Jack Unterweger

tueur en série autrichien

Johann Jack Unterweger ( à Judenburg - à Graz) est un tueur en série autrichien. Condamné à perpétuité pour un meurtre commis en 1974, il est libéré en 1990, exemple alors d'une rédemption en prison. Il devient auteur et journaliste et acquiert une certaine célébrité en Autriche. Mais il va assassiner plusieurs prostituées dans ce pays, ainsi qu'en Tchécoslovaquie et aux États-Unis[1],[2],[3], toutes étranglées (ce qui lui vaudra le surnom d'« l’Étrangleur de Vienne » par la presse[4]). Il se suicide en prison le soir de sa nouvelle condamnation à perpétuité.

Johann Jack Unterweger
Tueur en série
Image illustrative de l’article Jack Unterweger
Information
Naissance
Judenburg, Drapeau de l'Autriche Autriche
Décès (à 43 ans)
Graz, Drapeau de l'Autriche Autriche
Surnom L'étrangleur de Vienne
Condamnation
Sentence Emprisonnement à perpétuité
Actions criminelles Meurtres
Victimes 12-13+
Période -
Pays Drapeau de l'Autriche Autriche
Drapeau de la Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie
Drapeau des États-Unis États-Unis
Arrestation

Biographie modifier

Jeunesse et premiers délits modifier

Jack Unterweger naît le , à Judenburg, dans le land de Styrie dans le sud-est de l'Autriche. Il est le fils de Theresia Unterweger, barmaid que certaines sources décrivent également comme prostituée, et d'un père inconnu, peut-être l'officier militaire américain Frank M. Van Blarcom que sa mère aurait rencontré à Trieste en Italie.

Sa mère est condamnée pour fraude pendant sa grossesse et de nouveau condamnée après sa naissance. Jack Unterweger est confié un temps à ses grands-parents. Peu éduqué et vivant dans la pauvreté, il bascule dans la délinquance à l'adolescence[5].

Entre 1966 et 1974, Unterweger est condamné et emprisonné plusieurs fois pour vol, braquage, cambriolage, enlèvement, et viol[6].

En , alors qu'il est détenu dans le cadre d'une affaire d'enlèvement, Unterweger tente de se suicider avec des drogues, mais est secouru par les gardiens. Il est interné en psychiatrie, avant d'être libéré neuf jours plus tard.

Premier meurtre connu modifier

Le , alors qu'il rend visite à une connaissance en Hesse, Unterweger et sa petite-amie se rendent chez Margaret Schäfer, 18 ans, la ligote et l'embarquent en lui volant son argent. Après avoir roulé plusieurs kilomètres, Unterweger s'arrête dans une forêt d'Ewersbach et frappe plusieurs fois le cou et la tête de la jeune fille, à l'aide d'une tige d'acier, avant de la violer et de l'étrangler à mort, à l'aide le fil de son soutien-gorge. Le couple abandonne le corps de la victime sur place et dérobe le manteau de celle-ci[6].

En , la police arrête la petite-amie d'Unterweger, qui dénonce celui-ci du meurtre de Margaret. Unterweger est arrêté et reconnaît avoir tué la jeune fille, après que le manteau de la victime lui soit confronté. Il affirme cependant que son meurtre est lié à un accès de colère l'ayant mis hors de lui. Déféré devant le juge, Unterweger, 24 ans, est mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire[7].

Après l'arrestation d'Unterweger, le policier August Schenner établit un rapprochement avec le meurtre de Marica Horvath, 23 ans, perpétré à Salzbourg, le . Celui-ci n'aboutira pas, l'enquête ne permettant pas de rassembler de preuves pouvant incriminer Unterweger[8].

En , Unterweger est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Margaret Schäfer[6].

Détention, « rédemption » et reconnaissance littéraire modifier

En prison, il apprend à lire, se cultive et se met à écrire poèmes, pièces de théâtre. Son roman autobiographique en 1982 (Fegefeuer oder die Reise ins Zuchthaus, traduit en Purgatoire : un voyage à la prison) qui raconte l'histoire de son crime et de sa rédemption devient un best-seller[9]. Cette autobiographie est adaptée en téléfilm. En outre de cela, sortent les romans tels que Tobendes Ich, Worte als Brücke, Bagno, Endstation Zuchthaus, Kerkerzeit, Wenn Kinder Liebe leben, Va Banque, Reflexionen, Schrei der Angst et Mare Adriatico.

En 1985, une campagne pour une grâce et une libération anticipée débute. Le président autrichien, Rudolf Kirchschläger refuse alors la pétition qui lui est présentée, évoquant la peine incompressible minimale prononcée par la cour de 15 ans de prison[10]. Des écrivains, des artistes, des journalistes et des politiciens s'activent pour une grâce[11] dont l'auteure et futur prix Nobel de littérature en 2004[3] Elfriede Jelinek, l'écrivain allemand Günter Grass[12], Peter Huemer[13] et l'éditeur du magazine autrichien de littérature Manuskripte, Alfred Kolleritsch[11].

De 1985 à 1989, Unterweger publie la revue littéraire Wort-Brücke, dont douze numéros ont été publiés. Parmi les principaux contributeurs figurent Elfriede Jelinek, Franz Kabelka et Andrea Wolfmayr.

Libération et meurtres en série modifier

Unterweger est libéré le , après avoir purgé la peine minimale requise de quinze ans de prison.

À sa libération, son autobiographie est enseignée dans les écoles et ses histoires pour enfants racontées à la radio. Unterweger devient l'invité de programmes de télévision pour discuter de la réhabilitation de criminels[14] et il acquiert une certaine notoriété. Il travaille comme reporter pour la radio publique autrichienne ORF. Il y fera des reportages sur les meurtres de prostituées dont il sera plus tard reconnu coupable[12],[11].

Entre et , il va étrangler avec leur soutien-gorge plusieurs prostituées : Blanka Bockova en Tchécoslovaquie[15],[16] et sept autres en Autriche (Brunhilde Masser, 39 ans, Heidi Hammerer, 31 ans, Elfriede Schrempf, 35 ans, Silvia Zagler, 23 ans, Sabine Moitzl, 25 ans, Karin Eroglu-Sladky, 25 ans et Regina Prem, 32 ans)[15].

En , Unterweger est engagé par un magazine autrichien pour faire un reportage sur le crime à Los Angeles et les différences d'attitude entre les États-Unis et l'Europe sur la prostitution. Unterweger rencontre alors la police locale, participant à une patrouille dans le quartier chaud de la ville[15].

Durant le séjour d'Unterweger à Los Angeles, en juin et , trois prostituées (Shannon Exley, Irene Rodriguez et Peggy Booth) sont battues, violées avec des branches d'arbres et étranglées avec leur soutien-gorge[17] mais la police locale ne trouve alors aucune piste.

En Autriche, Unterweger est considéré comme suspect pour les meurtres de prostituées dans son pays, la police ne trouvant aucune autre piste. Elle le met alors sous surveillance jusqu'à ce qu'il parte aux États-Unis pour faire son reportage, mais sans que rien le relie alors aux différents meurtres.

Arrestation, condamnation et suicide modifier

Revenu en Autriche, il utilise ses relations dans le milieu littéraire et médiatique pour se faire passer pour un bouc-émissaire. La police estime avoir suffisamment d'éléments pour mener une perquisition et l'arrêter mais il s'est enfui rejoindre sa maîtresse en Suisse juste avant son arrestation. Un mandat d'arrêt est lancé contre lui et il est pourchassé en Suisse, en France puis aux États-Unis. Alors en fuite, il appelle des médias autrichiens pour essayer de les convaincre de son innocence.

Il est finalement arrêté avec sa compagne le à Miami par le FBI et placé en détention provisoire[9]. À la suite des informations fournies par la police autrichienne, la police américaine le soupçonne des meurtres des trois prostituées à Los Angeles, mais, faute de preuves suffisantes, ils acceptent de l'extrader. En Autriche, il est inculpé de onze meurtres dont celui de Prague et des trois de Los Angeles[15].

Le procès d'Unterweger débute le et s'étend sur deux mois[6]. Le jury le déclare coupable de neuf d'entre eux par une majorité de six contre deux et il est condamné le à la réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de réduction de peine[15].

La nuit suivante, il se suicide à la prison de Graz-Karlau (en) en se pendant avec une corde faite de lacets de chaussures et d'un lacet de pantalon de survêtement, utilisant le même type de nœud que celui utilisé pour étrangler toutes les prostituées[1],[2],[3],[18].

Notes et références modifier

  1. a et b (en) Adrian Bridge, « Murderer's 'final freedom': The bizarre life of Jack Unterweger, poet and killer of prostitutes, ends at his own hand », sur independent.co.uk, (consulté le )
  2. a et b (en) Eric Malnic, « Austrian Slayer of L.A. Prostitutes Kills Self », sur latimes.com, (consulté le )
  3. a b et c Michael Joseph Legare, When Things Seem Odd : Polly and the Internal Guardian, Friesen Press, , 528 p. (ISBN 978-1-4602-7753-9, lire en ligne)
  4. Julie Jacquet, « L'histoire de l'écrivain prodige Jack Unterweger : tueur en série », sur abebooks.fr (consulté le )
  5. (de) Jack Unterweger, Kerker, Edition Wien, , p. 186.
  6. a b c et d « Procès en Autriche du meurtrier présumé de onze prostituées Jack Unterweger, ange ou démon », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en-US) Mara Bovsun, « JUSTICE STORY: The killer who charmed his way out of prison to go on a transcontinental murder spree », sur New York Daily News, (consulté le )
  8. (en) « | Jack UnterwegerJim Shelley » (consulté le )
  9. a et b Jean-Pierre Vergès, Les tueurs en série, Hachette Pratique, coll. « Toutes les clés », , 256 p. (ISBN 978-2-01-230157-3, lire en ligne)
  10. (en) John Leake, Entering Hades : The Double Life of a Serial Killer, Farrar, Straus and Giroux, , 368 p. (ISBN 978-1-4299-9633-4, lire en ligne)
  11. a b et c Robert MacFarlane, « A Murderous Talent », New York Times,
  12. a et b Kate Connolly, « John Malkovich brings serial killer Jack Unterweger back to life on Vienna stage », The Guardian,
  13. Gerhard Moser, « Der Mann aus dem Fegefeuer (The man from purgatory) », Österreichischer Rundfunk, ORF, ("Austrian Broadcasting"),
  14. (en) Michael Joseph Legare, When Things Seem Odd : Polly and the Internal Guardian, FriesenPress, , 528 p. (ISBN 978-1-4602-7753-9, lire en ligne)
  15. a b c d et e Rick Atkinson, « Killer Prose », The Washington Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Czech language article about the victim from Prague
  17. (en-US) Eric Malnic, « Austrian Slayer of L.A. Prostitutes Kills Self », Los Angeles Times,‎ (ISSN 0458-3035, lire en ligne)
  18. Nicolas Castelaux, Je tue donc je suis. Ecrits et dessins de serial killers, 2009, camion blanc, p. 87.

Filmographie modifier

Documentaires télévisés modifier

Émission radiophonique modifier

voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier