Wikipédia:RAW/2021-11-01

Brèves modifier

Plus de vie privée en ligne — Un fil de Reddit liste plusieurs applications/services informatiques que des internautes jugent moins intrusifs de leur vie privée que les produits de Google. Les titres se trouvent dans cette longue page (recherchez « Recommended alternatives »).

Vulgariser Wikipédia — Vous connaissez quelqu'un qui consulte Wikipédia, mais qui ignore son mode de fonctionnement ou encore que l'encyclopédie libre fait partie d'un vaste écosystème ? L'internaute Benjamin Brillaud a produit une vidéo de vulgarisation sur sa chaîne YouTube Nota Bonus que vous pouvez partager en confiance. (fr)[1]

Internet Archive... — célèbre ses 25 ans d'existence. Brewster Kahle a en effet fondé en octobre 1996 une bibliothèque numérique. Aujourd'hui, Internet Archive est plus qu'une bibliothèque. On y trouve en plus la Wayback Machine, des jeux vidéos, des films, des logiciels, de la musique. Plusieurs de ces médias sont offerts en libre consultation sur le site même. Il est possible d'emprunter des livres numériques et de parcourir des livres numérisés, à la condition d'être abonné. Si vous comprenez l'anglais, voyez cette vidéo dans laquelle Kahle présente son projet en 1996. [NdE : Le nombre de livres en français numérisés et publiés par IA se compte en dizaines de milliers.]

POTY 2020 — Du 15 au 29 octobre, la communauté pouvait voter pour un maximum de 3 images parmi les 59 s'étant qualifiées pour le second tour de l'image de l'année 2020 (Picture of the Year, POTY) sur Wikimedia Commons. Celle qui recevra le plus de votes sera l'image gagnante.

Quelques finalistes de POTY 2020

Livres validés — La Wikisource en français propose des milliers de livres gratuits sous licence libre. En 2021, elle a publié les deux tomes validés du Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens de Jean-François Champollion, livre séminal sur le déchiffrement de l'écriture hiéroglyphique égyptienne. Vous pouvez télécharger le tome 1, qui est une longue suite d'observations s'appuyant surtout sur son étude de la pierre de Rosette, à partir de cette page (cliquez sur le bouton « Téléchargement » en haut). Si vous souhaitez consulter les planches mentionnées dans le tome 1, téléchargez à partir de cette page. Comptez une dizaine de secondes pour le téléchargement d'un seul livre, car il est créé à la volée.

Timothy Ferriss reçoit Jimmy Wales modifier

Timothy Ferriss interviewe des personnalités du monde des affaires et publie les échanges en podcasts. Il a reçu Jimmy Wales en août 2021.

 
À Huntsville en Alabama, banc d'essai du moteur-fusée F-1.

Ce dernier mentionne avoir été élevé à Huntsville en Alabama, à l'époque où les États-Unis menaient dans cette ville des recherches intensives pour développer des techniques capables d'envoyer des hommes dans l'espace. Il affirme avoir été fasciné par ces recherches, faisant de Huntsville un lieu de haute technologie selon lui. Wales mentionne avoir suivi des cours dans une école multi-niveaux que sa mère, une enseignante de formation, et sa grand-mère ont mise sur pied. Les méthodes d'enseignement ressemblaient à celles de l'école Montessori ; des groupes pro-Montessori soulignent régulièrement que Wales a suivi des cours dans une école Montessori, ce qui est faux selon son témoignage. Dans cette école, les élèves avançaient à leur rythme. Par exemple, ils pouvaient compléter le cours de mathématiques en quatre mois, puis utiliser le temps ainsi dégagé à faire autre chose. Cette expérience scolaire a influencé sa façon de poursuivre des projets professionnels : régulièrement, il se demande ce qui lui tente de faire. Elle a aussi influencé sa façon de soutenir les choix académiques de son aînée : elle a fréquenté des écoles qui lui plaisaient, sinon c'était l'école à la maison. Pour ses deux fils, il a échangé avec les membres de groupes en faveur de l'école à la maison ; il a été frappé par le nombre de groupes qui sont soutenus par de fervents religieux. Ses deux fils vont à une école près de la maison familiale à Londres, puisque c'est sa femme qui s'occupe surtout de leur éducation, lui voyageant un peu partout sur la planète. Il n'a pas d'opinion sur la supériorité d'une façon d'apprendre ; plusieurs voies s'offrent pour être bien outillé à l'âge adulte.

Il juge que les articles sur lui dans les Wikipédias linguistiques sont des nécrologies. Il trouve inadéquat de le classer athée, puisque ce n'est pas ce qui le définit, au contraire de Madalyn Murray O'Hair par exemple. Il rajoute que c'est pareil à le classer parmi les gens qui mangent de la crème glacée. Questionné sur les raisons de son athéisme, Wales mentionne avoir demandé une camionnette jouet de l'univers G.I. Joe au père Noël œuvrant au centre commercial près de chez lui. Il ne l'a jamais reçu, même si c'était ce qu'il désirait le plus comme cadeau de Noël. Cette expérience l'a amené à questionner d'autres affirmations religieuses. Il a par la suite étudié la philosophie. Il en est venu à juger que l'honnêteté servirait le mieux sa cause personnelle.

 
Timothy Ferriss en 2010.

C'est au début de la vingtaine qu'il porte son attention sur le marché des actions. Il étudie alors pour devenir courtier en valeurs mobilières. À une question de Ferriss, Wales répond que ce métier exige d'utiliser ses neurones plutôt que ses émotions. Pour lui, acheter ou vendre un titre sur la base de ses émotions fait de vous un courtier incompétent. Plus un titre est difficile à évaluer, plus il est certain que la valeur du titre est fausse. Et c'est là qu'un bon courtier est capable d'indiquer sa juste valeur. Malgré son expérience du marché mobilier, Wales avoue ne pas investir de façon logique, préférant engager tout son argent disponible dans les projets qui l'intéressent.

Il admet être un fervent inconditionnel des théories d'Ayn Rand, particulièrement celles évoquées dans La Source vive (The Fountainhead). Il soutient le libre marché capitaliste et croit à la recherche son intérêt propre (self-interest), avec des nuances. Pour lui, les idées constituent une part importante de l'activité humaine. C'est pourquoi il n'aime pas lire des critiques acerbes des théories d'Ayn Rand. Il demande aux gens de les étudier, puis de se les approprier pour devenir de meilleures personnes. Lorsqu'il parcourt un article de Wikipédia qui contredit ce qu'il croit vrai, il accepte d'étudier les arguments et de modifier sa position s'ils sont fondés. Il n'aime pas Twitter, parce que la longueur de texte autorisé ne permet que d'esquisser une idée, et plusieurs internautes préfèrent alors écrire « une courte blague assassine qui détruit quelqu'un avec humour »[trad 1], sans engager un débat intellectuel avec la personne visée. Il rappelle l'ancienne popularité d'Usenet, là où les internautes échangent sur tout et sur rien, qui a été envahi par des publicités. Il s'est demandé pourquoi les gens y participent. Revenant à Twitter, il affirme qu'il y est difficile d'empêcher par exemple les propos haineux parce que le site a une approche descendante et que les modérateurs sont « surchargés, insuffisamment payés et ils rendent un grand service au prix d'une grande dépense personnelle »[trad 2]. Selon Wales, des groupes sur Usenet ont commencé petits, animés par des gens courtois et responsables. Lorsque ces groupes ont grandi, des personnes fortes en gueule ont envahi l'espace de communication, faisant fuir les premières. Son analyse d'Usenet a mené Wales à contempler l'idée d'un site où la communication ne serait pas seulement régie par un logiciel, mais aussi par des normes et des règlements sociaux, ce qui permettrait de construire quelque chose d'utile aux internautes.

Ferriss lui demande s'il a jamais donné à l'un de ses proches un livre qu'il apprécie. Wales déclare ne l'avoir jamais fait, mais il recommande la lecture de deux ouvrages : Les Sept Habitudes des gens efficaces (7 Habits of Effective People) de Stephen Covey et Getting Things Done de David Allen. Le premier a eu un impact durable sur ses activités, alors que le second exprime à peu près les mêmes idées, mais d'une façon qui ne touche pas Wales. Il mentionne Your Money or Your Life, un livre où l'auteur affirme que nous pouvons vivre avec moins d'argent que nous ne le croyons. Il y a aussi 4-Hour Workweek (de Timothy Ferriss). Inspiré par les idées de ce livre, Wales a déménagé en Argentine, croyant pouvoir poursuivre ses activités new-yorkaises à distance. Après un mois, il a déchanté lorsqu'il a su qu'il devait prononcer deux discours, un à Milan et l'autre en Corée, et qu'il ne pouvait pas rapidement atteindre ces villes à partir de Buenos Aires.

Wales poursuit ensuite avec Bomis, société fondée avec un collègue pour surfer sur la vague Internet. [NdE : qui a commencé à la fin des années 1990 et s'est terminée au tout début des années 2000.] La société NBC, souhaitant créer un portail pour la télévision, a signé une entente avec Bomis pour que son site rejoigne le portail. Lorsque des cadres de NBC ont plus tard calculé que la société perdait des dizaines de millions par mois pour exploiter un portail confidentiel, ils ont rompu le contrat avec Bomis, sans compensation. Malgré la rupture de contrat, Wales avait à sa disposition suffisamment d'argent pour envisager la création d'autres sites Web, tels une encyclopédie en ligne, un site de ventes d'automobiles par soi-même et un site d'achats de mets de restaurants. Grâce aux fonds provenant de NBC et au soutien financier de son patron de la firme de courtage mobilier, Wales a embauché des programmeurs pour construire la future Nupedia.

Cette décision de se lancer dans une aventure pleine d'incertitudes ne semble pas lui avoir fait craindre pour son futur professionnel. Wales explique que les sociétés de la Silicon Valley ne jugent pas un entrepreneur à l'aune de ses réussites professionnelles antérieures. Elles recherchent plutôt des personnes qui ne craignent pas l'échec lorsqu'elles innovent. Il a questionné des entrepreneurs japonais et coréens. Pour eux, un échec professionnel constitue la preuve que la personne est incapable de réussir professionnellement dans le futur.

À son plus fort, Nupedia employait 20 personnes. Lorsque l'entente avec NBC a été brutalement terminée, Nupedia a continué pendant environ un an. La bulle Internet a éclaté pendant cette année-là selon ses dires. Dans les mois suivant la fin de l'entente, des salariés ont quitté Nupedia pour diverses raisons. Un « vendredi noir », faute de fonds suffisants, Wales a remercié 12 employés en un seul jour. Il admet avoir trop tardé, refusant de voir que l'éclatement de la bulle avait sévèrement relevé les critères de financement.

 
RIP, Nupedia.

Le projet Wikipédia était lancé depuis quelque temps, obtenant nettement plus de succès que Nupedia. Wales a alors mis plus d'énergie dans cette entreprise, délaissant Nupedia. Ferriss mentionne que si Wales avait mieux jugé le marché financier américain, probablement que Nupedia aurait généré suffisamment d'argent pour en tirer un salaire décent. Wales confirme.

« Je dis toujours que Wikipédia doit sa naissance à l'éclatement de la bulle Internet[trad 3]. »
— Jimmy Wales

Il mentionne qu'il était impossible de lever des fonds pour Wikipédia. Son audience était si faible que les revenus générés par des publicités n'auraient rien changé. S'il avait eu suffisamment d'argent à sa disposition, il aurait probablement suivi le modèle d'affaire de Twitter, Facebook, YouTube et d'autres sites : embaucher des gens pour modérer les commentaires et recourir à des algorithmes opaques pour éliminer la majorité des commentaires qui fâchent. Il affirme que, puisque Wikipédia n'avait aucune source de revenus suffisamment importante pour modérer les internautes, lui et ses collègues ont recherché un modèle différent. C'est ainsi qu'ils ont pensé aux futurs administrateurs, sortes d'agents de la paix. Également, ils ont envisagé une sorte de cour suprême (ou cour d'État), connu dans la Wikipédia en français sous le nom de « Comité d'arbitrage ».

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Une armée de bénévoles veille sur Wikipédia.


     
Une armée de bots veille aussi.

Wales revient sur Nupedia, indiquant que c'était une encyclopédie sérieuse, où personne n'avait de plaisir à y participer. Un an après son lancement, il s'est demandé pourquoi elle avait publié si peu. Il a alors décidé de rédiger une courte biographie de Robert Merton, lauréat du « prix Nobel » d'économie, parce qu'il avait étudié sa théorie lorsqu'il était sur les bancs d'école. Toutefois, Jimmy Wales a vécu le syndrome de la page blanche : il a craint que sa biographie soit vertement critiquée par des spécialistes en économie. Cette expérience a suffi pour qu'il adopte le modèle du wiki. De plus, il a craint que la communauté de Nupedia s'oppose farouchement à la façon wiki. Il a été convaincu de la justesse de son choix, parce qu'en deux mois, la communauté wikipédienne a publié autant de matériel que la communauté Nupedia en deux ans. De plus, après avoir publié son premier article en grande fanfare, la communauté de Nupedia a été refroidie lorsqu'elle a appris que l'article était en partie du plagiat. « Donc tout le processus de révision académique [de Nupedia], avec les professeurs qui regardent et tout, n'a pas permis de repérer le plagiat aussi vite que de le montrer à 200 personnes »[trad 4].

 
Blâmez Ward Cunningham pour avoir créé le wiki  .

À propos de l'adoption du wiki comme modèle participatif, Wales se rappelle avoir demandé à Ward Cunningham, l'inventeur du concept, ce qu'il pensait de l'idée d'utiliser un wiki pour rédiger une encyclopédie. Cunnigham aurait répondu « Oui, vous pouvez utiliser un wiki pour rédiger une encyclopédie, mais ça sera toujours un wiki »[trad 5]. Quand Wales a-t-il vraiment adopté la technologie wiki ? Quand sa fille naissante a été très malade. Ce traumatisme lui a fait prendre conscience que la vie est trop courte pour attendre. Il a alors téléchargé une plateforme wiki et a commencé à rédiger.

Wales se défend d'avoir déclaré que « Dieu merci, notre petite entreprise fonctionne en pratique, parce qu'en théorie ça ne pourrait jamais fonctionner »[trad 6].

Ferriss lui demande quelles décisions ont eu une influence durable sur le succès de Wikipédia. Selon Wales, la neutralité de point de vue, décidée dans les premiers jours de Wikipédia, est essentielle au succès de l'encyclopédie libre. Un internaute a téléversé dans la Wikipédia en anglais le texte complet de la pièce de théâtre Hamlet. Même si le texte est publié sous une licence libre, Wales et d'autres décideurs ont choisi de créer Wikisource pour héberger ce type de contenu. Cette décision semble mineure a posteriori, mais à cette époque, elle a joué un rôle certain dans la définition de Wikipédia. Son associé Tim Shell a suggéré de créer une page contigue à l'article qui servirait pour les discussions. C'est une bonne décision selon Wales. Il explique qu'aux débuts de Wikipédia, les internautes pouvaient insérer des commentaires dans les articles mêmes, ce qui rompait la lecture des internautes lambda (car ils devaient déchiffrer un langage propre au wikipédiens de cette époque). Les pages de discussion ont caché cet aspect essentiel à la production des articles, pages le plus souvent consultées par les contributeurs.

Des erreurs qu'il aurait pu éviter ? Il n'aime pas répondre à ce type de question, parce que chaque échec sert d'expérience utile. L'un des trucs qu'il n'aime pas dans la Wikipédia est l'usage des deux-points pour renfoncer un texte. À l'époque, c'était le plus facile à mettre en place. Aujourd'hui, une discussion peut comprendre cinq-six-sept commentaires, le dernier étant précédé de sept :. Pour les nouveaux, c'est une barrière à la discussion. De plus, dans le système actuel, il est facile de modifier le commentaire de quelqu'un. Si une faute de frappe est corrigée, peu de gens s'en soucient ; si une négation est ajoutée, le discours peut s'enflammer. C'est l'un des aspects négatifs de la technologie wiki : quelqu'un peut modifier n'importe quelle page, créant peut-être des problèmes pour la communauté. Wales met toutefois en garde contre la tentation de créer un système qui bloquerait tous les fâcheux de façon systématique, parce que plusieurs obstacles seraient érigés devant les internautes de bonne foi.

Qu'est-ce qui caractérise un grand wikipédien ? C'est une personne qui respecte les valeurs et les idées de Wikipédia, comme la neutralité du point de vue, la qualité des contenus et l'usage de sources fiables. Ce respect prime sur ses opinions politiques. Il donne comme exemple son refus de modifier la page de en:Donald Trump, parce que ce type le met dans une colère blanche : il ne serait pas neutre en modifiant cette page.

Il est très content de l'introduction du Code de conduite universel (CdCU), créé à la suite de multiples consultations des communautés wikimédiennes. Même si le CdCU ne couvre pas tous les problèmes de comportements vécus par les communautés, ça peut servir d'argument justificatif pour bloquer un contributeur malveillant. Wales mentionne que les cas de contributeurs productifs qui ont des comportements sociaux dérangeants sont plus difficiles à traiter ; le CdCU peut servir dans ces cas-là.

Il promet de ne jamais soutenir un système de pointage ou de like à la façon Facebook, croyant que c'est inhumain. Par la suite, les deux échangent sur l'optimisme et la dépression.

En 2021, Wales travaille sur un « réseau social non toxique »[trad 7], WT.Social (WT est l'abréviation de « WikiTribune »), qui progresse lentement par choix, préférant ne pas demander de capital risque pour éviter l'obligation de rendre des comptes et d'avancer à marche forcée. Il voit le site comme un lieu d'échanges informels pour une famille ou des amis, à la façon qu'un repas de famille constitue une excuse pour se réunir sans se sentir ignoré ni forcé.

La pandémie de Covid-19 a significativement réduit la demande pour ses conférences. Wales travaille donc à sa maison londonienne, mais une partie de sa famille demeure aux États-Unis. Quelqu'un a proposé un quiz, dont les questions ont fait rire les autres membres de la famille. Plusieurs quiz humoristiques ont suivi, ce qui l'a inspiré. Il a créé Quiz Night Beyond, où les gens créent des quiz, puis invitent des amis et des membres de la famille à y participer à une heure précise. Les questions peuvent susciter des commentaires drôles. Cette activité crée donc un lieu virtuel de rencontre.

L'entrevue se termine par des réflexions sur le métier d'entrepreneur.

Lever trop de fonds ? modifier

Guillaume Paumier, wikimédien de longue date et présentement à l'emploi de la Wikimedia Foundation [2], a exprimé son opinion personnelle sur les campagnes de levées de fonds que mène régulièrement la Wikimedia Foundation (WMF).

Les oppositions aux levées de fonds s'appuient sur trois perceptions :

  1. supériorité morale du désintérêt financier ;
  2. budgets insolites et cibles financières extravagantes ;
  3. moyens inappropriés de lever des fonds.

Pour expliquer la première, Paumier écrit que plusieurs wikimédiens sont « viscéralement dégoûtés »[trad 8] d'apprendre qu'il y a une relation entre l'argent et la connaissance libre. Ils ont contribué de façon bénévole pendant des années, se dévouant à l'avancement de la connaissance humaine. Tous ces efforts ayant été faits de façon altruiste, ils exigent que l'infrastructure wikimédienne soit exploitée sans poursuivre de buts mercantiles. Les fonds récoltés ne devraient servir qu'à s'assurer que l'infrastructure fournisse un bon service. Exiger plus d'argent que le minimum nécessaire est une tentative de profiter des efforts des bénévoles, ce qui est révoltant aux yeux de plusieurs wikimédiens. On voit des commentaires semblables dans les discussions sur les modèles d'affaires dans la communauté du logiciel libre, et sur les contributions rémunérées. Selon Paumier, « peu de choses peuvent être faites pour changer les identités individuelles et les jugements moraux sur l'argent »[trad 9].

Le second point d'achoppement porte sur combien d'argent la WMF lève. Pour les wikimédiens de la première heure (« Nous donnerez-vous quelques dollars pour qu'on puisse acheter un deuxième serveur !? »[trad 10]), lever plus de 150 millions de dollars est extravagant. Et le restera toujours. Les très petits budgets du passé sont des ancrages cognitifs, ce qui explique la perception que les budgets actuels semblent « avidement surdimensionnés » [trad 11]. Au lieu d'être offusqués par la croissance du budget, nous devrions selon Paumier nous demander de combien d'argent le mouvement a vraiment besoin. En tant que participants, nous devrions rechercher le maximum d'argent pour poursuivre notre mission. En effet, le projet que nous souhaitons réussir est « tellement ambitieux et surdimensionné »[trad 12] qu'il est nécessairement coûteux. Le conseil d'administration de la WMF le sait puisque, dès qu'il a adopté la Stratégie Wikimedia 2030, il a ordonné de lever plus d'argent qu'à l'accoutumée, dans le but d'atteindre les objectifs de ce projet. [3]

 
Est-ce que le mouvement Wikimedia sera un jour doté du même budget de fonctionnement que le Comité international de la Croix-Rouge ?

Lors de rencontres des groupes de travail sur la stratégie tenues à Berlin au début 2018, les gens présents se souviennent probablement d'un exercice de pensée supervisé par le groupe Revenue Streams (littéralement, « Flux de revenus »). Selon des calculs sommaires, pour atteindre les objectifs de 2030, le mouvement a besoin d'un budget annuel frôlant le milliard de dollars. « Il n'y a rien d'intrinsèquement scandaleux dans ce montant »[trad 13], du moment que cet argent fasse progresser la mission efficacement et équitablement. À titre de comparaison, le Comité international de la Croix-Rouge, un ONG, avait un budget de 1,6 milliard en 2016.

Selon Paumier, c'est le cœur du débat sur les objectifs de collecte de fonds. Ils portent moins sur le montant levé que sur la façon dont il est dépensé. En excluant les arguments moraux, le souci n'est pas que le mouvement lève trop d'argent, mais bien que les gens ressentent qu'ils ne reçoivent pas une part équitable, peu importe que ce soit en argent, en attention, en soutien ou n'importe quoi d'autre. Lors des rencontres à Berlin, presque personne ne voulait discuter de revenus et peu de gens voulaient faire partie de ce groupe de travail. Les débats ont surtout porté sur qui devrait recevoir l'argent et qui devrait allouer les sommes. Il juge que si les bénévoles sentaient qu'ils sont proprement soutenus (fonctionnalités, outils et programmes) et que les groupes affiliés pouvaient compter sur les ressources nécessaires à leur mission, beaucoup moins de gens se plaindraient des montants des levées de fonds.

Qui dit argent donné, dit habituellement reddition de comptes. La WMF est privilégiée parce que la majorité de ses revenus provient de petits dons effectués par des millions de donateurs. Elle est donc très peu susceptible de voir une importante source de revenus se tarir du jour au lendemain. Elle peut rendre des comptes, mais ce serait auprès de chaque petit donateur. L'impact de sa reddition de comptes est donc dilué, diffus. La plupart des organismes caritatifs a habituellement une plus petite base de donateurs. Ils ont donc tout intérêt à démontrer que l'argent reçu est bien dépensé. La WMF est atypique puisqu'elle rejoint des milliards de personnes, ce qui l'avantage financièrement. Toutefois, à cause de sa licence de distribution de contenus, les moteurs de recherche et les assistants virtuels peuvent, et le font, reprendre les contenus de l'écosystème Wikimedia sous des contraintes peu contraignantes. Puisque les internautes ne sont pas redirigés vers l'un des wikis de l'écosystème, l'ensemble risque de perdre en influence.

Toujours selon Paumier, de nombreux internautes soutiennent financièrement Wikipédia parce qu'elle leur rend service. Cette relation met l'écosystème à l'abri des exigences de quelques gros donateurs, tout en permettant à ses communautés de poursuivre les missions qu'elles jugent les plus importantes. Il y a un revers à cette posture. Chaque wikimédien croit que ses productions sont importantes, mais nous n'avons aucune preuve que ce soit le cas.

Si personne ne rend de compte aux donateurs, vers qui se tourner ? Le conseil d'administration est un bon candidat, mais les administrateurs ont soutenu des politiques qui augmentent les dépenses. Le conseil global (Global Council) pourrait penser autrement, mais ce n'est qu'un projet pour le moment. Même si la communauté exige des redditions de compte, il n'existe aucun mécanisme pour le faire. Donc, ses demandes ne sont dans les faits que des demandes.

Selon Paumier, les échanges sur les levées de fonds constituent un bon exemple du concept de la voix tel que formulé par Albert Hirschman qui a étudié la baisse de qualité des biens et services que les institutions délivrent (voir notamment Exit, Voice, and Loyalty). Nous n'aimons pas une décision, mais refusons de quitter un groupe pour au moins l'une de ces raisons : il n'y a pas d'alternative, nous sommes personnellement trop investis, notre identité découle de notre participation ou nous tolérons la décision. Puisque nous ne pouvons pas quitter, nous utilisons notre voix, même s'il est prouvé que son influence est minuscule sur les décisions.

Parlons maintenant de la façon dont les fonds sont levés, ainsi que des plaintes sur leur ampleur, leur fréquence et le langage utilisé dans les bannières. L'une des plaintes les plus communes sur les messages est que leur ton est trop alarmiste ; les donateurs sont donc induits en erreur en croyant que Wikimedia est confrontée à un danger imminent. Paumier juge que le travail des créateurs de ces messages n'est pas suffisamment souligné de façon positive. Ces gens sont soucieux de concevoir de bons messages. Ils analysent de grandes quantités de donnés provenant de tests A/B dans le but d'adoucir les messages et de diminuer le ton alarmiste, tout en cherchant à atteindre les cibles financières. Ils poursuivent leur travail malgré les critiques régulières qu'ils reçoivent. Paumier déclare ces gens des héros.

 
L'écosystème Wikimedia pourrait bientôt n'être plus qu'un lointain souvenir.

Peu importe, il y a vraiment une urgence que la plupart des opposants vocaux ne perçoivent pas. Notre mission est en danger, dans un avenir rapproché, ce que beaucoup de gens ne peuvent imaginer. Selon Paumier, le biais de normalité nous amène à penser que, puisque nous avons connu le succès pendant les 20 dernières années, nous le connaîtrons dans les prochaines 20 années. C'est une erreur.

« Ces dernières années, quelques tendances ont émergé dans l'utilisation d'Internet et ont remis en question le modèle des bannières. L'utilisation croissante des appareils mobiles s'est traduite par une diminution des dons par rapport aux ordinateurs de bureau, compensée uniquement par l'amélioration et l'optimisation de l'efficacité des bannières, ainsi que par la croissance de notre programme d'envoi de courriels aux anciens donateurs. Une stagnation du lectorat global menace également le modèle des bannières, les internautes accédant au contenu de Wikipédia par des intermédiaires et ne consultant pas Wikipédia directement.

Le programme de collecte de fonds par courriels de la Wikimedia Fondation est l'un des efforts entrepris pour relever ces défis. Les bannières sont le principal point d'entrée pour les nouveaux donateurs ; une fois qu'ils ont fait un don, ils peuvent être sollicités par courriels pour des campagnes de collecte de fonds ultérieures. Le travail initial sur les dons récurrents vise également à réduire la réticence à donner et à renforcer la durabilité. Cultiver les grands donateurs par le biais d'événements et de contacts directs est un autre moyen d'obtenir des dons plus importants qui ne dépendent pas d'une interaction directe avec le site Web[trad 14],[1]. »

— Guillaume Paumier, 2018,

La ligne est mince entre frugalité et privation. Dans notre monde qui change rapidement, nous refuser les ressources nécessaires nuit à notre mission selon Paumier. Des contributeurs affirment qu'il y a une date butoir, surtout si nous regardons plus loin que les communautés privilégiées et si nous luttons contre l'oppression historique. De modestes ambitions financières sont à la fois le reflet d'une position privilégiée et de la négligence de calculer les importantes ressources nécessaires pour rejoindre les communautés absentes des structures du pouvoir. Si nous souhaitons maintenir notre engagement à propager la justice, nous devons nous donner les moyens financiers de le faire. Le plus longtemps l'injustice perdure, plus intenses sont les préjudices. Notre travail est urgent et nos donateurs ne partagent pas ce sentiment d'urgence.

En résumé, toujours selon Paumier, mesurons mieux notre influence plutôt que de juste croire qu'elle existe. Il faut discuter de mécanismes pour les redditions de comptes. Soyons réalistes sur les ressources à engager pour accomplir notre vaste mission. Notre entreprise est urgente si nous voulons réaliser un idéal de connaissance équitable. La misère n'est pas plus vertueuse que l'opulence si la richesse est distribuée équitablement dans le but de faire progresser notre mission.

Coin humour modifier

Wikipédia est une entreprise sérieuse. Néanmoins, un peu d'humour peut aider à la rendre plus humaine. Pour souligner le 20e anniversaire de la Wikipédia en français, cette publication propose quelques brèves humoristiques.

Les trolls exigent une pleine et entière reconnaissance de leur existence au sein de Wikipédia. Ils se vantent de plusieurs exploits qui ont permis à l'encyclopédie libre de faire manchette : affaire Seigenthaler, Pierrotgate, affaire Essjay, canular Edward Owens...

« Nous sommes des combattants de la liberté d'expression. Nous protégeons et propageons les fake news et les canulars. Comme les vraies informations, elles sensibilisent aux dangers du Wild Wild Web. » Admirateurs inconditionnels de Jules César, ils répètent inlassablement leur devise : Veni, vidi, viki !


Cette pub est gracieusement offerte par deux collaborateurs de longue date[2]
« Pour tous vos problèmes de clique, heureusement il y a Anticlique™, grâce à sa formule unique enrichie en tensioactifs, vos problèmes de clique disparaissent en un instant et sans effort ! Son action 2en1 prévient également toute accumulation de clique, même dans les recoins du wiki. « Depuis que j'utilise Anticlique™ sur mon wiki, tous mes problèmes de clique ont disparu comme par magie. » (témoignage de Martine S.) Ne pas laisser à la portée des enfants, bien aérer le wiki après usage, présentation non contractuelle.Akéron (d) 13 février 2015 à 12:29 (CET)[répondre]
Je dirais même plus, si vous voulez soulager vos maux du quotidien, cliquez ici. - Bzh99(discuter) 13 février 2015 à 14:10 (CET) »[répondre]

Dans les coulisses de la Wikimedia modifier

Code de conduite universelPour en savoir plus sur le CdCU (page en français).

The Wikipedia Library — Les RAW ont présenté à quelques reprises cette ressource documentaire, dont une brève en août 2020. Quatorze mois plus tard, le nombre d'articles scientifiques offerts à la consultation excède l'imagination, soit plus de 750 millions. Le moteur de recherche a été amélioré. (fr)[4] Si vous respectez certains critères (vous utilisez un compte enregistré, au moins 500 contributions dans l'écosystème, au moins 10 contributions dans les 30 derniers jours et votre compte n'est pas bloqué), vous pouvez consulter des articles scientifiques offerts par cette bibliothèque virtuelle. Pour mieux soutenir vos recherches, on vous demandera de résumer votre historique de contributions. Pour accéder à certaines ressources, vous devrez indiquer votre nom, votre pays de résidence, votre occupation professionnelle et votre affiliation (informations utilisées par les sociétés qui publient les articles). D'autres contraintes s'appliquent, notamment ne pas faire de cueillette massive de données (data scraping). [5]

Bouton/Lien répondre — Bientôt, tous les wikis seront dotés du bouton/lien « [répondre] ». Vous pourrez alors répondre à un commentaire dans un fil de discussion, et le moteur du wiki insérera votre réponse sous le commentaire. (fr)[6], [7]

 
Dans ce fil de discussion, quelqu'un aurait pu cliquer sur n'importe lequel des quatre « [répondre] ».
 
Après avoir cliqué sur « [répondre] », une boîte s'ouvre, où l'on peut saisir du texte.

D'autres fonctionnalités sont offertes par cet outil activé par défaut, voyez (fr)[8].

Encore plus de préférences — Dans la Wikipédia en français, les types de notifications sont encore plus nombreux et vous pouvez demander à recevoir des notifications sur vos applications favorites. Également, vous pouvez sélectionner les types de bannières à afficher. Dans cette page, la colonne « Applis » sert aux contributeurs qui souhaitent recevoir des notifications sur un appareil Android (service discuté dans les RAW du )

Toolhub... — est un catalogue d’outils Wikimedia qui recense environ 1 500 outils au , dont « les plus cool » : CropTool (rogner des images), Wikidata Lexeme (créer des lexèmes en se basant sur un motif), locator-tool (ajouter {{location}} ou {{object location}} à une image sur Commons), Wudele (sondage)... Vous pouvez vous identifier à Toolhub avec votre compte Wikimedia (son interface est en français, mais la majorité des descriptifs des outils est en anglais). Parmi ces outils, certains servent à interroger l'une ou l'autre des bases de données des wikis (exemple : combien d'images ai-je téléversées dans Wikimedia Commons ?), alors que d'autres sont conçus pour effectuer du travail répétitif au nom d'un contributeur (exemple : re-catégoriser).

Les outils ne sont pas regroupés par catégories mais sont étiquetés (exemple). Si vous recherchez un outil sans connaître son nom, vous pourrez le retrouver par une étiquette, à la condition de la connaître. Le plus simple ? Allez à la page d'accueil, puis cliquez sur le bouton de recherche, ce qui renvoie une liste de tous les outils disponibles, mais aussi dans la colonne de gauche les types d'outils, la langue de leur interface, les licences, les auteurs... (exemple ; plusieurs outils dans cette colonnes sont hélas ! insuffisamment renseignés). Vous trouverez peut-être ce que vous cherchez en parcourant la liste des outils d'un même type.

Les données structurées du catalogues sont publiées sous CC0, on peut donc les réutiliser pour créer ses listes ou offrir un service bonifié. [9]

DepictorDepictor est l'un des outils développés par le wikimédien Hay Kranen (d). Il permet d'associer, sous forme de « jeu », du contenu sémantique à des fichiers de Wikimedia Commons.

PHAROS et WPPHAROS est un site Web du « gouvernement français pour signaler des contenus et comportements en ligne illicites ». Des gens de Wikimédia France ont échangé avec des responsables de ce site en lien avec les activités de Wikipédia. Les gens de PHAROS affirment recevoir « très très peu de notifications en rapport à Wikipédia ». Néanmoins, il semble que Wikimédia France servira d'intermédiaire entre la communauté Wikipédia et ce site. (fr)[10] Le collège des administrateurs de la Wikipédia en français s'est penché sur le masquage des « propos illégaux ou haineux ». Comment faire lorsqu'ils sont masqués, et donc inaccessibles aux internautes lambda ? Des administrateurs ont transmis de tels propos à PHAROS en utilisant leurs outils : dans un courriel, coller le propos avec l'URL du diff et l'adresse IP d'où provient le propos. Éventuellement, une personne communique dans l'IRL avec l'administrateur. (fr)[11]

PhysWikiQuiz — L'outil PhysWikiQuiz permet de générer une question aléatoire sur une notion de physique à partir des éléments de cette dernière sur Wikidata. Une dizaine de notions de base sont disponibles avec exemples, et l'intégration de nouvelles est possible, mais ardu.

Adresses IP masquées — La société Apple offre un service appelé « Relais privé iCloud » « qui cache les adresses IP des utilisateurs d'ordinateurs de bureau ou d'appareils mobiles qui utilisent le navigateur Safari [...] Dès que les utilisateurs Apple adopteront ce nouveau service, [l'équipe de développeurs de la WMF estime] que de 3 à 5 % de l'ensemble des éditeurs connectés et non connectés auront ces adresses IP masquées. Si rien ne change, ils pourraient être bloqués d'ici quelques mois. » D'autres sociétés pourraient offrir un tel service dans les prochains mois. Il est difficile d'évaluer combien d'internautes adopteront cette façon de naviguer dans Internet, mais cela risque d'avoir une incidence notable sur le nombre de contributions anonymes. (fr)[12]

Courrier du lectorat modifier

(Il nous fera plaisir de lire les messages déposés ici et, si nécessaire, d'y répondre dans les plus brefs délais.)

  • « […] mais cela risque d'avoir une incidence notable sur le nombre de contributions anonymes. »
Pas seulement, selon les réglages du blocage cela pourrait aussi affecter les modifications avec un compte ou les créations de comptes. — Thibaut (discuter) 1 novembre 2021 à 09:04 (CET)[répondre]
Wikipédia [est] un bien commun numérique qui est fragile puisque l'encyclopédie repose sur la modération citoyenne.[3]
 – Benjamin Brillaud et Sarah Krichen
Rédigé/traduit par Cantons-de-l'Est et Simon Villeneuve
Citations originales
  1. (en) « one-line quip that destroys someone with humor »
  2. (en) « they’re overworked, underpaid, and they’re doing a great service at great personal expense »
  3. (en) « I always say Wikipedia is a child of the dotcom crash »
  4. (en) « So the whole academic review process, with professors looking and everything, didn’t catch the plagiarism nearly as fast as showing it to 200 people »
  5. (en) « Yeah, you could use wiki for writing the encyclopedia, but it would still be a wiki »
  6. (en) « Thank God our little enterprise works in practice, because it could never work in theory »
  7. (en) « non-toxic social network »
  8. (en) « viscerally disgusting »
  9. (en) « because little can be done to change individual identities and moral judgments of money »
  10. (en) « May we ask y'all to chip in a few dollars so we can buy our second server?! »
  11. (en) « greedily outsized »
  12. (en) « so ambitious and expansive »
  13. (en) « There is nothing intrinsically outrageous about that amount »
  14. (en) « In recent years, a few trends have emerged in internet usage and challenged the banner model. The increasing use of mobile devices has translated into fewer donations compared to desktop, only compensated by improvements and optimization of banner effectiveness, as well as the growth of our email program to past donors. A stagnation in overall readership has also threatened the banner model, with internet users accessing content from Wikipedia through intermediaries and not visiting Wikipedia directly.

    The Foundation's email fundraising program is one of the existing efforts undertaken to address those challenges. Banners are the main point of entry for first-time donors; once they have donated, they can be solicited for support over email in later fundraising campaigns. Initial work in recurring donations also aims to reduce the friction of donating and build sustainability. Cultivating major donors through event and direct outreach is another way to bring in larger donations that don't rely on direct interaction with the website.
     »
Notes
Références
  1. (en) Guillaume (WMF), « 2018 Revenue strategy/Summary », sur meta.wikimedia.org,
  2. « Overblogleak », Regards sur l'Actualité de la Wikimedia,
  3. [vidéo] Benjamin Brillaud et Sarah Krichen, « Wikipédia, les 20 ans d'une encyclopédie révolutionnaire ! », sur YouTube.com, (aller à 10 min 37 s)