Werner Catel

psychiatre et pédiatre allemand

Werner Julius Eduard Catel, né le à Mannheim, et mort le  à Kiel, est un psychiatre et pédiatre allemand impliqué dans « l'euthanasie » des enfants sous le Troisième Reich.

Biographie modifier

Werner Catel est élève au lycée König-Albert de Leipzig[1]. Il étudie la médecine aux universités de Fribourg-en-Brisgau et Halle. Il est promu Docteur en médecine en 1920. Assistant après 1922 à la clinique pédiatrique de Leipzig, il y passe en 1926 son habilitation. Il rencontre en 1924 à Innsbruck le psychiatre Alfred Hoche, auteur avec le juriste Karl Binding de l'ouvrage L'approbation de la destruction des vies inutiles. Sa mesure et sa forme.

Activité pendant le Troisième Reich modifier

Catel devient en , après le départ contraint du directeur Siegfried Rosenbaum, poursuivi en raison de ses origines juives, le nouveau directeur de la clinique pédiatrique de Leipzig. Il est également professeur de neurologie et psychiatrie à l'université de Leipzig.

Il adhère en au NSDAP. Il est alors déjà membre d'organisations nazies telles l'Association nationale-socialiste des médecins, et le Secours populaire national-socialiste. Il adhère la même année à la Leopoldina.

Participation à l'euthanasie des enfants modifier

Un père résidant à Pomßen prie Catel en 1939 d'accorder à son enfant, Gerhard Kretschmar, né aveugle, avec un avant-bras absent et une jambe mal formée, une « mort miséricordieuse ». Catel se prononce alors sur le fait que l'enfant ne deviendrait « jamais normal », et conseille une démarche directe auprès de Adolf Hitler[2]. Hitler missionne Karl Brandt à Leipzig, et Catel est chargé de la décision et de son application. Catel « endort » alors l'enfant le , ce qui constitue le début de l'euthanasie des enfants en Allemagne.

En suivant les directives de la Commission du Reich pour l'enregistrement scientifique des souffrances héréditaires et congénitales graves, sise à la Chancellerie du Führer, Catel ouvre un «établissement pédiatrique spécialisé» à Leipzig-Dösen, et plus tard dans sa propre clinique. Il y tue des enfants en utilisant le phénobarbital ou la scopolamine. Il est un des trois « experts » chargés d'examiner les formulaires d'enfants handicapés et de décider de leur sort.

Les documents compromettants sont détruits en 1945. Catel demande en 1945 que les chapitres racistes et antisémites des exemplaires de son ouvrage destiné aux infirmières et sages-femmes, Le soin de l'enfant sain et de l'enfant malade soient également détruits. 

Après-guerre modifier

Catel quitte Leipzig en 1946, est déclaré innocent lors du processus de dénazification à Wiesbaden. Il dirige ensuite la clinique pédiatrique Mammolshöhe proche de Kronberg, est acquitté par le tribunal de dénazification de Hambourg et devient en 1954 professeur à l'université de Kiel.

Il affirme en 1964 qu'il naît chaque année presque 2000 enfants « idiots », qui en raison de leur maladie congénitale ou handicap devraient être tués[3].

Après sa mort, ses biens sont légués à l'université de Kiel à la condition que soit fondé un institut « Werner-Catel » de recherche en biologie. Après des protestations étudiantes et une mobilisation de l'opinion publique, l'université renonce à cette donation, trois ans après son décès. Son portrait reste présent dans la clinique pédiatrique de Leipzig, accompagné depuis 2006 d'un texte critique et pédagogique.

L'université de Kiel écrit dans son annonce mortuaire en 1981 que Catel « a contribué de nombreuses façons à la santé des enfants malades »[4].

Notes et références modifier

  1. König Albert-Gymnasium (bis 1900 Königliches Gymnasium) in Leipzig: Schüler-Album 1880-1904/05, Friedrich Gröber, Leipzig 1905
  2. vgl.
  3. Interview im Spiegel Nr. 8/1964 vom 19.02.1964: "Aus Menschlichkeit töten?"
  4. zitiert in Ernst Klee: Wer Täter ehrt, mordet ihre Opfer noch einmal. bei www.irren-offensive.de.

Bibliographie modifier

  • Hans-Christian Petersen und Sönke Zankel. Werner Catel - ein Protagonist der NS-"Kindereuthanasie" und seine Nachkriegskarriere. In: Medizinhistorisches Journal. Medicine and the Life Sciences in History 38 (2003), p. 139–173.
  • Hans-Christian Petersen und Sönke Zankel: "Ein exzellenter Kinderarzt, wenn man von den Euthanasie-Dingen einmal absieht." - Werner Catel und die Vergangenheitspolitik der Universität Kiel. In: Hans-Werner Prahl : Uni-Formierung des Geistes. Universität Kiel und der Nationalsozialismus. Kiel 2007, p. 133–179.
  • Ernst Klee: Deutsche Medizin im Dritten Reich, S. Fischer Verlag Francfort-sur-le-Main.,
  • Ortrun Riha: Das schwerbehinderte Kind als ethische Verantwortung. Die Bürde der Vergangenheit als Verantwortung für die Zukunft. In: 110 Jahre Universitätsklinik und Poliklinik für Kinder und Jugendliche in Leipzig. Bâle 2003, p. 17.
  • Joachim Karl Dittrich: Rechtfertigungen? Betrachtungen zu drei Buchveröffentlichungen Werner Catels. In: 110 Jahre Universitätsklinik und Poliklinik für Kinder und Jugendliche in Leipzig. Bâle 2003, p. 27.
  • Berit Lahm, Thomas Seyde, Eberhard Ulm: Kindereuthanasieverbrechen in Leipzig. Verantwortung und Rezeption. Plöttner Verlag, Leipzig 2008, (ISBN 978-3-938442-48-7).

Liens externes modifier