La Colonne (chanson)

La Colonne est une célèbre chanson de goguette créée en 1818 par le goguettier Émile Debraux. Elle lança son auteur[1].

Illustration de la chanson, par Caroline Naudet, d'après Aubry, 1819.

Histoire modifier

La Colonne fut écrite à la gloire de la colonne Vendôme en 1818.

Cette année-là le pouvoir royal faisait fondre la statue de l'empereur Napoléon Ier ôtée le du sommet de celle-ci.

C'est également en 1818 que se terminait l'occupation de la France par les armées alliées à la suite de la défaite de Napoléon Ier en 1815.

Cette chanson fut chantée pour la première fois en 1818 par son auteur dans la goguette des Gais Lurons réunie à Paris à l'estaminet Sainte-Agnès, rue Jean-Jacques Rousseau[2].

Elle connut rapidement un très grand succès.

En 1897, Jehan Rictus citait les deux vers « Ah ! qu'on est fier d'être Français / Quand on regarde la Colonne » dans son soliloque Songe-Mensonge. La chanson est à présent oubliée du grand public.

Texte modifier

Deux versions de cette chanson existent imprimées.

Elles sont différentes :

La version longue compte 7 couplets et commence par un couplet dédicace à Béranger[3].

La version courte compte seulement 4 couplets[4].

De plus le début du dernier couplet comporte une variante importante :

Version longue :

Proscrits, sur l'onde fugitive
Cherchez un destin moins fatal :

Version courte :

Pourquoi, sur l'onde fugitive,
Se soustraire au pouvoir royal ?

Version longue modifier

1

Ô toi, dont le noble délire
Charma ton pays étonné,
Eh quoi ! Béranger, sur ta lyre
Mon sujet n'a pas résonné !
Toi, chantre des fils de Bellone,
Tu devrais rougir, sur ma foi,
De m'entendre dire avant toi :
Français, je chante la Colonne.

2

Salut, monument gigantesque
De la valeur et des beaux-arts ;
D'une teinte chevaleresque
Toi seul colore nos remparts.
De quelle gloire t'environne
Le tableau de tant de hauts faits :
Ah ! qu'on est fier d'être Français
Quand on regarde la Colonne.

3

Avec eux la gloire s'exile,
Osa-t-on dire des proscrits ;
Et chacun vers le champ-d'asile
Tournait ses regards attendris.
Malgré les rigueurs de Bellone,
La gloire ne peut s'exiler,
Tant qu'en France on verra briller
Des noms gravés sur la Colonne.

4

L'Europe qui, dans ma patrie,
Un jour pâlit à ton aspect,
En brisant ta tête flétrie,
Pour toi conserva ton respect.
Car des vainqueurs de Babylone,
Des héros, morts chez l'étranger
Les ombres, pour la protéger,
Planaient autour de la Colonne.

5

Anglais, fier d'un jour de victoire,
Par vingt rois conquis bravement,
Tu prétends, pour tromper l'histoire,
Imiter ce beau monument.
Souviens toi donc, race bretonne :
Qu'en dépit de tes factions,
Du bronze de vingt nations
Nous avons formé la Colonne[5].

6

Et vous, qui domptiez les orages,
Guerriers, vous pouvez désormais
Du sort mépriser les outrages,
Les héros ne meurent jamais.
Vos noms, si le temps vous moissonne,
Iront à la postérité ;
Vos brevets d'immortalité
Sont burinés sur la Colonne.

7

Proscrits, sur l'onde fugitive
Cherchez un destin moins fatal :
Pour moi, comme la sensitive,
Je mourrais loin du sol natal !
Et si la France, un jour m'ordonne
De chercher au loin le bonheur,
J'irai mourir au champ d'honneur,
Ou bien au pied de la Colonne.

Version courte modifier

1

Salut, monument gigantesque
De la valeur et des beaux-arts ;
D'une teinte chevaleresque
Toi seul colore nos remparts.
De quelle gloire t'environne
Le tableau de tant de hauts faits !
Ah ! qu'on est fier d'être Français
Quand on regarde la colonne !

2

Anglais, fiers d'un jour de victoire,
Par vingt rois conquis bravement,
Tu prétends, pour tromper l'histoire,
Imiter ce beau monument.
Souviens-toi donc, race bretonne,
Qu'en dépit de tes factions,
Du bronze de vingt nations
Nous avons formé la colonne[5].

3

Et vous, qui domptiez les orages,
Guerriers, vous pouvez désormais
Du sort mépriser les outrages :
Les héros ne meurent jamais.
Vos noms, si le temps vous moissonne,
Iront à la postérité ;
Vos brevets d'immortalité
Sont burinés sur la colonne.

4

Pourquoi, sur l'onde fugitive,
Se soustraire au pouvoir royal ?
Pour moi, comme la sensitive,
Je mourrai sur le sol natal.
Ah ! si la France un jour m'ordonne
De chercher au loin le bonheur,
J'irai mourir au champ d'honneur
Ou bien au pied de la colonne.

Notes modifier

  1. Gaetano Manfredonia, La Chanson anarchiste en France des origines à 1914 : dansons la Ravachole !, Éditions L'Harmattan, Paris 1997, page 32 [1].
  2. La Grande Ville : nouveau tableau de Paris, comique, critique et philosophique par MM. Paul de Kock, Balzac, Dumas, etc. illustrations de Gavarni, Victor Adam, Daumier, etc. Marescq éditeur, Paris 1844, page 248.
  3. Cette version est donnée dans les Chansons complètes de Paul Émile Debraux par M. de Béranger (tome deuxième édité en 1835) ainsi que par d'autres auteurs comme Henri Avenel, Chansons et chansonniers, C. Marpon et E. Flammarion Éditeurs, Paris 1890, pages 99-100.
  4. Cette version est notamment reproduite dans Le Chansonnier des chansonniers ou choix de chansons anciennes et nouvelles extraites de Béranger. Désaugiers, comte de Ségur... Suivies de chansons pour noces et baptêmes, recueillies et mises en ordre par Félix de la Linardière, Édité par les marchands de nouveautés, Paris 1838, pages 24-25.
  5. a et b Les bas-reliefs ornant la colonne ont été réalisés avec le bronze des canons pris à la bataille d'Austerlitz par l'armée de Napoléon Ier.

Articles connexes modifier