Wenge Musica

groupe de variétés africaines originaire de Kinshasa, au Congo
Wenge Musica
Description de cette image, également commentée ci-après
Werrason et JB Mpiana à Bandal en 1985.
Informations générales
Pays d'origine République démocratique du Congo
Genre musical Soukouss, Ndombolo, rumba
Années actives 1981-1997, 2010, 2022-
Labels Bisel, Mabisa, WIBE, Sonodisc, SIPE Simon Music

Wenge Musica est un groupe musical congolais originaire de Kinshasa.

Wenge Musica, orchestre amateur à ses débuts, devint en dix ans, après la sortie de son premier album en , une référence du mouvement Ndombolo en République démocratique du Congo.

HistoriqueModifier

En 1988 paraît, sous le label Bisel, Bouger-Bouger, album enregistré au Studio Bobongo à Kinshasa. L'album comprend Nicky D de Werrason, La Fille de Roi et Bakolo Budget de JB Mpiana, Dodo la Rose de Didier Massela, et pour finir, Fisol d’Alain Makaba. À sa sortie, les observateurs de la presse kinoise apprécie le cachet musical de Wenge Musica, qui s'inspire du rythme du King Kester Emeneya. Werrason est notamment comparé au leader de Victoria Eleison de par sa voix basse. De plus, l'album Bouger-Bouger est réalisé et arrangé avec des sonorités électroniques, à l'instar de l'album Nzinzi[1]. Le groupe devient dès lors le modèle d’une nouvelle génération cultivant le BCBG et la SAPE. Les titres Djino et Dady Bitodi animent les salles de spectacles et les boîtes de nuit de Kinshasa.

Le guitariste Blaise Kombo décède en juillet 1990 dans un accident de la circulation, à la suite d'un concert à Nsele. Le jeune Patient Kusangila, arrivant de l'orchestre Attraction Babylon, ancien rival de Wenge Musica, prend place à la guitare rythmique. Quelque temps après cet évènement, Maradona et Djolina quittent le groupe. C'est Titina Mbwinga, dit « Al Capone », qui, désormais, joue des baguettes en remplacement de Maradona.

Wenge Musica fait paraître son nouvel opus, Kin é Bougé, enregistré à Bruxelles. Au retour de la tournée Européenne, les kinois découvrent deux nouveaux musiciens : Ficarre Mwamba[2], guitariste soliste, transfuge de l'orchestre Litonge Bouge, et Désiré Kalala, claviériste arrivant du Centre culturel français de Kinshasa où il joue avec un orchestre dénommé Exodus. Ces deux nouvelles arrivées seront un apport important pour le cachet sonore de Wenge Musica spécifiquement lors des deux nouveaux albums que Wenge enregistre en 1992 et 1993.

Le premier, Les Pleins Feux, est enregistré en 1992, lors d'un nouveau voyage à Bruxelles. Lors de ce voyage belge, Wenge Musica livre un concert dans la salle bruxelloise de la Madeleine. Toutefois, l'album ne verra le jour qu'en 1996. Désormais habitué des prestations en Europe, le groupe se frotte, lors d'un concert à Paris en 1993, au Zaïko Langa Langa. Au cours de cette production, Wenge Musica collabore pour la première fois avec des artistes non-congolais : les musiciens de Kassav, qui sont eux, déjà habitués des expériences interculturelles Afro-Caribéennes. L’album Kala Yi Boeing, est enregistré, toujours à Bruxelles, la même année.

Manda Chante quitte à son tour le groupe pour rejoindre Wenge Aile Paris. Pour remplacer sa voix aiguë Aimélia Lias est retenu et s'impose notamment lors du premier concert de Wenge Musica au Bataclan de Paris, dans l'année suivante. Dans le même temps, Burkina Faso Mboka Liya, l'ancien guitariste de Choc Stars et Big Stars, est incorporé à l’équipe par Werrason.

En 1994, paraît le cinquième et premier double album, Anges adorables, ponctué par des chansons comme Hi Ho Ha New Image, Tuna Tina Jack Kitshindja, Sourires des vendeurs, La Tempête du désert, La Vie ou Surprise Kapangala dans la lignée de Kala-Yi-Boeing.

En 1995 sort Pile ou Face, l'album solo d'Alain Makaba. Ce dernier va faire naître des volontés nouvelles d’émancipation des têtes d'affiches JB Mpiana et Werrason, souhaitant également réaliser des opus solo.

Wenge Musica est désormais un orchestre phare du panorama musical zaïrois, s'offrant, en 1995, une première production aux États-Unis grâce à Papy Kimbi, expatrié depuis le début des années 1990.

EN 1996 sortent l'album Pentagone![3] et son single éponyme, œuvre de Roberto Wunda Ekokota. Lors de sa tournée européenne, Wenge Musica joue les chansons qui composent l'album.

Si Wenge Musica n'est pas l'instigateur de cette pratique, c'est lui qui la popularise grâce, entre autres, à des tenues militaires que les musiciens revêtiront durant la promotion de ce nouveau support.

Cet album est le dernier de Wenge Musica, car le suivant, Feux de l'amour, est crédité au nom de JB Mpiana. Ce nouvel album[4] est enregistré au cours de la tournée européenne de 1996-1997.

Avec Papa Wemba en guest-star, JB Mpiana obtient un disque d’or. La danse Ndombolo se popularise en Afrique et en Europe, et donne son nom à la musique Zaïroise devenue congolaise avec la chute de Mobutu en .

À l'instar du Zaïre, Wenge Musica se disloque en  : les quatre « administrateurs », Makaba, Mpiana, Werrason et Masela se sont entendus pour que chacun puisse réaliser un album solo. Le groupe se sépare en deux entités distinctes : Wenge BCBG Les Anges Adorables et Wenge Musica Maison Mère.

L’ossature JB Mpiana, Alain Makaba, Blaise Bula, Alain Mpela, Aimélia, Ficarré, Kusangila, Titina, Fiston Zamuangana, Théo Bidens, Burkina Faso, Ekokota, Tutu Callugi, Seguin, Narcisse devient Wenge BCBG Les Anges Adorables et reprend ses répétitions à Bandal. En janvier 1998, Wenge BCBG s'envole pour Bruxelles puis Paris pour livrer des concerts notamment au Bataclan et enregistrer le nouvel album Titanic. JB Mpiana justifie cette dislocation sur le point artistique, Werrason n'aurait pas les mêmes ambitions en termes de création, de cachet, de sonorité. Il affirme toutefois être en bonne relation avec ses ex-collègues. Avec cette séparation, Wenge BCBG offre une chorale des très haut niveau recentrée autour de JB Mpiana se faisant désormais appeler « le seigneur de la terre ».

A Kinshasa, c'est une autre histoire, Werrason est moralement très abattu et se pose de nombreuses questions quant à son avenir. Il réfléchit même à s'installer au Canada et abandonner la musique. Didier Masela, lui, pense que le groupe va se reformer alors qu'il n'en est rien. Finalement, Werrason, Adolphe Dominguez et Masela vont être encouragés par les enfants de la rue à reprendre leurs activités. L'un sera prépondérant à la mise en place de Wenge Musica Maison Mère (qui s'appelle encore Wenge Musica BCBG à ce moment), Sankara de Kunta. Il prend partie de Werrason en raison de l'affaiblissement de celui-ci et un certain sentiment d'injustice après cette dislocation.

En décembre 1997, il provoque une marche de centaines de jeunes, en compagnie de Werra, ayant pour but d'impressionner JB Mpiana sur le lieu même des répétitions de Wenge BCBG.

Revigorés, Werrason et ses accolytes procèdent au recrutement de nouveaux musiciens. Au préalable, ils remobilisent les anciens de Wenge Musica qui n'évoluent pas aux côtés de JB Mpiana, il s'agit d'Ali Mbonda, le percussionniste, et de Christian Mwepu, bassiste.

Puis arrivent JDT Mulopwé de Wenge Aile Paris alors résidant à Bruxelles, Baby Ndombé chanteur et fils de Ndombe Opetum de l'OK Jazz, qui au départ venait pour jouer de la basse, Serge Mabiala, Adjani Sesele (qui prendra la place d'Aimelia), Didier Lacoste (ancien de SVP la Gamme, recruté par Adolphe Dominguez).Ferré Gola pense, dans un premier temps, rejoindre JB Mpiana et Wenge BCBG mais sa demande n'est pas acceptée notamment par Blaise Bula et surtout Aimélia qui le voit comme un rival potentiel. Il frappe finalement à la porte de Werrason qui, après hésitation, le réintègre, sa présence au sein du groupe original ayant joué en sa faveur.

Il est donc présent lors du recrutement de ses nouveaux collègues, et sera l'élément clé de l'attaque chant du groupe. L'ancien drummer Maradona compte lui aussi évoluer dans ce futur orchestre, il ne bénéficiera pas du même traitement de faveur que Ferré et ne sera pas retenu. Papy Kakol, transfuge de Kibinda Koyi, sera chargé des fûts et de la caisse claire.

Pour remplacer Alain Makaba, un jeune et prometteur guitariste est recruté, Flam Kapaya. C'est alors que le créateur du rythme Ndombolo, Japonais Maladji, atterri à Kinshasa en provenance de Paris, où il résidait depuis peu, et compte prêter son talent à Werrason. Il est logiquement accepté parmi les musiciens. La partie folklorique et animation, si chère à Werrason, sera confiée à un énergique adolescent, Didier Kalonji baptisé "Bill Clinton", car c'est un avec T-shirt à l'effigie de l'ancien président américain, qu'il vint passer les tests. Pour l'accompagner, le jeune et calme, animateur Serge Mazami dit "Céléo Jean Schramme" est engagé.

Deux autres chanteurs n'auront pas la chance de rester dans le groupe, Shu Lay, fils d'Evoloko Lay (ancienne vedette de Zaïko Langa-Langa), mais à la voix extrêmement chaotique46 et Bob Lorenzo qui s’établira finalement dans le Wenge El Paris de Marie-Paul. Tout ce beau monde prend le chemin du maquis pour répéter et consolider les bases de l'orchestre.

C'est le début d'une guerre qui dépasse bêtement le cadre musical, au rythme des albums des deux camps. Les titres sont souvent des attaques de l'un envers l'autre. Titanic (BCBG) et Intervention Rapide (Maison Mère) sortent en 1998. L'affrontement est alors relativement deséquilibré, l'album de Wenge BCBG bénéficiant de musiciens d'une expérience affirmée avec une excellente qualité de son et de mixage.

Toutefois quand, en octobre 1999, paraît Solola Bien (parle bien en lingala), le talent indéniable de la bande à Werra est révélé. D'autant plus que JB Mpiana perd au cours de cette année, Blaise Bula, Alain Makaba pour d’évidents problèmes de leadership et Patient Kusangila, qui préfère monnayer son talent chez Werrason. Au fur et à mesure le clash ne concerne plus les deux groupes mais leurs leaders, qui personnalisent leurs orchestres respectifs. Ainsi, Werrason se sépare tour à tour de Didier Masela et d'Adolphe Dominguez durant l'année 2000, avant d'enregistrer son premier album solo, Kibuisa Mpimpa. En juin 2000 l’album TH de JB Mpiana est mis sur le marché. Rebaptisé « souverain 1er, Binadam ou encore L'unité de mesure» JB Mpiana récolte alors un certain succès avec ce nouvel opus.

Il s'agit dès lors, pour les deux figures de proue du clan wenge, de prouver qui est le meilleur artiste Congolais en confrontant les albums et les prestations dans les plus grands stades du Congo tels que le Stade des Martyrs, ou les prestigieuses salles européennes. Paris devient un fief majeur des affrontements entre les deux groupes, dans des lieux mythiques comme l'Olympia, le Palais des Sports, Bercy, le Zenith ou encore le Bataclan.

Au cours de la décennie 2000, de trois le nombre de Wenge est passé à une dizaine, en effet toutes les anciennes têtes d’affiche sont aux commandes d’un groupe, Wenge BCBG de JB Mpiana, Wenge Musica Maison Mère de Werrason, Wenge Tonya Tonya de Adolphe Dominguez, Wenge Musica 5/5 de Didier Masela, Wenge Aile Paris de Ricoco Bulambemba, Wenge El Paris de Marie Paul, Wenge Kumbela d’Aimé Bwanga, Wenge Référence de Manda Chante, Pondération 8 de Blaise Bula, Al'Intime d'Alain Makaba, Génération A d'Alain Mpela, Wenge Pusana Tovanda d'Aimelia Lias, Les Gaulois De La Jet-Set de Ferré Gola, École Des Callugistes de Tutu Callugi. Aussi, Les Marquis de Maison Mère sont nés du départ de JDT, Ferré, Bill, Japonais, Mimiche, Mabiala, Pikas, Papy Mbonda et Thierry Synthé de Wenge Maison Mère, en juin 2004. Après sa défection de BCBG et un album solo, en 2000, Aimélia a rejoint Werrason avant de se relancer, seul, en 2006. Tutu Callugi, longtemps élément majeur de l'orchestre de JB Mpiana vient également de s'en émanciper en sortant son premier album Paris Match en 2010.

Avec plus ou moins de succès chacun mène son navire, aujourd’hui le clan Wenge est au cœur de plusieurs polémiques faisant de la musique congolaise un cimetière d’éléphants. Elle subit notamment la très forte concurrence du Coupé-Decalé largement inspiré du Ndombolo. De plus, JB Mpiana et Werrason subissent les effets de la nouvelle génération de la musique congolaise dont leur ancien talentueux poulain Ferre Gola et surtout Fally Ipupa, duquel Wenge Musica fut un modèle dans son adolescence.

Fin 2010, grâce à un sponsor, le fournisseur téléphonique Airtel, une soirée privée a vu pour la première fois depuis 13 ans, la réunion des anciens de Wenge pour un unique concert. Sur scène, étaient présents Werrason, Blaise Bula, Alain Makaba, Adolphe Dominguez, Alain Mpela, Didier Masela, Titina Alcapone, Théo Bidens et Ali Mbonda accompagnés de quelques musiciens locaux. JB Mpiana n'a pas pris part à cet événement, il se déplaçait alors à Paris pour des raisons professionnelles, et finaliser son nouvel opus, Soyons Sérieux. D'autres glorieux anciens manquaient à l'appel, ainsi on souligna l'absence de Ferré Gola, Tutu Callugi, Marie-Paul, Manda Chante, Roberto Ekokota, Ricoco Bulambemba, Patient Kusangila, Ficarré Mwamba, Narcisse Konga, Seguin Mignon, Fiston Zamwagana, Christian Mabanga, Aimé Buanga, Alain Mwanga "Zing-Zong",Burkina Faso Mboka Liya, Delo Bass, Collégien Zola, Maradona Lontomba, Don Pierrot Mbonda, Blaise Mbonda, Christian Nzénzé, Ladins Montana, Kennedy Mbala et bien d'autres encore.

DiscographieModifier

Albums StudioModifier

  • 1988 : Bouger Bouger
  • 1991 : Kin é Bougé
  • 1992 : Pleins Feux
  • 1993 : Kala-Yi-Boeing
  • 1994 : Les Anges Adorables Vol. 1 & Vol.2
  • 1996 : Pentagone

SinglesModifier

  • 1993 : Le Monde Est Méchant

Groupes issues de Wenge MusicaModifier

Notes et référencesModifier

  1. Bertrand Lavaine, « King Kester Emeneya, l’homme du changement », sur rfimusique.com, (consulté le ).
  2. [1]
  3. « Wenge Musica BCBG* - Pentagone », sur Discogs (consulté le ).
  4. « J.B. Mpiana & Wenge Musica BCBG* - Feux De L'amour », sur Discogs (consulté le ).

Voir aussiModifier

Articles connexesModifier

Liens externesModifier