Nikolaï Angarski

Critique littéraire et éditeur russe (1873-1941)

Nikolaï Semionovitch Angarski (russe : Николай Семёнович Ангарский), de son vrai nom Klestov (russe : Кле́стов), né le 6 décembre 1873 ( dans le calendrier grégorien) à Smolensk, exécuté le sur le champ de tir de Kommounarka, dans l'oblast de Moscou, est un révolutionnaire bolchevik, un critique littéraire, un écrivain et un éditeur russe[1].

Nikolaï Semionovitch Angarski
Le révolutionnaire russe Nikolaï Semionovitch Angarski entre 1900 et 1914.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Николай Семёнович Ангарский
Nom de naissance
Nikolaï Semionovitch Klestov
Nationalité
Russe
Soviétique
Activités
Conjoint
Zinaïda Konstantinovna Kazantseva
Lidia Osipovna Angarskaïa
Enfant
Maria Nikolaïevna Angarskaïa
Autres informations
Parti politique

Biographie modifier

 
Un groupe de membres du comité exécutif de la première convocation du Soviet de Moscou après la révolution d'Octobre.
Assis (de gauche à droite) : 1) Ignatov, 2) Konstantin Ratekhine, 3) Grigori Korzinov, 4) Rosengolts, 5) Gavriil Piskarev, 6) Salnikov, 7) Angarski, 8) Alexandre Borshchevski, 9) Vladimir Feldman (ru), 10) Nikolaï Kaniguine, 11) Piotr Smidovitch (en), 12) Nikolaï Gorkounov, 13) Eduard Sakharov, 14) Mikhaïl Rogov (ru), 15) Nikolaï Lisitsine (ru), 16) Alexandre Radziwill, 17) Noguine, 18) Dmitri Pevounov.
Debout (de gauche à droite) : 1) Anna Temkina, 2) Iliouchine, 3) Merkoulov, 4) Rykov, 5) Trofime Zamorionov (ru), 6) Stanislav Budzynski (ru), 7) Vladimir Oboukh, 8) Alexandre Petrovitch Smirnov (ru), 9 ) Savine, 10) Semachko, 11) Isaev, 12) Voznesenski, 13) Mikhaïl Bourovtsev, 14) Semion Belorousov, 15) Ivan Zheltov, 16) Boulochninov, 17) Vassili Fonchenko.

Nikolaï Klestov naît le à Smolensk dans une famille de marchands ; son père est le propriétaire de la première librairie de la ville. Klestov est expulsé du gymnasium pour avoir conservé de la littérature révolutionnaire. En 1896, dénoncé par des employés de la bibliothèque, il est arrêté pour possession dans le but de diffuser de la littérature illégale. Le , il est condamné à trois mois de prison et placé sous contrôle de police pour deux ans avec le droit de résider en dehors des capitales et des cités universitaires[1]. Narodnik dans sa jeunesse, il évolue vers le marxisme[2].

Membre du POSDR depuis 1902, il part à l'étranger durant l'été. Devenu président de la cantine des étudiants à Paris, il travaille à la Bibliothèque Tourguenev et adhère au groupe (Étincelle)[3], dont Lénine est l'un des animateurs[4], avant de rentrer en Russie, à l'hiver 1904[5].

À partir de 1904, il dirige les travaux du parti à Ekaterinodar, Rostov-sur-le-Don, Ekaterinoslav, Kharkov, Moscou et Saint-Pétersbourg.

Le , il est arrêté, exilé dans le kraï de Touroukhansk pour une période de cinq ans[6]. Au printemps 1906, il s'évade de la prison d'Omsk et, jusqu'en 1909, travaille illégalement à Moscou et à Saint-Pétersbourg.

Il participe à la Révolution de 1905-1907, ouvrant à Moscou une librairie où il vend à la fois des livres légaux et illégaux de tendance bolchevique[7], organisant la publication du Capital de Marx (1907-1909), publiant avec Mikhaïl Sergueïevitch Kedrov (ru) à la maison d'édition Zerno une collection d'œuvres de Lénine - En douze ans et la première partie de La question agraire -, une série de brochures sociales-démocrates « Des livres pour tous » et un « Calendrier pour tous pour l'année 1908 ».

En 1909, il est de nouveau arrêté et exilé dans le kraï de Touroukhansk, sur les bords de l'Angara, d'où il revient en 1912. Pendant la Première Guerre mondiale, il tient des positions internationalistes et défaitistes.

Après la révolution de février 1917, il est membre du comité de Moscou du parti bolchevique, du comité exécutif du Soviet de Moscou (Mossoviet, équivalent d'un conseil municipal) et chef de son service de presse. En avril, il est délégué à la septième conférence[8] et au sixième congrès du parti. Prenant part à lma révolution d'Octobre, il devient membre du Comité militaire révolutionnaire du district moscovite de Khamovnitcheski.

Exclu en 1918 du parti bolchevik « pour avoir dénoncé la politique du parti dans les campagnes »[9], il est réintégré l'année suivante. En 1920, il rejoint le groupe d'opposition Ignatov[10].

Jusqu'en 1929, il travaille au Soviet de Moscou. Dans le même temps, il est conseiller de rédaction de la revue littéraire Tvorchestvo (1919-1922), puis prend en charge les fonctions de rédacteur en chef des pages littéraires et artistiques de l'almanach Niedra[11] (1922-1924), dont il prend la direction de 1924 à 1932[7],[3]. Il publie des articles de critique littéraire et édite des ouvrages sur le mouvement révolutionnaire et l'histoire du parti. Il occupe les fonctions de représentant commercial de l'URSS en Lituanie (1929-1931[12],[13]) puis en Grèce (1932-1936) pour le compte du Commissariat du peuple au Commerce extérieur[14], avant de devenir président de l'Association du commerce extérieur de Mezhdunaródnaya Kniga. À partir de 1939, il travaille à l'Institut Marx-Engels-Lénine (ru).

Arrêté le , il est accusé d'avoir été un agent de la police secrète tsariste pendant et après la révolution, d'être devenu un agent de renseignements allemand et le membre d'une organisation de sabotage contre-révolutionnaire. Au cours des interrogatoires, Angarski est battu et torturé. aussi finit-il par incriminer à son tour quatre de ses connaissances ; tous sont également arrêtés. Le compte rendu de l'interrogatoire d'Angarski a été publié. Il finit par accepter d'endosser l'ensemble des accusations fabriquées à son encontre, y compris celle d'être depuis 1924 un agent des services secrets britanniques, d'avoir travaillé pour ces puissances étrangères lors de son séjour en Grèce et dans le cadre de Mezhdunaródnaya Kniga. Le , lors d'une séance à huis clos du Collège militaire de la Cour suprême de l'URSS, il est condamné à mort.

Après l'énoncé du verdict, il adresse un recours en grâce au Præsidium du Soviet suprême, dans laquelle il affirme :

« Des menaces terribles, terribles, accompagnées de coups de caoutchouc, m'ont contraint à mentir. Je me suis calomnié. J'ai calomnié un certain nombre de personnes impliquées dans mon affaire… Mon interrogateur m'a fait miroiter de belles perspectives, fermement promis une expulsion administrative si je me reconnaissais comme un espion et un parasite… Et je me suis engagé sur la voie d'une extraordinaire calomnie à mon encontre et à celle des autres. On m'a assuré qu'ils feraient parvenir un témoignage en ma faveur au tribunal, et si, m'ont-ils dit, vous vous comportez bien au tribunal, si vous confirmez tout, alors nous ne vous laisserons pas… »

Le recours ayant été rejeté, il est fusillé au stand de tir Kommounarka le .

Il a été réhabilité en 1956. En 1968, une bibliothèque de la ville d'Angarsk a pris son nom : sa fille Maria a supervisé les travaux avec la bibliothèque.

Famille modifier

Nikolaï Klestov se marie avec Zinaïda Konstantinovna Kazantseva, décédée en 1918, puis avec Lidia Osipovna Angarskaïa. Il a eu une fille, Maria Nikolaïevna Angarskaïa, née en 1912.

Essais modifier

  • « O svobode tvorchestva » (« Sur la liberté de Créativité »), Tvorchestvo. Zhurnal literatury, iskusstva, nauki i zhizni (Créativité. Revue de littérature, art, science et vie), n° 11-12, 1920, page 20.
  • Oktyabr'skoye vosstaniye v Moskve (Soulèvement d'octobre à Moscou), Moscou, 1922.
  • Khamovniki v oktyabre 1917 g. (Khamovniki en octobre 1917), Moscou, 1922.
  • Legal'nyy marksizm: Popullarnyl ocherk (Le marxisme juridique : Essai populaire), numéro 1, Moscou, Niedra, 1925[15].
  • Moskovskiy sovet v dvukh revolyutsiyakh (Conseil de Moscou en deux révolutions), 1928.

Bibliographie modifier

  • Simon Pirani, La nouvelle aristocratie communiste et les ouvriers (Russie 1920-24), Les nuits rouges, , 420 p. (ISBN 2-913112-67-6).

Notes modifier

  1. a et b Voir l'article « Nikolaï Semionovitch Angarski », in F. YA. Kona et alii, Deyateli revolyutsionnogo dvizheniya v Rossii: v 5 t. (Figures du mouvement révolutionnaire en Russie : en 5 volumes), Moscou, Vsesoyuznoye obshchestvo politicheskikh katorzhan i ssyl'noposelentsev, 1927—1934.
  2. Vladimir Ilitch Lénine, Collected Works of V.I. Lenin, vol. 20, Livre 2, International publishers, , p. 341.
  3. a et b Jack W Weyland (dir.), George J. Gutsche (dir.), Harry Butler Weber (dir.) et P. Rollberg (dir.), The Modern Encyclopedia of Russian and Soviet Literature, vol. 1, Academic International Press, , 246 p., p. 158.
  4. Victor Serge, Vie et mort de Trotsky, Club Amis, , 343 p., p. 15.
  5. Michael S. Farbman, Europa, with which is Incorporated the Europa Year Book, vol. 2, Europa publications, , p. 16.
  6. Novaïa Jizn, n° 27 et 28.
  7. a et b Mikhaïl M. Gorinov (dir.), The Preobrazhensky Papers : Archival Documents and Materials, vol. I: 1886-1920, Bill, , 916 p. (ISBN 9789004245228, lire en ligne), p. 799
  8. Vladimir Ilitch Lénine, Collected Works, vol. 24: April-June 1917, Moscou (lire en ligne), p. 288.
  9. Sur la position d'Angarski, voir Mikhaïl M. Gorinov, The Preobrazhensky Papers : Archival Documents and Materials, vol. I: 1886-1920, Brill, , 916 p. (ISBN 9789004245228, lire en ligne), p. 286.
  10. Simon Pirani, Russkaya revolyutsiya v otstuplenii, Moscou, Novyy khronograf, , p. 76, 96, 100, 184, 208 et 350.
  11. Dagmar Kassek (dir.) et P. Rollberg (dir.), Das Ende der Abstraktionen : Provokationen zur « Sowjetliteratur », Reclam, , 472 p., p. 156.
  12. Soviet Union Review, vol. 8-9, Soviet Union Information Bureau, (lire en ligne), p. 8.
  13. « Représentation commerciale soviétique, 1933-1938 (Sovietų Sąjungos prekybos atstovybė 1933–1938 m.) », sur diplomatiniskaunas.lt
  14. Political Archives of the Soviet Union, vol. 2, Nova Science Publishers, , p. 83, n° 1-2.
  15. Philip Christopher Boobbyer, A Russian Philosopher : The Life and Vork of Semen Liudvigovich Frank, 1877-1950, Londres, London School of Economics and Political Science, , 360 p. (lire en ligne), p. 347

Liens externes modifier