Cyrtophora

genre d'animaux

Cyrtophora est un genre d'araignées aranéomorphes de la famille des Araneidae[1].

Distribution modifier

Les espèces de ce genre se rencontrent en Asie, en Océanie, en Afrique et en Europe du Sud[1].

Cyrtophora citricola a été observée en Amérique tropicale[2].

Description modifier

 
Cyrtophora citricola
 
Cyrtophora exanthematica
 
Cyrtophora hirta
 
Cyrtophora moluccensis
 
Cyrtophora unicolor

Il existe un dimorphisme volumétrique sexuel, les femelles, plus grandes que les mâles, ayant un corps qui mesure chez la plupart des espèces généralement environ 10 mm.

Certaines espèces comme Cyrtophora cicatrosa peuvent rapidement changer de couleur[3].

Comportement et toiles modifier

 
Fig.1 - Cyrtophora cicatrosa sur sa toile multiple, Sri Lanka
 
Fig. 2 - Cyrtophora citricola sur cocon plan-convexe. Ténérife

Les toiles sont construites dans la végétation sur les lieux de passages d'insectes, mais parfois aussi dans l'habitat humain, ou par exemple entre les fils de téléphone. Des agrégations sont possibles et fréquentes, les araignées ayant alors une vie sub-coloniale.

Du point de vue structural, chacune d'elles est un édifice soyeux tridimensionnel complexe, très proche de celui du genre Mecynogea, rappelant à première vue la construction habituelle des Linyphiidae, fort dissemblable de l'orbe classique tissée par les "Epeires" et les "Argiopes", de ce fait "aberrant" dans la famille des Araneidae surtout composée d' Orbitèles typiques. Il est totalement dépourvu de fils gluants et comporte une nappe horizontale de pourtour arrondi que soutiennent deux réseaux irréguliers, sus et sous-jacents. La nappe est formée d'innombrables radii et d'un fil spiral sans gouttelettes visqueuses, donc non adhésif. En se croisant, ces fils constituent un tissu robuste, avec des jonctions en nombre extraordinairement élevé et dont les petites mailles carrées ou d'aspect losangique par étirement, sont si fines et si régulières qu'elles évoquent la structure d'un filet à plancton (Lubin, 1973 : C.moluccensis). Le tissu s'incurve en dôme ou en entonnoir surbaissé, unique chez la plupart des Cyrtophora, mais pouvant être aussi multiple (Kullmann, 1964) comme dans le cas de Cyrtophora cicatrosa (Fig.1).

Le mâle pygmée n'a en revanche qu'une activité séricigène réduite se limitant au tissage d'un petit réseau irrégulier pour son repos, de la toile spermatique et du "fil de cour" ("Balz-Faden") dans les préludes de l'accouplement (Blanke, 1972,1974). Toutes ces structures sont fixées sur la propre toile de la femelle.

Cette dernière, adaptée aux milieux ouverts et exposés aux intempéries, remplit plusieurs fonctions (Kullmann, 1958 ; Lubin, 1973) : abri pour l 'Araignée qui se tient sur la face inférieure du dôme, généralement au moyeu, ventre en l'air et dans des attitudes variées, véritable nasse conçue pour la capture d' Insectes volants qui heurtent les fils-barrière du réseau irrégulier supérieur, sont ainsi projetés sur le dôme ou "toile réceptrice", saisis à travers ce tissu par la Cyrtophora qui les mord avec ses chélicères et emmaillotés enfin de soie selon une technique rappelant celle des Araneus et des Argiope, lieu de stockage des débris de proies, de matériel de camouflage (fragments végétaux divers tombés dans la toile) et même de réserve hydrique, abri unique pour le tissage et la conservation des cocons ovigères à structure, tissage et mise en place particuliers (Kullmann, 1958), cocons plan-convexes, disposés en chapelet et parfois colorés colorés en brun verdâtre (Fig.2).

De plus, elle est habitée presque constamment par des Argyrodes, Theridiidae pratiquant le cleptoparasitisme.

Il est à noter que dans le cas de Cyrtophora citricola (La Réunion, Madagascar, Mayotte), la toile est souvent encombrée de feuilles mortes, l'une d'elles, incurvée avec de la soie, servant de retraite à l'araignée[4] (Fig. 3).

Appareil séricigène modifier

 
Fig.3 - Cyrtophora citricola dans sa retraite (feuille enroulée), après ouverture. Mayotte.

L'ampleur de la toile a pour corollaire un grand développement des glandes ampullacées et l'absence complète de spirale adhésive, celle des glandes agrégées et flagelliformes, donc de l'unité ou triade fonctionnelle à l'origine de la spirale captrice des toiles.

Le manque de ces deux dernières catégories de glandes séricigènes est le fait des Cyrtophora des deux sexes, adultes et immatures. En revanche, si une même absence de glandes est observée chez tous les adultes du genre Pachygnatha (Tetragnathidae) qui ne construisent pas de véritables toiles, leurs jeunes ont un équipement glandulaire permettant la construction d'édifices orbiculaires complets.

Les réseaux et surtout la nappe à mailles très fines comportent des jonctions fil à fil dont le nombre élevé doit être en rapport avec l'abondance des glandes piriformes, en beaucoup plus grande quantité que chez les autres Araneidae : les solides jonctions rayons-substrat et autres fils secs-substrat, assurées par la soie la plus adhésive, issue des glandes (a) ; les jonctions rayons-spirale provisoire, plus fragiles, formée par la soie moins adhésive des glandes (b), à petit collet.

Il s'ensuit que le cas des Cyrtophora est probablement l'un de ceux qui montrent avec le plus de clarté les corrélations étroites entre la structure des toiles et la composition de l'appareil séricigène.

La soie d'emmaillotage des proies est fournie par les glandes aciniformes qui ressemblent beaucoup, par leurs formes, caractères histochimiques et proportions relatives des deux catégories (A=90%, B=10%) à celles des Araneus et Argiope, Araignées utilisant une même technique d'enveloppement contrairement aux Néphiles.

La soie des cocons est produite par les glandes tubuliformes dont la troisième paire est sans nul doute à l'origine du pigment brun qui teinte fréquemment ce tissu, comme dans le cas d' Argiope lobata et d'une manière générale, chez toutes les Araignées confectionnant des cocons ovigères au moins partiellement colorés.

Liste des espèces modifier

Selon World Spider Catalog (version 24, 21/07/2023)[1] :

Systématique et taxinomie modifier

Ce genre a été décrit par Simon en 1864.

Euetria[5] a été placé en synonymie par Simon en 1895[6].

Suzumia[7] a été placé en synonymie par Yaginuma en 1958[8].

Publication originale modifier

  • Simon, 1864 : Histoire naturelle des araignées (aranéides). Paris, p. 1-540 (texte intégral).

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. a b et c World Spider Catalog (WSC). Musée d'histoire naturelle de Berne, en ligne sur http://wsc.nmbe.ch. doi: 10.24436/2, consulté le version 24, 21/07/2023
  2. Álvares & De Maria, 2004 : « First record of Cyrtophora citricola (Forskål) in Brazil (Araneae, Araneidae). » Revista Brasileira de Zoologia, vol. 21, no 1, p. 155-156 (texte intégral).
  3. Spider Ecology Earth-Life Web Productions
  4. Lopez, 2010 : « Contribution a l'étude des araignées de Mayotte avec la description d'une nouvelle espèce: Argyrodes chounguii (Theridiidae). » Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Béziers, vol. 23, no 64, p. 9-15.
  5. Thorell, 1887 : « Viaggio di L. Fea in Birmania e regioni vicine. II. Primo saggio sui ragni birmani. » Annali del Museo civico di storia naturale di Genova, vol. 25, p. 5-417 (texte intégral).
  6. Simon, 1895 : Histoire naturelle des araignées. Paris, vol. 1, p. 761-1084 (texte intégral).
  7. Nakatsudi, 1943 : « Some Arachnida from Is. Okinawa and Is. Amami-Ōsime. » Journal of Agricultural Science Tokyo Nogyo Daigaku, vol. 2, p. 181-194.
  8. Yaginuma, 1958 : « Substitution of the generic name Argyroaster for Argyria (Theridiidae: Araneae). » Acta Arachnologica, vol. 15, p. 37-38.