Discussion:Transylvanie (région)

Dernier commentaire : il y a 2 ans par Noliscient dans le sujet Statistiques ethniques
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Moi, je ne sais pas comment éditer la page très joliment. Si qqn sait comment le faire, il y a un très bel article sur la Transylvanie, sur Wiki en wallon (wa.wikipedia.org), article «Zivenbork», auquel j'ai collaboré.

Gherman et le régionalisme transylvain modifier

Sabin Gherman. J'ai assez de la Roumanie

--- Pas mal de Roumains aussi. D'où forte expatriation.

J'ai assez de la débrouille, des trucs, de l'image de fripouille, de voleur, que laisse derrière lui ce nom de pays, la Roumanie.

--- Ne confondons pas. La débrouille, c'était le seul moyen de survivre jusqu'en 1989 (la France a connu ça sous le Régime Pétain, tous les pays sans démocratie connaissent ça). Les fripouilles et les voleurs existent partout, mais moins il y a de richesse générale, plus ils sont visibles et médiatisés. Les gens ne sont pas trop dérangés par la misère tant qu'elle reste invisible et loin de chez eux...

Je parle avec divers politiciens au pouvoir et tous me disent: "nous n'avons plus aucune chance".

--- Il paraît que ça s'appelle du "Bashing" et que c'est à la mode. C'est déjà bien que vous puissiez leur parler, à vos politiciens...

Je lis dans les journaux que le gouvernement a pris soin d'allouer à la ville de Bucarest, dans le budget 1998, une somme plus grande qu'à la Transylvanie toute entière. Je roule en voiture sur les routes du sud et de l'est et je vois la différence: là, les routes sont meilleures, on investit plus. Je fais la file aux impôts, à la banque CEC: partout ou cela appartient à l'Etat il faut donner des pots-de-vin. Bakchich! De l'"huile" pour dégripper les mécanismes, héritage de la période d'occupation turque, dont on ne peut pas se passer.

--- Certains disent : "héritage de la dictature communiste", mais le résultat est le même. Si seulement on pouvait vivre de son salaire !

Et alors? Moi, je ne veux pas émigrer à cause du fait que depuis 10 ans on ne fait rien. C'est juste que j'ai assez de la Roumanie. De ses synonimes. De ses actes héroïques sortis de leur contexte historique. D'autres se vantent avec un Michelange ou un de Vinci? A moi, on me sort la lettre de Neacsu de Cîmpulung 1. Fantastique réalisation, la délation! 2... Si je regrette quelque chose, maintenant à 30 ans, c'est d'être né ici, de faire partie de ceux qui ont appris a l'école que ce peuple, le beuble 3, messieurs!, a été continuellement en érection devant l'Histoire. Quel peuple? Nous, qui n'avons fait même pas une fois la preuve de notre virilité, nous qui, lors des invasions, nous enfuissions dans les forêts, nous qui nous évanouissions dans les salles où les décisions de l'Histoire étaient prises4, nous pour qui, aujourd'hui, avoir un morceau de pain, tient du parcours du combattant, et qui ne savons plus quelle entourloupe inventer.

--- Moi aussi j'aurais préféré naître Vénitien plutôt que Roumain, mais j'estime avoir eu la chance de ne pas naître fille en Afghanistan ou en Arabie Saoudite.

Nous voici, frippes rafistolées, nous entrons dans l'Histoire comme dans un infecte café du commerce. Entre deux rots et une injure, le peuple (le beuble, messieurs) parle fièrement de Posada5, de Michel le Brave6. Et un autre rot victorieux! J'ai assez d'avoir honte.

--- Pourquoi honte ? Vous n'êtes pas responsable de tout ça ! C'est la bêtise humaine dans sa variante roumaine, c'est tout...

C'est pour cela qu'à mes amis de l'Ouest je leur dis que je suis de Transylvanie. Altra paese.7 Other country.8L'autre pays9. J'ai assez que tous ceux d'en dehors de la Transylvanie me disent qu'ici, en Transylvanie, j'ai des problèmes avec les Hongrois.

--- Même si c'était vrai, ces problèmes-là sont préférables à ceux liés à la santé ou à la faim.

Que s'ils n'étaient pas, eux... Que la faim est la mère de la sagesse... Que le plus grand danger que je cours est la fédéralisation, un danger qui me guette d'après le coin de l'immeuble, en même temps que le voleur pour lequel je paie des impôts. Que je dois absolument me serrer la ceinture, comme l'âne de Nasdine10. Au nom de l'"unité", de la "prospérité" du peuple roumain. Et moi, qui attend depuis 10 ans une vraie union, celle des parlementaires de Transylvanie, pour la Transylvanie, une offensive civique pour sauver le peu qui nous reste.

Et moi qui prie tous les soirs que ça s'arrête une fois avec Tökés László 11, avec ces aberrations ethniques contre tout le monde. Et toujours en vain. Pour l'instant.

--- C'est normal. Quand ça va mieux, l'Homo sapiens s'ennuie. Alors, il crée ou se crée des problèmes. Les chimpanzés aussi font ça.

Quelques uns ont réalisé l'Union de 191812. D'autres espéraient d'une confédération de type helvétique, avec la Hongrie, la Tchéquie et l'Autriche. D'autres encore, comme Slavici13, ont dit que l'union de la Transylvanie avec la Roumanie était une connerie et ils ont fait de la prison. Maintenant on voit ce que cela a donné. Le sérieux, l'élégance, la discipline - caractéristiques de la Transylvanie - se sont fait remplacer par les entourloupes, les balcanismes, la civilisation des pipas14 crachées sur les trottoirs. C'était une chance pour la Roumanie de s'unir à la Transylvanie, d'apprendre quelque chose de son organisation, de son système de valeurs. Ca n'a pas été comme ca, la Roumanie a avalé la Transylvanie - et aujourd'hui, tous les trois mètres on glisse sur les crachats qui ornent les grands boulevards. Ce n'est pas moi qui le dis, mais un égal de Dieu, Cioran15. Certains me sauteront dessus pour me contredire. Mais: combien d'entre vous ne sont allés à Bucarest avec les sacoches pleines, le célèbre sac tissé en raphia dans lequel se cognaient les bouteilles de palinca16. Et ce n'était pas pour l'offrir à des amis, mais à des directeurs, dans des ministères, de l'autre côté des hautes portes cadenassées; et si, naïvement, vous n'avez pas apporté ces sacoches, combien de fois ne vous a-t-on suggéré qu'à Bucarest on ouvre les portes avec la tête, les mains servant à transporter ces "bagages". Bucarest, ce lieu où le genie tuberculeux embrassait l'analphabète milliardaire. Ici le pays entier a appris qu'on donne: on donne des oeufs, on donne de la viande. On donne. Attitude de mollusque.

--- Doucement sur les mollusques. Vous seriez étonné de leurs performances, de leur endurance, de leur beauté (voyez les nudibranches).

Ici on n'a pas de droits, seulement des faveurs. Ici on mange des pipas, on parle avec des "il est beaucoup qui..." et, en général, les gens naissent, se multiplient et meurent. Ils n'ont rien appris des Hongrois, rien appris des Autrichiens, rien appris des Allemands non plus. Ils sont passés trop rapidement de furculision17 à "Passez les Carpates, bataillons roumains!"18. C'est peut-être pour cela que les plus braves "défenseurs" de la Transylvanie sont nés au-delà des Carpates. C'est peut-être pour cela que l'Europe finit quelque part du côté de Brasov. C'est la que la Transylvanie finit aussi. Parce que, exceptées la langue et les mauvaises routes, on n'a rien en commun.

--- Si : un passé de serfs (iobagi, șerbi, robi chiar). Et ça laisse des traces...

Il faudra que nous nous réveillions. Que nous reconnaissions que ce qui se passe maintenant est une comédie. Mais une dans laquelle vos enfants vous demandent un bout de chocolat et vous haussez les épaules. Dans laquelle vous cherchez désespérément un piston pour résoudre le moindre problème. Dans laquelle vous chuchotez sur les villas de ceux travaillant dans la police ou au Parlement. Une vie destinée à toujours emprunter d'un salaire à l'autre. Il faudra que nous voyions qu'il est possible de vivre d'une aussi autrement. Que nous sommes autres. Que les plus grands maux viennent de Bucarest, des palais luxueux dans lesquels les politiciens se disputent sans gêne l'os. Il faudra que nous voyions que ni les Hongrois, ni les Allemands ou les Burundais ne sont nos ennemis, mais bien nous-mêmes, les survivants du jour au lendemain, obligés à voler et à jurer dans notre coin. Nous n'avons plus rien à nous dire, nous l'avons fait pendant 75 ans et nous sommes 75 fois plus pauvres. Pour le reste, bien à vous - j'ai assez de la Roumanie, je veux ma Transylvanie.

(Septembre 1998)

--- A cette lettre perdue, une voix en écho 17 ans après par --Spiridon Ion Cepleanu (discuter) 2 janvier 2015 à 10:21 (CET)Répondre


1 Le premier document écrit en langue roumaine et datant de 1521, dans lequel Neacsu, commerçant de Brasov, informe le maire de la ville au sujet des mouvements de la flotte de guerre turque sur le Danube.

2 Ion Luca Caragiale, dramaturge roumain de la fin du XIXème siècle, auteur de plusieurs pièces de théâtre tournant en dérision les moeurs de la bourgeoisie et des politiciens de son temps.

3 Idem.

4 Allusion à ce qu'il arriva au ministre roumain des Affaires Etrangères lorsqu'il apprît la décision de rétrocession de la Transylvanie à la Hongrie, suite au pacte Ribbentropp-Molotov de 1939.

5 Col où le roi de Hongrie Károly Robert a perdu la guerre en 1330 en s'étant fait attaquer par l'arrière.

6 Mihai Viteazul, roi de Valachie ayant réussi, aux alentours de 1600, à conquérir les provinces de Transylvanie et de Moldavie, et à réaliser ainsi la première union des ces trois provinces.

7 En italien dans le texte.

8 En anglais dans le texte.

9 En français dans le texte.

10 Allusion aux contes de Nasdine Hodja.

11 Allusion ironique au pasteur Hongrois (dont la résistence aux autorités communistes déclencha en 1989 le soulèvement des étudiants de Timisoara) qui constitue la cible privilégiée des attaques des ultra-nationalistes roumains.

12 1-er décembre 1918, rattachement de la Transylvanie au Royaume de Roumanie, suite au démantèlement de la Hongrie à la fin de la guerre. Ce jour a été déclaré jour de fête nationale roumaine a partir de 1990.

13 Ioan Slavici (1848-1925), écrivain roumain de Transylvanie.

14 Nom espagnol donné aux graines de tournesol ou de courge, d'habitude salées, que l'on grignotte, comme pratiquement tous les peuples autour de la Méditerranée.

15 Emile Cioran (1911-1995), philosophe et écrivain français d'origine roumaine.

16 Nom donné à l'alcool de prunes qui, dans le nord de la Transylvanie, s'obtient par une double distillation, ce qui lui permet d'atteindre des taux de 50-60°, à la différence du reste de la Roumanie où il n'est distillé qu'une seule fois.

17 Allusion ironique au snobisme de la bourgeoisie du XIXème siècle (lorsqu'il était en vogue de parler français). Certains, ne connaissant pas assez bien cette langue, ajoutaient le suffixe "-sion" pour que cela "sonne français" (dans le cas ci-présent, au mot roumain "furculita", qui veut dire fourchette).

18 Chanson de l'armée royale roumaine du temps de la 1ère guerre mondiale; chanson reprise par le régime communiste et utilisée jusqu'à l'overdose dans le cadre de son programme d'"éducation patriotique".





Si vous voulez faire un article sur le régionalisme transylvain depuis 1990, libre à vous. Mais je pense que cette traduction n'a rien à faire dans la discussion. Merci de l'effacer et de l'utiliser pour un article éventuel.
Gherman n'est tout de même pas très représentatif... Mais bon, cela existe...--Stephane73 24 janvier 2006 à 11:44 (CET)Répondre

Lien externe mort modifier

Bonjour,

Pendant plusieurs vérifications automatiques, et dans le cadre du projet correction des liens externes un lien était indisponible.

Merci de vérifier si il est bien indisponible et de le remplacer par une version archivée par Internet Archive si c'est le cas. Vous pouvez avoir plus d'informations sur la manière de faire ceci ici. Si le lien est disponible, merci de l'indiquer sur cette page, pour permettre l'amélioration du robot. Les erreurs rapportées sont :

Eskimbot 1 février 2006 à 02:16 (CET)Répondre

Statistiques ethniques modifier

Au paragraphe Transylvanie (région)#Populations, dans la légende du camembert, le mot roumain etnie est traduit en français par ethnie, ce qui paraît transparent, mais, s'agissant d'une région d'Europe au 21è siècle, le mot ethnicité semblerait préférable. Noliscient (discuter) 1 décembre 2021 à 09:50 (CET)Répondre

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