San José (galion)

galion espagnol

Le San José est un galion de la couronne espagnole, actif à partir de 1699[1], coulé le par les forces navales anglaises, dans la péninsule de Baru, au large de Carthagène des Indes lors de la Bataille de Baru, alors qu'il transporte 200 tonnes d'or, d'argent et d'émeraudes[2] à destination de l'Espagne.

San José
illustration de San José (galion)
Combat naval au large de Carthagène, 28 mai 1708 de Samuel Scott. Le San José, qui transportait l'essentiel du trésor espagnol, est détruit par l'explosion de sa poudrière.

Type Galion
Histoire
Fabrication Bois
Lancement
Statut Coulé le
Caractéristiques techniques
Longueur 71 coudée
Caractéristiques militaires
Armement Pont inférieur : 26 canons de 18 livres
Pont intermédiaire : 26 canons de 10 livres
Plage arrière et avant : 8 et 10 canons de 16 livres[1]
Carrière
Pavillon  Marine espagnole

Historique modifier

Le San José est construit selon les spécifications de Francisco Antonio Garrote dans le chantier naval de Mapil, près de San Sébastien, dans le Pays basque espagnol. Le contrat de fabrication est signé par la Couronne espagnole en 1696. Mais ce n'est cependant qu'en 1697 que la construction commence pour se terminer en 1698. Le navire est finalement mis en service en 1699[1].

En 1702, le navire participe à la défense de Cadix (Andalousie) contre l'attaque de l'escadre anglaise commandée par l'Amiral Rooke, et, en 1706, à la tentative échouée de reprise de Gibraltar aux mains des Anglais depuis 1704[3].

Le naufrage du San José modifier

Durant la guerre de succession d'Espagne (1701-1712), il est affecté à la flotte chargée de l'acheminement de matières précieuses des colonies espagnoles en Amérique jusqu'en Espagne pour le roi Philippe V, la flotte des Indes. C'est ainsi qu'en , commandé par le Général José Fernandez de Santillan, il se retrouve navire amiral (64 canons) d'une flotte de 17 navires, en partance de Portobelo à destination de l'Espagne, les cales gonflées de 200 tonnes d'or et d'argent. La flotte inclut deux autres galions, le San Joachin (contre-amiral, 64 canons) de l'Amiral Miguel Agustin Villanueva et le Santa Cruz (vice-amiral, 44 canons) du capitaine Nicolas de la Rosa[4]. Malgré la mise en garde d'un navire ayant aperçu des navires ennemis au large de Carthagène, la flotte quitte le port de Porto Bello le , le Général Santillan ayant jugé « les mers assez larges et les routes diverses »[5].

Le , les navires atteignent les Iles de Rosario et la péninsule de Baru, à une quinzaine de milles nautiques de Carthagène. Cependant, un vent nord-est les contraint à passer la nuit au sud des îles. Le lendemain, , alors qu'ils attendent que le vent leur redevienne favorable, ils entrent en contact avec l'escadre anglaise du général Charles Wager, qui patrouille pour les intercepter.

Au cours de la bataille de Baru qui s'ensuit[5], la poudrière du San José prend feu sous les bordées du HMS Expedition. La galion explose et coule à la tombée de la nuit, emportant avec lui ses 600 hommes et sa précieuse marchandise[3],[2].

La découverte du San José modifier

L'épave du bateau, située à 600 mètres de profondeur, est dite « découverte » en par les autorités colombiennes[6],[7].

Le vaisseau est identifié grâce à ses canons uniques en bronze portant des dauphins gravés sur leur partie supérieure.  : Les photos sous-marines prises en 2022 montrent des objets bien conservés : amphores, tasses en porcelaine et monnaie en or[8].

Cependant, l'attribution de cette découverte reste disputée puisque la compagnie américaine Sea Search Armada avait affirmé plus tôt avoir trouvé l'épave, en 1982[3],[9].

De plus, l'Espagne, à qui appartenait le navire, réclame la protection de l'épave en vertu de la Convention de l'UNESCO sur la protection du patrimoine culturel subaquatique. La Convention protège le site en tant que site archéologique. Elle ne règle pas la propriété de l'épave. Toutefois, la Colombie n'a pas encore ratifié cette convention, alors que 19 États latino-américains y ont déjà adhéré. En Bolivie, les descendants du peuple autochtone Qhara Qhara souhaitent recevoir aussi une part du butin, estimant avoir été spoliés par les colons européens[8].

La valeur du chargement de l'épave en métaux précieux est estimée à dix milliards de dollars dans des documents de 1980 produits par le Ministère de la culture colombien[10]. D'autres sources évoquent un trésor d'une valeur de 17 milliards d'euros pour 200 tonnes d'or, d'argent et de pierres précieuses[11].

Depuis 2015, la Colombie tente de récupérer le galion[12]. En 2024, des opérations pour le remonter devraient commencer avec un robot sous-marin[13]. L’opération est estimée à environ 4,5 millions de dollars[14].

Dans la culture modifier

Dans les premières pages de L'Amour aux temps du choléra, dont il n'explicite jamais la localisation transparente de l'intrigue à Carthagène des Indes (mâtinée de Barranquilla, terminal de la navigation sur le fleuve Magdalena), Gabriel García Márquez relate le naufrage du San José, témoin du rôle de pivot de la ville dans l'exportation de l'or et des pierres précieuses latino-américains, après avoir été selon lui le premier marché d'esclaves des Amériques.

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. a b et c (es) « El Galeón San José y la batalla de Barú », sur www.todoababor.es, Todo a babor (consulté le ).
  2. a et b « On a retrouvé l'épave du San José et son fabuleux trésor. », sur www.sciencesetavenir.fr, (consulté le )
  3. a b et c « San José », sur wrecksite.eu, (consulté le ).
  4. (es) « El Galeón San José y la batalla de Barú », sur todoababor.es (consulté le )
  5. a et b (en) « San José - Shipwreck », sur crossedanchorssalvage.com (consulté le )
  6. « La Colombie dit avoir retrouvé l’épave d’un légendaire galion, 307 ans après son naufrage », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Mathilde Ragot, « À qui reviendront les trésors engloutis du galion "San José", le "Saint Graal" des épaves ? », sur Geo.fr, (consulté le )
  8. a et b « Les tonnes d’or convoitées de l’épave du « San-José », galion espagnol coulé au large de la Colombie en 1708 », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Colombie. L’or du galion », sur Courrier international, (consulté le )
  10. « Colombie : l'épave d'un galion et son butin vont être « récupérés » », sur Le Figaro, (consulté le ).
  11. Thomas Burgel, « L'épave du San José, un trésor de 17 milliards d'euros découvert par la marine colombienne », sur korii., (consulté le )
  12. « La Colombie 'va récupérer' l'épave d'un galion coulé en 1708 avec son butin », sur RTBF (consulté le )
  13. « La Colombie s’apprête à repêcher le trésor du San José, l’épave la plus chère au monde », sur RTBF (consulté le )
  14. Marie Delcas, « Les tonnes d’or convoitées de l’épave du « San-José », galion espagnol coulé au large de la Colombie en 1708 », Le Monde,‎ (lire en ligne  , consulté le )