Yvonne Hagnauer

enseignante française
Yvonne Hagnauer
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
ClamartVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Yvonne Eugénie Pauline EvenVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
Distinctions
Plaque commémorative

Yvonne Hagnauer, surnommée Goéland, née le à Paris et morte le à Clamart[1], est une pédagogue française qui fonde en 1941 la maison d'enfants de Sèvres avec son mari Roger Hagnauer. D'abord militante dans le syndicat national des instituteurs, elle s'engage en faveur de la paix en 1939. De 1941 à 1970, elle dirige la maison pour enfants de Sèvres, où elle accueille de nombreux orphelins et enfants abandonnés, notamment juifs. Son action lui vaut d'être reconnue Juste parmi les nations.

Biographie modifier

Yvonne Eugénie Pauline Even est née le , à Paris, d'une famille d'origine bretonne installée dans la banlieue parisienne, à Pavillons-sous-Bois. Son père est voyageur de commerce. Normalienne, elle devient institutrice vers 1918. Elle est titulaire du certificat d'enseignement général « Histoire, lettres, anglais », et certifiée de l'université de Cambridge (anglais). Elle se marie le à Pavillons-sous-Bois avec Roger Hagnauer[1], lui-même instituteur et militant humaniste, communiste anti-stalinien. Elle devient professeur d'anglais à l'École supérieure de commerce de Paris.

Féministe et syndicaliste, elle milite au syndicat national des instituteurs (SNI, affilié à la CGT). Elle participe à la création des Centres d'entrainement aux méthodes de pédagogie active (qui devinrent les CEMEA après 1945). Elle est une des organisatrice du Congrès international de l'enseignement, en 1937. Cofondatrice de « La ligue des femmes pour la Paix » en , elle signe en 1939 le « Manifeste pour la Paix » de Lecoin, est révoquée de l'enseignement public.

Elle dirige la colonie de Charny puis crée avec son mari Roger Hagnauer la Maison d'enfants de Sèvres en 1941. Le premier objectif de la maison est d'accueillir des enfants orphelins, chrétiens ou juifs, ou ayant été abandonnés par leurs familles à la suite des nombreux dégâts de la Seconde Guerre mondiale. Puis, progressivement de nombreux enfants juifs vont également être confiés à Yvonne Hagnauer afin de les protéger, à la suite de la déportation de masse[2].

Un aspect de la pédagogie qui y est pratiquée est de laisser des responsabilités aux enfants dès leur plus jeune âge pour leur apprendre la valeur du travail[3]. De façon plus générale, la pédagogie, basée sur celle d'Ovide Decroly, vise à susciter l’intérêt de l'enfant, la responsabilité, la créativité ainsi que la nécessité de l'effort [4].

Yvonne Hagnauer donne également asile à des adultes juifs en leur trouvant des emplois (professeurs, conseillers, ouvriers) sous des noms d'emprunt, comme ce fut le cas pour le futur Marcel Marceau[5].

Cette école nouvelle continuera de fonctionner sous la direction d'Yvonne Hagnauer jusqu'en 1970.

Membre d'un réseau de la Résistance, elle est désignée le comme « Juste parmi les nations »[6],[7],[5].

Yvonne Hagnauer meurt le à Clamart, à 87 ans.

Hommages modifier

Le , une plaque comportant le texte suivant a été apposé au 14 rue Croix-Bosset, à Sèvres :

« Ici, de 1941 à 1958, s’élevait la Maison d’enfants de Sèvres, animée par Yvonne et Roger Hagnauer (appelés Goéland et Pingouin), deux instituteurs laïques et humanistes, passionnément épris de paix, qui y pratiquèrent, avec une équipe éducative motivée, des méthodes pédagogiques originales dans l’esprit de l’École nouvelle.

Sous l’Occupation, bravant les lois de Vichy, ils abritèrent, dans La Maison, de nombreux enfants juifs et des orphelins ou victimes de guerre de toutes nationalités, ainsi que des adultes en situation irrégulière (étrangers, francs-maçons, juifs, résistants, réfractaires au S.T.O.).

Plus tard, ils accueillirent des garçons et des filles venant de familles en grande difficulté. Goéland et Pingouin poursuivirent leur œuvre au château de Bussières à Meudon.

Leurs anciens élèves, qui trouvèrent auprès d’eux un refuge, une famille et une inspiration pour toute leur existence, se souviennent avec émotion.

Yvonne Hagnauer (1898 - 1985) a été élevée au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur et a reçu la Médaille des Justes de l’État d’Israël. »

Une voie de Valenton porte son nom[8].

Dans Pingouin et Goéland et leurs 500 petits (2021), Michel Leclerc raconte l'histoire de Roger et Yvonne Hagnauer et de la maison d'enfants de Sèvres où sa mère, fille de déportés, a été accueillie pendant la Seconde Guerre mondiale[9],[10].

Parution posthume modifier

  • Pédagogie clandestine pour une école ouverte, La Maison d'enfants de Sèvres, (1976-1979), (ISBN 978-2-7466-7989-4) ; Paris, Les enfants de Goëland et de Pingouin, 2015.

Notes et références modifier

  1. a et b Archives de l’état civil de Paris en ligne, acte de naissance no 10/4371/1898, cote V4E 9012, vue 28/31, avec mentions marginales de mariage et de décès
  2. « Yvonne Hagnauer, grande pédagogue et Juste parmi les nations », sur L'Histoire par les femmes, (consulté le )
  3. Conseil des Communautés Juives des Hauts-de-Seine, À la mémoire des déportés juifs des Hauts-de-Seine, juillet 2005, p. 76
  4. « Yvonne Hagnauer », sur www.meirieu.com (consulté le )
  5. a et b Conseil des Communautés Juives des Hauts-de-Seine, À la mémoire des déportés juifs des Hauts-de-Seine, juillet 2005, p. 74
  6. Base de données de tous les Justes de France, sur le site yadvashem-france.org, consulté le 17 septembre 2008.
  7. (en) Yvonne Hagnauer – son activité à sauver la vie des Juifs pendant la Shoah , sur le site Yad Vashem
  8. « [https://www.valenton.fr/uploads/2021/05/Compte-rendu-cm-20-05-2021.pdf / Une nouvelle desserte piétonne rend hommage à Yvonne Hagnauer] », sur Ville de Valenton: Séance du conseil municipal du 20 mai 2021 (article 27 page 20), (consulté le )
  9. Corinne Renou-Nativel, « Michel Leclerc : « J’ai toujours su que je ferai un film sur Pingouin et Goéland » », La Croix,‎ (lire en ligne).
  10. Corinne Renou-Nativel, « « Pingouin & Goéland et leurs 500 petits », sauver des enfants sous Vichy et après », La Croix,‎ (lire en ligne).

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier