Ziguinchor

chef-lieu du département de Ziguinchor, Casamance, Sénégal

Ziguinchor
Ziguinchor
Centre-ville de Ziguinchor.
Administration
Pays Drapeau du Sénégal Sénégal
Région Ziguinchor
Département Ziguinchor
Maire
Mandat
Ousmane Sonko
2022-2027
Démographie
Gentilé Ziguinchorois / Ziguinchoroise
Population 158 370 hab. (2007)
Densité 17 597 hab./km2
Géographie
Coordonnées 12° 33′ 40″ nord, 16° 17′ 00″ ouest
Altitude 12 m
Superficie 900 ha = 9 km2
Localisation
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Ziguinchor
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Ziguinchor

Ziguinchor est une commune sénégalaise du Sud du Sénégal qui se situe dans la région et le département du même nom. Elle est située dans la région naturelle de la Casamance.

La ville comptait 205 294 habitants en 2013. Le maire actuel est Ousmane Sonko.

Géographie modifier

 
Pont sur la Casamance (2016).
 
Vue sur le fleuve Casamance.
 
Vue aérienne du fleuve Casamance.

La ville de Ziguinchor se situe dans le sud-ouest du Sénégal au bord de la Casamance à environ 70 km de l'océan Atlantique.

Elle est reliée par route, par bateau et par avion à Dakar, la capitale, distante de 454 km[1].

Jusqu'au milieu des années 1970, pour traverser la Casamance vers le nord, il y avait un bac. En 1974, un pont de 650 m de long a été construit au-dessus du fleuve, à l'est de la ville. Il a fait au début des années 2010 l'objet d'une importante réhabilitation, terminée en .

Comme toute la région, la ville est située à une altitude assez faible, de 12 mètres environ, ce qui donne un dénivelé moyen jusqu'à l'océan d'environ 17 centimètres par kilomètre. La ville est entourée par des zones humides, constituées de marigots et de rizières, en direction desquels l'habitat s'étale[2].

 
Vue satellite de Ziguinchor sur la rive gauche du fleuve Casamance (NASA).

Histoire modifier

 
Ziguinchor en 1988.

La ville a été fondée à côté des villages Baïnouks environnants (Tobor au nord, Niaguis et Djifangor à l'est, Brin à l'ouest et Bouroffaye au Sud) en 1645 par les Portugais et appartenait à la colonie portugaise de Guinée avant d’être cédée le à la France en échange du comptoir de Cacine qui appartenait alors à la colonie française de Guinée.

Cet échange s'est fait suite à l'accord luso-français tenu en marge de la conférence de Berlin. La France en fit un important comptoir commercial[3]. Elle devint prospère entre autres grâce au commerce de l'arachide.

Le nom de la ville vient du portugais « cheguei e choraram », ce qui signifie « je suis arrivé et ils ont pleuré », allusion aux habitants de la ville qui commencèrent à pleurer en voyant les Portugais arriver, pensant qu'ils allaient devenir des esclaves.

La route de Ziguinchor à Tobor est construite dans les années 1920 dans des conditions particulièrement difficiles, sous l'autorité du chef de canton, Arfang Sonko, qui recrute des travailleurs prestataires dans le cadre du travail forcé institué par le code de l'indigénat. Dans cette zone très marécageuse, il faut construire une digue, sans beaucoup de moyens et avec des matériaux locaux, pour surélever la route sur toute sa longueur, soit 6 km. 14 000 travailleurs sont mobilisés, pour des durées excédant le travail forcé légal[4],[5].

La région fut petit à petit convertie au christianisme. Après la Seconde Guerre mondiale, Ziguinchor a vu son essor ralenti, entre autres à cause des troubles internes liés à la naissance d'un mouvement indépendantiste (MFDC) à partir de décembre 1982.

Dans les années 1960, il n'était pas rare d'entendre depuis Ziguinchor des coups de canons provenant des affrontements entre les forces coloniales portugaises et les combattants du PAIGC (parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert).

À ce moment-là, Ziguinchor exportait vers Dakar et l'Europe des arachides et des crevettes.

Chef-lieu d'une région à forte présence chrétienne dans un pays majoritairement musulman, de plus séparée du nord du Sénégal par l'enclave de la Gambie, Ziguinchor fut un peu délaissée et connut des troubles politiques sérieux dans les années 1980.

Dans les années 1960, les Français résidant à Ziguinchor appréciaient particulièrement la plage du cap Skirring pour aller y passer les week-ends en passant par la piste obligée et poussiéreuse (h de route) ainsi que par les bacs (aléatoires) d'Essoukoudiak et de Niambalang. Ils y avaient construit au bord de l'eau de modestes bungalows et même des tentes pour y habiter quelques jours (confort spartiate) appréciant cette plage pour ses baignades en famille et sa pêche.

Pour rejoindre plus rapidement le cap Skirring, une piste d'atterrissage a alors été construite par les membres de l'aéroclub de Casamance (basé à Ziguinchor) avec l'aide de l'armée française (amirauté à Dakar) qui prêta gracieusement un bateau à fond plat (LTC) permettant d'acheminer sur la plage les bulldozers depuis Z'Chor (c'est ainsi qu'on écrivait alors Ziguinchor). Cette piste d'atterrissage, d'abord en terre battue, a été par la suite rallongée puis bétonnée afin d'y recevoir les jets. Depuis, le cap Skirring est connu et nombreux sont les touristes qui y viennent depuis l'Europe, dont ceux du Club Méditerranée.

Population modifier

Lors des recensements de 1988 et 2002, la population était respectivement de 124 283 et 153 269 habitants.

En 2013, selon les estimations officielles, la ville comptait environ 205 294 personnes. Selon les statistiques de 2018 la population de Ziguinchor est de 289 904 habitants[6].

En 2017, la population de la région de Ziguinchor est estimée à : 621 171 habitants (répartition : 318 925 hommes et 302 246 femmes). Taux de croissance démographique de 5,1 % (selon les chiffres officiels de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie / ANSD de 2017).

Économie modifier

 
Port de Ziguinchor.
 
Agence de la BCEAO.

À partir des années 1970, Ziguinchor et la Casamance connurent quatre problèmes économiques nouveaux :

  • l'arachide américaine déferla en Europe,
  • la petite crevette des mers du nord supplanta la « grosse » crevette,
  • la concurrence économique et touristique du cap Skirring,
  • les problèmes politiques de la Casamance (revendication d'indépendance).

Près de Ziguinchor, 65 000 palétuviers ont été plantés par l'oceanium de Dakar. Dans la mangrove, les femmes ont appris à récolter les huîtres en les détachant des arbres, respectant ainsi la nature. Jadis, elles en coupaient les racines.

Transports modifier

 
La gare maritime.

La ville est reliée par le transport aérien avec l’aéroport de Ziguinchor. Celui-ci, actuellement en fin de chantier de reconstruction[7], sera mis en service entre mars et juin 2024. Il y a également la gare maritime de Ziguinchor dont la liaison principale va vers Dakar, la capitale du pays. Il est prévu une ligne ferroviaire (voies au standard 1435mm) à moyen terme qui desservira la ville. il existe aussi des liaisons avec des minibus vers les autres villes et villages alentour dont Dakar avec un passage par la Gambie (pont routier Sénégambie ouvert en janvier 2019 en remplacement définitif du bac d'origine, vétuste et très peu capacitaire).

Architecture modifier

Le bâtiment abritant le conseil régional de Ziguinchor et la Gouvernance de Ziguinchor, figurent sur la liste des Monuments historiques classés[8].

 
L'Alliance Franco-sénégalaise.

Le bâtiment contemporain qui abrite l'Alliance Franco-sénégalaise — un centre culturel — s'inspire de l'architecture (case à impluvium), de la profusion de couleurs et des motifs géométriques diola et manjaques traditionnels et utilise les matériaux locaux[9].

L'association Pkumel, œuvrant pour la revalorisation la culture mancagne, est créée en 1993 à Ziguinchor.

Lieux de culte modifier

 
La cathédrale Saint-Antoine-de-Padoue.

Parmi les lieux de culte, il y a principalement des églises et des temples chrétiens[10] : Église catholique, Assemblées de Dieu, Église universelle du royaume de Dieu… Il y a aussi des mosquées musulmanes.

Le diocèse de Ziguinchor de l'Église catholique a son siège à la cathédrale Saint-Antoine-de-Padoue[11]. Il reconnaît le sanctuaire Notre-Dame-des-Missions de Ziguinchor comme sanctuaire diocésain depuis 2010[12].

Éducation modifier

Enseignement supérieur modifier

La ville compte une université proche de l'aéroport actuel de la ville, l'université Assane-Seck de Ziguinchor (UASZ), fondée en 2007 et baptisée ainsi en 2013.

Jumelages modifier

Administration modifier

 
Conseil régional de Ziguinchor.

La ville est le chef-lieu du département, de la région de Ziguinchor et de la Casamance, et était le siège d'un consulat français (500 Français y vivaient en 1967). La mairie de Ziguinchor était dirigée par Jules Charles Bernard, Antoine Étienne Carvalho, Mamadou Abdoulaye Sy. Robert Sagna est maire pendant 26 ans avant d'être battu en par Abdoulaye Baldé, alors Secrétaire général de la Présidence, nommé Ministre d'État et des Forces armées quelques mois plus tard. Ousmane Sonko, président du parti Pastef est maire de la commune de Ziguinchor depuis 2022.

Le budget de la commune 2023 est de 5 milliards de francs CFA dont une partie est financée par le Programme d'appui aux communes et agglomérations du Sénégal (Pacasen). Ce budget est toutefois exceptionnel en raison d'un report de la dotation 2022 du Pacasen, le budget annuel est en général autour de 3,5 milliards de FCFA[13].

Sports modifier

Personnalités nées à Ziguinchor modifier

Notes et références modifier

  1. Dakar et ses environs, carte 1/16 000, édition 2007-2008.
  2. Joseph Samba Gomis, « Quand la débrouille des habitants pallie une politique urbaine défaillante : l’extension de l’habitat informel dans l’agglomération de Ziguinchor (Sénégal) », sur Géoconfluences,
  3. (en) « Ziguinchor », dans Britannica (lire en ligne).
  4. Romain Tiquet, « Le squelette fragile du pouvoir colonial : travail forcé et réseau routier en Basse- Casamance dans l’entre-deux-guerres », Afrika Zamani,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Romain Tiquet, Travail forcé et mobilisation de la main-d’œuvre au Sénégal : Années 1920-1960, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 282 p. (ISBN 9782753576100, présentation en ligne, lire en ligne), p. 56-60.
  6. « Sénégal • Fiche pays • PopulationData.net », sur PopulationData.net (consulté le ).
  7. La Rédaction, « A la Une - Sénégal-Economie-Infrastructures : L’Aéroport de Ziguinchor sera bientôt mis en service », sur Business News Africa, (consulté le )
  8. Arrêté ministériel no 8836 MCPHC-DPC en date du , Journal officiel de la république du Sénégal.
  9. L'Alliance Franco-sénégalaise sur le site de la ville de Ziguinchor.
  10. (en) J. Gordon Melton et Martin Baumann, Religions of the World : A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices, États-Unis, ABC-CLIO, , p. 2573-2575.
  11. (en) « Cathedral of St. Anthony of Padua », sur gcatholic.org (consulté le ).
  12. « Sénégal : Inauguration du sanctuaire marial de Ziguinchor », sur zenit.org, (consulté le ).
  13. « Mairie de Ziguinchor : précisions sur la hausse de 3 milliards du budget de Sonko », seneweb.com,

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Géographie modifier

  • Maguette Diop, Monographie climatique d’une station synoptique : Ziguinchor (1946-1975) (mémoire de maîtrise), université de Dakar, .
  • Joseph Samba Gomis, « Quand la débrouille des habitants pallie une politique urbaine défaillante : l’extension de l’habitat informel dans l’agglomération de Ziguinchor (Sénégal) ». Géoconfluences, septembre 2021.
  • Christian Nala Mingou, Gestion Urbaine et coopération décentralisée à Ziguinchor : les acteurs face aux problèmes de la ville (mémoire de maîtrise de Géographie, option Urbanisme/Urbanisation), Saint-Louis, université Gaston-Berger, , 124 p. + annexes.

Histoire et géographie historique modifier

  • Jean-Claude Bruneau, Ziguinchor en Casamance : aspects géographiques de la capitale régionale du Sud Sénégalais (thèse de 3e cycle), université de Bordeaux-III, , 409 p.
  • Jean-Claude Bruneau, Ziguinchor en Casamance : la croissance urbaine dans les pays tropicaux, Talence, Ministère des universités, CNRS, Centre d'études de géographie tropicale, .
  • Nfally Diedhiou, Administration coloniale et travail forcé en Casamance : étude de cas du réseau routier à travers la construction de la route Tobor-Ziguinchor (mémoire de maîtrise), Dakar, université Cheikh-Anta-Diop (UCAD), , 119 p. + annexes.
  • Baudouin Duquesne, Le secteur informel en Afrique. Approche théorique et étude de cas : “les barroms-sarrettes de Ziguinchor”, Sénégal, .
  • Mamadou Goudiaby, Monographie de la ville de Ziguinchor de 1886 à 1960 : le problème des sources (mémoire de DEA), Dakar, université Cheikh-Anta-Diop (UCAD), , 51 p.
  • Caroline Juillard, Sociolinguistique urbaine : la vie des langues à Ziguinchor (Sénégal), Paris, CNRS, .
  • Jacqueline Trincaz, Colonisations et religions en Afrique noire : L’exemple de Ziguinchor (thèse de 3e cycle publiée), Paris, L’Harmattan, , viii-360
  • Pierre-Xavier Trincaz, Colonisation et régionalisme, la double domination : exemple de Ziguinchor en Casamance, Sénégal. Étude urbaine socio-économique d’une capitale régionale d’Afrique (thèse de 3e cycle), Paris, université Paris-V,  ; publié en 1984 : Colonisation et Régionalisme. Ziguinchor en Casamance, Paris, ORSTOM, 270 p.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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