Ampicilline

composé chimique

Ampicilline
Image illustrative de l’article Ampicilline
Identification
Nom UICPA acide (2S,5R,6R)-6-([(2R)-2-amino-2-phénylacetyl]amino)-3,3-diméthyl-7-oxo-4-thia-1-azabicyclo[3.2.0]heptane-2-carboxylique
No CAS 69-53-4
No ECHA 100.000.645
No CE 200-709-7
Code ATC J01CA01 J01CA02 J01CA06 J01CA14 J01CA15 S01AA19
DrugBank DB00415
PubChem 6249
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C16H19N3O4S  [Isomères]
Masse molaire[1] 349,405 ± 0,021 g/mol
C 55 %, H 5,48 %, N 12,03 %, O 18,32 %, S 9,18 %,
Propriétés physiques
fusion décomposition 208 °C
Solubilité 10,1 g·l-1 eau à 21 °C
Précautions
Directive 67/548/EEC
Nocif
Xn


Classification du CIRC
Groupe 3 : Inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'Homme[2]
Écotoxicologie
DL50 >5 000 mg·kg-1 souris oral
4 600 mg·kg-1 souris i.v.
3 250 mg·kg-1 souris i.p.
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité 40% (voie orale)
Liaison protéique 15 à 25%
Métabolisme 12 à 50%
Excrétion

75 à 85% (rénale)


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L'ampicilline est un antibiotique à spectre large de la classe des bêta-lactamines agissant sur les bactéries Gram-positives et sur certaines bactéries Gram-négatives. Elle est largement utilisée pour traiter les infections des voies respiratoires, les infections urinaires, la méningite bactérienne, les salmonelloses et l'endocardite infectieuse. Elle est également employée dans le traitement des infections aux streptocoques B chez les nouveau-nés.

L'ampicilline est une molécule hémysynthétique découverte en 1961. Cet antibiotique fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé[3]. Il agit en inhibant la troisième et dernière étape de la synthèse de la paroi cellulaire bactérienne, conduisant ainsi à la lyse cellulaire. La molécule est en général bien tolérée, excepté pour les personnes allergiques à la pénicilline.

Usage médical modifier

Traitement modifier

L'ampicilline est la première pénicilline à « large spectre » disposant d'une activité antibiotique contre les bactéries Gram-positives et sur certaines bactéries Gram-négatives. Cet antibiotique réagit avec les Gram-positives comme Streptococcus pneumoniae, Streptococcus pyogenes, certaines souches de Staphylococcus aureus (excepté les souches résistantes à la pénicilline ou les souches résistantes à la méticilline) et certaines souches d'entérocoques. L'ampicilline a une action sur les bactéries Gram-négatives comme Neisseria meningitidis, Proteus mirabilis, certaines souches d'Haemophilus influenzae, d'Escherichia coli. Son spectre d'activité est amélioré par la co-administration de sulbactam, un médicament qui inhibe la bêta-lactamase, une enzyme produite par des bactéries responsables de l'inactivation de l'ampicilline et des antibiotiques apparentés.

Dans des régions de faibles résistances comme au Québec, l'ampicilline peut être employée sur des souches de Salmonella et Shigella.

L'ampicilline est utilisée en première intention pour le traitement des infections bactériennes ou très susceptibles de l'être. Cet antibiotique est employé contre les infections respiratoires communes, comme la sinusite, la bronchite et la pharyngite, ainsi que l'otite moyenne. En combinaison avec la vancomycine (qui fournit une couverture contre les pneumocoques résistant à l'ampicilline), il est efficace pour le traitement de la méningite bactérienne. Il est également utilisé pour traiter la listériose et les infections gastro-intestinales causées par la consommation d'eau ou d'aliments contaminés par Salmonella ou Shigella.

L'ampicilline est un agent de première ligne pour le traitement des infections nosocomiales, causées par des entérocoques généralement résistantes à d'autres antibiotiques, telles que l'endocardite, la méningite et les infections des voies urinaires associées aux cathéters.

Espèces résistantes modifier

Bien que l'ampicilline soit un antibiotique à spectre large, son mécanisme d'action reste celui d'une béta-lactamine. Elle agit en se fixant à la paroi bactérienne et ne peut donc atteindre les bactéries intra-cellulaires telles que Rickettsia, Chlamydia, Mycoplasma ou Mycobacterium.

Sensibilité de quelques espèces pathogènes modifier

Micro-organisme CMI50 (μg/ml) CMI90 (μg/ml) gamme (μg/ml)
Entérocoque - - 0,12 - 128
Escherichia coli avec béta-lactamase 32 64 4 → 256
Escherichia coli sans béta-lactamase 8 16 <0,5 - 64
Haemophilus influenzae 0,25 1 0,12 - 1
Haemophilus influenzae résistant à l'ampicilline 16 128 4 - 128

Le dictionnaire Vidal indique pour l'ampicilline en association avec le sulbactam des concentrations de sensibilités inférieures à 4 mg/l et des concentrations pour les souches résistantes supérieures à 16 mg/l[4].

Effets secondaires et contre-indications modifier

L'ampicilline est une molécule faiblement toxique. Les effets secondaires observés les plus fréquents sont des éruptions cutanées[5],[6], des nausées et la diarrhée. Elle peut provoquer dans de très rares cas des œdèmes de Quincke, de l'anaphylaxie[7] ou des colites à Clostridium difficiles.

Mode d'action modifier

L'ampicilline est capable de pénétrer dans les bactéries Gram-positives et dans certaines bactéries Gram-négatives. Elle se distingue de la pénicilline G ou benzylpénicilline par la présence d'un groupe amino qui permet au médicament de pénétrer la membrane externe des bactéries Gram-négatives.

L'ampicilline agit comme un inhibiteur irréversible de la transpeptidase, une enzyme indispensable aux bactéries pour la synthèse de leurs parois cellulaires. Elle inhibe la troisième et dernière étape de la synthèse de la paroi bactérienne et conduit à la lyse cellulaire. L'ampicilline est bactériolytique, elle dispose d'une activité similaire à l'amoxicilline.

Pharmacocinétique modifier

Ampicilline
Informations générales
Princeps
  • Pentrexyl (Belgique)
  • Pembritin (Canada)
  • Totapen (France)
Classe antibiotique bêta-lactame
Identification
No CAS 69-53-4  
No ECHA 100.000.645
Code ATC J01CA01 et S01AA19
DrugBank 00415  

Ampicilline + inhibiteur de la bêta-lactamase 
Informations générales
Princeps
Classe antibiotique bêta-lactame
Identification
No CAS 69-53-4  
No ECHA 100.000.645
Code ATC J01CA01 et S01AA19
DrugBank 00415  

L'ampicilline existe sous forme orale, intraveineuse ou intramusculaire. À la suite d'une injection intramusculaire de 1 gramme, le pic sérique est d'environ 15 à 18 µg/ml une heure après l'injection ; pour une injection intraveineuse de 0,50 gramme, le pic sérique est d'environ 50 µg/ml. La demi-vie de cet antibiotique est de 1 heure en moyenne chez un individu disposant de fonctions rénales normales[8].

L'ampicilline est trouvée dans la plupart des tissus et milieux biologiques, on la retrouve à des taux thérapeutiques dans les sécrétions bronchiques, les sinus, la salive, l'humeur aqueuse, le liquide céphalo-rachidien. Cette molécule est également trouvée dans le liquide amniotique et aussi dans le lait maternel[8].

Découverte modifier

En 1959, les travaux de Doyle et Nayler ont permis d'isoler l'acide 6-aminopénicillanique, le noyau de base de la pénicilline[9]. Il est alors possible de proposer des molécules hémysynthétiques ayant pour base l'acide 6-aminopénicillanique. En 1961, la même équipe synthétise l'ampicilline[10].

Divers modifier

L'ampicilline fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en juin 2017)[11].

Vers un usage en optoélectronique ? modifier

Après avoir testé la pénicilline, de l'ampicilline a récemment (2019) été utilisée pour améliorer l'efficacité quantique de diodes électroluminescentes organiques (OLED) en l'ajoutant à un matériau optoélectronique déjà très utilisé. Les charges se distribuent alors sur la structure moléculaire particulière de l'ampicilline d'une manière telle qu'elles facilitent la production d'un dipôle interfacial de grande ampleur[12]. Une fusion optimale de ces deux matériaux permet un alignement de bande interdite amélioré, un équilibre de charge et des excitons agrégés J/H. Les auteurs de cette expérience jugent que l'ampicilline a des propriétés optoélectroniques lui donnant un haut potentiel d'amélioration des OLED et du photovoltaïque[12].

Notes et références modifier

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Evaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 3 : Inclassables quant à leur cancérogénicité pour l'Homme »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le ).
  3. OMS, « 19th WHO Model List of Essential Medicines (Avril 2015) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), (consulté le ).
  4. « fiche ampicilline du dictionnaire vidal », sur dictionnaire Vidal (consulté le ).
  5. (en) S Shapiro, V Siskind, D Slone, GP Lewis et H Jick, « Drug rash with ampicillin and other penicillins. », The Lancet, vol. 2, no 7628,‎ , p. 969-972 (PMID 4186974)
  6. (en) « Skin reactions to ampicillin. », British Medical Journal, vol. 1, no 5794,‎ , p. 195-196 (PMCID PMC1789184)
  7. (en) J Simmonds, S Hodges, F Nicol et D Barnett, « Anaphylaxis after oral penicillin. », British Medical Journal, vol. 2, no 6149,‎ , p. 1404 (PMCID PMC1608616)
  8. a et b « fiche ampicilline du site medicaments.gouv.fr », sur medicaments.social-sante.gouv.fr (consulté le ).
  9. (en) FR Batchelor, FP Doyle, JH Nayler et GN Rolinson, « Synthesis of penicillin: 6-aminopenicillanic acid in penicillin fermentations. », Nature, vol. 183, no 4656,‎ , p. 257-258 (PMID 13622762, DOI 10.1038/183257b0, lire en ligne)
  10. (en) FP Doyle, JH Nayler, H Smith et ER Stove, « Some novel acid-stable penicillins. », Nature, vol. 191,‎ , p. 1091-1092 (PMID 13724181, DOI 10.1038/1911091a0, lire en ligne)
  11. WHO Model List of Essential Medicines, 20th list, novembre 2017
  12. a et b Hassan Hafeez, P. Justin Jesuraj, […]Seung Yoon Ryu,& al. (2019) The effect of introducing antibiotics into organic light-emitting diodes |Nature Communications Physics |volume 2, Article n°130 |URL:https://www.nature.com/articles/s42005-019-0228-3 ; et correctif : https://www.nature.com/articles/s42005-019-0246-1

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier