Expédition et siège de Constantine (1700)

bataille en Algérie
Expédition et siège de Constantine (1700)

Informations générales
Date 1700
Lieu Beylik de l'Est/Constantine (Régence d'Alger)
Issue
  • Victoire tunisienne sur le champ de bataille
  • Échec du siège de la ville
Belligérants
Régence de Tunis
Régence de Tripoli
Régence d'Alger Royaume de Koukou[1]
Commandants
Mourad III Bey
Ibrahim Cherif
Khalil Bey
Destari Mehmed
Ali Khodja Bey
Forces en présence
Inconnues Inconnues
15 000 hommes[1]
Pertes
Inconnues Inconnues mais considérables

Guerre algéro-tunisienne de 1700

Batailles

Bataille de Djouamaa El Eulma

Coordonnées 36° 21′ 00″ nord, 6° 36′ 00″ est

L'expédition et le siège de Constantine en 1700 est une tentative de Mourad III, bey de Tunis allié à Khalil, le bey de Tripoli, de prendre la ville de Constantine. Cette expédition se veut coordonnée avec celle d'Ismaïl ben Chérif menée sur l'ouest de la régence d'Alger à partir du Maroc.

Contexte modifier

Selon un chroniqueur tunisien, un certain Ben Abdelaziz[2], le bey de Tunis envoie à Alger un tribut lors de son investiture ; celui-ci est refusé par les Algériens par « haine » ou « mécontentement »[3]. Eugène Vayssette, dans son ouvrage de 1869, rapporte : « Au commencement de son règne, Mourad Bey envoya des présents à la cour d'Alger. Soit haine, soit mécontentement, les Algériens les refusèrent. Outré de colère et brûlant d'ailleurs du désir de venger la mort de son père, il n'eut plus d'autre pensée que de diriger contre eux une expédition »[4]. Le bey Mourad cherche l'alliance du bey de Tripoli, Khalil, pour sa campagne et s’entend avec Ismaïl ben Chérif, sultan du Maroc, chargé d'attaquer la régence d'Alger à l'ouest la même année. Il convoque son divan à Tunis et « communiqua aux conseillers et aux chefs militaires son plan d'attaque contre la puissance d'Alger »[2],[4].

Déroulement modifier

Mourad III Bey fait préparer son armée : il l'augmente de nombreuses recrues, fait mettre en état tout le matériel de guerre et écrit au bey de Tripoli pour lui demander de le rejoindre. Le bey de Tunis se met en campagne à la tête d'une importante armée « qui traînait à sa suite 25 canons »[2].

À l'approche de Constantine, le bey de la ville, Ali Khodja, sort à sa rencontre avec son armée. Ce dernier est sévèrement battu par les Tunisiens, qui lui infligent des pertes considérables. Dans une seconde bataille, Mourad III fait captif le fils et la femme du bey de Constantine. Les habitants de Constantine, découragés à la nouvelle de la déroute de leur armée, songent à livrer la ville, mais Mourad III n'exploite pas immédiatement son avantage et les jours d'inaction de son armée sont mis à profit par les habitants pour préparer le siège. Mourad III lance un premier assaut qui échoue, et propose l'aman, une forme de reddition, rejetée par Constantine. Il prend alors une forteresse « à l’extérieur de la ville », prend ses canons et son butin qu'il expédie à Tunis et la fait détruire[2]. Le bey de Tripoli, Khalil Bey, le rejoint à ce moment-là et reçoit de la part de Mourad III un caftan d'honneur et des présents considérables. De concert, ils organisent le blocus de Constantine qui dure cinq mois[2].

Conséquences modifier

Les habitants de la ville font appel à l'aide d'Alger. Le récit de cet appel à l'aide est décrit par la tradition orale et recueilli par Auguste Cherbonneau à Constantine pour être rapporté par le journal de la Société historique algérienne en 1874[5] : « Les habitants de Constantine, se voyant cernés de toutes parts, envoyèrent un courrier à Alger pour demander du renfort. Par une nuit sombre, ils descendirent Ben Zekri, le bach-seïar du bey (courrier de cabinet) du haut du rocher de Constantine, dans un panier en palmier nain. Sa jument, nommée Halilifa, fut descendue en même temps dans un filet. L'ennemi ne put voir ce manège. Ben Zekri se rendit auprès du pacha d'Alger en trois jours par la route de Hamza. Ce fut alors que les Algériens amenèrent une armée pour secourir Constantine ».

Sur le point de faire céder la ville, le bey de Tunis Mourad III doit suspendre son projet. Eugène Vayssette rapporte : « Mourad Bey était sur le point de s'en rendre maître, lorsqu'il apprit que l'armée des Algériens s'approchait. Ceux-ci, n'ayant aucune confiance dans leur chef, à cause de son manque de courage et de sa nullité, l'avaient déposé et s'étaient choisi un autre emir... »[4]. Il s'agit en fait du dey d'Alger Hadj Moustapha et de son armée[6].

Mourad III part à sa rencontre et l'affrontement a lieu la même année au lieu-dit Djouamaa El Eulma sur la route de Sétif, où son armée et celle du bey de Tripoli sont finalement défaites[2].

Références modifier

  1. a et b Mohamed Touili, Correspondance des consuls de France à Alger 1642-1792 : inventaire analytique des articles A.E. BI 115 à 145, Paris, Centre historique des Archives nationales, , 904 p. (ISBN 978-2-86000-283-7, OCLC 491827855), p. 98.
  2. a b c d e et f Gaïd 1978, p. 26.
  3. Revue africaine : bulletin de travaux de la Société historique algérienne, vol. 18, New York, Kraus Reprint, (lire en ligne).
  4. a b et c Eugène Vayssettes, Histoire de Constantine sous la domination turque, 1517-1837, Saint-Denis, Éditions Bouchène, , 256 p. (ISBN 978-2-35676-094-4, lire en ligne).
  5. Laurent-Charles Féraud, « Les Harar : seigneurs des Hanencha », Revue africaine : journal des travaux de la Société historique algérienne,‎ , p. 208-209 (lire en ligne, consulté le ).
  6. Mahfoud Kaddache, L'Algérie durant la période ottomane, Alger, Office des publications universitaires, , 239 p. (ISBN 978-9961-0-0099-1, lire en ligne), p. 95.

Bibliographie modifier