellement suivi sept campagnes de guerre à ces fins.

Toutes les œuvres les plus précieuses étaient destinées au Louvre, tandis que les moins importantes étaient placées dans les musées français de province (Reims, Arles, Tours, Ajaccio...).

Pour exemple : la Pallas de Velletri obtenu grâce au traité de Florence, traité signé entre la France et le royaume de Naples, le 28 mars 1801 mettant fin aux hostilités entre ces deux nations durant la guerre de la Deuxième Coalition. Naples cède notamment à la France la Pallas de Velletri, statue de marbre antique représentant la déesse Athéna qui se trouve aujourd’hui encore au Louvre.

Retour des œuvres durant la Restauration modifier

À la suite de la défaite de Napoléon à la bataille de Waterloo (), tous les royaumes d'Europe ont envoyé leurs propres commissaires artistiques à Paris pour exiger le retour des œuvres perdues ou leur compensation, Antonio Canova a participé en tant que représentant des États pontificaux.

Comme le journal de Londres l’a écrit le , l’opinion publique des pays alliés a protesté contre l’arrogance française :

« Les troupes d’officiers français rentrent à Paris et, sans uniforme, attisent la population. Avec le retrait des troupes alliées, l'insolence des Parisiens augmente. Ils veulent la suppression d'articles sur les œuvres d'art. Pourquoi? Sur quelle base? Le droit de conquête ? Eh bien, n'ont-ils pas déjà été perdus deux fois? Est-ce qu'ils insistent pour invoquer les prises de guerre ? Alors, pourquoi ne permettons-nous pas aux Alliés de piller la France pour des travaux qui valent la peine d’être enlevés et qu’ils ont possédés jusqu’à Bonaparte? »

Les Français sont très fiers des trophées des victoires de Napoléon et souhaitent les conserver. Les Français ont estimé que le fait de garder les œuvres d'art dans les collections de la France était un geste de générosité envers les pays d'origine des œuvres, mais aussi un hommage à leur importance. Comme l’a dit Lord Liverpool aux représentants britanniques à Paris :

« La partie raisonnable du monde est du côté de ceux qui veulent le rendre aux propriétaires. Il est souhaitable, d’un point de vue politique, de les écarter de la France, car ils se souviennent du souvenir de leurs conquêtes et alimentent leur vanité et l'esprit militaire de leur nation »

De nouveau, le journal de Londres a écrit:

« Le duc de Wellington arrive aux conférences diplomatiques avec une note en main demandant expressément que toutes les œuvres soient restituées à leurs propriétaires légitimes. Cela a suscité une grande attention et les Belges, qui ont des exigences énormes à formuler et qui s'opposent obstinément à la permanence des œuvres d'art en France, n'ont pas attendu qu'on leur dise qu'ils pourraient commencer à récupérer ce qui était à eux. Les courageux Belges sont déjà sur le chemin de la restitution de leurs Rubens et de leurs Potter. »

En , l'Autriche et la Prusse ont récupéré tous leurs manuscrits. La Prusse eut un succès immédiat et récupéra de nombreuses parties de statuaire et divers ouvrages, dont 10 œuvres de Cranach et 3 œuvres de Correggio. Le duc de Brunswich a obtenu 85 peintures, 174 porcelaines de Limoges et 980 vases en majolique.

 
Friedrich Wilhelm Christian von Ribbentrop.

Les Prussiens furent les premiers à se déplacer, le roi Frédéric-Guillaume déléguant F.W.C.von Ribbentropp, ainsi que F.H. Jacobi et de Groote. Denon, directeur du Louvre, reçut l'ordre de restituer les trésors prussiens, mais Denon s’y opposa en l'absence d'une autorisation spécifique du gouvernement français. Von Ribbentropp a ensuite menacé d'envoyer des soldats prussiens récupérer les œuvres et envoyer Denon en prison en Prusse s'il ne laissait pas Jacobi agir. En moins de quelques semaines, tous les trésors prussiens étaient à l'extérieur du Louvre et entreposés pour l'expédition prussienne. Les Prussiens ont également aidé d'autres États du nord de l'Allemagne à récupérer leurs œuvres.

Les Hollandais ont envoyé leurs délégués, mais Denon leur a refusé l'accès. Ce dernier écrivit alors à Metternich: « Si nous cédons aux demandes de la Hollande et de la Belgique, nous privons le musée de l’un des atouts les plus importants. La Russie n'est pas hostile, l'Autriche a tout restitué, la Prusse est satisfaite. Il n'y a que l'Angleterre qui, depuis qu'elle vient d'acheter les marbres d'Elgin au Parthénon, pense désormais pouvoir rivaliser avec le Musée universel (le Louvre). »

Le , l'Autriche, l'Angleterre et la Prusse s'accordèrent pour que tous les objets d'art soient rendus à leurs propriétaires. Le tsar ne faisant pas partie de cet accord s'y est opposé, après avoir acheté plusieurs peintures pour le patrimoine de l'Ermitage aux descendants de Napoléon et avoir reçu en cadeau de Joséphine un camée du Vatican de Ptolémée et Arsinoé.

Quant aux villes italiennes, celles-ci avaient évolué tardivement et de manière désorganisée en raison de la scission en Duchés, en royaumes et en républiques séparés les unes des autres. Seulement sur l’ensemble des tableaux, sur 506 œuvres alors cataloguées envoyées en France, moins de la moitié furent restituées, soit 249 œuvres. Le Duc de Brunswick a obtenu à lui seul 85 tableaux et l'ensemble des 980 vases en majolique.

Le reste (principalement des œuvres provenant des États pontificaux, mais aussi du duché de Modène et du grand-duché de Toscane) est resté en France. Le , à l'issue des négociations, un convoi de 41 chars est organisé. Ils sont escortés par des soldats prussiens et arrivent à Milan d'où les œuvres d'art sont acheminées vers les propriétaires légitimes dispersés dans la péninsule. Les collections de camées, dessins et autres œuvres mineures sont restées en France et leurs traces ont été perdues.

Le Lion ailé en bronze de la Sérénissime a été hissé sur une fontaine des Invalides. Quand les ouvriers ont essayé de l'enlever, il est tombé au sol et s'est cassé en milliers de morceaux sous les rires et le ravissement de la foule rassemblée.

Selon le correspondant du Journal de Londres :

« Je viens de voir que les Autrichiens retirent les chevaux de bronze de l'arc. Toute la cour des Tuileries, la place du Carrousel, regorgent de fantassins et cavaliers en arme autrichiens, et personne n’est autorisé à s’en approcher. Des foules de Français regardent dans toutes les rues et donnent libre cours à leurs émotions par des cris et des injures »

Contrairement aux confiscations d’œuvres d’art en Hollande, en Belgique et dans les pays du Rhin de 1794 à 1795 par les commissaires du Directoire, Napoléon a légalisé tous les transferts d’œuvres d’art par des traités en Italie. Les restitutions ont aigri tous les Français, au point que Stendhal au sujet de l'expédition d'un groupe de peintures à Milan, a écrit :

« Les Alliés ont pris 150 peintures. J'espère être autorisé à constater que nous avons adopté le traité de Tolentino. Les alliés prennent nos peintures sans traité »

En d'autres termes, les acquisitions françaises ont été légalisées par des traités, celles des alliés n'étant que des confiscations.

Retour des œuvres après la Restauration modifier

 
Carla Bruni et Nicolas Sarkozy.

En 1994, Francesco Sisinni, alors directeur général du ministère du Patrimoine culturel italien, estimait qu'il existait des conditions culturelles pour le retour des Noces de Cana de Véronèse.

En 2010, l'historien Ettore Beggiatto, ancien conseiller régional des travaux publics en Vénétie et conseiller régional pendant quinze ans, a écrit une lettre à la première dame Carla Bruni pour solliciter le retour de l'œuvre elle-même, en vain[9].

Plusieurs personnalités ont parlé des œuvres présentes en France à la suite du pillage napoléonien. Alberto Angela déclare « Il y a beaucoup d'œuvres volées par Napoléon ». L'Égypte a demandé le retour de la pierre de Rosette prélevée en Égypte lors de l’occupation française et aboutie au British Museum. Zahi Hawass, responsable des antiquités égyptiennes, à la suite du retour au Louvre des cinq fresques extraites de la tombe de Tetiki, souverain de la XVIIIe dynastie enterrée à Louxor[10], acheté par le Musée du Louvre en violation des règles internationales relatives à la circulation des œuvres d'art, a déclaré: « Nous ne nous arrêterons pas. Maintenant, nous voulons aussi obtenir le retour de six autres découvertes conservées au Louvre, dont le zodiaque de Dendera ». Le zodiaque de Dendera a été tronçonné et transféré en France pendant la Restauration. Il se trouve aujourd'hui au Louvre.

Quelques œuvres italiennes restées au Louvre ou disséminées dans les musées et autres édifices du territoire national (liste partielle) modifier

Peintres primitifs italiens modifier

Antoniazzo Romano

Grands Maîtres de la Renaissance, Haute Renaissance et Baroque modifier

  • La Visitation de Domenico Ghirlandaio, pour l’église de Santa Maria Maddalena de’ Pazzi à Florence, conservée au Louvre, Paris

Andrea Mantegna

Benozzo Gozzoli

Lorenzo Lotto

Carlo Crivelli

Les frères Carracci

Fra Filippo Lippi

Le Guerchin (bien que plus de trente toiles du Guerchin sont dans les collections françaises, nous ne retraçons qu’un peu moins de 20 oeuvres spoliées.)

Baroccio

Guido Reni

Autres grands maîtres

  • La Madonna con Bambino, Sant'Anna, San Sebastiano, San Pietro e San Benedetto di Jacopo da Pontormo, provenant de l'église de Sainte Anne sul Prato di Firenze, Louvre, Paris
  • Incoronazione della Vergine de Fra Angelico, pour le couvent San Domenico de Fiesole, propriété du Louvre, Paris
  • Madone à l'Enfant Bambino entre saint Jean-Baptiste et sainte Marie-Madeleine de Cima da Conegliano, Louvre, Paris
  • Madone de la Colombe de Piero di Cosimo, Louvre, Paris
  • Adoration des pasteurs avec San Longino et San Giovanni Evangelista, de Giulio Romano pour la chapelle des Vases sacrés en la Basilica de Saint André à Mantoue, aujourd’hui au Louvre, Paris
  • Christ moqué et couronné d'épines de Giambologna, Bordeaux, Musée des Beaux-Arts
  • La déploration du Christ avec saint Jean-Baptiste du Bergognone au Musée du petit Palais d'Avignon
  • La sainte Conversation, Vittore Carpaccio, Musée du Petit Palais d'Avignon
  • La Vision de Saint Jérôme du Parmigianino entrée dans les collections de la National Galery de Londres en 1826, œuvre peinte pour l’église des marchesans de Rome, San Salvatore in Lauro.
  • Lodovico Cigoli
    • Le rêve de Jacob, , Musée des Beaux Arts de Nancy
    • La Vierge entourée de saints, Église Notre Dame de la Bonne Nouvelle, Paris 2°arr.
  • Francesco Rosa dit Pacecco de Rosa
    • Samson et Dalila, Musée de Grenoble
    • Venus retenant Adonis partant pour la Chasse, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon
    • Jérémie tiré de la Citerne, Musée Condé de Chantilly
    • Daniel dans la Fosse aux Lions, Musée Condé de Chantilly
    • La révélation de Raphaël, Musée Condé de Chantilly
    • La résurrection de Lazare, Musée Condé de Chantilly
    • Le Christ ressuscité, Musée Condé de Chantilly
  • Luca Signorelli
    • L’Adoration des Mages, Musée du Louvre, Paris (anciennement collection Campana)
    • Groupe de quinze personnages, Musée du Louvre, Paris (anciennement collection Campana)
    • La Naissance de saint Jean Baptiste, Musée du Louvre, Paris

Autres artistes modifier

  • San Sebastiano curato da Irene de Francesco Cairo, Tours, Musée des Beaux Arts
  • La sainte Famille contemplant l’Enfant Jésus dormant, Francesco Gessi, Musée des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand
  • Le martyre de Sainte Victoire de Giovanni Antonio Burrini, Musée National du Château de Compiégne
  • Le Christ et la femme adultère, Giuseppe Porta, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux
  • Rinaldo empêchant Armide se suicider, Alessandro Tiarini, Musée des Beaux Arts de Lille
  • Le Christ adoré par les anges avec Saint Bernardin et saint Sébastien, Carlo Bononi, Louvre, Paris
  • Madone de Lorette, Francesco da Montereale, Musée des Beaux-Arts du Havre (aujourd’hui disparue ?)
  • Annonciation de Giovanni Lanfranco, Église Notre Dame de la Bonne Nouvelle, Paris
  • Près de cent toiles de Francesco Albani (surnommé le peintre des grâces) sont recensés dans les musées français et aucun rétrospective n’a eu lieu à ce jour de ce peintre baroque resté très méconnu en France malgré la véritable razzia faite dans sa production.

Œuvres rendues (liste partielle) modifier

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Marie-Louise Blumer, Catalogue des peintures transportées d'Italie en Francce de 1796 à 1814, p.  244-348, dans Bulletin de la Société de l'art français, 1936, fascicule 2
  • Notice de tableaux dont plusieurs ont été recueillis à Parme et à Venise : exposés dans le grand salon du Musée Napoléon, ouvert le 27 thermidor an XIII, De l'imprimerie des sciences et des arts, Paris
  • Notice des tableaux envoyés d'Italie en France par les commissaires du Gouvernement français, tome 1, p.  387-411, dans Lettres historiques et critiques sur l'Italie de Charles de Brosses, chez Ponthieu, Paris, An VII (lire en ligne) [archive]
  • Nicole Gotteri, Enlèvements et restitutions des tableaux de la galerie des rois de Sardaigne (1798-1816), p.  459-481, dans Bibliothèque de l'école des chartes, 1995, tome 153, no 2
  • Paul Wescher, I furti d'arte. Napoleone e la nascita del Louvre, Einaudi, Turin, 1988
  • Marco Albera, I furti d'arte. Napoleone e la nascita del Louvre, Cristianità n. 261-262, 1997
  • Mauro Carboni, La spoliazione napoleonica [1].
  • B. Cleri, C. Giardini, L'arte conquistata: spoliazioni napoleoniche dalle chiese della legazione di Urbino e Pesaro, Artioli, 2010 (ISBN 978-8877920881).
  • Dorothy Mackay Quynn, « The Art Confiscations of the Napoleonic Wars », The American Historical Review, vol. 50, no 3, 1945, p. 437–460.
  • Auber 1802: vol. 3, pl. 136, Collection complète des tableaux historiques de la Révolution française, tome 2. Pierre Didot l’aîné, Paris, [i]-[iv] + 273-424, 1 frontispice, p. 69-144.
  • Tristan Jordan, « Le dossier Edmond de Goncourt dans les Archives de la Préfecture de police de Paris », Cahiers Edmond et Jules de Goncourt, vol. 1, no 18, 2011, p. 155–158.
  • « List of Historical Books recently published », The English Historical Review, vol. IX, no XXXIII, 1894, p. 194–201.
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  • T. R. Anderson et T. A. Slotkin, « Maturation of the adrenal medulla—IV. Effects of morphine », Biochemical Pharmacology, vol. 24, no 16, 15 août 1975, p. 1469–1474.
  • J. Marniemi et M. G. Parkki, « Radiochemical assay of glutathione S-epoxide transferase and its enhancement by phenobarbital in rat liver in vivo », Biochemical Pharmacology, vol. 24, no 17, 1º septembre 1975, p. 1569–1572.
  • Christoph Überhuber, Die Technik und die Musen, Böhlau Verlag, 31 décembre 2016 (ISBN 978-3-205-20234-9).
  • H. Morse Stephens et L. De Lanzac De Laborie, « Souvenirs d'un Historien de Napoleon », The American Historical Review, vol. 3, no 2, , p. 360
  • William Buchanan, Mastering the Internet, Macmillan Education UK, 1997, p. 49–62 (ISBN 978-0-333-69261-5).
  • Carlo Beltrame et Marco Morin, I Cannoni di Venezia. Artiglierie della Serenissima da fortezze e relitti, All’Insegna del Giglio, 1 janvier 2014 (ISBN 978-88-7814-588-7).
  • Raffaello a Firenze, Dipinti e disegni delle collezioni fiorentine, Electa editore, 1984.
  • « Dispense sulle spoliazioni di Napoleone Bonaparte a Modena - Museologia a.a. 2011/2012 - LCC-00029: Museologia e Organizzazione del Museo - StuDocu »,
  • Jean de. Saunier, Adrian Moetjens et Gaspard de Saunier, La parfaite connoissance des chevaux : leur anatomie, leurs bonnes & mauvaises qualitez, leurs maladies & les remedes qui y conviennent /, Chez Adrien Moetjens, libraire, 1734.
  • Collin Wells, « Book Reviews », The English Historical Review, vol. CVII, no CCCCXXII, 1992, p. 112–114.
  • D. Bessis, A. Sotto et J. Taib, « Answers to Photo Quiz (See Page 611) », Clinical Infectious Diseases, vol. 17, no 4, 1 octobre 1993, p. 829–829.
  • Andreina De Clementi, Genre, femmes, histoire en Europe, Presses universitaires de Paris Ouest, p. 297–312 (ISBN 978-2-84016-100-4).
  • Daniela Camurri, Le rêve du musée de tous les arts: le Louvre, dans Rêves de la connaissance, édité par D. Gallingani, Florence, CET, 2000, p. 177-192.
  • Daniela Camurri, Milan 1809. La Pinacothèque de Brera et les musées de l'époque napoléonienne, Histoire et avenir, n. .
  • Daniela Camurri, L'activité de l'Académie Clementina entre la sauvegarde et la dispersion d'œuvres d'art à Milan en 1809. La Pinacothèque de Brera et les musées de l’époque napoléonienne, Milan, Electa Mondadori, 2010, p. 206-213.
  • Chiara Pasquinelli, Le vol d'art en Toscane pendant les années de domination française, éditeur Debatte, Livourne, 2006.
  • Stendhal, Rome Naples et Florence (1826), éditions Gallimard, Paris, 1987.

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

  1. « Ancona », sur www.jewishvirtuallibrary.org (consulté le )
  2. (it) Paul Wescher, I furti d'arte. Napoleone e la nascita del Louvre, Turin, Einaudi, .
  3. (it) Vincenzo Murri, Le Recensement du Trésor de Lorette in "Relazione Istorica delle Traslazioni della Santa Casa di Nazarette.", Loreto, Fratelli Rossi, , 72 p., p. 34-42
  4. L'Abbé Antoine Grillot, Vicaire de saint Pierre à Mâcon, La Sainte Maison de Lorette, 38 rue saint Sulpice, Paris, Mame, , 224 p. (lire en ligne), p.87
  5. M.lle M. A. Le Normand, Mémoires historiques et secrets de l'impératrice Joséphine, Marie-Rose Tascher de la Pagerie, première épouse de Napoléon Bonaparte. Vol.1, Paris, Dondey-Dupré, , 462 p. (lire en ligne), p. 326
  6. Romain Colomb, Journal d’un voyage en Italie et en Suisse en 1828, Paris, Verdière, , 485 p. (lire en ligne), p.361
  7. Thomas Jonglez et Paola Zoffoli, Venise secrète et insolite, Jonglez, , p.261
  8. Jean-Joël Brégeon, Napoléon et la guerre d'Espagne : 1808 - 1814, Perrin, 2006, ch. 19 « Le pillage artistique de la péninsule ».
  9. Le Point, magazine, « Les "Noces", prises, mais pas reprises », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  10. « La France va restituer cinq fresques du Louvre revendiquées par l'Egypte », sur Le Monde.fr, Le Monde, (consulté le ).