Marie Guenet de Saint-Ignace

Marie Guenet de Saint-Ignace
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 36 ans)
Activité

Mère Marie Guenet de Saint-Ignace, est une religieuse hospitalière de l’ordre des Augustines de la Miséricorde de Jésus[1], née à Rouen le et morte le (à 36 ans) à l’Hôtel-Dieu de Québec.

Vie modifier

Fille de Roger Guenet, conseiller au parlement et d’Anne Desloges, elle prononce ses vœux solennels de religion au noviciat de Dieppe le .

Âgée de 29 ans, elle fait partie des trois religieuses de l’ordre des Hospitalières de la Miséricorde de Jésus, à Dieppe, qui quittent la France le pour aller fonder le l’Hôtel-Dieu du Précieux Sang (mieux connu sous le nom de Hôtel-Dieu de Québec), grâce à une dotation de la duchesse d’Aiguillon et du cardinal de Richelieu. Les deux autres religieuses sont Marie Forestier de Saint-Bonaventure-de-Jésus, 22 ans, et Anne Le Cointre de Saint-Bernard, 28 ans[2],[3],[4],[5].

« En 1633, la peste sévit à Dieppe. L’hôpital est rempli. Impassible à toute représentation, Marie voit dans le fléau une invitation d’urgence au dévouement. Mais l’austérité de l’époque, jointe aux exigences de l’hospitalisation en ces temps d’épidémie, a raison des forces de la jeune moniale. Frappée d’une maladie considérée comme mortelle, elle en guérit après avoir fait le vœu de consacrer sa vie à l’assistance et à la conversion des sauvages du Nouveau Monde, si les supérieurs le permettent »[6] »

Le , quelques semaines avant le départ des hospitalières pour Québec, Marie Guenet de Saint-Ignace est élue capitulairement première supérieure de l’Hôtel-Dieu de Québec[7].

« Un des grands objets de la Colonie Françoise, était l’établissement d’un Hôtel-Dieu en Canada », tels sont les premiers mots de mère Jeanne-Françoise Juchereau dans son Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec. Et c’est en 1637 que la duchesse d’Aiguillon décide d’établir à ses dépens un Hôtel-Dieu à Québec pour venir en aide aux autochtones et colons de la Nouvelle-France. « Le Cardinal de Richelieu, son oncle, voulut entrer dans la bonne œuvre, & jusqu’à leur mort ils eurent l’un et l’autre une affection singulière pour cette Maison, ils donnèrent quinze cent livres de revenu au capital de 20000 liv. à prendre sur les coches et carosses de Soissons qui leur appartenoient », précise la mère Juchereau[8]. Cette dotation sera augmentée, au fur et à mesure que se manifestent les besoins, au cours des années suivantes. La duchesse s’était déjà acquis la participation et l’appui des Hospitalières de Dieppe et obtenu de la Compagnie des Cent-Associés la concession de l’emplacement requis pour construire l’hôpital, au cœur de Québec, ainsi qu’un fief en banlieue de la capitale.

En effet, les Hospitalières de Dieppe « accepteroient la Fondation et se chargeroient d’envoyer des sujets en Canada pour y former la Communauté »[9].

Le contrat de fondation est passé le entre la duchesse d’Aiguillon et les Hospitalières de Dieppe. Le roi Louis XIII le ratifie et fonde par charte royale l’Hôtel-Dieu du Précieux Sang, premier hôpital au Canada, et en Amérique au nord du Mexique. Les conditions du contrat de fondation étaient les suivantes :

« L’Hôpital sera dédié à la mort & au Précieux Sang du Fils de Dieu, répandu pour faire miséricorde à tous les hommes, & pour lui demander qu'il applique sur l’âme de Monfeigneur le Cardinal Duc de Richelieu, & celle de Madame la Duchesse D'aiguillon, & pour tout ce pauvre peuple barbare : les Religieuses s'employeront à perpéuité à les servir ; on les engagera en les assistant à la mort, à prier pour ledit Seigneur & ladite Dame, & on dira chaque jour une Meffe à la même intention, afin qu'il y ait jusqu'à la fin du monde des créatures qui remercient Dieu des graces infinies qu'il leur a fàites ». Et pour se conformer « exactement à ces pieuses intentions », les Hospitalières « ont composé deux [oraison (liturgie)|oraisons] que la Communauté dit tous les jours, l'une après l'Office du matin, l'autre avant le service des Pauvres devant l'Autel de la Salle »[9].

Une épidémie de variole frappe durement les Indiens installés à la réduction de Sillery, tout près de Québec. Les augustines s’y rendent à la hâte et peinent sans relâche pendant six mois pour soulager ces malades qui, pour la majorité, mourront de ce fléau. Malgré une santé plutôt fragile, la mère de Saint-Ignace ne ménage aucune effort mais après cinq années de labeur intense, les grandes fatigues terrassent l’hospitalière et la crainte de sa mort, si jeune, sème le désarroi dans la communauté, qui survient le . Sa biographe, Sainte-Marie-de-Chantal Martin, écrit que le père Barthélemy Vimont, s.j., dans la Relation des Jésuites de 1647, « donna cours à son appréciation et rapporta, des derniers moments de cette âme fidèle, sa « satisfaction incroyable de mourir en Canada au service de ces pauvres Barbares qu’elle aimait ». « Elle a esté également regrettée des François et des Sauvages, sa charité ayant gagné tous les cœurs », ajoute la biographe[6].

Notes et références modifier

  1. (AMJ)
  2. (Juchereau, p. 4)
  3. (Augustines)
  4. (Morin)
  5. (Morin2)
  6. a et b (Guenet)
  7. (Juchereau, p. 4-5)
  8. (Juchereau, p. 1-2)
  9. a et b (Juchereau, p. 3)

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • François Rousseau, « La croix et le scalpel : Histoire des Augustines et de l’Hôtel-Dieu de Québec (1639-1989) », Sillery, Éditions du Septentrion, , 489 p. (ISBN 2-921114-33-X, lire en ligne)
  • Mère Jeanne-Françoise Juchereau de Saint-Ignace, A.M.J., et Mère Marie-Andrée Duplessis de Ste-Hélène, A.M.J., « Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec », Paris, publié à Montauban (France) : Chez Jérosme Légier et se vend à Paris, chez Claude-Jean-Baptiste Herissant…, libraire (1751), (lire en ligne)
    Numérisée à partir d'une microfiche de l'ICMH de l'édition originale se trouvant à la Bibliothèque des Archives publiques du Canada. — Dans ses notes bibliographiques touchant les sources de sa propre « Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec », in « Œuvres complètes », Montréal, éd. C. O. Beauchemin & Fils, tome 4, p. 11, l’historien Henri-Raymond Casgrain écrit à propos de l’« Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec », par la mère Juchereau de Saint-Ignace : « Cette Histoire a été écrite d'après les renseignements de la mère (Marie Guenet) de Saint-Ignace et rédigée par la mère de Sainte-Hélène. Une copie de ces annales ayant été fournie à M. de La Tour, doyen du chapitre de Québec, qui retourna en France en 1731, il prit sur lui de les faire imprimer à l'insu de la communauté de Québec. Cette impression se fit sans beaucoup de soin, et il s'est glissé dans l'ouvrage un grand nombre de fautes typographiques. Heureusement qu'on possède encore à l'Hôtel-Dieu la copie originale de la main même de la mère (Marie-André Duplessis) de Sainte-Hélène, et signée par la mère (Jeanne-Françoise Juchereau) de Saint-Ignace. Ces annales sont un des documents historiques les plus précieux que l’on possède. » Le texte de Jeanne-Françoise Jucheron a été réédité à Québec par Dom Albert Jamet en 1939 sous le titre de « Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec, 1636-1716 »
  • François-Xavier de Charlevoix, S.J., « Histoire et description générale de la Nouvelle France, avec le Journal historique d’un voyage fait par ordre du roi dans l’Amérique septentrionale », t. 1, Paris, Pierre-François Giffard, (lire en ligne)
  • Cyprien Tanguay, « Le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes, vol. 1, 1608-1700 ».
    Notice bibliographique du site Web de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) : « Le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes » est l'œuvre de l'abbé Cyprien Tanguay. Il s'agit du plus ancien dictionnaire généalogique publié concernant la Nouvelle-France. Né en 1819 et ordonné prêtre en 1843, Cyprien Tanguay exerce son ministère dans différentes paroisses (Sainte-Luce, Trois-Rivières, Rimouski, Saint-Michel, etc.). En 1865, il devient attaché au Bureau des statistiques du Canada où il restera jusqu'à sa retraite vers 1892. C'est durant cette période qu'il publie son œuvre la plus considérable, le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes en sept volumes. Cet ouvrage est le fruit de la compilation de plus de 122 623 fiches familiales qui regroupent en moyenne 10 actes ou dates, pour un total de 1 226 230 renseignements relatifs aux naissances, mariages et décès. Le premier volume du Dictionnaire est publié en 1871 et couvre la période de 1608 à 1700. Le reste de la période française (1701-1760) est couvert par six autres volumes, parus entre 1886 et 1890. Malgré ses lacunes et même si des compilations plus récentes ont permis de le compléter ou de le corriger, cet ouvrage reste encore aujourd'hui un outil de premier plan ».

Liens externes modifier