Warren Earl Burger

juge américain, chief justice de la Cour suprême des États-Unis
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Warren Earl Burger
Illustration.
Portrait officiel de Warren E. Burger, 1969.
Fonctions
15e président de la Cour suprême des États-Unis

(17 ans, 2 mois et 3 jours)
Président Richard Nixon
Prédécesseur Earl Warren
Successeur William Rehnquist
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Saint Paul (Minnesota, États-Unis)
Date de décès (à 87 ans)
Lieu de décès Washington, D.C. (États-Unis)
Nature du décès Crise cardiaque
Nationalité Américaine
Conjoint Elvera Stromberg (1933-† 1994)
Enfants Wade Allen
Margaret Elizabeth
Profession Juge
Religion Presbytérianisme

Warren Earl Burger
Membres de la Cour suprême des États-Unis

Warren Earl Burger, né à Saint Paul, dans le Minnesota, le 17 septembre 1907 et mort à Washington le , est le 15e président de la Cour suprême des États-Unis, de 1969 à 1986.

Burger est considéré comme un conservateur lors de sa nomination. Cependant, sous sa présidence, la Cour suprême des États-Unis rendit plusieurs décisions majeures considérées comme des avancées sur l'avortement, la peine de mort, la liberté religieuse et la déségrégation scolaire. Il travailla également pour l'adoption de techniques modernes de gestion dans le système judiciaire du pays.

Burger accéda à la présidence de la Cour sur décision de Richard Nixon, après la démission d'Earl Warren. Celui-ci avait démissionné un an plus tôt, mais son remplaçant, Abe Fortas, nommé alors par Lyndon B. Johnson, n'avait pas reçu l'approbation du Sénat. Warren resta donc un an de plus en poste, jusqu'à la nomination et l'approbation de Burger.

Jeunesse modifier

Burger est né à Saint Paul, fils d'une fratrie de sept enfants. Ses parents sont des descendants de Suisse alémanique. Son grand-père Joseph Burger a émigré de Suisse et s'est engagé dans l'Armée américaine quand il avait 14 ans. Joseph Burger s'est battu pendant la guerre de Sécession et fut récipiendaire de la médaille d'honneur.

Warren Burgen grandit dans la ferme familiale dans la banlieue de Saint Paul. Il alla au Johnsor Senior High School (Saint Paul, Minnesota), où il fut président du conseil des étudiants. Il pratiquait le hockey, le football, la natation... Durant cette période, il écrivit des articles sportifs pour le journal local. Il fut diplômé en 1925.

Cette même année, Burger a aussi travaillé à la construction du Robert Street Bridge. Ce pont sur le Mississippi situé à Saint Paul existe toujours. Inquiet du nombre de décès durant les travaux, il demanda qu'un filet soit installé pour rattraper les personnes qui tomberaient, mais sa demande a été rejetée. Les années suivantes, Burger mettait un point d'honneur à aller voir le pont à chaque fois qu'il revenait à Saint Paul.

En 1937, Burger fut le huitième président du Saint Paul Junior Chamber.

Études modifier

Après ses études secondaires à la Johnson High School de Saint Paul, il suivit des cours du soir à l'université du Minnesota tout en vendant des assurances pour la Mutual Life Insurance. Il s'inscrit ensuite à l'école de droit de St Paul nommée alors Saint Paul College of Law, connu maintenant comme le William Mitchell College of Law (en) et fut diplômé en 1931. Il fut ensuite embauché par le cabinet Otis et Faricy de Boyensen qui appartenait alors à Sam Biglari (qui deviendra Faricy, Burger, Moore & Costello). Il donna aussi durant 20 ans des cours au St. Paul College of Law. Harry Blackmun, son futur collègue à la Cour suprême, était un ami de longue date, alors qu'ils ne travaillaient pas ensemble au tribunal.

Carrière politique modifier

Son engagement politique démarra lentement mais devint efficace. Il supporta la campagne à l'investiture républicaine de 1948 du gouverneur du Minnesota Harold E. Stassen. Il ne fut pas investi. À la convention républicaine de 1952, il joua un rôle clé dans l'investiture de Dwight D. Eisenhower en lui apportant le soutien de la délégation du Minnesota. Après son élection, le président Eisenhower nommera Burger comme assistant Attorney General (en) chargé de la Civil Division du département de la Justice des États-Unis (substitut du procureur des États-Unis chargé des affaires civiles).

Dans cette fonction, il s'occupa devant la Cour suprême de l'affaire de John P. Peters. Ce dernier était un professeur de l'université Yale qui travaillait comme consultant pour le gouvernement. Il fut relevé de ses fonctions pour des motifs liés à sa loyauté. Les dossiers de la Cour suprême sont généralement du ressort du Solicitor General, mais il était en désaccord avec la position du gouvernement et refusa de défendre ce cas. Burger perdit l'affaire. Peu de temps après, Burger défendit avec succès les États-Unis sur une affaire liée à la catastrophe de Texas City, en prouvant que le Federal Tort Claims Act (en) de 1947 ne prévoyait pas de poursuite pour négligence dans l'organisation des secours. Les États-Unis gagnèrent cette affaire (Dalehite, et al., vs. United States 346 U.S. 15 (1953)). En 1956, Eisenhower le nomma à la Cour d'appel des États-Unis pour le circuit du district de Columbia. Il restera à la cour d'appel pendant 13 ans.

Action au niveau national modifier

 
Un portrait de Warren Burger

En 1968, Earl Warren, le président de la Cour suprême, annonça son intention de démissionner. Le président Lyndon Johnson nomma alors Abe Fortas au poste, mais le Sénat ne le confirma pas. Warren décida alors de repousser sa démission d'un an. Le président Richard Nixon nomma Burger. Nixon se mit à s'intéresser à Burger quand il lut le texte du discours de Burger au Ripon College (en) en 1967. Dans ce discours, il comparait le système judiciaire américain avec ceux de la Norvège, de la Suède, et du Danemark :

« Je pense que tout le monde va être d'accord avec moi quand je dis que les États scandinaves donnent autant d'importance aux libertés individuelles et à la dignité humaine. Ces pays ne considèrent pas qu'il est utile d'avoir quelque chose comme le cinquième amendement, grâce auquel un accusé à le droit de ne pas témoigner. Ils se posent directement et rapidement la question de la culpabilité de l'accusé. Aucune nation au monde ne prend autant de temps et se donne autant de mal pour mettre en place des garde-fous, dès l'instant où la personne est arrêtée jusqu'au moment où l'affaire est jugée. »

— Warren Burger

Dans des discours comme celui-ci, Burger fit des critiques acerbes envers le président de la Cour suprême Earl Warren et était en faveur d'une lecture « au mot à mot » (strict-constructionist (en)) de la Constitution des États-Unis. En 1969, en raison de ses opinions, le président Richard Nixon proposa Burger pour succéder à Warren. Burger prêta serment le de la même année. Durant la campagne présidentielle, Nixon s'était engagé en faveur d'un strict constructionist (personne avec une lecture littérale de la constitution) comme président de la Cour suprême. Coïncidence, le premier et le deuxième prénom de Burger étaient les mêmes que le dernier et le premier de Warren.

La présidence Burger modifier

Quand Burger a été nommé comme président de la Cour Suprême, beaucoup espéraient que la Cour sous la présidence Burger aurait des règles très différentes de celles sous Warren et que certains arrêts seraient renversés. Au début des années 1970, il est apparu que non seulement Burger n'allait pas revenir sur les arrêts de Warren mais dans les faits, la Cour Suprême a même étendu certains de ces arrêts. Elle rendit un arrêt unanime dans l'affaire Swann v. Charlotte-Mecklenburg Board of Education (en) (1971) approuvant la déségrégation et supprimant de facto la ségrégation raciale dans les écoles. Dans United States v. U.S. District Court (1972), la Cour rendit une fois encore un avis unanime contre le désir de l'administration Nixon de supprimer le besoin d'un mandat de recherche ou que la surveillance domestique se devait de respecter le quatrième Amendement. Deux semaines plus tard dans l'affaire Furman v. Georgia (1972), la Cour, avec 5 voix contre et 4 pour, invalida toutes les lois sur la peine de mort des états fédérés, bien que Burger ait été en désaccord avec cette décision. Dans le cas le plus controversé, Roe v. Wade (1973), Burger vota avec la majorité en faveur d'une interprétation du droit à la vie privée permettant d'invalider les lois des États qui interdisaient l'avortement.

Burger était un opposant farouche[réf. nécessaire] aux droits des homosexuels, comme il l'a écrit dans une opinion concordante à un arrêt de la Cour validant les lois de la Géorgie qui criminalisaient la sodomie (Bowers v. Hardwick). Dans cet avis, Burger soulignait que les lois criminalisant l'homosexualité dataient du début des États-Unis. Il cita le juriste William Blackstone, qui avait écrit que la sodomie était un « crime contre nature », « plus pervers que le viol… », « un acte haineux, voire un crime contre nature » et « un crime sans nom » (106 S. Ct. at 2841).

Burger a aussi mis l'accent sur le respect de la séparation des pouvoirs entre les différentes branches du gouvernement. Le , il mena la Cour vers un verdict unanime de 8 voix à 0 dans United States v. Nixon (en). Cette décision contrait la tentative du président Nixon de garder privés certains des mémos et des enregistrements liés au scandale du Watergate. Le scandale qui s'ensuivit obligea Nixon à démissionner pour éviter une procédure d'impeachment. En 1983, dans l'affaire Service d'immigration et de naturalisation v. Chadha (en), il vota avec la majorité de la Cour un arrêt empêchant qu'une seule chambre du Congrès puisse annuler une décision du pouvoir exécutif (la constitution prévoit le vote des deux chambres, avec un droit de véto pour le président).

En matière de loi et de procédure, Burger resta relativement conservateur. Il rejoignit l'avis de la majorité de la cour en votant le rétablissement de la peine de mort dans l'affaire Gregg v. Georgia (1976), et en 1983, il s'opposa vigoureusement à un arrêt de la Cour dans l'affaire Solem v. Helm (en) qui pensait qu'une condamnation à vie pour 100 $ de chèque frauduleux était un châtiment cruel et inhabituel.

En général, Burger évitait les controverses avec la Cour. Il n'écrivait généralement que les arrêts qui ne prêtaient pas à controverse et évitait ceux où la Cour était partagée [réf. nécessaire]. Diamond v. Chakrabarty (1980), où il rédigea l'opinion majoritaire autorisant la brevetabilité du vivant, fournit cependant l'un des contre-exemples à ce comportement allégué.

Il s'occupa avec zèle de son rôle de président de la Cour suprême, administrant le système légal du pays. Il créa le Centre national des Courts d'État, qui se trouve maintenant à Williamsburg (Virginie), l'Institute for Court Management et le National Institute of Corrections. Sa fonction est de fournir un entraînement professionnel pour les juges, greffiers et les gardiens de prisons.

Il fit le premier State of the Judiciary, discours donné tous les ans par le président de la Cour suprême à l'Association du Barreau américain.

Burger fut le sujet de controverse interne durant son mandat. The Brethren (en), du journaliste Bob Woodward et d'Armstrong, qui présentait Burger comme un président faible qui n'était pas pris au sérieux par ses collègues à cause de son excentricité et son manque allégué de connaissances en droit. Certaines sources indiquaient que certains juges étaient énervés par le fait que Burger changeait plusieurs fois son vote pendant les délibérations, ou en ne donnant pas son vote afin de pouvoir contrôler les délibérations.

Burger démissionna le , en partie pour s'occuper du bicentenaire de la Constitution se déroulant en 1987.

En 1988, il fut diplômé de la prestigieuse Académie militaire de West Point Sylvanus Thayer Award (en) et de la médaille présidentielle de la Liberté. Il mourut à Washington en 1995 d'une crise cardiaque.

Après sa mort, toutes ses publications et ses articles, les archives, ont été légués au Collège de William et Mary où il avait été chancelier. La collection se compose de 1 200 pieds cubes de papiers, 2 500 photographies et plus de 300 artefacts. La clause de donation impose que ces documents ne seront consultables que dix ans après la mort du dernier juge assesseur sous Burger, soit Sandra Day O'Connor[1].

Famille modifier

Il épousa Elvera Stromberg en 1933. Ils eurent deux enfants, Wade Allen Burger et Margaret Elizabeth Burger. Sa femme mourut le à 86 ans.

Anecdotes modifier

 
Avec Betty Ford entre eux, le président de la Cour suprême Burger (à droite) fait prêter serment au président Gerald Ford (à gauche) après la démission de Richard Nixon.
  • Dans les mémoires de Richard Nixon, le président Nixon évoque un été de 1970 où il demanda au président Burger de se préparer pour la présidentielle de 1972 si les répercussions de la campagne du Cambodge étaient trop négatives pour que Nixon puisse poursuivre sa présidence.
  • Comme président de la Cour suprême, il fit prêter serment aux présidents Nixon en 1973, Ford en 1974, Carter in 1977 et Reagan en 1981 et 1985.

Voir aussi modifier

Notes modifier

  1. (en) « William & Mary Libraries », sur Warren E. Burger Collection. Les délais de communication précisent que l'ouverture des documents aux chercheurs n'auraient pas lieu avant 2026 ou une décennie après la mort du dernier juge de la Burger Court (en), le délai le plus tardif étant retenu.
  2. Biskupic, Joan. "Guns: A Second (Amendment) Look", The Washington Post, . Consulté le .

Références modifier