Yaïr Lapid

homme politique israélien
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Yaïr Lapid
יאיר לפיד
Illustration.
Yaïr Lapid en 2022.
Fonctions
Député à la Knesset
En fonction depuis le
(11 ans, 2 mois et 15 jours)
Élection
Réélection




1er novembre 2022
Législature 19e, 20e, 21e, 22e, 23e, 24e et 25e
Premier ministre d'Israël

(5 mois et 28 jours)
Président Isaac Herzog
Alternant Naftali Bennett
Gouvernement Bennett-Lapid
Législature 24e
Coalition Yesh Atid-Bleu et blanc-HaAvoda-Israel Beytenou-Yamina-Nouvel Espoir-Meretz-Ra'am
Prédécesseur Naftali Bennett
Successeur Benyamin Netanyahou
Ministre israélien des Affaires étrangères

(1 an, 6 mois et 16 jours)
Président Reuven Rivlin
Isaac Herzog
Premier ministre Naftali Bennett
Lui-même
Gouvernement Bennett-Lapid
Prédécesseur Gabi Ashkenazi
Successeur Eli Cohen
Premier ministre alternant d'Israël

(1 an et 18 jours)
Président Reuven Rivlin
Isaac Herzog
Premier ministre Naftali Bennett
Gouvernement Bennett-Lapid
Prédécesseur Benny Gantz
Successeur Naftali Bennett
Ministre des Finances

(1 an, 8 mois et 14 jours)
Premier ministre Benyamin Netanyahou
Gouvernement Netanyahou III
Prédécesseur Yuval Steinitz
Successeur Benyamin Netanyahou
(intérim)
Moshe Kahlon
Biographie
Nom de naissance יאיר לפיד
Date de naissance (60 ans)
Lieu de naissance Tel Aviv (Israël)
Nationalité Israélien
Parti politique Yesh Atid
Père Tomy Lapid
Mère Shulamit Lapid (en)
Diplômé de Université Bar-Ilan
Profession Journaliste
Auteur
Religion Judaïsme réformé

Yaïr Lapid
Premiers ministres d'Israël

Yaïr Lapid (en hébreu : יאיר לפיד), né le à Tel-Aviv, est un homme d'État, journaliste, acteur, romancier et poète israélien. Il est Premier ministre d'Israël du au .

Fils de l'homme politique centriste Tomy Lapid, il se lance lui-même en politique en 2012, après une carrière dans les médias. Il fonde le mouvement centriste laïc Yesh Atid, qui arrive en deuxième position aux élections législatives de 2013, lui permettant d'intégrer le gouvernement Netanyahou III comme ministre des Finances.

En 2014, il quitte le gouvernement et devient dans les années suivantes l'un des principaux opposants à Benyamin Netanyahou. Il s'efface lors des trois scrutins législatifs de 2019-2020 derrière Benny Gantz au sein de la coalition de centre droit Bleu et blanc, qui rejoint finalement un gouvernement d'union nationale dirigé par Netanyahou, au grand dam de Lapid, qui s'en désolidarise.

Après un nouvel échec de Netanyahou à former un gouvernement après les élections législatives de 2021, le président Reuven Rivlin charge Yaïr Lapid, arrivé deuxième, de trouver une majorité. Ses négociations débouchent sur un gouvernement hétéroclite de huit partis dirigé tout d'abord par Naftali Bennett. Lapid y est Premier ministre alternant et ministre des Affaires étrangères et devient Premier ministre le , à la suite de la démission de Bennett. Il quitte son poste le 29 décembre suivant, à la suite de sa défaite aux élections anticipées de 2022.

Biographie modifier

Famille et vie privée modifier

Yaïr Lapid est le fils de l'homme politique libéral centriste Tomy Lapid (ancien vice-Premier ministre d'Israël et président de Yad Vashem) et de la romancière Shulamit Lapid.

Au milieu des années 1980, Lapid a épousé Tamar Friedman avec laquelle il a un fils, Yoav, né en 1987. Ils ont ensuite divorcé et il a déménagé à Los Angeles, où il a travaillé dans l'industrie de la télévision. Il est ensuite retourné en Israël, où il a repris sa carrière de journaliste. Il est actuellement marié à la journaliste Lihi Lapid et vit dans le quartier de Ramat Aviv Gimel à Tel-Aviv. Lui et sa femme ont deux enfants. Il fréquente les Daniels Centers for Progressive Judaism, une synagogue du judaïsme réformé de Tel-Aviv[1].

Carrière journalistique modifier

 
Yaïr Lapid journaliste au début des années 1980.

Il commence sa carrière de journaliste comme correspondant militaire pour Ba-Mahane, l'hebdomadaire de l'armée israélienne. Il écrit aussi dans Ma'ariv (fondé par un groupe de journalistes, parmi lesquels son grand-père maternel, David Guiladi (he)), jusqu'en 1988 pour rejoindre l'édition de Tel-Aviv du Yediot Aharonot[2]. À partir de 1991, il écrit un éditorial hebdomadaire dans l'édition du week-end de Ma'ariv, puis du Yediot Aharonot.

En 1994, il devient journaliste à la télévision sur la chaîne Aroutz 1. En 1999, il rejoint la chaîne Aroutz 2 où il présente un talk-show appelé Yaïr Lapid. En 2008, il présente Ulpan Shishi (he), un programme d'information hebdomadaire très populaire d'Aroutz 2[3].

Auteur de 11 livres (9 romans policiers[4] et 2 livres pour enfants), il écrit le scénario d'une série diffusée, en 2004, sur Aroutz 2.

Allié puis opposant de Netanyahou modifier

En , Lapid annonce quitter le journalisme et commencer une carrière politique. Le , Lapid annonce la création d'un nouveau parti, Yesh Atid, classé au centre de l'échiquier politique[5],[6]. Lapid réalise une bonne campagne dans les médias et se place comme le défenseur de l'Israélien des classes moyennes qui travaille, défend la patrie et paye ses impôts par opposition au Likoud de Netanyahou qui représente les intérêts des idéologues des colonies, des religieux et des militants d'extrême droite. Il met en avant la nécessité du dialogue politique, en contraste avec la stratégie plus radicale de Netanyahou[7]. Son parti termine en deuxième position lors des élections législatives israéliennes de 2013, derrière le Likoud.

 
Yair Lapid en 2013.

Le Likoud est chargé par le président Shimon Peres de former un gouvernement. Les négociations avec Yesh Atid sont difficiles et Lapid demande, pour participer au gouvernement, que le nombre de ministres soit réduit de 28 à 18 ce qui provoque des difficultés avec les ministres précédents qui perdraient leur ministère. Lapid refuse aussi que la coalition gouvernementale comprenne des membres des partis haredim, préférant la présence du Foyer juif, le parti de Naftali Bennett. Le Likoud lui propose le poste de ministre des Finances même si Lapid préférerait celui de ministre des Affaires étrangères[8]. Il accepte malgré tout le poste de ministre des Finances, qu'il occupe dans le gouvernement Netanyahou III à partir du .

En , il déclare que « la solution de deux États est la seule » entre Israël et la Palestine. Il exprime par ailleurs un premier désaccord avec le gouvernement en critiquant l'annonce d'un appel d'offres pour de nouvelles constructions de colonies[9].

Le , le Premier ministre a renvoyé Yaïr Lapid de son gouvernement après qu'il s'est opposé à plusieurs reprises à la politique menée par la coalition gouvernementale. De plus, la baisse de sa cote de popularité a joué en sa défaveur étant donné qu'elle a affaibli son poids politique et ses chances de succès lors des prochaines élections[10]. Son parti arrive quatrième, à 9 % des suffrages exprimés, aux élections législatives de 2015.

Aux élections d', puis de , il fonde la coalition Bleu et blanc avec le parti Hosen L'Yisrael de l'ancien chef d'État-Major Benny Gantz, comptant sur le prestige de ce dernier pour chasser du pouvoir Netanyahou, accusé de corruption. Aucun des trois scrutins ne permet la formation d'un gouvernement, le Likoud et Bleu et Blanc étant systématiquement au coude-à-coude, avec des alliés également dispersés.

Le , à la surprise générale, Gantz, après trois campagnes où il s'était posé en alternative au Premier ministre, accepte de négocier la formation d'un gouvernement d'union nationale dirigé par Netanyahou, qui lui laisserait la place à mi-mandat. Cela créé une crise au sein de Bleu et Blanc, que Yesh Atid et le troisième parti membre, Telem (en), quittent dans les jours suivants. Le gouvernement Netanyahou V, qui voit le jour en mai, explose dès la fin de l'année, entraînant de nouvelles élections.

Premier ministre alternant et ministre des Affaires étrangères modifier

Après les élections de , où son parti Yesh Atid est arrivé en deuxième position, et à la suite de l'échec de Benyamin Netanyahou à former un gouvernement dans les quatre semaines qui lui étaient imparties, Yaïr Lapid est chargé le par le président Reuven Rivlin de former le gouvernement dans un nouveau délai de quatre semaines[11].

 
Yaïr Lapid avec le président Reuven Rivlin et Naftali Bennett en juin 2021.

Le , Naftali Bennett annonce soutenir les efforts pour former un gouvernement qu'il dirigera avec Lapid. Celui-ci reçoit également le soutien des partis Nouvel Espoir et Israel Beytenou, du Parti travailliste israélien et du Meretz, ainsi que de Bleu et blanc. Pour obtenir la majorité des députés, le gouvernement doit encore avoir le soutien de députés arabes israéliens[12]. Le , après un accord avec la Liste arabe unie, Lapid annonce avoir réussi à former une coalition. Il dispose d'une semaine pour former un gouvernement[13]. Bennett doit être Premier ministre durant les deux premières années, avant que Lapid, qui sera entretemps Premier ministre alternant et ministre des Affaires étrangères, ne lui succède jusqu'au terme de la législature en 2025[14]. Le gouvernement Bennett-Lapid est approuvé par un vote de la Knesset, à une voix près (60 contre 59), le [15]. À partir de juin 2022, des divergences apparaissent au sein de la coalition[16].

Premier ministre modifier

 
Yaïr Lapid lors d'une conférence avec le président américain Joe Biden aux Émirats arabes unis, 14 juillet 2022.

Le 20 juin, Bennett et Lapid annoncent la dissolution prochaine de la Knesset et la convocation d'élections législatives[17]. Celle-ci est effective le 30 juin et Yaïr Lapid devient Premier ministre en titre le lendemain [18]. Il devient alors le premier chef du gouvernement israélien à prendre ses fonctions après la dissolution de la Knesset[19].

Le , son parti Yesh Atid et ses alliés perdent la majorité parlementaire à la suite des élections, alors que le Likoud et ses alliés d'extrême droite remportent une majorité de 64 sièges à la Knesset, permettant ainsi le retour de Netanyahou au poste de Premier ministre[20]. Netanyahou est officiellement désigné pour former un gouvernement par le président Isaac Herzog le 13 novembre 2022, et le nouveau gouvernement est investi par la Knesset le 29 décembre suivant, mettant un terme au mandat de Lapid[21],[22],[23]. Il s'agit alors du plus court passage à la tête du gouvernement de l'histoire du pays.

Références modifier

  1. (en) « Yair Lapid's 'Jewish Home' Is a Reform Synagogue in Tel Aviv », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) « Yair Lapid's quest to be the epitome of the new Israeli », Ha'aretz, .
  3. (en) « Yair Lapid to enter politics », Ynet, .
  4. Marianne, no 823 du , p. 54
  5. (en) « Yair Lapid to call all the shots in new party, charter shows », Ha'aretz, .
  6. (en) « Yair Lapid unveils plan to integrate ultra-Orthodox into the IDF », Ha'aretz, .
  7. (en) Karl Vick, « Meet Yair Lapid: The New Strongman of Israeli Politics », Time, .
  8. (en) Jonathan Lis, « Lapid's party tells Likud it won't join 'swollen' coalition of 28 Israeli ministers », Ha'aretz, .
  9. Yaïr Lapid, interviewé par Adrien Jaulmes, « La solution de deux États est la seule », Le Figaro, mardi , page 4.
  10. Piotr Smolar, « M. Netanyahou ouvre la voie à des élections anticipées », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  11. (en) « Israeli President Taps the Opposition Leader Lapid to Form Government », sur nytimes.com.
  12. i24NEWS, « Israël : Naftali Bennett annonce son intention de former un gouvernement d’union nationale avec Yaïr Lapid », sur i24news.tv, (consulté le ).
  13. « Yaïr Lapid forme une coalition et signe la fin de l'ère Netanyahou en Israël », sur L'Écho, (consulté le ).
  14. « Pour la première fois depuis douze ans, Israël doit changer de Premier ministre », sur Les Échos, (consulté le ).
  15. « Israël : Naftali Bennett devient premier ministre, Netanyahou écarté du pouvoir », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  16. « En Israël, compte à rebours de la chute du gouvernement de Naftali Bennett », sur France 24, (consulté le )
  17. « En Israël, la coalition au pouvoir va dissoudre la Knesset et provoquer des élections », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. « Israël : la Knesset dissoute, les prochaines législatives fixées au 1er novembre », sur Les Echos, (consulté le ).
  19. (tl) i24NEWS, « ANALYSE », sur www.i24news.tv (consulté le ).
  20. « Benjamin Netanyahou remporte les élections en Israël avec le soutien de l’extrême droite », sur L'Obs, (consulté le )
  21. Par Le Parisien avec AFP Le 13 novembre 2022 à 11h59, « Israël : arrivé en tête des législatives, Netanyahou officiellement désigné pour former le gouvernement », sur leparisien.fr, (consulté le )
  22. « En Israël, le nouveau gouvernement de Benyamin Nétanyahou obtient la confiance du Parlement », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. « Israël : le gouvernement Netanyahou investi », sur LEFIGARO, (consulté le )

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