Yamato Takeru

héros légendaire japonais (72–114)
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Le prince Yamato Takeru (日本武尊?)[1] ou Yamoto-Takeru-no-mikoto (倭建命?)[2] ou prince Ōsu (小碓命, Ōsu no mikoto?) est un héros légendaire japonais, troisième fils de l'empereur Keikō. Il est l'une des figures marquantes du Kojiki et du Nihon shoki. Ces deux livres racontent sa tragique épopée. L'un de ses fils deviendra l'empereur Chūai.

Yamato Takeru
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
日本武Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Père
Mère
Harima no Inabi no Ooiratsume (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Kamukushi (d)
Seimu
Takekunikoriwake (d)
Hikohitoooe (d)
Oousu (d)
Iokiirihiko (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Futaji Irihime (d)
布多遅比売 (d)
吉備穴戸武媛 (d)
Miyazu-hime (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Chūai
稲依別王 (d)
Ashikami no Kamamiwake no Miko (d)
稚武彦王 (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Légende modifier

Son existence historique n'est pas avérée, mais ces deux ouvrages le situent au IIe siècle. Des détails varient cependant d'un livre à l'autre, la version du Kojiki semble plus proche de l'ancienne forme de la légende. Par exemple, le Kojiki rapporte que l'empereur craint son fils, alors que dans le Nihon shoki, ils semblent conserver de bonnes relations.

Un jour, l'empereur demanda à son fils, Ōusu-no-Mikoto (大碓命), qui semble avoir été le jumeau de Ōsu-no-mikoto (小碓命), de partir en quête de deux beautés fameuses pour leur demander d'être ses épouses, mais le prince Ōusu les prit pour lui, et en présenta deux autres à la place. Hésitant à punir son fils, l'empereur demanda au prince Ōsu (futur Takeru) d'aller "avertir" son frère. Après cinq jours passés en vain à attendre que Ōusu réapparaisse à la Cour pour présenter ses excuses à son père, l'empereur interrogea directement Ōsu. Celui-ci lui expliqua calmement qu'il avait arraché les bras et les jambes de son jumeau, les avait enveloppé dans du tissu, puis jetés au loin pour en disposer !

On remarquera en cette occurrence mythologique la redondance des traitements brutaux liés aux superstitions entourant les jumeaux dans les sociétés archaïques et pré-modernes. Paradoxalement, le folklore japonais, teinté d'influence bouddhiste, fera mettre à mort l'aîné des jumeaux, présenté comme un "Yasha", car ayant poussé son frère afin de sortir en premier, et le cadet étant présenté comme un bosatsu, un bouddha vivant, car s'étant gentiment écarté pour laisser passer son frère, celui-là était donc épargné. Dans le cas de cette histoire toutefois, le démon s'est avéré être le plus jeune des deux. Et légitimement effrayé par cette démonstration de force et de brutalité, l'Empereur manda à Ōsu-no-Mikoto d'aller soumettre les barbares Kumasō à l'autorité de la Cour Impériale. Ils étaient menés par deux héros locaux, Kumasō-Takeru senior et Kumasō-Takeru junior, au pays de Kumasō (probablement situé à Kyūshū, Préfecture de Kumamoto).

En chemin, il rend visite à sa tante Yamato-hime-no-mikoto (倭姫命), la grande-prêtresse de Ise-jingū, et lui emprunte de beaux habits féminins, qu'il utilisa ensuite pour se travestir et infiltrer le village où les deux héros Kumasō étaient en train de festoyer (cet aspect du conte donne un exemple du rôle de soutien logistique et moral que jouent déjà les femmes dans la société japonaise antique).

Charmés par cette nouvelle jeune "fille", ils la firent s'asseoir entre eux. Lorsque l'alcool commença à faire effet, le Prince Osu pourfendit l'aîné. Effrayé par l'attaque surprise, le cadet se leva pour fuir, mais Osu le rattrapa rapidement, ils luttèrent un moment, puis le Prince parvint à le pourfendre à son tour. Kumasō-no-Takeru cria à son assassin d'attendre avant de retirer l'épée, ce à quoi Osu acquiesça. Il lui demanda de s'identifier. Osu lui avoua qu'il était le fils de l'Empereur régnant sur l'archipel japonais, et qu'il avait été envoyé pour "pacifier les Kumasō irrespectueux." Le héros des Kumasō lui dit alors : « Nous sommes les plus braves dans les terres occidentales, mais tu nous as vaincus. Je te confère donc le titre que nous portions, puisses-tu être dorénavant connu comme Yamato-Takeru, le brave héros du Yamato. » Le jeune Kumasō-Takeru le laissa ensuite retirer son épée de la plaie, et il mourut.

Sur le chemin du retour, Yamato-Takeru-no-Mikoto accrut encore sa réputation en soumettant de nombreux Kunitsukami locaux, seigneurs des rivières et des monts.

De retour auprès de son père l'Empereur, il fut accueilli avec des sentiments mixtes. Takeru avait réussi dans sa mission, mais le problème de sa brutalité était loin d'être résolu. En fait, elle était probablement encore accrue par la ruse et la fourberie, autant de caractéristiques nouvellement découvertes, accentuant les craintes du Monarque envers sa progéniture. Reprenant la même méthode d'exil sous prétexte d'une mission risquée et difficile à remplir, Keikō-Tennō envoya son fils pacifier le pays de Izumo, qui se soulevait sous l'autorité d'un autre héros local, Izumo-Takeru, à Izumo-no-kuni, la Province d'Izumo, aujourd'hui dans la Préfecture de Shimane.

Ayant appris à user de stratagèmes lors de sa précédente mission, Yamato Takeru se fit préparer une réplique d'épée en métal mais avec une lame en bois. Le peuple de Izumo devait avoir entendu parler de la réputation de Yamato-Takeru, car ils lui firent bon accueil, et feignant la diplomatie et l'amitié, Yamato Takeru passa du temps en compagnie de Izumo Takeru. Un jour où ils étaient allés se baigner dans la rivière Hii, Yamato Takeru suggéra qu'ils échangent leurs épées. Izumo Takeru consentit, sans savoir qu'il en avait une en bois. Puis, Yamato Takeru proposa qu'ils s'entraînent à l'escrime. Izumo Takeru accepta encore, sans suspecter la trahison. Dégainant son épée d'emprunt, Yamato Takeru le blessa mortellement, puis nargua sa malheureuse victime dans une chanson satirique :

Le héros de Izumo

Terre des bancs de lourds nuages

Porte une épée

De vignes gainée

Mais hélas, sans lame.

Son succès dans la soumission de Izumo n'avait cependant pas modifié l'avis de l'Empereur Keikō, qui l'envoie à nouveau dans les territoires de l'est du Japon, dont la population Emishi adopte également une attitude insoumise envers la Cour Impériale. Takeru va une fois de plus à la rencontre de sa tante, la princesse Yamato, grande prêtresse d'Amaterasu dans la province d'Ise. Le père de Yamato-Takeru ayant tenté de le tuer de ses mains, la princesse lui montre de la compassion et lui donne l'épée magique Kusanagi-no-tsurugi que le frère d'Amaterasu, Susanoo, avait trouvé dans la queue de l'hydre Yamata-no-Orochi.

Yamato-takeru se rend alors dans les territoires de l'est, perdant sa femme Ototachibanahime en chemin dans une tempête : elle se sacrifie pour apaiser la colère du dieu de la mer. Dans les territoires de l'est, il vainc de nombreux ennemis, et selon la légende, aidé par un vieil autochtone, compose le premier renga dans la province de Kai en prenant comme thème le mont Tsukuba (aujourd'hui dans la préfecture d'Ibaraki).

Au retour, il blasphème contre un dieu local du mont Ibuki à la frontière des provinces d'Omi et de Mino. Le dieu le maudit et Yamato-Takeru tombe malade. Il meurt peu après de maladie quelque part dans la province d'Ise, âgé de 30 ans. Selon la légende, le nom de la préfecture de Mie est tiré de ses dernières paroles. À sa mort, son âme se transforma en un grand oiseau blanc et s'envola. Sa tombe à Ise est connue sous le nom de « mausolée du pluvier blanc ».

Selon Louis Frédéric, cette légende est probablement tirée d'un Fudoki et a été composée au Ve ou VIe siècle.

Notes modifier

  1. Selon Nihon Shoki
  2. Selon Kojiki

Références modifier

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