Chronologie des gouverneurs et des souverains de Tunisie depuis la conquête musulmane

chronologie de Wikimédia

De la conquête musulmane du Maghreb pendant le VIIe siècle jusqu’au XVIe siècle, la Tunisie fait partie de l'Ifriqiya, une entité correspondant à l'ancienne Province d'Afrique romaine et qui contient, en plus de la Tunisie qui constitue son cœur, la Tripolitaine et le Constantinois. Le pays prend, approximativement, ses limites actuelles à la suite de la conquête ottomane, les Turcs rattachant le Constantinois à la Régence d'Alger et la Tripolitaine à celle de Tripoli.

Au long de leur histoire, l'Ifriqiya puis la Tunisie sont gouvernées par différents régimes, tantôt indépendants tantôt vassaux ou inféodés à des empires plus larges.

Gouverneurs et souverains d'Ifriqiya (Moyen-âge) modifier

Gouverneurs pendant l'ère omeyyade modifier

683 : Koceila bat l’armée arabe lors de la bataille de Vescera et leur reprend la Byzacène ; Oqba y est tué et les Arabes se retirent en Cyrénaïque.

689 : Dihya bat l’armée arabe à Miliana et leur reprend la Byzacène ; Zuhair est tué, les Arabes se retirent en Cyrénaïque.

739 : éclatement de la Grande révolte berbère.

 : bataille de Bagdoura ; défaite de l’armée arabe, Kelthoum est tué, les Omeyyades ne contrôlent plus du Maghreb que l'Ifriqiya.

Émirs fihrides (de facto indépendants) modifier

Fin 744 / début 745 : Abderrahmane ibn Habib al-Fihri mène un coup d'État à Kairouan contre Handhala et se proclame « Émir », instaurant le court règne de la dynastie des Fihrides.

  • Abderrahmane ibn Habib al-Fihri (745-755) ; reconnait d'abord le Califat omeyyade puis le Califat abbasside, avant de se retourner de nouveau contre ce dernier puis offre le refuge aux Omeyyades (dont le futur Abderrahmane Ier d'Al-Andalus) fuyant la révolte des Abbassides, avant d'en exécuter une partie ; il est assassiné par son frère Ilyas, ce dernier encouragé par sa femme, une Omeyyade voulant venger sa famille ;
  • Ilyas ibn Habib al-Fihri (en 755) ;

fin 755, un conflit éclate entre les Fihrides ; Habib, fils d'Abderrahmane, bat et tue Ilyas en combat singulier à Laribus, l’armée d'Ilyas rallie les Warfajuma, une tribu kharidjite rebelle.

Leaders kharidjites modifier

Début 757 : les Sufrites marchent contre Kairouan et les Ibadites contre Tripoli ; Habib al-Fihri se retire dans les Aurès et leur résiste avant d’être vaincu et tué vers mai / .

758 : les Ibadites de Tripoli marchent contre les Sufrites et prennent Kairouan.

Gouverneurs pendant l'ère abbasside modifier

762 : les Abbassides reconquièrent l'Ifriqiya ; Ibn Rustom et les Ibadites se retirent vers Tahert.

771 : les Kharijites se soulèvent en Ifriqiya et marchent contre Kairouan, Habib ibn Habib puis Omar ibn Hafs sont tués.

Début 772 : l’armée abbasside, commandée par Yazid ibn Hatim, reprend l'Ifriqiya ; Yacoub ibn Habib est tué.

795 : Révolte populaire et militaire en Ifriqiya, Al-Fadl est tué par les militaires rebelles.

902 : le da'i Abou Abdellah ach-Chi'i, profitant du décès d'Ibrahim ibn Ahmed, s'insurge contre les Aghlabides en rameutant les Kotamas en faveur des Fatimides ; les Kotamas prennent la ville de Mila.

906 : Abou Abdellah ach-Chi'i lance une campagne contre l'Ifriqiya, prenant plusieurs localités dont Belezma, Tubna et Laribus, forçant Ziyadat Allah à se replier sur Raqqada. Il continuera de harceler les Aghlabides jusqu’à leur chute.

Califes fatimides modifier

 : les Aghlabides sont définitivement vaincus à Laribus ; l'Ifriqiya est prise par les Kotamas et Ziyadat Allah fuit vers le Proche-Orient sans réussir à convaincre les Abbassides de l'aider à reconquérir l'Ifriqiya ; Abou Abdellah ach-Chi'i proclame Obeid Allah al-Mahdi en tant que calife.

Gouverneurs pendant l'ère fatimide modifier

Émirs zirides (indépendants) modifier

1057 : Invasion hilalienne provoquée par les Fatimides en représailles ; Al-Mou'izz est vaincu et les Zirides ne contrôlent plus que la bande sahélienne tandis que l'anarchie gagne l’intérieur du Pays.

1148 : Roger II de Sicile envahit les villes côtières encore aux mains des Zirides ; Hassan ibn Ali prend la fuite vers Alger, fin de l’ère ziride. Les Normands occupent la plupart des villes côtières tandis que l’intérieur du Pays est morcelé entre plusieurs petites principautés et des tribus indépendantes.

Gouverneurs pendant l'ère almohade modifier

1159 : Abdelmoumen, qui contrôle déjà les anciens dominions hammadides depuis 1152 / 1153, entreprend la reconquête de l'Ifriqiya, avec le concours de Hassan ibn Ali. La conquête est achevée et les Normands complètement dépossédés de leurs places fortes en .

  • Abou Ali ibn Abdelmoumen (1162-?), fils du calife Abdelmoumen et frère du calife Youssef ibn Abdelmoumen ;
  • Abou Saïd Othman ibn Abi Hafs (v. 1184), hafside ;
  • Abou Moussa Imran ibn Abdelmoumen (v. 1185-1188), autre fils du calife Abdelmoumen ;
  • Abou Zayd Abderrahmane ibn Abi Hafs (1188-?), petit fils d'Abdelmoumen ;
  • Abou Saïd Othman ibn Abi Hafs & Abou Zayd Abderrahmane ibn Abi Hafs (v.1199-1203), co-gouverneurs ;

1203 : l'Ifriqiya est conquise par le prince Yahya ibn Ishaq des Banou Ghaniya ; il en sera délogé en 1205 par le calife almohade Mohammed an-Nassir, qui resta sur place jusqu'en 1206. An-Nassir nomme le hafside Abdelouahid ibn Abi Hafs gouverneur de l'Ifriqiya avant son retour à Marrakech.

Sultans hafsides (indépendants) modifier

1282 : Ibn Abi Omara, un usurpateur se faisant passer pour Al-Fadl ibn Yahya, fils de Yahya ibn Mohammed, soulève les populations du sud-est ifriqiyen ; il prend Kairouan et Sfax en octobre 1282 puis Tunis en , après avoir été rallié par les armées d'Abou Ishaq Ibrahim, qui est tué par la suite.

À partir de 1284, Bougie et le Constantinois sont érigés en principauté indépendante, gouvernée par des émirs hafsides.

1311 : Abou Yahya Zakaria ibn Ahmad al-Lahyani, arrière-arrière-petit-fils d'Abdelouahid ibn Abi Hafs et cousin au 3e degré d'Abou al-Baqa', se rebelle et prend le Constantinois. Il prend Tunis et détrône Abou al-Baqa' en novembre de la même année. La même année, Abou Yahya Abou Bakr ibn Yahya - frère d'Abou al-Baqa' - est proclamé sultan à Bougie.

Fin 1329 : les Abdelwadides marchent contre Tunis et y installent de nouveau Mohammed ibn Abi Amran, ce dernier ne jouit cependant d'aucun pouvoir, le chef militaire tlemcenien Yahya ibn Moussa exerçant un pouvoir absolu ; Abou Yahya Abou Bakr ibn Yahya se réfugie à Constantine.

Mai/ : Abou al-Hassan Ali ibn Othmane du Maghreb al-Aqsa, prétextant la violation de l'acte de nomination Abou al-Abbas Ahmed ibn Abou Bakr, déclare la guerre à l'Ifriqiya et se met en marche, depuis Tlemcen, vers Tunis ; Abou al-Hassan prend l'Ifriqiya en septembre de la même année, qui administrera directement jusqu'en début 1350, quand une révolte populaire le pousse à quitter Tunis pour le Maghreb al-Aqsa. Les Hafsides sont restaurés v. .

 : coup d’État du chambellan Abou Mohammed Abdellah ibn Tafraguin contre Al-Fadl, qui est renversé et tué après moins de six mois de règne ; Ibn Tafraguin place sur le trône le prince Ibrahim alors âgé de 13 ans, devenant de fait l'homme fort de l’État.

1357 : Abou Inan Faris ibn Ali du Maghreb al-Aqsa conquiert l'Ifriqiya ; il en sera délogé la même année et le trône des Hafsides sera restauré.

Aout 1534 : Khayr ad-Din Barberousse s'empare de Tunis pour le compte de l'Empire ottoman et parvient même à installer une garnison à Kairouan ; Abou Abdellah al-Hassan se réfugie auprès de Charles Quint.
 : une expédition de Charles Quint parvient à reconquérir Tunis et à replacer Abou Abdellah al-Hassan sur le trône ; l'Ifriqiya devient vassale de l'Espagne.

 : les Ottomans sous le commandement d'Uluj Ali reconquièrent l'Ifriqiya, Abou Abbas Ahmed se réfugie au fort de La Goulette, alors aux mains de l’armée de Philippe II d'Espagne.
1573 : Les Espagnols reprennent Tunis.

Juillet- : les armées ottomanes conquièrent la Tunisie en en chassant les Espagnols ; Abou Abdellah Mohammed, fait prisonnier, est envoyé à Constantinople ; les Hafsides sont destitués et la Tunisie devient une province de l'Empire ottoman.

Gouverneurs de la Régence de Tunis (Ère ottomane) modifier

De 1574 à 1584 : la Tunisie est sous l’autorité du beylerbey d'Alger, auquel le pacha de Tunis est inféodé.

En 1584 : la Tunisie devient une régence autonome ; le pacha de Tunis dépend directement de la Sublime Porte.

À partir de 1590 : les deys prennent le pouvoir, le pacha est dépourvu de l'essentiel de ses pouvoirs..

À partir de 1613 : le pouvoir effectif passe aux mains des beys ; le bey Mourad (qui est également pacha) obtient le droit – avec l'accord de Youssef Dey – de transmettre sa charge de manière héréditaire.

1675 : à la mort de Mourad II Bey, un conflit éclate entre les différents prétendants à sa succession : les « révolutions de Tunis ».

  • Mohamed Bey (1675-1677), mouradite, fils du précédent ;
  • Ali Bey (1677-1684), mouradite, frère du précédent, se rebelle et le renverse à la suite de la bataille d'El Kerima ; un pacte de paix est signé en 1679 entre les anciens prétendants ;

1684 : les hostilités reprennent entre Ali Bey et Mohammed Bey ; coup d'État d'Ahmed Chalabi, dey élu par le diwan en 1682.

 : Ali Bey et Mohammed Bey reprennent Tunis par la force grâce au support du dey d'Alger Ahmed Khodja ; Mohammed Bey fait assassiner Ali Bey.

 : le dey d'Alger Chaabane Khodja prend Tunis et y installe Mohammed ben Cheker en tant que bey.

 : la population se soulève contre Ben Cheker qui s'enfuit au Maroc.

 : Ibrahim Cherif, agha des janissaires, opère un coup d’État commandité depuis Constantinople afin de faire cesser les hostilités ; Mourad III Bey est tué ; fin de la période mouradite.

  • Ibrahim Cherif (1702-1705), cumule les fonctions de bey, dey et pacha ;

 : Ibrahim Cherif est battu par le dey d'Alger pendant qu'il combat le bey de Tripoli pour la possession de Djerba. Capturé, il est emmené à Alger. Cinq jours plus tard, l'agha des spahis, revenu à Tunis avec les débris de l'armée de Cherif, est élu bey par le diwan.

1881 : instauration du protectorat français en Tunisie, les beys (Sadok Bey (1881-1882), Ali III Bey (1882-1902), Hédi Bey (1902-1906), Naceur Bey (1906-1922), Habib Bey (1922-1929), Ahmed II Bey (1929-1942), Moncef Bey (1942-1943) et Lamine Bey (1943-1956)) n'ont plus qu'un pouvoir symbolique.

Époque contemporaine modifier

Résidents généraux français modifier

  • Théodore Roustan ( - ), ministre résident de France en Tunisie ;
  • Paul Cambon ( - ), ministre résident de France en Tunisie ;
  • Justin Massicault ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Charles Rouvier ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • René Millet ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Georges Benoit ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Stephen Pichon ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Gabriel Alapetite ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Étienne Flandin ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Lucien Saint ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • François Manceron ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Marcel Peyrouton ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Armand Guillon ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Eirik Labonne ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Marcel Peyrouton ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Jean-Pierre Esteva ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Charles Mast ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Jean Mons ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Louis Périllier ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Jean de Hauteclocque ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Pierre Voizard ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Pierre Boyer de Latour du Moulin ( - ), résident général de France en Tunisie ;
  • Roger Seydoux ( - ), haut-commissaire de France en Tunisie ;

Rois de Tunisie modifier

 : fin du protectorat français, la Tunisie indépendante hérite du système monarchique beylical.

  • Lamine Bey ( - ), husseinite, bey depuis 1943, devient souverain de la Tunisie lors de l'abolition du Protectorat français, est dépourvu de pouvoirs qui sont entre les mains de Habib Bourguiba.

 : la nouvelle constitution met un terme au régime monarchique et instaure la République tunisienne. La Tunisie est depuis cette date dirigée par des présidents.

Sources et liens externes modifier