Wikipédia:Lumière sur/Théodore II Lascaris

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Théodore II Lascaris, manuscrit, Zonaras (gr. 122, fo 294 ro) de la Bibliothèque Estense, Modène, seconde moitié du XVe siècle.
Théodore II Lascaris, manuscrit, Zonaras (gr. 122, fo 294 ro) de la Bibliothèque Estense, Modène, seconde moitié du XVe siècle.

Théodore II Lascaris (grec médiéval : Θεόδωρος Βʹ Δούκας Λάσκαρις), né en ou au début de l'année et mort le , est un empereur byzantin de Nicée ayant régné de 1254 à 1258.

Il est le fils de Jean III Doukas Vatatzès et d'Irène Lascarine, fille aînée de Théodore Ier Lascaris, le fondateur de l'Empire de Nicée comme État successeur de l'Empire byzantin au lendemain de la quatrième croisade en 1204. Théodore II reçoit une excellente éducation de la part de deux érudits renommés, Nicéphore Blemmydès et Georges Acropolite, et, durant son existence, il se lie d'amitié avec plusieurs intellectuels. Il va jusqu'à composer lui-même des traités théologiques ainsi que des écrits historiques et philosophiques qui témoignent du dynamisme intellectuel du monde byzantin d'alors.

En 1235, son père arrange son mariage avec Hélène de Bulgarie, dans le cadre d'une alliance avec le second Empire bulgare et son souverain, Ivan Asen II, contre l'Empire latin de Constantinople qui occupe la capitale de l'ancien Empire byzantin. Théodore lui-même affirme dans ses écrits que le mariage est heureux et il a cinq ou six enfants de son épouse. À partir de 1241, il prend une part active au gouvernement de l'Empire en intervenant au nom de son père en Asie Mineure, quand celui-ci est en campagne dans les Balkans. En revanche, des tensions apparaissent avec des figures de l'aristocratie, dont Théodore Philès et Michel Paléologue.

Théodore succède à son père le . Son règne, court en raison de ses problèmes de santé, voit une consolidation des frontières de l'Empire. En Orient, il signe une alliance défensive avec Kay Kâwus II, souverain du sultanat de Roum, pour s'opposer à l'Empire mongol. Dans l'ensemble, ce front n'est pas un sujet d'inquiétude et l'Empire de Nicée peut se consacrer à la reconquête de ses terres historiques en Europe. Théodore II repousse une invasion bulgare de la Thrace et de la Macédoine, et contraint Michel II Doukas, qui dirige le despotat d'Épire, un autre État issu de la partition de l'Empire byzantin, à lui céder Dyrrachium. Si la présence nicéenne est affermie dans la région, Constantinople demeure aux mains de l'Empire latin de Constantinople. Enfin, il s'allie avec Michel II contre Stefan Uroš Ier de Serbie et Manfred Ier de Sicile, qui a des vues sur les Balkans. Néanmoins, quand ce dernier débarque en 1257, son armée échoue à le vaincre.

Sur un plan intérieur, au-delà d'une méfiance certaine envers l'aristocratie qui lui vaut de nombreuses inimitiés, il tente d'impulser certaines réformes. Fervent défenseur d'un renouveau de l'hellénisme, qu'il voit comme un ciment de l'identité impériale face aux humiliations infligées par les Latins, il favorise un recrutement parmi la paysannerie d'Asie Mineure. Sa défense des Hellènes et d'un monde byzantin menacé s'illustre aussi par son rejet de la moindre concession à la papauté sur la question du schisme entre le catholicisme et la foi orthodoxe.

Dans les derniers mois de sa vie, Théodore II tombe gravement malade et peut de moins en moins participer au gouvernement de l'Empire. Il nomme Georges Mouzalon comme son régent et celui de son fils, Jean IV Lascaris, encore mineur. Il finit par s'éteindre, victime d'un cancer ou d'une épilepsie chronique. Quelques jours plus tard, la fragile régence mise en place s'effondre face à un complot aristocratique mené par Michel Paléologue qui prendra rapidement le contrôle des destinées de l'Empire.