Vol Air India 182

attentat à la bombe sur Boeing 747 au large de l'Irlande en 1985
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Vol Air India 182
VT-EFO, le Boeing 747 impliqué, ici à l'aéroport de Londres Heathrow, 2 semaines avant l'attentat.
VT-EFO, le Boeing 747 impliqué, ici à l'aéroport de Londres Heathrow, 2 semaines avant l'attentat.
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeExplosion en vol
CausesAttentat à la bombe
SiteAu-dessus de l'Atlantique, à 190 km au sud de l'Irlande
Coordonnées 51° 03′ 36″ nord, 12° 49′ 00″ ouest
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilBoeing 747-237B
CompagnieAir India
No  d'identificationVT-EFO
Lieu d'origineAéroport international Montréal-Mirabel, dans la province de Québec, au Canada
Lieu de destinationAéroport international Chhatrapati Shivaji, à Bombay, en Inde
PhaseCroisière
Passagers307
Équipage22
Morts329
Blessés0
Survivants0

Géolocalisation sur la carte : Océan Atlantique
(Voir situation sur carte : Océan Atlantique)
Vol Air India 182
Géolocalisation sur la carte : Irlande
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Vol Air India 182

Le , une bombe placée à bord du Boeing 747 effectuant le vol Air India 182 explose, détruisant l'appareil à 31 000 pieds (9 450 mètres) d’altitude au-dessus de l’océan Atlantique, au sud-ouest de l’Irlande. L'avion de la compagnie indienne Air India assurait la liaison Montréal - Bombay via Toronto, Londres et Delhi. Les 329 personnes à bord dont quatre-vingt enfants et 268 personnes de nationalité canadienne meurent dans l'attentat. Les restes de l'avion tombent dans l'océan à environ 190 kilomètres au sud-ouest de l'Irlande. L'attentat du vol Air India 182 est la pire attaque terroriste de l'histoire du Canada, l'accident aérien le plus meurtrier d'Air India et l'acte de terrorisme aérien le plus meurtrier jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001.

L'attaque du vol 182 coïncide avec une autre explosion, au sein de l'aéroport de Narita au Japon, se produisant le même jour. Les enquêteurs pensent que les deux complots sont liés et que les responsables visaient un double attentat aérien. Cependant, la bombe de Narita explose avant d'être chargée dans un avion d'Air India car les auteurs n'ont pas tenu compte du fait que le Japon n'utilise pas l'heure d'été.

L'enquête pointe le groupe terroriste Babbar Khalsa d'être à l'origine de l'attentat. Cette organisation armée nationaliste sikh revendique la création du Khalistan, un État souhaité par les indépendantistes sikhs de l'État indien du Pendjab. Bien qu'une poignée de membres sont arrêtés et jugés pour l'attentat, la seule personne condamnée est Inderjit Singh Reyat, un ressortissant canado-britannique et membre de l'International Sikh Youth Federation (ISYF). Il plaide coupable en 2003 d'homicide involontaire coupable et est condamné à quinze ans de prison pour avoir assemblé les bombes qui ont explosé à bord du vol 182 d'Air India et à Narita.

L'enquête et les poursuites qui suivent l'explosion du vol 182 durent près de vingt ans. Il s'agit du procès le plus coûteux de l'histoire du Canada, avec près de 130 millions de dollars canadiens dépensés. Le gouverneur général en conseil nomme en 2006 l'ancien juge de la Cour suprême du Canada, John C. Major, pour diriger une commission d'enquête. Son rapport, publié le , conclut qu'une « série d'erreurs » du gouvernement du Canada, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a permis à l’attaque terroriste d'avoir lieu.

Avion modifier

L'appareil effectuant le vol était un Boeing 747-237B, immatriculé VT-EFO (numéro de série 21473/330) et nommé Kanishka. Cet avion gros-porteur a effectué son vol inaugural le et a été livré neuf à Air India en juillet 1978. Il est propulsé par quatre turboréacteurs double flux, de type Pratt & Whitney JT9D-7J, et totalise 23 634 heures de vol et 7 525 cycles (décollage/atterrissage) au moment de l'accident

Déroulement des faits modifier

Le à 13 h 30 UTC, un homme se présentant comme M. Singh réserve un siège sur le vol Canadian Pacific Airlines (CP) à partir de Vancouver pour Toronto, demandant que sa valise soit transférée sur le vol 182. Les agents, qui l’ont enregistré comme non confirmé, refusent d’abord de mettre le bagage dans le circuit puis acceptent.

À 15 h 50 GMT, M. Singh se présente à Vancouver pour le vol Air India 182. L’agent Jeannie Adams place son bagage pour le vol. À 16 h 18, le vol part sans M. Singh.

Aucune information n'est connue sur l'enregistrement de M. L. Singh à Vancouver pour le vol CP Airlines pour l’aéroport de Toronto. Jeannie Adams prend aussi son sac qui prend place dans la soute du vol 301 à destination de Bangkok. L.Singh se fait attribuer le siège 38H.

À 20 h 22 GMT, le vol Canadian Pacific Air Lines 60 arrive à Toronto avec 12 minutes de retard. Quelques passagers et bagages, y compris celui de M. Singh, sont transférés sur le vol d’Air India. D'autres passagers et bagages du vol Air Canada 136 venant aussi de Vancouver font le même trajet.

À h 15 GMT (le ) le vol Air India 182 part de Toronto pour Montréal, avec un retard de h 40 min en raison de l'installation d'un moteur de rechange sous l'aile gauche de l'avion, qui devait être transporté en Inde pour réparation. Il arrive 45 min plus tard.

À h 41 le vol pour Tokyo arrive 14 minutes avant l’horaire prévu. Le bagage qui était en transfert pour le vol Air India 301 explose au sol, tuant deux des bagagistes et blessant quatre autres personnes. La valise piégée était prévue pour un autre vol de la compagnie Air India, le vol 301, qui devait faire la liaison Tokyo-Bangkok avant de rejoindre New Delhi. Le vol Air India 301 part de Narita à h 5 GMT et parvient en Thaïlande sans problème.

À h 15 le vol 182 disparaît des radars de Shannon et un bruit d’explosion se fait entendre. L’avion devait arriver une heure plus tard.

 
Débris de l'avion, utilisée pour reconstitué l'intégralité du 747, après l'attentat du vol 182.

Les morceaux de l’épave reposent par 2 000 m de fond à près de 250 km des côtes de l’Irlande et s'étalent sur 16 km de long et 6 km de large.

La bombe a tué 22 membres d’équipage et 307 passagers, dont 82 mineurs. C’est l’attentat le plus important commis sur des citoyens canadiens (280 passagers). 2 passagers survécurent à l’explosion ainsi qu'à la chute, mais se noyèrent. L'une des deux victimes noyées, une femme enceinte, fut décrite avec précision par le Dr John Hogan dans un témoignage qu'il porta au coroner, à Cork, le  : « D'autres découvertes significatives furent la présence de grandes quantités de liquide mousseux dans la bouche et les narines, toutes les voies respiratoires et les poumons étaient obstrués par l’eau et extrêmement lourds. L'estomac et l'utérus étaient remplis d'eau. L’utérus contenait un fœtus mâle normal d’environ cinq mois. Le fœtus n’a pas été traumatisé et, à mon avis, la mort est due à la noyade. »[1]

Pour ce qui est des autres victimes, les corps de 197 passagers n'ont jamais été retrouvés, rendant la cause de leur mort incertaine. Sur les 132 corps restants, 8 présentent un type particulier de blessure indiquant que leurs corps se trouvaient en dehors de l'appareil avant le contact avec l'océan (ce qui était une preuve médico-légale de l'explosion en vol), 26 présentent des signes d'hypoxie (manque d'oxygène), 25 (principalement des victimes situés près des hublots) des signes directs de décompression explosive, 23 des signes de « blessures causées par une force verticale ». Tandis que 21 corps ont été retrouvés nus ou en haillons[2].

Un responsable cité dans le rapport du NTSB concernant la catastrophe, le Vice-maréchal de l'air Kunzru, déclara : « Toutes les victimes, comme établi dans le rapport du Premier ministre, seraient décédées à la suite de multiples blessures. Deux des morts, un nourrisson et un enfant, auraient succombé à une asphyxie. Il n'y a aucun doute sur la mort par asphyxie du nourrisson. Cependant, dans le cas de l'autre enfant (le cadavre n°93), le doute est permis car les résultats pourraient aussi être dus au fait qu'il subissait une rotation ou un basculement au niveau du point d'ancrage des chevilles. »[3].

Secours modifier

 
Des membres de la marine irlandaise récupérant les corps des victimes du vol 182.

Des opérations de secours sont immédiatement organisées afin de repêcher les corps. 17 bateaux, avions et hélicoptères d'Irlande, des États-Unis et de la Grande-Bretagne sont impliqués dans cette manœuvre. 123 cadavres sont récupérés dans les jours suivants. En tout, 131 corps seront retrouvés. Une autre victime sera repêchée quatre mois plus tard en même temps qu'une épave de l'avion, lors d'une dernière opération de recherche effectuée par un navire canadien. 197 corps sont portés disparus.

Passagers et membres d'équipage modifier

Équipage modifier

  • Le commandant de bord : H.S. Narendra, 56 ans, 20 379 heures de vol, dont 6 488 sur Boeing 747.
  • Le copilote : S.S. Binder, 41 ans, 7 489 heures de vol, dont 2 469 sur Boeing 747.
  • L'ingénieur de vol : D.D Dumasia, 57 ans, 14 885 heures de vol, dont 5 512 sur Boeing 747.
  • Personnel de cabine : 19 personnes.

Bilan des victimes modifier

Nationalité Passagers Équipage Total
  Canada 270 0 270
  Royaume-Uni 27 0 27
  Allemagne 3 0 3
  Brésil 2 0 2
  États-Unis 3 0 3
  Italie 2 0 2
  Japon 1 0 1
  France 1 0 1
  Mexique 1 0 1
  Russie 1 0 1
  Australie 1 0 1
  Chine 1 0 1
  Belgique 1 0 1
  Irlande 1 0 1
  Cuba 1 0 1
  Inde 0 22 22
Total 307 22 329

Parmar modifier

Le principal suspect était le chef d’un groupe armé sikh, le Babbar Khalsa, agissant au Canada. Talwinder Singh Parmar (en) était supposé avoir conçu l’attaque alors qu’il vivait en Colombie-Britannique. Parmar était un citoyen canadien naturalisé que l’Inde voulait extrader pour ses actions au Punjab. Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) obtient l’autorisation d’enregistrer ses conversations téléphoniques le , trois mois avant les attentats.

En 1992, Parmar est tué par la police au Penjab.

Le procès modifier

En la GRC arrête Ripudaman Singh Malik et Ajaib Singh Bagri sur l’inculpation des meurtres décrits ci-dessus et la tentative de meurtres sur les passagers d’Air India 301. En 2001 elle arrête Inderjit Singh Reyat, suspecté d’être le constructeur des bombes. En 2003 Reyat plaide coupable.

L’avant de la carlingue a pu être reconstitué avec des morceaux de l'épave. Le procès de Malik et Bagri, retardé par des problèmes légaux, commence en et le ils sont acquittés, dans un arrêt[réf. nécessaire] qui dénonce une accusation basée sur des témoignages très fragiles. Les forces de l'ordre déclarent qu'elles maintiennent une équipe d'enquêteurs sur le dossier.

Le SCRS serait intervenu dans l’enquête en détruisant des centaines de bandes enregistrées afin de protéger leur taupe dans le groupe terroriste[4]. Le SCRS déclare qu’elles étaient sans intérêt.

Mémorial modifier

 
Monument commémoratif à Ahakista (Irlande).

Plusieurs monuments commémoratifs ont été érigés au Canada et ailleurs pour rendre hommage aux victimes du vol 182. En 1986, un monument a été inauguré à Ahakista, en Irlande, à l'occasion du premier anniversaire de l'attentat.

Par la suite, l'inauguration d'un nouveau mémorial a eu lieu le sur un terrain de jeu, situé dans le parc Stanley, à Vancouver, en Colombie-Britannique.

Un autre mémorial a été dévoilé le à Humber Bay Park, à Toronto, en Ontario ; bon nombre des victimes de l'attentat résidaient à Toronto. Le mémorial comporte notamment un cadran solaire dont la base est constituée de pierres provenant de toutes les provinces et territoires du Canada, ainsi que des pays des autres victimes, et un mur orienté vers l'Irlande et portant les noms des victimes.

Un troisième mémorial canadien a ouvert ses portes à Ottawa en 2014, puis un quatrième mémorial a été dévoilé à Lachine, à Montréal, à l'occasion du 26e anniversaire de la tragédie.

Médias modifier

L'accident a fait l'objet d'un épisode dans la série télé Air Crash nommé Preuves explosives (saison 5 - épisode 7).

Références modifier

  1. Jiwa, Salim., The death of Air India flight 182, Paperback Division of W.H. Allen, (ISBN 0352319526 et 9780352319524, OCLC 18985467, lire en ligne), p. 139.
  2. (en) « Air India Flight 182 Report » [archive], sur Montereypeninsulaairport.com, (consulté le ).
  3. (en) « Air India Official AAR » [archive] (consulté le ).
  4. « Attentat à la bombe commis contre le vol 182 d’Air India | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le ).

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Listes des passagers