Jean Brasseur-Kermadec

officier français né Belge, compagnon de la Libération, vice-amiral d'escadre

Jean Brasseur-Kermadec
Jean Brasseur-Kermadec
L'amiral Brasseur-Kermadec en 1973

Surnom Kermadec
Nom de naissance Jean Alphonse Georges Brasseur
Naissance
Verviers (Belgique)
Décès (à 77 ans)
17e arrondissement de Paris
Origine Drapeau de la Belgique Belgique
Allégeance Drapeau de la Belgique Belgique
Drapeau de la France France libre
Drapeau de la France France
Arme Marine nationale française
Grade Vice-amiral d'escadre
Années de service 1931 (1940) – 1974
Commandement Cimeterre
Gazelle
Francis Garnier
Colbert
Commandant de la Marine à Marseille
Commandant en chef en Méditerranée et préfet maritime de Toulon
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Pontecorvo, Pontelugano, Montefiascone, Radicofani, débarquement en Provence, bataille des Vosges, Bourbach-le-Bas.
Distinctions Grand officier de la Légion d'honneur.
Compagnon de la Libération.
Grand-croix de l'ordre national du Mérite.
Croix de Guerre 1939-1945.
Médaille de la Résistance.
Croix de guerre belge.

Emblème
Liste des Compagnons de la Libération

Jean Brasseur, pendant la guerre Kermadec, devenu Jean Brasseur-Kermadec, né à Verviers le et mort à Paris 17e le , est un officier belge de la marine marchande qui devient officier des Forces navales françaises libres, compagnon de la Libération, puis vice-amiral d’escadre de la Marine nationale française, commandant en chef en Méditerranée et préfet maritime de Toulon.

Biographie modifier

Jean Brasseur naît le à Verviers en Belgique[1]. Il est le fils d'un pharmacien. Il effectue sa scolarité à Verviers puis à Liège[2].

Vocation maritime, marine marchande belge modifier

Rêvant de la mer et aspirant à de grandes aventures, il fugue à quinze ans et embarque à Anvers vers les mers australes, sur un cargo. Il attend d'être arrivé en Australie pour donner des nouvelles à sa famille. Rentré en Belgique, il reçoit l'autorisation de son père pour faire carrière dans la Marine[2].

S'orientant vers la marine marchande, il suit la scolarité de l'École supérieure de navigation d'Anvers[1]. Il est breveté lieutenant au long cours, et navigue pour la compagnie maritime belge « Lloyd Royal »[1],[2].

Seconde Guerre mondiale, Forces navales françaises libres modifier

Jean Brasseur est à la mer lorsqu'il entend l'appel du 18 Juin lancé par le général de Gaulle. Après une escale à Freetown, il part pour l'Angleterre où il arrive en [2]. Il rejoint d'abord la Royal Navy, et se trouve affecté sur le HMS Fidelity[2]. Il demande ensuite à rejoindre les Forces navales françaises libres et reçoit en une commission d'enseigne de vaisseau auxiliaire à titre étranger[1],[2],[3].

Bataille de l'Atlantique, mer Rouge, Méditerranée modifier

 
Enseigne de vaisseau des FNFL, vers 1942.

Il prend le nom de « Kermadec » rappelant le nom d'un matelot du roman Mon frère Yves de Pierre Loti[4]. Affecté sur le cuirassé Courbet, comme officier fusilier, il y commande la DCA. Il est chargé ensuite d'organiser à Skegeness près de Portsmouth le premier centre d'instruction des FNFL[2]. Le centre ouvre sous sa direction le [5]. Après cette mission, il participe à la bataille de l'Atlantique en embarquant sur le contre-torpilleur Léopard, qui contribue à la protection des convois alliés dans l'Atlantique nord, autour de l'Islande, pendant l'hiver 1941-1942[2].

Officier en second de l'aviso Commandant Dominé en , il escorte les convois entre Liverpool et Freetown, puis participe au blocus de Djibouti. Après ce blocus, il escorte de nouveau les convois de l'Armée britannique entre Alexandrie, Tobrouk, Benghazi et Tripoli, totalisant plus de 100 000 nautiques parcourus[2].

Officier de fusiliers marins : Tunisie, Italie, libération du territoire modifier

Jean Kermadec est promu lieutenant de vaisseau en . Il demande et obtient de rejoindre le 1er régiment de fusiliers marins (1er RFM), qui est le régiment de reconnaissance de la 1re division française libre. Il y commande le 3e escadron, et prend part aux combats de Tunisie, puis à la campagne d'Italie à partir de . Il se distingue particulièrement à Pontecorvo, à Pontelugano, à Montefiascone et à Radicofani, en mai et [2].

Il participe au débarquement en Provence, à Cavalaire, le [2]. À la tête du 3e escadron du 1er RFM, il traverse La Crau le sous les tirs allemands, contribue à stopper une contre-attaque, et pénètre à La Garde ; ses troupes détruisent cinq lance-flammes et avancent par Hyères, La Moutonne et La Garde, toujours sous le feu allemand[6]. Il harcèle l'ennemi et le fait reculer jusqu'à Toulon, faisant 200 prisonniers[2].

Puis il s'illustre à la bataille des Vosges en , particulièrement en s'emparant de la Chapelle-sous-Rougemont avec audace, surprenant l'ennemi et lui occasionnant de lourdes pertes. Il se fait encore remarquer pendant la bataille d'Alsace, à Bourbach-le-Bas, par sa vive résistance aux fortes contre-attaques allemands soutenues par des chars[2]. Il est compagnon de la Libération par décret du [2].

Après-guerre : commandements, états-majors, attaché naval modifier

 
Il commande le croiseur Colbert en 1964-1965.

À la fin de la guerre, il est capitaine de corvette. Il est nommé au commandement de l'escorteur Cimeterre[2]. Il reçoit la nationalité française par naturalisation, par décret du , et est confirmé l'année suivante dans l'armée d'active[3]. Il est commandant adjoint du croiseur école Jeanne d'Arc jusqu'en 1948. Il devient ensuite observateur de l'ONU en Indonésie, puis chef du 3e bureau de l'état-major de la Marine en Tunisie en 1951. Il commande l'aviso Gazelle dans l'océan Indien, en 1953-1954[2].

Comme capitaine de frégate, il est attaché naval à Bonn de 1955-1958. Il commande ensuite le Francis Garnier en Extrême-Orient, de 1958 à 1960[2]. Il est alors appelé à faire partie de l'État-major particulier du président de la République, le général de Gaulle[2],[3]. Nommé le , il y reste jusqu'au [7]. Il y est le seul récemment naturalisé, et y représente à la foi l'illustration des ralliements de tous horizons à la France libre, et l'ancienneté de fidélité au général[8]. C'est pendant son passage à l'état-major particulier qu'il est autorisé en à ajouter au sien son nom de guerre, s'appelant désormais « Jean Brasseur-Kermadec »[3]. Il est jugé d'une « loyauté parfaite »[9]. Promu capitaine de vaisseau en , il est attaché naval à l'Ambassade de France à Madrid de 1961 à 1964. Il commande ensuite le Colbert en 1964-1965 puis devient en 1965 commandant de la Marine à Marseille, jusqu'en 1967[2].

Amiral, commandant en chef en Méditerranée, réorganisateur modifier

 
Préfecture maritime de Toulon, dont il est chargé en plus de son commandement en chef.

Promu contre-amiral en 1966, il est attaché militaire à Londres jusqu'en 1970. Devenu vice-amiral en 1971, à Toulon, il est commandant en chef pour la Méditerranée ainsi que préfet de la 3ème région maritime[2] de 1971 à 1974.

C'est à ce titre qu'il est chargé à partir de de réorganiser le commandement maritime à Toulon et dans la 3e région maritime. Sa mission est de concentrer sur sa personne tous les pouvoirs maritimes et aéronavals de la Méditerranée, de veiller à ce que toutes les forces soient en permanences prêtes au combat ou à intervenir en cas de crise, en un minimum de temps et au moindre coût. Il inaugure ainsi une organisation des pouvoirs identique en période de paix et en temps de guerre, ceux de l'Amiral commandant en chef pour la Méditerranée[10].

Jean Brasseur-Kermadec est élevé au rang de vice-amiral d'escadre en 1972. Il est également membre du Conseil supérieur de la Marine de 1972 à 1974[2].

Il est placé en 2ème section en et devient président de plusieurs sociétés privées[11]. Il est notamment directeur général du groupe maritime Rodriguez-Ely, administrateur de Philips à Marseille, président de la société Radio-Océan en 1981[2]. Il continue cependant à naviguer, quatre mois par an, à bord du cotre qu'il possède[4].

Il meurt à Paris dans le 17e arrondissement le [2],[12]. Des obsèques nationales lui sont célébrées dans la cathédrale Saint-Louis des Invalides[4]. Il est inhumé à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine[2].

Œuvres modifier

  • Récit autobiographique d'un engagé volontaire à titre étranger, slnd[2],[13].

Distinctions et hommages modifier

 
Sépulture au cimetière de Levallois-Perret.

Décorations modifier

Ses principales décorations sont :

Autres hommages modifier

  • Il est le seul marin à être « citoyen d'honneur de la ville de Verviers »[4].
  • À Verviers : rond-point Amiral Jean Brasseur-Kermadec, inauguré en 1998, avec un monument constitué d'une ancre de trois mètres offerte par la Marine française, avec une stèle et une inscription commémorative[4],[15].

Notes et références modifier

  1. a b c et d Dictionnaire des marins français, 2002, p. 70-71.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x et y Dictionnaire des Compagnons de la Libération, 2010.
  3. a b c et d Chiaradia 2011, p. 279.
  4. a b c d et e Olivier Thunus, « Hommage à un marin verviétois, un rond-point pour l'amiral Brasseur-Kermadec », sur lesoir.be, Le Soir, (consulté le ).
  5. Bernard François Michel, « Les Faits d'armes, écrits, récits – La création des Forces françaises libres de juin 1940 à août 1943 », sur mvr.asso.fr, Mémoire vive de la Résistance, (consulté le ).
  6. Émile Chaline, « La Marine nationale, les FNFL et le débarquement de Provence », Revue de la France Libre, no 287,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Chiaradia 2011, p. 361.
  8. Chiaradia 2011, p. 198, 279.
  9. Chiaradia 2011, p. 362.
  10. « Journal de l'année 1972 – Armée – Réorganisation », sur larousse.fr, Larousse, (consulté le ).
  11. Chiaradia 2011, p. 709.
  12. Relevé des fichiers de l'Insee
  13. « La mémoire des Français libres », Fondation de la France libre (consulté le ).
  14. « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  15. « L'ancre, rond-point Jean Brasseur-Kermadec » (consulté le ).

Bibliographie modifier

  • « Brasseur-Kermadec (Jean-Alphonse-Georges) », dans Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, éditions Tallandier, (1re éd. 1982) (ISBN 2-84734-008-4), p. 70-71.
  • « Jean Brasseur-Kermadec », dans Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Bordeaux, Elytis, (ISBN 2356390332 et 9782356390332) [Notice en ligne].
  • Éric Chiaradia, L'entourage du général de Gaulle : juin 1958-avril 1969, Paris, Publibook, , 821 p. (ISBN 978-2-7483-6016-5, lire en ligne), p. 101, 198, 215, 234-235, 264, 279, 288, 357, 361-362, 476, 484, 505, 524, 708-709, 786 [extraits en ligne].
  • Léon Nysen, « L'amiral Jean Brasseur-Kermadec, un verviétois fidèle aux grandes traditions de la marine d'autrefois ; soldat, diplomate, organisateur et loyal serviteur de la France », Bulletin des archives verviétoises, vol. XXIII,‎ , p. 192-193.
  • Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons : histoire des Compagnons de la Libération, Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2 et 9782262016067).

Liens externes modifier

  • « Jean Brasseur-Kermadec », sur ordredelaliberation.fr, Ordre de la Libération (consulté le ).