Vol Emirates 407
A6-ERG, l'appareil impliqué dans l'incident, ici à l'aéroport international de Dubaï en janvier 2013.
A6-ERG, l'appareil impliqué dans l'incident, ici à l'aéroport international de Dubaï en janvier 2013.
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeTailstrike
CausesErreur de pilotage
SiteAéroport Melbourne-Tullamarine, Melbourne, Drapeau de l'Australie Australie
Coordonnées 37° 40′ 14″ sud, 144° 50′ 17″ est
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilAirbus A340-541
CompagnieEmirates
No  d'identificationA6-ERG
Lieu d'origineAéroport Melbourne-Tullamarine, Melbourne, Drapeau de l'Australie Australie
Lieu de destinationAéroport international de Dubaï, Dubaï, Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis
PhaseDécollage
Passagers257
Équipage18
Morts0
Blessés0
Survivants275

Géolocalisation sur la carte : Australie
(Voir situation sur carte : Australie)
Vol Emirates 407

Le , un Airbus A340-541 assurant le vol Emirates 407 d'Auckland à Dubaï via Melbourne, rate son décollage depuis cette dernière et heurte plusieurs structures au bout de la piste avant de finalement prendre suffisamment de hauteur pour revenir à l'aéroport et y atterrir en toute sécurité.

Bien que l'incident n'ait entraîné aucun décès ou blessure, les dommages sur l'appareil étaient suffisamment graves pour que l'événement soit classé par l'agence australienne de sécurité des transports comme « accident ». Il a été décrit comme « plus proche que jamais d'une catastrophe aérienne majeure en Australie » par des responsables de l'aviation[1].

Chronologie modifier

Le vol a décollé de Melbourne comme prévu à 22h30 en utilisant la piste 16, d'une longueur de 3 657 mètres. Le commandant de bord a ordonné au copilote de décoller 1 043 mètres avant la fin de la piste, en roulant à une vitesse de 270 km/h (146 nœuds)[2]. Lorsque l'avion a piqué vers le haut, il n'a pas réussi à quitter le sol et l'empennage a heurté et a continué à gratter la piste. Le commandant de bord a pris les commandes et appliqué la poussée maximale sur les quatre moteurs en utilisant le cran de décollage/remise des gaz[2]:9. Après avoir parcouru toute la longueur de la piste, l'avion n'a pas réussi à décoller et n'a quitté le sol que 148 mètres après l'extrémité de la piste[2]:9.

 
Trace laissé par le frottement de la carlingue de l'appareil sur la piste.

Par la suite, l'avion a heurté un dispositif d'éclairage en bout de piste[2]:11 et a continué à monter avec difficultés. 350 mètres après l'extrémité de la piste, le train d'atterrissage a heurté et endommagé les antennes LOC de 1,8 m de haut. 500 mètres après l'extrémité de la piste, l'avion a raté de peu la clôture de l'aéroport de 2,24 m de haut.

 
Dommage sur les antennes LOC à la suite de l'incident du vol 407.

L'avion a fini par prendre de l'altitude au-dessus de la baie de Port Phillip. Le copilote a ensuite revu les calculs de performances au décollage dans la sacoche de vol électronique et a découvert qu'il avait sous-estimé le poids de l'avion de 100 tonnes (262,9 au lieu de 362,9)[2]:3[3]. Cela signifie qu'une température de flexion incorrecte a été appliquée, ce qui a entraîné une poussée du moteur inférieure à celle nécessaire et, par conséquent, une accélération et une vitesse insuffisantes[2].

Les pilotes ont fini de délester le carburant en trop au-dessus de la baie à 23h27, et ont par la suite reçu un rapport de fumée dans la cabine. Ils ont demandé un retour immédiat, ce que le contrôle aérien a accordé, et sont retournés à l'aéroport à 23h36 sans autre incident[2].

Dommages sur l'appareil et réparations modifier

Malgré la protection contre les contacts de la queue intégrée à l'A340-500, la cloison étanche arrière et la structure sous-jacente ont été gravement endommagées pendant le décollage lorsque la queue a heurté la piste avec une force considérable. L'avion a également subi d'importants dommages au bas du fuselage en grattant le long de la piste, une grande surface ayant été complètement dénudée de sa tôle externe[2]:4 à 8.

Dommages sur le fuselage après l'incident modifier

L'avion n'a pas été retiré du service, mais a été restitué à Airbus par le biais d'un vol à basse altitude sans pressurisation acheminé de Melbourne à Blagnac le via Perth, Singapour, Dubaï et Le Caire avec l'équipage volant en dessous de 12 000 pieds (3 700 m)[4].

L'avion a effectué son premier vol commercial après des réparations le sous le numéro de vol EK424, et est resté en service sur des vols internationaux court et moyen-courriers au départ de Dubaï, jusqu'à ce qu'il soit retiré du service en octobre 2014. Il a été démantelé plus tard dans l'année[5].

Équipage modifier

Après avoir été interrogés par les enquêteurs, les deux pilotes du vol sont rentrés à Dubaï. Le commandant et le premier officier ont été invités à démissionner d'Emirates à leur arrivée à Dubaï, et tous deux l'ont fait[6].

Le commandant du vol 407 n'avait dormi que 6 heures au cours des 24 heures précédant l'accident, tandis que le copilote avait dormi 8 heures au cours de la même période[2]:18[a]. Le commandant de bord avait effectué au total 99 heures de vol au cours du mois précédent, soit 1 heure de moins que le maximum de 100 heures de vol autorisé par Emirates, tandis que le premier officier avait effectué 90 heures de vol au cours de la même période[2]:13 à 14.

Enquête modifier

L'enquête sur l'accident a été effectuée par l'agence australienne de sécurité des transports (ATSB). Son objectif essentiel était de déterminer comment le premier officier a pu sous-estimer la masse de l'avion, pourquoi cette erreur n'a pas été détectée avant le décollage et pourquoi l'équipage n'a pas réalisé que l'accélération était beaucoup plus lente que prévu jusqu'à épuiser presque entièrement les 3,6 kilomètres de piste[2]:9.

Des études ont montré que le personnel navigant pouvait avoir des difficultés à reconnaître que des données incorrectes avaient été saisies dans l'équipement avionique, entraînant de mauvaises performances au décollage. L'ATSB a émis une recommandation de sécurité à l'administration fédérale de l'aviation des États-Unis et un avis de sécurité à l'association du transport aérien international et à la Flight Safety Foundation. En outre, Airbus a étudié le développement d'un logiciel pour aider les pilotes à reconnaître des performances inhabituelles ou médiocres au décollage[2].

En octobre 2011, l'ATSB a publié les conclusions de son enquête sur l'incident. Ils ont découvert que l'erreur humaine en était la cause et ont préconisé le développement d'aides technologiques qui alerteraient les pilotes en cas de saisie de données incorrecte ou de vitesse de décollage insuffisante.

Médias modifier

L'accident a fait l'objet d'un épisode dans la série télé Aircrash Confidential intitulé « Décollage » (saison 2 - épisode 6), aux côtés de 2 autres accidents.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. L'Herald Sun a rapporté que l'un des pilotes n'avait dormi que trois heures et demie.

Références modifier

  1. (en) « Emirates jet close to major 'aviation disaster' », The Sydney Morning Herald,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d e f g h i j k et l (en) Australian Transport Safety Bureau, Gouvernement de l'Australie, Tailstrike and runway overrun Melbourne Airport, Victoria, 20 March 2009, A6-ERG, Airbus A340-541, Canberra, Australian Transport Safety Bureau, , 176 p. (lire en ligne)
  3. (en) Ellen Whinnett, « Pilot of Emirates flight that nearly crashed at Melbourne Airport was sleep-deprived », News.com.au,‎ (lire en ligne)
  4. (en) « MyAviation.net - Aviation Photo Gallery », sur MyAviation.net (via l'Internet Archive), (consulté le )
  5. Fabry Michael, A6-ERG Airbus A340-541 (MSN 608) of Emirates, Aéroport international de Ras el Khaïmah, Flickr, (lire en ligne)
  6. (en) Ellen Whinnett, « 225 are "lucky to be alive" », Herald Sun,‎ (lire en ligne)

Voir aussi modifier

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