Argyrodes

genre d'araignées
Argyrodes
Description de cette image, également commentée ci-après
Espèce type du genre : Argyrodes argyrodes sur une toile de Nuctenea umbratica (Hérault, France).
Classification WSC
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Sous-embr. Chelicerata
Classe Arachnida
Ordre Araneae
Sous-ordre Araneomorphae
Famille Theridiidae

Genre

Argyrodes
Simon, 1864

Synonymes

  • Conopistha Karsch, 1881
  • Argyrodina Strand, 1928
  • Microcephalus Restrepo, 1944

Argyrodes est un genre d'araignées aranéomorphes de la famille des Theridiidae. Ses nombreuses espèces présentes sur l'ensemble des continents ont pour stratégie générale l'exploitation d'autres araignées, soit en utilisant leur toile, soit en volant leur nourriture, soit en s'attaquant directement à elles.

Étymologie modifier

Le mot Argyrodes provient du grec ancien αργυρος (« argent ») et οιδος (« gonflé »)[1]. Comme l'anglophone dewdrop spiders (« araignées goutte de rosée »), il fait référence à la forme et l'aspect brillant de leur abdomen[2].

Description modifier

 
Argyrodes zonatus, femelle, sur toile de Nephila comorana (Mayotte, France)

Les Argyrodes sont de petite taille (3 à 12 mm), leurs pattes sont grêles et possèdent un opisthosoma (abdomen) plus ou moins conique, ou au contraire, très allongé, souvent incliné vers l'arrière chez le mâle et plus élevé chez la femelle, parfois pourvu de tubercules. Cet abdomen peut briller d'un vif éclat métallique grâce à la guanine des cellules intestinales perçues à travers le tégument[3].

Au sein de la famille des Theridiidae, le genre Argyrodes se différencie formellement grâce à la présence d'un cololosus portant des soies, une minuscule excroissance abdominale et ventrale présente à proximité immédiate des filières. Cylindrique et difficilement visible, il est considéré comme un élément vestigial en opposition au cribellum — situé au même endroit — caractéristique des espèces construisant des toiles géométriques[4].

Distribution modifier

Les espèces de ce genre se trouvent en Asie, en Afrique, en Amérique, dans le sud de l'Europe et en Océanie[5], principalement en zones tropicale et subtropicale[4].

Comportements modifier

Les araignées du genre Argyrodes présentent des stratégies écologiques commensale, en vivant sur le bord de la toile d'une autre araignée ou sur une petite toile irrégulière à proximité ; cleptoparasite, en volant ses proies stockées ou délaissées ; et parfois aranéophagique, en tuant l'araignée pour s'en nourrir[6],[7]. Plusieurs Argyrodes peuvent habiter la même toile dans une coexistence relativement pacifique[8]. Leurs hôtes appartiennent très souvent au genre Nephila et apparentés[6], telle la Néphile à soie dorée[9]. Ces caractéristiques comportementales sont corrélées avec des clades monophylétiques cohérents au sein du genre[6].

Liste des espèces modifier

 
Fig.2 - Argyrodes fissifrontella mâle, sur toile de Néphile dorée. Flèche : pédipalpes (Mahé, Seychelles).
 
Argyrodes nephilae et son hôte Nephila clavipes (Floride, USA)
 
Argyrodes elevatus sur la toile d’Argiope aurantia (Washington DC, USA).
 
Argyrodes flavescens sur une toile d’Argiope pulchella (Kerala, Inde).
 
Argyrodes kumadai (préfecture de Wakayama, Japon).
 
Argyrodes antipodanus prédatant Eriophora pustulosa (Kaeo, Nouvelle Zélande).

Selon World Spider Catalog (version 24, 21/07/2023)[5] :

Espèce éteinte modifier

Selon World Spider Catalog (version 23.5, 2023)[10] :

Espèces européennes modifier

Seules deux espèces sont présentes sur le continent européen[11] :

Néanmoins, plusieurs espèces de ce continent appartenant au genre Argyrodes ont été recombinées dans les années 2000 : Argyrodes nasicus (Simon, 1873) est devenue Rhomphaea nasica (Simon, 1873), Argyrodes rostratus (Simon, 1873) est devenue Rhomphaea rostrata (Simon, 1873), Argyrodes syriacus O.P.-Cambridge, 1872 est devenue Neospintharus syriacus (O.P.-Cambridge, 1872) et Argyrodes longicaudatus (O. Pickard-Cambridge, 1872) est devenue Rhomphaea longicaudata O. Pickard-Cambridge, 1872[5],[4].

Systématique et taxinomie modifier

Ce genre est décrit par l'arachnologue français Eugène Simon en 1864.

Conopistha Karsch, 1881[12] et Argyrodina Strand, 1928[13] a été placé en synonymie par Levi et Levi en 1962[14]. MicrocephalusRestrepo, 1944[15] a été placé en synonymie par Levi en 1972[16].

Dans les années 2000, le genre Argyrodes est scindé en plusieurs genres proches sur leurs bases génétiques, notamment Ariamnes Thorell, 1869, Neospintharus Exline, 1950 et Rhomphaea L. Koch, 1872[4].

Publication originale modifier

  • Simon, 1864 : Histoire naturelle des araignées (aranéides). Paris, p. 1-540 (texte intégral).

Notes et références modifier

  1. Eugene Louis University of Illinois Urbana-Champaign, Histoire naturelle des araignées (aranéides), Paris, Librairie encyclopédique de Roret, (lire en ligne), p. 253
  2. (en) Richard J. Adams, Field Guide to the Spiders of California and the Pacific Coast States, Univ of California Press, (ISBN 978-0-520-95704-6, lire en ligne), p. 99.
  3. (en) Oxford, G. S., « Guanine as a colorant in spiders: development, genetics, phylogenetics and ecology », dans Proceedings of the 17th European Colloquium of Arachnology, Edinburgh, (lire en ligne), p. 121-131
  4. a b c et d (en) Le Peru, B., « The spiders of Europe, a synthesis of data: Volume 1 Atypidae to Theridiidae », Mémoires de la Société Linnéenne de Lyon 2,‎ , p. 1-522 (lire en ligne)  
  5. a b et c World Spider Catalog (WSC). Musée d'histoire naturelle de Berne, en ligne sur http://wsc.nmbe.ch. doi: 10.24436/2, consulté le version 24, 21/07/2023
  6. a b et c (en) Mary Whitehouse, Ingi Agnarsson, Tadashi Miyashita et Deborah Smith, « Argyrodes phylogeny, sociality and interspecific interactions—a report on the Argyrodes symposium, Badplaas 2001 », Journal of Arachnology, vol. 30, no 2,‎ , p. 238–245 (ISSN 0161-8202 et 1937-2396, DOI 10.1636/0161-8202(2002)030[0238:APSAII]2.0.CO;2, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Christopher M. Buddle et Eleanor Spicer Rice, Dr. Eleanor's Book of Common Spiders, University of Chicago Press, (ISBN 978-0-226-33239-0, lire en ligne), p. 25
  8. (en) Mary E. A. Whitehouse et Yael Lubin, « The functions of societies and the evolution of group living: spider societies as a test case », Biological Reviews, vol. 80, no 3,‎ , p. 347–361 (ISSN 1469-185X et 1464-7931, DOI 10.1017/S1464793104006694, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « Dewdrop Spiders articles - Encyclopedia of Life », sur eol.org (consulté le )
  10. (en) Dunlop, Penney et Jekel, « A summary list of fossil spiders and their relatives », World Spider Catalog, Musée d'histoire naturelle de Berne,‎ (lire en ligne   [PDF]), version 23.5.
  11. Fauna Europaea, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  12. Karsch, 1881 : « Diagnoses Arachnoidarum Japoniae. » Berliner Entomologische Zeitschrift, vol. 25, p. 35-40.
  13. Strand, 1928 : « Miscellanea nomenclatorica zoologica et palaeontologica, I-II. » Archiv Für Naturgeschichte, sér. A, vol. 92, no 8, p. 30-75.
  14. Levi & Levi, 1962 : « The genera of the spider family Theridiidae. » Bulletin of the Museum of Comparative Zoology, vol. 127, no 1, p. 1-71 (texte intégral).
  15. Restrepo, 1944 : « La araña ladrona Microcephalus Fur n. sp.?: Un interesante caso biojurídico. » Universidad Antioquia, vol. 67-68, p. 393-408.
  16. Levi, 1972 : « Taxonomic-nomenclatural notes on misplaced theridiid spiders (Araneae: Theridiidae), with observations on Anelosimus. Transactions of the American Microscopical Society, vol. 91, no 4, p. 533-538.

Liens externes modifier