Anne Le Cointre de Saint-Bernard

1611-1679
Anne Le Cointre de Saint-Bernard
Biographie
Naissance
Décès

Anne Lecointre, Le Cointre, LeCointre ou le Cointre dite de Saint-Bernard[1], est une religieuse de l’ordre des Augustines de la Miséricorde de Jésus[2]. Née à Rouen en 1611, elle a prononcé ses vœux solennels de religion le au monastère de Dieppe, et elle est morte à Québec le [3]. Elle est l’une des trois religieuses hospitalières du monastère de Dieppe qui ont fondé en 1639 l’Hôtel-Dieu du Précieux Sang (mieux connu sous le nom de Hôtel-Dieu de Québec)[4],[5],[6],[7].

Vie modifier

Les mères Anne Le Cointre de Saint-Bernard, 28 ans[8], Marie Forestier de Saint-Bonaventure-de-Jésus, 22 ans[9], et Marie Guenet de Saint-Ignace, 29 ans[10]— qui deviendra la première supérieure de l’Hôtel-Dieu de Québec — quittent Dieppe le . Après une traversée très difficile de trois mois à bord du vaisseau amiral Saint-Joseph, commandé par le capitaine Jacob Bontemps, elles doivent débarquer, le , à l’Île d'Orléans, en face de Québec, en raison d’une marée et d’un vent défavorables. Elles y passent la nuit sous la tente et, aux premières heures du lendemain matin, 1er août, le gouverneur de la Nouvelle-France, Charles Huault de Montmagny, y dépêche une « chaloupe pavoisée »[9] pour les amener dans la capitale, où elles sont accueillies par les acclamations des notables et du peuple, et saluées par « plusieurs décharges de canon »[11],[12],[8].

Lors des élections de la petite communauté des Augustines du monastère-hôpital Hôtel-Dieu, en présence du Père Jérôme Lalemant, mère Anne Le Cointre est élue hospitalière[13] de l’Hôtel-Dieu en et réélue à cette fonction en . Elle est élue assistante de la supérieure de la communauté en 1672 et discrette en 1676[14],[15].

L’historien Henri-Raymond Casgrain décrit ainsi la mère de Saint-Bernard[1] :

« La mère de Saint-Bernard offrait, par son caractère, un parfait contraste avec la mère de Saint-Ignace : c'était la douce et craintive colombe près de l'aigle intrépide. Esprit moins élevé, mais non moins généreux, atteignant à l'héroïsme par des voies différentes, d'un vol moins brûlant, moins rapide, mais tout aussi constant. C'était une âme tout intérieure, contemplative, éprise de cette vie cachée en Dieu, que l'écriture a peinte sous l'image riante de la tourterelle, qui va, loin du bruit, cacher son nid dans les trous de la pierre, parmi les ruines de la muraille, sur laquelle la mousse et le lierre répandent un voile discret d'ombre et de verdure. Cette heureuse harmonie de force et de grâce, de grandeur et de suavité, entre le caractère des deux fondatrices qui se complétaient ainsi l'une par l'autre, ne pouvait mieux convenir à une œuvre naissante. Elle témoignait de la sagesse et du discernement de celles qui en avaient fait le choix. »

Le , Marie Le Cointre de Saint-Bernard meurt « d’une fièvre violente âgée de 68 ans, elle avoit parfaitement rempli sa carrière, c'étoit une des trois premières Religieufes venues de France pour fonder cette Maison, où elle travailla 40 ans avec un grand zéle & des fatigues incroyables à notre établissement; elle étoit admirable dans les vertus propres de notre Institut, & par lesquelles nos Constitutions veulent que l'on nous reconnoisse, la douceur, l'humilité, la charité, la paix ; c'étoit là son veritable caractère, & ce qui est toujours fort effimable, fort utile dans les Communautés, aussi étoit-elle fort aimmée, & elle fut bien regrettée »[16].

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • François Rousseau, « La croix et le scalpel : Histoire des Augustines et de l’Hôtel-Dieu de Québec (1639-1989) », Sillery, Éditions du Septentrion, , 489 p. (ISBN 2-921114-33-X, lire en ligne)
  • Mère Jeanne-Françoise Juchereau de Saint-Ignace, A.M.J., et mère Marie-Andrée Duplessis de Ste-Hélène, A.M.J., « Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec », Paris, publié à Montauban (France) : Chez Jérosme Légier et se vend à Paris, chez Claude-Jean-Baptiste Herissant…, libraire (1751), (lire en ligne)
    Numérisée à partir d'une microfiche de l'ICMH de l'édition originale se trouvant à la Bibliothèque des Archives publiques du Canada. — Dans ses notes bibliographiques touchant les sources de sa propre « Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec », in « Œuvres complètes », Montréal, éd. C. O. Beauchemin & Fils, tome 4, p. 11, l’historien Henri-Raymond Casgrain écrit à propos de l’« Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec », par la mère Juchereau de Saint-Ignace : « Cette Histoire a été écrite d'après les renseignements de la mère (Marie Guenet) de Saint-Ignace et rédigée par la mère de Sainte-Hélène. Une copie de ces annales ayant été fournie à M. de La Tour, doyen du chapitre de Québec, qui retourna en France en 1731, il prit sur lui de les faire imprimer à l'insu de la communauté de Québec. Cette impression se fit sans beaucoup de soin, et il s'est glissé dans l'ouvrage un grand nombre de fautes typographiques. Heureusement qu'on possède encore à l'Hôtel-Dieu la copie originale de la main même de la mère (Marie-André Duplessis) de Sainte-Hélène, et signée par la mère (Jeanne-Françoise Juchereau) de Saint-Ignace. Ces annales sont un des documents historiques les plus précieux que l’on possède. » Le texte de Jeanne-Françoise Jucheron a été réédité à Québec par Dom Albert Jamet en 1939 sous le titre de « Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec, 1636-1716 »
  • François-Xavier de Charlevoix, S.J., « Histoire et description générale de la Nouvelle France, avec le Journal historique d’un voyage fait par ordre du roi dans l’Amérique septentrionale », t. 1, Paris, Pierre-François Giffard, (lire en ligne)
  • Cyprien Tanguay, « Le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes, vol. 1, 1608-1700 ».
    Notice bibliographique du site Web de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) : « Le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes » est l'œuvre de l'abbé Cyprien Tanguay. Il s'agit du plus ancien dictionnaire généalogique publié concernant la Nouvelle-France. Né en 1819 et ordonné prêtre en 1843, Cyprien Tanguay exerce son ministère dans différentes paroisses (Sainte-Luce, Trois-Rivières, Rimouski, Saint-Michel, etc.). En 1865, il devient attaché au Bureau des statistiques du Canada où il restera jusqu'à sa retraite vers 1892. C'est durant cette période qu'il publie son œuvre la plus considérable, le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes en sept volumes. Cet ouvrage est le fruit de la compilation de plus de 122 623 fiches familiales qui regroupent en moyenne 10 actes ou dates, pour un total de 1 226 230 renseignements relatifs aux naissances, mariages et décès. Le premier volume du Dictionnaire est publié en 1871 et couvre la période de 1608 à 1700. Le reste de la période française (1701-1760) est couvert par six autres volumes, parus entre 1886 et 1890. Malgré ses lacunes et même si des compilations plus récentes ont permis de le compléter ou de le corriger, cet ouvrage reste encore aujourd'hui un outil de premier plan ».

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. a et b « Le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes » de Cyprien Tang/Users/normandlepine/Desktop/Marie Guenet - Final 2.txtuay, cité en bibliographie, écrit « Lecointe », mais la majorité des sources consultées, dont « Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec » de mère Françoise Juchereau de Saint-Ignace, écrivent « Le Cointre ». Henri-Raymond Casgrain (1831-1904), « Œuvres complètes », tome 4, Histoire de l’Hôtel-Dieu, écrit « Lecointre »
  2. (AMJ)
  3. (Tanguay)
  4. (Juchereau, p. 4)
  5. (Augustines)
  6. (Morin)
  7. (Morin2)
  8. a et b (Rousseau, p. 44)
  9. a et b (Forestier)
  10. (Guenet)
  11. (Juchereau, p. 14)
  12. (Charlevoix, p. 207)
  13. « L’hospitalière veille au bon fonctionnement de l’hôpital ; elle deviendra, beaucoup plus tard, la directrice générale ». (François Rousseau, « La croix et le scalpel », p. 324, cité en bibliographie)
  14. « La supérieure de la communauté est secondée par un conseil - la consulte des discrètes - qui doit se réunir tous les mois au moins pour délibérer des affaires courantes et des problèmes qui peuvent apparaître au sein de la communauté ». (François Rousseau, « La croix et le scalpel », p. 324, cité en bibliographie)
  15. (Juchereau, p. 84-183-202-209)
  16. (Juchereau, p. 247)