Agnes Neuhaus

femme politique allemande
Agnes Neuhaus
Fonction
Députée au Reichstag sous la république de Weimar
-
Biographie
Naissance
Décès
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SoestVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Parti politique
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Croix Pro Ecclesia et Pontifice
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Agnès Neuhaus, née le à Dortmund et morte le à Soest, est une femme politique allemande, membre du parti Zentrum. Catholique convaincue, elle est engagée dans la protection sociale et plus particulièrement l'aide aux femmes dès 1899. Elle est la fondatrice du Verein vom Guten Hirten (Association du Bon Pasteur), qui devient en 1968 le Service social des femmes catholiques (de). Elle est députée de l'Assemblée nationale de Weimar en 1919-1920 et au Reichstag de 1920 à 1930.

Biographie modifier

Jeunesse et formation modifier

Franziska Carolina Catharina Maria Agnes Morsbach est née le 24 mars 1854 à Dortmund[1]. Ses parents sont très impliqués dans la vie politique et sociale locale. Son père, Franz Morsbach est conseiller médical privé. Il est président de plusieurs associations médicales locales et membre du conseil municipal pendant de nombreuses années. Florentine Riesberg, sa mère, professeure de français, est engagée dans plusieurs associations de femmes[2].

Agnès Morsbach fréquente l'école primaire et le lycée de Dortmund et, de 1866 à 1869, le pensionnat des Ursulines de Haselünne, après quoi elle fréquente un pensionnat à Carignan en France[3]. De 1877 à 1878, elle étudie la musique à Berlin. Cependant, elle interrompt ses études pour épouser l'assesseur du tribunal Adolf Neuhaus en 1878. Le couple a trois enfants. Son mari décède en 1905[4],[2],[5].

L'engagement social modifier

À partir de 1899, Agnes Neuhaus s'implique dans l'aide sociale[6]. Elle participe à la première assemblée de l'assistance publique aux pauvres à Dortmund, créée spécifiquement pour les femmes, à la suite de laquelle elle est amenée à s'occuper de femmes en difficulté et découvre, dans le service de syphilis de l'hôpital Saint-Louis, les ravages de cette maladie sur des jeunes filles prostituées[6].

Le 19 juin 1900, elle fonde l'Association du Bon Pasteur (Verein vom Guten Hirten), dans le but de venir en aide aux prostituées en leur fournissant un hébergement et des ressources. L'Association travaille en coopération avec la police, qui lui confie les prostituées mineures[4],[6],[7]

Le 8 décembre de la même année, elle fonde, avec Marie Le Hanne (de), des Associations du Bon Pasteur à Cologne et à Aix la Chapelle. En 1903, l'association fonde sa première maison, la Vincenzheim à Dortmund, dans laquelle les femmes peuvent trouver refuge. Outre d'anciennes prostituées, des mères célibataires et des femmes enceintes y sont également accueillies[6].

En 1919, l'association compte 112 groupes locaux et 40 refuges pour femmes et jeunes filles[5].

En raison de sa profonde religiosité, Agnes Neuhaus considère son engagement comme un service chrétien visant à ramener les « filles déchues » dans le « sein de Dieu ». Plus tard, l'Association pour le Bon Pasteur est renommée Katholischen Fürsorgeverein für Mädchen, Frauen und Kinder (Association catholique d'assistance aux jeunes filles, aux femmes et aux enfants), et, en 1968, devient le Service social des femmes catholiques (de)[8].

Agnes Neuhaus siège au conseil d'administration de l'Association des femmes catholiques allemandes, de sa création en 1903 jusqu'en 1925 avec Jeanne Trimborn et Marita Loersch[8],[2].

En 1917, elle fonde une école sociale distincte pour la formation d'ouvriers qualifiés (l'école Anna Zillken de Dortmund).

Autres mandats associatifs modifier

Agnès Neuhaus dirige également, jusqu'en 1944, l'Association centrale des associations catholiques d'assistance sociale (Zentralverband der katholischen Fürsorgevereine). En outre, elle est membre du comité central de la Caritas allemande et de la commission du Reich pour la Journée générale de l'éducation sociale (Reichskommission des Allgemeinen Fürsorge-Erziehungstags)[3].

Engagement politique modifier

Elle est membre du conseil d'administration de la section de Westphalie de Zentrum à partir de 1919 et membre du conseil d'administration du parti au niveau national à partir de 1925[3].

Agnes Neuhaus devient députée de l'Assemblée nationale de Weimar pour la circonscription d'Arnsberg en 1919-1920. De 1920 à 1930, elle représente la circonscription Westphalie-Sud au Reichstag en tant que membre du parti Zentrum. Elle influence particulièrement la Loi sur la protection de la jeunesse de 1924, dont l'article 6 met l'accent sur l'égalité de statut de la protection sociale publique et privée. Agnes Neuhaus accorde en effet une grande importance à l'aide confessionnelle à la jeunesse, qu'elle estime plus efficace que l'aide sociale publique. L'État ne devrait à son avis exercer qu'un contrôle. Grâce à cette loi, plus de 2 000 offices publics de protection de la jeunesse ont été créés dans toute l'Allemagne ; l'association de protection sociale s'est également considérablement développée[2],[3],[5],[4].

Les années du nazisme et l'après-guerre modifier

Durant la période nazie, l'association est contrainte de réduire ses activités[4]. Agnes Neuhaus est évacuée en 1944 de Dortmund à Cappenberg près de Lünen, puis à Soest[3].

Après la Seconde Guerre mondiale, bon nombre des idées fondamentales de la politique sociale pour laquelle Agnes Neuhaus s'est battue, sont incorporées dans la loi fédérale sur la protection sociale adoptée en 1961, notamment le principe de subsidiarité[5],[4].

Agnes Neuhaus décède le 20 novembre 1944 à Soest[9]. Elle est enterrée dans le Ostfriedhof de Dortmund[10]

Distinctions modifier

Publications modifier

  • (de) Aus der Geschichte des Kath. Fürsorgevereins für Mädchen, Frauen und Kinder, Dortmund, 1925.
  • (de) « Politische Frauentätigkeit », Die Christliche Frau,‎ , p. 67-68.

Bibliographie modifier

  • (de) Andreas Wollasch, Der Katholische Fürsorgeverein für Mädchen, Frauen und Kinder (1899-1945), Fribourg en Brisgau, Lambertus, .
  • (de) Maria Victoria Hopmann, Agnes Neuhaus, Leben und Werk, Matthias Grünewald, .
  • (de) Zentrale des Katholischen Fürsorgevereins für Mädchen, Frauen und Kinder (dir.), Katholische Fürsorgearbeit im 50. Jahre des Werkes von Frau Agnes Neuhaus. Erbe, Aufgabe und Quellgrund 50jähriger Arbeit des Katholischen Fürsorgevereins für Mädchen, Frauen und Kinder, dargestellt in den Vorträgen und Arbeitsergebnissen der Jubiläumstagung vom 13.–16. Sept. 1950 in Dortmund, Dortmund, .
  • (de) Maria Victoria Hopmann, Agnes Neuhaus. Leben und Werk, Meinwerk-Verlag, (1re éd. 1949).
  • (de) Illona Winkelhausen, Hugo Maier, Heinrich Pompey (éd.) et Lothar Roos (éd.), Agnes Neuhaus (1854-1944): Schriften und Reden, Echter, , 384 p. (ISBN 978-3429021887).
  • (de) Monika Pankoke-Schenk, Jürgen Aretz (éd.), Rudolf Morsey (éd.) et Anton Rauscher (éd.), « Agnes Neuhaus (1854–1944) », Zeitgeschichte in Lebensbildern. Aus dem deutschen Katholizismus des 19. und 20. Jahrhunderts, Matthias-Grünewald-Verlag, Mainz 1980, (ISBN 3786708339), S. 133–142 (Nachdruck bei Aschendorff, Münster 2022, vol. 4,‎ , p. 133-142 (ISBN 3786708339, lire en ligne).
  • (de) Hugo Maier, « Neuhaus, Agnes », Who is who der Sozialen Arbeit, Lambertus,‎ , p. 428-431 (ISBN 3784110363).

Références modifier

  1. « Digitale Bibliothek - Münchener Digitalisierungszentrum », sur daten.digitale-sammlungen.de (consulté le )
  2. a b c et d (de) Gisela Breuer, Frauenbewegung im Katholizismus: der Katholische Frauenbund 1903-1918, Campus Verlag, (ISBN 978-3-593-35886-4, lire en ligne)
  3. a b c d e et f (de) Eckhard Hansen (dir.) et Florian Tennstedt (dir.), Biographisches Lexikon zur Geschichte der deutschen Sozialpolitik 1871 bis 1945, Vol.2. Sozialpolitiker in der Weimarer Republik und im Nationalsozialismus 1919 bis 1945., Cassel, Kassel University Press, (ISBN 9783737604741, lire en ligne [PDF]), p. 139 et suiv.
  4. a b c d et e (de) Monika Pankoke-Schenk, « Neuhaus, Agnes », sur www.deutsche-biographie.de (consulté le )
  5. a b c et d (de) Monika Pankoke-Schenk, « Agnes Neuhaus », sur Geschichte der CDU (consulté le )
  6. a b c et d (en) « Agnes Neuhaus », sur www.caritas-germany.org, (consulté le )
  7. a et b (en) Krista Cowman, Nina Javette Koefoed et Åsa Karlsson Sjögren, Gender in Urban Europe: Sites of Political Activity and Citizenship, 1750-1900, Routledge, (ISBN 978-1-135-11520-3, lire en ligne)
  8. a et b (de) « Emilie Hopmann | Portal Rheinische Geschichte », sur www.rheinische-geschichte.lvr.de (consulté le )
  9. a et b (de) Landeshauptstadt München Stadtverwaltung, « Agnes-Neuhaus-Straße », sur stadt.muenchen.de (consulté le )
  10. (de) Broschüre durch Raum und Zeit : Dortmunder Frauen Strassen Nahmen, Stadt Dortmund, s.d. (lire en ligne), p. 16
  11. « Agnes-Neuhaus-Schule ° Jugendhilfezentrum Johannesstift, Wiesbaden », sur www.johannesstift.de (consulté le )
  12. « Schule Haus Widey – Agnes-Neuhaus-Berufskolleg », sur www.schule-widey.de (consulté le )
  13. (de) Stadt Gießen, « Agnes-Neuhaus-Schule / Stadt Gießen », sur Stadt Gießen (consulté le )
  14. « Agnes-Neuhaus-Heim / SkF e.V. Bamberg », sur www.skf-bamberg.de (consulté le )
  15. (en) « Jugendschutzstelle Agnes-Neuhaus-Heim in Dortmund - Hilfe-Portal Sexueller Missbrauch », sur www.hilfe-portal-missbrauch.de (consulté le )
  16. « Wohnbereich Agnes-Neuhaus | Caritas Wohnen Hannover », sur www.caritas-wohnen-hannover.de (consulté le )
  17. (de) « Agnes Neuhaus: Straße in Recklinghausen trägt den Namen der SkF-Gründerin » (consulté le )
  18. (de) « Zum Namen - agnes neuhaus café », sur agnesneuhaus-cafe.de, (consulté le )
  19. (de) « SkF-Stiftung », sur www.skf-zentrale.de, (consulté le )
  20. (de) « Stiftungspreis », sur www.skf-zentrale.de, (consulté le )

Liens externes modifier