Alienatinae

Sous-famille d'insectes hétéroptères (punaises) Enicocephalidae

Les Alienatinae sont une sous-famille d'insectes hémiptères hétéroptères (punaises) énicocéphalomorphes, de la famille des Enicocephalidae[1], rencontrée dans les Caraïbes, dans le sud de l'Amérique du Nord et en Amérique Centrale. Elle contient un genre actuel et un genre fossile, et une quinzaine d'espèces décrites.

Description modifier

Comme tous les Enicocephalomorpha, ces insectes ont une tête allongée, resserrée en arrière des yeux (semblant bilobée), avec des antennes et un rostre de quatre articles. Comme chez les autres Enicocephalidae, le pronotum comporte un collier ainsi que deux lobes, mais chez les Alienatinae, ces deux lobes ne se distinguent que par la sinuation de la marge latérale (chez les mâles; chez les femelles, les deux lobes sont même indiscernables). Il n'y a pas de fracture costale sur la veine qui borde l'aile antérieure (présente chez les Aenictopecheidae). Les pattes antérieures sont ravisseuses, épaissies notamment au tibia, qui porte des groupes de soies épineuses à son extrémité, sur laquelle se replie le tarse. Les tarses ne comptent qu'un seul article aux pattes antérieures, médianes et postérieures (alors que dans les quatre autres sous-famille d'Enicocephalidae, la formule tarsale est 1, 2, 2). Ils présentent un fort dimorphisme sexuel. Les mâles, qui sont macroptères, avec une vénation de l'aile antérieure très réduite (une à trois veines longitudinales, et entre une et aucune veine transverse), ont des yeux normaux et des ocelles, alors que les yeux sont absents ou réduits à quelques ommatidies chez les femelles, qui sont sont aptères. Leur taille est très petite, inférieure à 2 mm, et ils ressemblent superficiellement à de petits moucherons[2],[3].

Répartition modifier

Leur répartition est presque exclusivement néotropicale : ils sont présents dans les Caraïbes, au Sud des États-Unis, en Amérique Centrale et au Nord de l'Amérique du Sud[2],[4].

Biologie modifier

Il semble que toutes les espèces vivent dans le sol[2] (A. zaballosi a été trouvé au sol dans le l'humus de Bambura, de cocotier (Cocos nuccifera) et de Calophillum[5]). Ces insectes sont prédateurs de micro-arthropodes. Leur petite taille et l'aptérisme des femelles limitent leurs possibilités de se déplacer.

Systématique modifier

Cette sous-famille est constituée en 1953 par l'entomologiste américain Harry G. Barber (d), au moment où il décrit son genre type, Alienates et la première espèce découverte, Alienates insularis, des îles Bahamas. Il la sépare ainsi des autres Enicocephalidae connus. Cette division est confirmée par Pavel Štys lorsqu'il établit, en 1989[6], la classification interne des Enicocephalomorpha, définis en 1975[7].

En 1981, deux nouvelles espèces sont décrites par Gene Kritsky (d)[8], A. millsi, de Cuba, et A. barberi (en hommage à Barber) d'Arizona, première espèce trouvée hors des Caraïbes. En 1982, une nouvelle espèce, A. dudichi, est décrite de Sainte-Lucie, toujours dans les Caraïbes, puis, en 1991, à l'occasion d'une révision des Enicocephalomorpha du Nouveau Monde, Pedro Wygodzinsky et Kathleen Schmidt (d) en décrivent huit nouvelles espèces, cinq des Îles Vierges, une de la Jamaïque et trois du Mexique[3]. En 2015 enfin, deux nouvelles espèces sont décrites, l'une de Panama[5] (sur l'île Coibita), l'autre du Vénézuela[9]. Toutefois, les variations au sein des espèces et l'absence de critères très déterminants rendent la distinction des espèces difficile[3].

On ne connaît qu'un genre actuel, avec une quinzaine d'espèces décrites. Mais au moins une dizaine d'espèces restent à décrire[4]. Il existe également un genre fossile, †Paralienates, mais dont la séparation avec Alienates est faible[10],[11].

Fossiles modifier

Des fossiles de trois espèces ont été découverts dans de l'ambre dominicain, deux espèces rattachées au genre Alienates [11], ainsi qu'une espèce placée dans un genre proche, appelé Paralienates[10]. Les trois espèces remontent au Burdigalien-Langhien (Miocène, entre −20,5 et −14 millions d'années)[12].

Liste des genres modifier

Selon BioLib (12 novembre 2023)[13] :

Notes et références modifier

  1. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 12 novembre 2023
  2. a b et c (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), p. 302-312
  3. a b et c (en) Wygodzinsky P. et Schmidt K., « Revision of the New World Enicocephalomorpha (Heteroptera) », Bulletin of the American Museum of Natural History, vol. 200,‎ , p. 265 pp.
  4. a et b (en) Štys, Pavel, « Zoogeography of Enicocephalomorpha (Heteroptera) », Bulletin of Insectology, vol. 61, no 1,‎ , p. 137-138 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  5. a et b (es) Costas, Miguel, Tomas Lopez et M. A. Vázquez, « Descripción de una nueva especie de Alienates de Panamá (Insecta: Heteroptera: Enicocephalidae) », Boletín - Asociación Espanola de Entomología, vol. 39, nos 3-4,‎ , p. 301-312 (lire en ligne [PDF])
  6. (en) Štys, Pavel, « Phylogenetic systematics of the most primitive true bugs (Heteroptera: Enicocephalomorpha, Dipsocoromorpha) », Práce Slovenská Entomologická Spolocnost' SVA, Bratislava, vol. 8,‎ , p. 69-85
  7. (en) Štys, Pavel et Kerzhner, I., « The rank and nomenclature of higher taxa in recent Heteroptera », Acta Entomologica Bohemoslovaca, vol. 72,‎ , p. 65-79
  8. (en) Kritsky, Gene, « Two new species of Alienates (Hemiptera: Enicocephalidae) », Entomological news, vol. 92,‎ , p. 130––132 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  9. (en) Petr Baňař, Pavel Štys et Yuliya Kolesnichenko, « A new species of the genus Alienates Barber (Hemiptera: Heteroptera: Enicocephalidae: Alienatinae) from Venezuela », Zootaxa, vol. 4012, no 2,‎ , p. 391 (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.4012.2.11, lire en ligne, consulté le )
  10. a et b (en) Maldonado-Capriles, Jenaro, Jorge A. Santiago-Blay et George O. Poinar, Jr., « Paralienates hyalinus n. gen. and n. sp. (Enicocephalidae: Heteroptera): enicocefálido fósil de ámbar dominicano (Oligoceno inferior - Eoceno superior) », The Journal of Agriculture of the University of Puerto Rico, vol. 80, nos 1-2,‎ , p. 47-54 (ISSN 2308-1759 et 0041-994X, DOI 10.46429/jaupr.v80i1-2.4322, lire en ligne [PDF], consulté le )
  11. a et b (en) David A. Grimaldi, David A. Grimaldi, Caroline Michalski et Kathleen Schmidt, Amber fossil Enicocephalidae (Heteroptera) from the Lower Cretaceous of Lebanon and Oligo-Miocene of the Dominican Republic : with biogeographic analysis of Enicocephalus, American Museum of Natural History, coll. « American Museum Novitates » (no 3071), , 30 p. (lire en ligne)
  12. (en) « Alienatinae », sur paleobiodb.org (consulté le )
  13. BioLib, consulté le 12 novembre 2023

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