Moï Ver

photographe lituanien
Moï Ver
Biographie
Naissance
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Liebiedzieva (en) ou VilniusVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 90 ans)
SafedVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
מוזס וורוביצ'יקVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Formation
Activités
Autres informations
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Moï Ver ou Moï Wer, né Moshé Vorobeichic[N 1] le dans une famille juive à Liebiedzieva (en) dans le gouvernement de Vilnius relevant de l'empire russe, qui a grandi à Vilnius en Lituanie[N 2], et mort le à Safed en Israël, est un photographe et artiste lituanien, actif en France et en Israël.

Biographie modifier

Moï Ver fait des études d'art et d'architecture à l'université de Vilnius de 1924 à 1926 ; de 1927 à 1928, il suit les cours du Bauhaus à Dessau en Allemagne où il a comme professeurs Paul Klee, Vassily Kandinsky et Josef Albers. Il s'y oriente vers la photographie plutôt que la peinture[1].

À la fin de l'année 1928, il s'installe à Paris, suit les cours de l'École Technique de Photographie et de Cinématographie (ETPC) qui vient d'être fondée en 1926 au 85 rue de Vaugirard ; il suit également des cours du soirs à l’Académie Moderne donnés par Fernand Léger dans son atelier du 86, rue Notre-Dame-des-Champs[1].

Moï Ver s'installe comme photographe indépendant. Il revient à Vilnius en et réalise un reportage sur le quartier juif de la ville. Ses photographies sont exposées lors du 16e Congrès sioniste qui a lieu à Zurich du au  ; Emil Schaeffers, directeur de la collection Das Schaubuch aux éditions Orell Füssli, les publie en 1931 sous le titre Ein Ghetto im Osten. Wilna [Un ghetto à l’est. Vilnius]. Le livre paraît sous le nom de naissance de Moï Ver, Moshe Vorobeichic, et en deux versions : hébreu et allemand, hébreu et anglais[1],[2],[3].

En 1931 Moï Ver publie à Paris un livre de photographies, Paris, aux éditions Jeanne Walter, avec une préface de Fernand Léger[4].

Il commence en 1931 le projet Ci-Contre, un album de photomontages dont il envoie la maquette, composée de 110 tirages en vis-à-vis, à Franz Roh, historien de l'art et directeur de la collection Fototek ; Roh est intéressé par le travail de Moï Ver, qui se caractérise par des rapprochements inattendus entre les hommes, la nature et les formes de la modernité (rails, cheminées d'usine...)[5], et il cherche un éditeur ; mais la montée du nazisme arrête le projet ; la maquette reste en possession de Franz Roh et Moï Wer perd le contact avec l'historien en 1933. Deux collectionneurs allemands, Ann et Jürgen Wilde, achètent la maquette originale de Ci-Contre en 1968 avec les archives de Franz Roh et contactent Moï Ver. En 2004, après en avoir acquis les droits, Ann et Jürgen Wilde font publier Ci-contre : 110 photos de Moï Wer - Moshé Raviv - Vorobeichic[6],[1],[7].

En 1932, Moï Ver est envoyé comme photojournaliste par la revue La Vie parisienne et l'agence Globe-Photo à Tel-Aviv en Palestine mandataire, pour réaliser un reportage sur la première édition des Maccabiades, rencontres sportives juives organisées tous les quatre ans à l'image des Jeux olympiques[8].

En 1934, il émigre en Palestine mandataire ; il prend le nom de Moshe Raviv. Il continue à travailler comme photographe et réalise des missions de documentation et de publicité jusqu'en 1948, photographiant notamment la construction des infrastructures et la vie quotidienne dans les kibboutz[9]. Installé à Safed où il crée en 1953 une colonie d'artistes, il se consacre au graphisme et à la peinture, notamment religieuse, qui deviennent sa seule activité à partir des années 1950[6].

Publications modifier

  • 1931 : (de) (en) (he) Ein Ghetto im Osten, Wilna, Zurich, Orell Fussli, 64 p. de photographies, préface de Zalman Chnéour[4] ;
Rééditions :
* (de + he) Ein Ghetto im Osten. Wilna (préf. Herbert A. Strauss), Berlin, Hentrich, Frölich & Kaufmann, (ISBN 978-3-88725-167-3).
* (lt), (en) Vilniaus žydų gatvė : 65 M. Vorobeičiko fotografijos / Hommage à Moï Ver = The Ghetto Lane in Wilna : 65 pictures by M. Vorobeichic, Vilnius, Lietuvių literatūros ir tautosakos institutas, 2019, 104 p. (ISBN 9786094252693).
  • 1931 : Paris, préface de Fernand Léger, Paris, éditions Jeanne Walter, 80 photographies, 1 000 exemplaires numérotés[10].
  • 2004 : Ci-contre : 110 photos de Moï Wer - Moshé Raviv-Vorobeichic (éditeur scientifique : Hannes Böhringer), Cologne, Ann et Jürgen Wilde, 2004 (ISBN 9783000148095).

Expositions modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. En hébreu : מוזס וורוביצ'יק ; on trouve aussi les graphies : Vorobeichich ou Worobiejczyk.
  2. Les sources divergent à propos du lieu de naissance de Moï Ver : soit Lebedevo (autres graphies : Lyebyedzyeva, Levijiev), actuellement en Biélorussie, soit Vilnius même en Lituanie ; toutes s'accordent à une enfance et une jeunesse passées à Vilnius.

Références modifier

  1. a b c d et e « Moï Wer », sur Fondation Henri-Cartier-Bresson (consulté le )
  2. (de) Marina Dmitrieva, « Die Wilna-Fotocollagen von Moshe Vorobeichic », dans Marina Dmitrieva, Heidemarie Petersen (dir.), Jüdische Kultur(en) im Neuen Europa: Wilna 1918-1939, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, coll. « Jüdische Kultur Studien zur Geistesgeschichte, Religion und Literatur » (no 13), (ISBN 978-3-447-05019-7), p. 69-84.
  3. Manfred Sapper 2002.
  4. a et b Sandra Alvarez de Toledo, « Un ghetto à l’est. Wilno, 1931 », Communications, no 79 « Des faits et des gestes. Le parti pris du document »,‎ , p. 151-167 (lire en ligne  ).
  5. Sandra Cattini 2002.
  6. a b et c Claire Guillot 2012.
  7. Herbert Molderings 1990.
  8. Hans-Michael Koetzle 2011.
  9. a et b « Moï Ver », sur Centre Pompidou, (consulté le ).
  10. Florent Fels, « Bibliographie photographique », L'Art vivant, no 146,‎ .
  11. Julie Jones et Karolina Ziebinska-Lewandowska 2023.
  12. (pl) « Moi Ver », sur Musée national de Varsovie.
  13. (pl) Anna Sańczuk, « Moi Vera życie w awangardzie », Spotkania z Zabytkami [Rencontres avec les monuments],‎ (lire en ligne).

Bibliographie modifier

  • (de + fr) Sandra Cattini, « Les expériences photographiques de Moshe Raviv-Vorobeichic, dit Moï Ver », dans Isabelle Ewig, Thomas W. Gaehtgens, Matthias Noell (dir.), Das Bauhaus und Frankreich, 1919-1940 = Le Bauhaus et la France, 1919-1940, Berlin, Akademie Verlag, (ISBN 3-05-003720-2).
  • (en) Amanda Coulson, « Moï Ver Photo Book », Art on Paper, vol. 9, no 3,‎ , p. 14-16.
  • Claire Guillot, « L'oeil d'un poète disparu », Le Monde,‎ (lire en ligne  ).
  • Julie Jones (dir.) et Karolina Ziebinska-Lewandowska (dir.), Moï Ver (catalogue d'exposition), Paris, Centre Pompidou, , 207 p. (ISBN 978-2-84426-942-3).
  • Hans-Michael Koetzle (trad. Wolf Fruhtrunk), Photographes A-Z, Paris, Taschen, , 439 p. (ISBN 978-3-8365-1110-0), p. 277.
  • (de) Herbert Molderings, « Wer ist Vorobeichic ? », Fotogeschichte, no 26,‎ .
  • Herbert Molderings (trad. Catherine Métais-Buhrendt), « Moshe Raviv Vorobeichic (Moï Ver) », dans Jeannine Fiedler (dir.), Photographie Bauhaus. 1919-1933 (catalogue d'exposition), Paris, Éditions Carré/Bauhaus Archiv, (ISBN 2-908393-40-9).
  • (de) Manfred Sapper, « Das Antlitz des ermordeten Volkes: Anmerkungen zu den Fotos von M. Vorobeichic », Osteuropa, vol. 52, nos 9/10,‎ , p. 1338-1345 (lire en ligne  ).

Liens externes modifier