Élevage bovin en Espagne

L'Espagne est un pays d'élevage où la race bovine tient une place très importante. Le contexte géographique a façonné de nombreuses races bouchères. En revanche, les races autochtones sont de mauvaises à moyennes laitières, aussi des races purement laitières ont été importées pour assurer l'alimentation de l'industrie agroalimentaire.

Élevage bovin en Espagne
Image illustrative de l’article Élevage bovin en Espagne
Groupe de huit taureaux de combat dans une dehesa de la région de Salamanque.

Espèce Bos taurus
Statut autochtone
Objectifs d'élevage lait, viande

Histoire modifier

 
Vache tudanca.

Origines modifier

L'Espagne doit ses races bovines à son histoire et plusieurs rameaux bovins coexistent, ayant été métissés au cours de leur histoire:

  • Rameau blond et rouge (tronco turdetano): domestiqué localement au nord du pays ou arrivé avec les Ibères. Il est localisé dans les massifs montagneux du nord: Pyrénées, Asturies, Cantabrie pour les blondes et au sud-ouest pour les rouges: Andalousie, Extremadure.
  • Rameau ibérique (tronco iberico) : il est issu de la domestication locale de l'aurochs. Il est localisé dans le grand sud: Estrémadure, Andalousie, Manche...
  • Rameau brun (tronco cantabro) : il a été introduit dans les îles méditerranéennes dans l'Antiquité. (par les Grecs ?, les Phéniciens ?) et par les Arabes sur le continent au cours des VIIe siècle et VIIIe siècle. Il a influencé les races du nord-ouest, du centre est et est resté presque pur sur les îles.

Ces provenances diverses ont forcément provoqué des métissages, donnant la longue liste des races espagnoles actuelles.

Évolution modifier

La dehesa est une prairie naturelle de vaste étendue qui offre à l'animal un espace assez vaste. Les principaux encastes sont issus de races de taureaux élevés dans des régions peu habitées où les grands espaces se prêtaient à la vie en liberté des taureaux de combat auxquels il fallait entre 3 et 5 hectares par bête[1]. De nos jours, l'espace s'est réduit : environ deux à trois hectares par bête[1].

Dans le sud-ouest du pays, le système d'élevage en ganaderia a façonné des races qui ont évolué en quasi autarcie. Les troupeaux des grands propriétaires terriens étaient regroupés annuellement pour le marquage et la vente des veaux. Le reste (accouplement, naissance...) se passait presque à l'état sauvage. C'est encore presque le cas dans les ganaderias de taureaux de combat. Cependant les reproducteurs sont tout de même sélectionnés avec beaucoup de soins sur leurs qualités. Ce type d'élevage a façonné des races rustiques, bonnes marcheuses et aptes à résister à une période sèche et à reconstituer leurs réserves. Ce sont les races du rameau ibérique et les races rouges du rameau blond et rouge. Leur histoire est aussi celle des taureaux de combat. Au nord du pays, le climat océanique humide est plus favorable à l'élevage. Cependant, c'est une zone montagneuse. Il en résulte des races de petite à moyenne taille, a multiple destination: production de lait, de viande, force de travail. Ce sont les races blondes du rameau blond et rouge et le croisement de ces races avec le rameau brun.
Dans les îles, le peuplement ancien a créé des races originales, élevées en presque autarcie, sans apport exogènes. Ainsi, la vaca palmera aux îles Canaries, la mallorquina et la menorquina aux îles Baléares sont elles des races à dominantes viande et travail.

Exportation modifier

La première concernée a été une branche du rameau blond qui a fait souche aux îles Canaries. Elle a donné les races palmera et canaria.
Immédiatement après la découverte et exploration de l'Amérique, les conquistadores traversent l'océan en masse. Ils sont accompagnés de leur cheptel bovin destiné à les alimenter. Ils craignent de manger la nourriture locale inconnue. Ce sont essentiellement des bovins du rameau blond et rouge. Ils vont prospérer dans les immenses haciendas et former la base des troupeaux d'Amérique centrale et du sud. Un nom générique désigne ce bétail d'origine ancienne : criollo. La race Texas Longhorn des cow-boys en est issue. Des individus du rameau ibérique sont ensuite introduits pour assurer la tradition tauromachique. Leur influence génétique sur le bétail criollo est indiscutable.
Certains de ces animaux se sont échappés, constituant des troupeaux marrons en Amérique du Sud notamment.

Importations récentes modifier

Des races dites amélioratrices sont intervenues pour augmenter la productivité.
En élevage boucher, les races britanniques (hereford, angus, shorthorn), belge (blanc bleue) et françaises (charolaise, blonde d'Aquitaine ou limousine) dominent. Elles sont élevées en élevage intensif en race pure, mais aussi pour produire des reproducteurs pour l'élevage en croisement avec des races autochtones. Ces métissages couplés à la mécanisation des campagnes ont entraîné une baisse très importante du cheptel autochtone en race pure. La race mantequera leonesa a disparu et de nombreuses autres ont failli l'être. Aujourd'hui, un programme de protection des races traditionnelles a été mis en place. Il permet d'aider les éleveurs de race pure à trouver de bons reproducteurs tout en gérant au mieux le risque de consanguinité.
En élevage laitier, les races brune et simmental ont été introduites au début du XXe siècle pour améliorer la quantité de lait. Ces races sont surtout élevées dans le nord du pays, dans la zone montagneuse où les herbages riches permettent de produire un lait de qualité pour la fabrication fromagère. Ailleurs, c'est l'omniprésente holstein qui assure la production laitière de l'industrie agroalimentaire non fromagère (yahourts, laitages...) en système intensif hors sol.

Effectifs et production modifier

 
Nombre de têtes, par province, lors du recensement de 1999 :
  • - 39 000
  • 40 000 - 99 000
  • 100 000 - 299 000
  • + 300 000

Élevage boucher modifier

Traditionnellement, les bovins espagnols étaient issus de petits élevages de zones montagneuses exploitées en polyculture, ou d'élevages extensifs de grande dimension dans le sud du pays. Aujourd'hui, la majorité de la viande provient d'élevages intensifs, avec des croisements de mères issues de races espagnoles et des pères de races bouchères très productives. Cependant, des signes d'origines sont octroyés à la viande issue d'élevages de races autochtones. Ainsi, l'effectif des races anciennes est plus ou moins stabilisé. Certains élevages autrefois destinés à la tauromachie et tués au cours d'un spectacle dans les arènes sont devenus des élevages pour la boucherie et tués désormais en abattoirs[2].

Élevage laitier modifier

Historiquement, l'élevage espagnol est marqué par des races autochtones mixtes, donnant une faible quantité de lait riche transformé en fromage. Il est lié à la polyculture et à des fromageries artisanales. Des signes de qualités (AOC) reconnaissent depuis peu la qualité et l'originalité de cette production marginale
Avec le développement de l'industrie agroalimentaire, il a été intensifié avec l'apport de races hautement spécialisées.

Élevage de combat modifier

L'Espagne est un des pays où la tauromachie est une institution. L'élevage de la race toro de Lidia se fait sur de grandes surfaces où les taureaux évoluent en liberté avec une présence humaine réduite au minimum, la Ganadería. Les mâles les plus combattifs sont sélectionnés pour combattre dans les arènes.

Races modifier

Races autochtones modifier

Race Photo Production Homonymes Régions Remarques
Albère   Bouchère et entretien du paysage Massanenque ou massanaise Pyrénées
Alistana sanabresa Bouchère Appartient au rameau cantabrique
Asturiana de los Valles   Bouchère Asturies Appartient au rameau blond
Asturiana de la montaña   Bouchère Asturies Rameau blond
Avileña   Bouchère Preta au Portugal Province d'Ávila Appartient au rameau ibérique
Berrenda en colorado   Bouchère Andalousie Appartient au rameau rouge
Berrenda en negro Bouchère Andalousie Rameau rouge
Betizu   Bouchère et entretien du paysage Betizoak en basque Pays basque
Blanca Cacereña   Bouchère Extremadure
Cachena   Mixte Très proche de la barrosa portugaise. Galice et au Portugal Rameau cantabrique
Caldelà Bouchère Caldelana Galice
Canaria   Bouchère Criolla ou basta Îles Canaries Rameau blond
Cardena andaluza Bouchère Andalousie Rameau ibérique
Frieiresa   Bouchère Galice Rameau cantabrique
Limia Bouchère Limiana Galice Rameau cantabrique
Mallorquina

 

Bouchère Majorcan Majorque Appartient au rameau brun
Marismeña Bouchère Doñana Andalousie Rameau ibérique
Menorquina   Bouchère Mahonesa ou vermella Minorque Rameau brun
Monchina   Bouchère Cantabrie et pays Basque Rameau cantabrique
Morucha   Bouchère Salmentina Province de Salamanque Rameau ibérique
Murciana levantina Bouchère Murcian Région de Murcie
Negra andaluza Bouchère Serrana black Andalousie Rameau ibérique
Pajuna Bouchère Serrana Andalousie Rameau ibérique
Palmera Bouchère Grande Canarie Rameau blond
Parda de montaña Bouchère Aragon, Navarre, Castille-et-León Issue du métissage de la braunvieh suisse, nommée parda en Espagne, avec des races locales du nord-est du pays.
Pasiega Laitière Cantabrie
Pirenaica   Bouchère Pyrénées Rameau blond
Retinta   Bouchère Andalousie Rameau rouge
Rubia gallega

 

Bouchère Galician blond, rousse de galice Galice Rameau blond
Sayaguesa Bouchère Zamorana Province de Zamora Rameau ibérique
Terreña

 

Bouchère Pays basque Rameau cantabtique
Toro de Lidia   Tauromachie et bouchère Taureau de combat, Toro bravo Andalousie Rameau ibérique
Tudanca

 

Bouchère Cantabrie Rameau cantabrique
Vianesa Bouchère Galice Rameau cantabrique

Races importées modifier

Race Photo Production Homonymes Régions Remarques
Blonde d'Aquitaine   Bouchère Blonda de Aquitania Appartient au Rameau blond
Charolaise   Bouchère Charolesa
Fleckvieh   Bouchère Simmental Appartient au rameau pie rouge des montagnes
Frisona   Laitière Holstein (race bovine) Appartient au rameau des Races bovines du littoral de la mer du Nord
Limousine   Bouchère Limusina Appartient au rameau blond
Parda   Laitière Brown swiss et braunvieh Appartient au rameau brun

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Bennassar 1993, p. 95
  2. Robert Bérard (dir.), Histoire et dictionnaire de la Tauromachie, Paris, Bouquins Laffont, , 1056 p. (ISBN 2-221-09246-5), p. 672

Articles connexes modifier

Liens externes modifier