Solange d'Ayen

duchesse française et directrice mode du Vogue français (1898–1976)

Solange d'Ayen, née le à Amiens et morte le dans le 13e arrondissement de Paris[2],[3], est une journaliste et aristocrate française[1], rédactrice mode de l'édition française du magazine Vogue[1],[4]. Elle épouse en Jean Maurice Paul Jules de Noailles, duc d'Ayen, avec qui elle a deux enfants[3]. Elle était une survivante d'un camp de concentration nazi après avoir été arrêtée par les nazis en .

Solange d'Ayen
Fonction
Duchesse
Duché d'Ayen
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 78 ans)
Paris 13e
Nom de naissance
Solange Marie Christine Louise de Labriffe
Nationalité
Activités
Famille
Conjoint

Biographie modifier

Naissance et famille modifier

Fille de Camille de Labriffe, comte de Labriffe, (1859–1930), et de la comtesse, née Anne-Marie de Vassart d'Hozier, (1867–1949)[3],[5]. Elle avait une sœur aînée, Marie de Labriffe (1893–1985)[6].

Mariage avec Jean de Noailles, le duc d'Ayen modifier

Solange d'Ayen épouse à Paris, le , Jean Maurice Paul Jules de Noailles, duc d'Ayen (1893–1945)[3]. Ils habitaient au Château de Maintenon[7] et ont deux enfants : Geneviève Hélène Anne Marie Yolande de Noailles (1921–1998), qui épouse en 1947 Jean Gaston Amaury Raindre (1924)[3], et Adrien Maurice Edmond Marie Camille de Noailles (1925–), engagé volontaire, mort pour la France dans les Vosges[3],[8].

Carrière modifier

À la fin des années 1920[n 1] époque vers laquelle elle divorce[10], elle commence à travailler pour l'édition française du magazine Vogue comme consultante en mode[11],[12]. Cliente de haute couture, elle amène au sein de la publication une « caution aristocratique [et] intellectuelle »[9]. Elle devient plus tard la rédactrice de mode du magazine[13],[14],[15]. En octobre 1928, elle signe ses articles sous le nom de Solange d'Ayen[16]. Elle a collabore également pour le Vogue américain[16],[4],[17],[18]. La journaliste irlandaise Carmel Snow, qui travaille pour Vogue à cette époque, dit de Solange d'Ayen : « elle était la personne sur laquelle je voulais le plus à cette époque me façonner »[12]. Solange d'Ayen avait de bonnes relations dans le cercle social parisien connu sous le nom de « le tout Paris » et a présenté Carmel Snow à plusieurs membres de l'élite parisienne[12].

En 1935, Solange d'Ayen aide la rédactrice en chef de Vogue, Edna Woolman Chase, à persuader le peintre français Christian Bérard de travailler pour le magazine en tant qu'illustrateur de mode[19].

Solange d'Ayen travaille comme rédactrice de mode pour le Vogue française jusqu'aux années 1940[4] : au milieu de cette année, elle quitte Paris face à l'avancée des Allemands, le magazine étant alors mis en sommeil par Michel de Brunhoff[20]. En 1949, elle dirige la maison de couture de Robert Piguet[21].

En 1951, elle devient rédactrice du magazine Maison & Jardin[22].

Vie privée modifier

Solange d'Ayen était une amie proche de plusieurs artistes comme la couturière française Coco Chanel[23], le couturier suisse Robert Piguet[24], le peintre français Christian Bérard[19], et aussi de la photographe américaine Lee Miller[25],[26].

Prisonnier de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale modifier

Le mari de Solange d'Ayen, Jean de Noailles, était membre de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale et fut arrêté par la Gestapo le , à la suite d'une dénonciation anonyme[27],[28]. Il meurt au camp de concentration de Bergen-Belsen le [5], la veille de la libération du camp par l'Armée britannique[28],[27]. Solange a également été arrêtée par les nazis en 1942 et envoyée à la prison de Fresnes, alors que sa famille et ses amis comme Lee Miller ne savaient pas ce qui lui était arrivé[29]. On disait que Solange d'Ayen « n'était plus que l'ombre d'elle-même » lorsque Lee Miller la retrouva après la guerre[29],[30]. En 1952, le tribunal militaire de Paris condamne Suzanne Provost, collaboratrice de la Gestapo accusée d'avoir dénoncé Jean de Noailles, à vingt ans de réclusion[27]. En 1954, Solange d'Ayen accuse formellement Helmut Knochen, le chef de la Gestapo pour la France occupée, d'avoir séquestré son mari[31].

Le couturier français Hubert de Givenchy, qui rencontre Solange d'Ayen alors qu'il était apprenti chez Robert Piguet, la décrit comme une « grande beauté », qui avait « un goût classique », et a également déclaré qu'elle s'est toujours habillée en noir parce qu'elle avait perdu son mari et son fils à la guerre[24].

Mort modifier

Solange d'Ayen décède à l'âge de 78 ans le dans le 13e arrondissement de Paris. Elle est enterrée au château de Maintenon[32].

Dans les arts modifier

Musique modifier

En 1939, le compositeur et pianiste français Francis Poulenc dédie sa chanson Fleurs à Solange d'Ayen[33],[34].

Cinéma modifier

En 2023, Marion Cotillard interprète Solange d'Ayen dans le film biographique Lee Miller d'Ellen Kuras, qui retrace la vie de la photographe américaine Lee Miller pendant la Seconde Guerre mondiale[35].

Notes modifier

  1. Si elle est effectivement embauchée en octobre 1929 de façon officielle, elle est déjà chez Vogue depuis 1928[9].

Références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Solange d'Ayen » (voir la liste des auteurs).
  1. a b et c « Solange d'Ayen (1898-1976) », sur Bibliothèque nationale de France (consulté le )
  2. Relevé des fichiers de l'Insee
  3. a b c d e et f « Solange de LABRIFFE », sur geneanet.org (consulté le )
  4. a b et c (en) Solange d'Ayen, « Letter from France », Vogue,‎ , p. 114-115 (lire en ligne  )
  5. a et b « Maison de Labriffe » [archive], sur Racines & Histoire, , p. 11
  6. « Famille de Labriffe » [archive du ] (consulté le )
  7. « Maintenon Après les Cottereau Noailles », sur Racines & Histoire (consulté le ), p. 9
  8. (en) Justine Picardie, Miss Dior : A Story of Courage and Couture, Faber & Faber, , 352 p. (ISBN 9780374210359, lire en ligne), p. 199
  9. a et b Sylvie Lécallier (dir.) et Marlène Van de Casteele (catalogue d'exposition), Vogue Paris : 1920-2020, Paris Musées, , 324 p. (ISBN 978-2-7596-0493-7), « 1920-1938 », p. 17-20
  10. (en) Nina-Sophia Miralles, Glossy: The Inside Story of Vogue, Quercus, (ISBN 9781529402773, lire en ligne), p. 80
  11. (en) Snow Carmel et Mary Louise Aswell, The World of Carmel Snow, McGraw-Hill, (OCLC 547124), p. 55
  12. a b et c (en) Penelope Rowlands, A Dash of Daring: Carmel Snow and Her Life In Fashion, Art, and Letters, Atria Books, (ISBN 9780743480451, lire en ligne), p. 109
  13. Emmanuelle Paccaud, « La presse magazine comme espace médiatique transatlantique | Pratiques éditoriales et représentations des rédacteurs en chef de Vogue et Vanity Fair (1914-1942) », sur OpenEdition Journals,  : « Solange d’Ayen, rédactrice de mode pour Vogue français depuis la fin des années 1920 »
  14. (en) Nina-Sophia Miralles, Glossy: The Inside Story of Vogue, Quercus, (ISBN 9781529402773, lire en ligne), p. 80
  15. (en) Solange d'Ayen, « Scotland, the Happy Shooting Ground », Vogue,‎ , p. 44-45 (lire en ligne  )
  16. a et b (en) Solange d'Ayen, « Scotland, the Happy Shooting Ground »  , sur Vogue, , p. 44–45
  17. (en) Solange d'Ayen, « Paris in Its New Clothes », Vogue,‎ , p. 64-65 (lire en ligne  )
  18. (en) Solange d'Ayen, « Just How They Do It », Vogue,‎ , p. 28-29 (lire en ligne  )
  19. a et b Penelope Rowlands, A Dash of Daring: Carmel Snow and Her Life In Fashion, Art, and Letters, Atria Books, (ISBN 9780743480451, lire en ligne), p. 203 :

    « Chase snatched up Bérard, luring him away from Bazaar in 1935 with the help of his great friend Solange d'Ayen. »

  20. Sylvie Lécallier (dir.) et Sophie Kurkdjian (catalogue d'exposition), Vogue Paris : 1920-2020, Paris Musées, , 324 p. (ISBN 978-2-7596-0493-7), « 1939-1954 », p. 67
  21. (es) Simone Deambrosis-Martins, « La Elegancia », La Opinión,‎ , p. 12 (lire en ligne)
  22. Jean-Michel Bouhours et Patrick de Haas, Man Ray : directeur du mauvais films, Centre Georges Pompidou, (ISBN 9782858509430), p. 109–113 :

    « Solange de Labriffe mariée au duc Jean d'Ayen. Rédactrice de mode à Vogue de 1929 à 1939. Elle sera à partir de 1951 rédactrice à Maison et jardin »

  23. (en) Linda Simon, Coco Chanel, Reaktion Books, , 207 p. (ISBN 9781861899651, lire en ligne), p. 86-88
  24. a et b (en) Sarah Colton, « Robert Piguet: As Remembered by An Eighteen Year Old Apprentice Designer, Hubert de Givenchy », Beauty Fashion Magazine,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  25. (en) Carolyn Burke, Lee Miller: A Life, Knopf Doubleday Publishing Group, 6 octobre 2010., 448 p. (ISBN 9780307766632, lire en ligne), p. 231
  26. Maggie Boccella, « 'Lee': Jude Law, Marion Cotillard, and More Join Female WWII Photographer Biopic Starring Kate Winslet », sur Collider,
  27. a b et c « Le tribunal militaire de Paris condamne à vingt ans de réclusion une collaboratrice de la Gestapo accusée d'avoir dénoncé le duc d'Ayen », Le Monde,‎ (lire en ligne  )
  28. a et b Georges Martin, Histoire et généalogie de la maison de Noailles, Imprimerie Mathias,
  29. a et b (en) Mike Fleming Jr., « Kate Winslet Joined By Marion Cotillard, Jude Law, Andrea Riseborough & Josh O'Connor For Film On Model-Turned-WWII Photographer Lee Miller », sur Deadline Hollywood
  30. (en) Elsa Maxwel, « Innocents Abroad », Pittsburgh Post-Gazette,‎ , p. 17 (lire en ligne) :

    « In what category would Mr. Crawford place the Duc d'Ayen, a prisoner in Germany, and his beautiful young wife, Solange, who emerged almost unrecognizable from a Nazi concentration camp? »

  31. Jean-Marc Théolleyre, « M. Paul Reyanud a relaté les circonstances de sa déportation et la duchesse d'Ayen a formellement accusé Knochen d'avoir séquestré son mari », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  32. « Solange de Labriffe »,
  33. « [Fleurs. FP 101, no 6] Francis Poulenc (1899-1963) », sur Bibliothèque nationale de France,
  34. (en) Caroline Seebohm, The Man who was Vogue: The Life and Times of Condé Nast, Viking Press, (ISBN 9780670453665), p. 349 :

    « Solange d'Ayen, the aristocratic and beautiful fashion editor (to whom Poulenc once dedicated a song) »

  35. (en) PJ Cresswell, « Marion Cotillard shoots first scenes of Lee biopic in Dubrovnik », sur Time Out,

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Carmel Snow et Mary Louise Aswell, « The World of Carmel Snow ». McGraw-Hill. 1962. p.55, 108, 148.
  • Antony Penrose, The Lives of Lee Miller, Thames & Hudson, (ISBN 978-0-03-005833-2)
  • Valentine Lawford, « Horst: His Work and His World ». Knopf. 1984. p.54, 152, 193.
  • Marie France Pochna, « Christian Dior : The Man who Made the World Look New ». Arcade Pub. 1996. p.107.
  • Penelope Rowlands, « A Dash of Daring : Carmel Snow and Her Life In Fashion, Art, and Letters ». Atria Books. 12 novembre 2008.
  • Carolyn Burke, « Lee Miller: A Life ». 6 octobre 2010. p.100, 231.
  • Linda Simon, « Coco Chanel ». Reaktion Books. octobre 2011.
  • Lynn Hilditch, « Lee Miller, Photography, Surrealism and the Second World War: From Vogue to Dachau ». Cambridge Scholars Publishing. 2018.
  • Susan Ronald, « Condé Nast : The Man and His Empire ». St. Martin's Publishing Group. 3 septembre 2019.
  • Lou Taylor et Marie McLoughlin, « Paris Fashion and World War Two : Global Diffusion and Nazi Control ». Bloomsbury Publishing. 9 janvier 2020.
  • Nina-Sophia Miralles, « Glossy: The Inside Story of Vogue ». Quercus. 18 mars 2021.
  • Justine Picardie, « Miss Dior : A Story of Courage and Couture ». Faber & Faber. 7 septembre 2021. p.199.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier