Femme nue allongée

tableau de Ernst Ludwig Kirchner

La Femme nue allongée est un tableau d'Ernst Ludwig Kirchner réalisé en 1931. Il est au Musée Kirchner de Davos. Le tableau est une donation faite en 1990 par la succession d'Ernst Ludwig Kirchner[1].

Femme nue allongée
Nackte liegende Frau
Artiste
Date
Type
Technique
Dimensions (H × L)
150 × 90 cm
Localisation
Musée Kirchner, Davos (Suisse)

Description modifier

Une femme nue a le bras posé sur sa tête. La tête est légèrement inclinée de telle façon que la main gauche touche l'oreille droite. Comme l'indique son titre, ce tableau représente une femme allongée. Mais le matelas est représenté verticalement, de sorte qu'il pourrait tout aussi bien s'agir du reflet dans un miroir. La femme n'est pas représentée entièrement, ses jambes sont manquantes ou signifiées par une ligne dynamique qui sépare le corps de la couverture. Ses yeux sont mi-clos, ce qui suggère qu'elle réfléchit. La ride sur son front souligne l'impression de réflexion. Néanmoins, le corps est détendu et la nudité attire par son érotisme. Au deuxième coup d'œil, on voit des lettres : les seins forment un S , le visage un W, le M sépare les jambes de la couverture, à l'opposé du M des rides du front. Le corps est donc aussi porteur de signes[2].

Commentaire modifier

Jusqu'aux années 1970, le fait de pouvoir toucher son oreille droite de la main gauche ((de) "Philippinermaß") était considéré en Allemagne comme un critère de maturité pour l'école. La pose de cette femme allongée évoque la Vénus endormie du peintre de la Renaissance italienne Giorgione au début du XVIe siècle. La tradition patriarcale de la peinture considère le corps de la femme comme un objet du désir masculin. Même chez Ludwig Kirchner le plaisir comme fanstasme masculin ne connait pas de frontière[3]. Le plaisir est situé au premier plan, de sorte que les femmes apparaissent comme des connaisseuses de leur corps. Pour Kirchner le corps de la femme est aussi porteur de messages, de telle sorte que sa représentation contient des lettres. La femme devient alors un livre et peut se lire comme une histoire : la lettre W dans le visage se lit comme une question ouverte : en allemand qui ?, où ?, quoi ? ((de) Wer, Wo, Was) commencent par W).

Kirchner considérait la femme comme l'égale de l'homme. Il revendiquait l'égalité des sexes et l'amour libre [4]

Il souhaitait vivre des relations de camaraderie avec les femmes[5].

« Ich bekam den ersehnten Kameraden auch geistig“ (...) » ( « J'appréciais intellectuellement les camarades désirées“ (...) ») [6]

Ernst Ludwig Kirchner a été cofondateur du groupe d'artistes allemands Die Brücke, qui propageait alors les idées du mouvement de réforme Lebensreform et préconisait un mode vie hédoniste[7].

Source de la traduction modifier

Bibliographie modifier

  • (de) Hyang-Sook Kim: Die Frauendarstellungen im Werk von Ernst Ludwig Kirchner. Verborgene Selbstbekenntnisse des Malers. Dissertation. Tectum-Verlag, Marburg 2002, (ISBN 3-8288-8407-5), S. 62–72.
  • (de) Carl Georg Heise (Hrsg.): Bildnisse der Brücke-Künstler voneinander. Nr. 63, Philipp Reclam jun, Stuttgart 1961.
  • (de) Karl Brix: Ernst Ludwig Kirchner, Kleine Künstlermonographie. Verlag der Kunst, Dresde 1991, (ISBN 3-364-00232-0).
  • (de) Hyun Ae Lee: Aber ich stelle doch nochmals einen neuen Kirchner auf. Waxmann Verlag, Münster 2008, (ISBN 978-3-8309-2056-4). [2]

Références modifier

  1. (de) Catalogue de l'exposition „Alles Kirchner! Das Museum als Wunderkammer“
  2. Hyun Ae Lee: Aber ich stelle doch nochmals einen neuen Kirchner auf. Waxmann Verlag, Münster 2008, (ISBN 978-3-8309-2056-4), S. 129. [1]
  3. (de)Hyang-Sook Kim: Die Frau als Objekt der männlichen Schaulust. In: Hyang-Sook Kim: Die Frauendarstellungen im Werk von Ernst Ludwig Kirchner. Verborgene Selbstbekenntnisse des Malers. Tectum-Verlag, Marbourg 2002, (ISBN 3-8288-8407-5), page 72.
  4. (de)Modell der Kameradschaftsverbindung zwischen den Geschlechtern. In: Katharina Sykora: Weiblichkeit, Großstadt, Moderne. Museumspädagogischer Dienst, Berlin 1996, page 22.
  5. (de)Thomas Röske: Ernst Ludwig Kirchner - Tanz zwischen den Frauen. Kunst-Monographie. Insel Verlag, Francfort-sur-le-Main/ Leipzig 1993, (ISBN 3-458-33264-2), page 61.
  6. Citation tirée de : Catalogue E. L. Kirchner 1880–1938. Neue Nationalgalerie, Berlin 1980, page 60.
  7. (en)Ernst Kirchner's Streetwalkers: Art, Luxury, and Immorality in Berlin, 1913–1916. In: The Art Bulletin. mars 2000, consulté le 1er octobre 2016.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier