Violences sexuelles et sexistes dans le sport français

Violences sexuelles et sexistes dans le sport en France

Les violences sexuelles et sexistes dans le sport français concernent les violences sexuelles et sexistes commises au sein du sport en France.

À la suite de plusieurs affaires sexuelles médiatisées, l'État et les fédérations sportives ont commencé à agir et tentent d'y remédier.

Historique

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En France, la première enquête scientifique consacrée au sujet date de 2006. L'équipe de recherche y indique que « près de 8 % des étudiants qui ont répondu à l’enquête déclarent avoir subi une agression d’ordre sexuel en milieu sportif »[1]. Tous les agresseurs sont alors des hommes. Les victimes ont en moyenne 14-15 ans[1].

Une enquête approfondie est réalisée en 2007-2008 auprès de 1 500 jeunes sportives et sportifs. Le taux de prévalence des agressions sexuelles reste sensiblement le même (7,5%) que lors de l'étude de 2006. Plus largement une personne sur six déclare avoir été victime d'une forme de violence sexuelle (agression sexuelle, harcèlement sexuel et/ou exhibition sexuelle)[2].

En 2008, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, engage un plan de lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans le sport. Une charte sur la prévention des violences sexuelles est alors signée par les fédérations sportives[3].

À la suite de la dénonciation de Sarah Abitbol en 2020, des viols subis dans son adolescence par son entraîneur Gilles Beyer, le président de la fédération française des sports de glace (FFSG) Didier Gailhaguet démissionne, une déléguée interministérielle à la lutte contre les violences sexuelles dans le sport, Fabienne Bourdais, est désignée et une cellule de signalements et de traitement des violences sexuelles au sein du Ministère chargé des sports, intitulée Signal-Sports est installée[4].

Entre et , 387 signalements sont remontés à la cellule ministérielle destinée à la lutte contre les violences sexuelles au sein du ministère des sports (mise en place en 2020[5]), mettant en cause 421 personnes issues de 48 fédérations différentes[6]. La ministre des sports Roxana Maracineanu indique que le nombre d'affaires en cours en est porté à 533[7]. La cellule ministérielle indique en que, parmi les dossiers qu'elle recense, cela a trait à toutes les fédérations sportives et 73 % des dossiers sont relatifs à la période 2012-2022[5]. Pour la saison sportive 2020-2021, elle dénombre 107 affaires[5]. Les mineurs forment 84 %[précision nécessaire] des victimes des violences[5]. À partir de , les bénévoles sont soumis à un contrôle d'honorabilité[5].

En 2021, une étude au niveau de six pays européens avance le chiffre d'un enfant sur sept, victime de violences dans le monde du sport. Ce résultat « glaçant » ne prend pas en compte la France dont la dernière étude date de 2009[4].

En janvier 2024, le rapport d'une commission d'enquête parlementaire, avec les députées Béatrice Bellamy comme présidente et Sabrina Sebaihi en tant que rapporteure, mentionne « un caractère systémique de dysfonctionnements qui trouvent leur origine dans l’organisation de la gouvernance du monde sportif et la relation particulière qui le lie à l’Etat »[8].

En février 2024, l'Assemblée nationale adopte, à l'unanimité, une proposition de loi pour mieux protéger les enfants au sein des clubs de sport. Ainsi, les présidents de club se doivent de signaler aux services de l'État les « comportements à risques » des éducateurs, ou de tout individu en contact avec des enfants, sous peine de sanctions. Par ailleurs le contrôle des antécédents des éducateurs sportifs doit être effectué annuellement[9].

Analyse

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Lors des premières Assises internationales de lutte contre les violences sexuelles dans le sport, organisé en 2023 par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), la juriste Catherine Le Magueresse indique : « Le sport favorise l'éloignement des familles à l'occasion des stages et compétitions, une relation asymétrique fréquente, l'influence du collectif. On ne veut pas mettre en cause l'équipe car on ne veut pas que la mauvaise réputation s'abatte sur elle. Il y a une relation au corps qui est également prétexte à une agression »[4].

Affaires médiatisées

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En 1991, Catherine Moyon de Baecque[5] est la première à porter plainte pour violences sexuelles en contexte sportif. Elle dénonce un viol collectif survenu à l'occasion d'un stage national de l'équipe de France d'athlétisme en 1991.

En 2007, un nouveau scandale majeur retentit avec la dénonciation des crimes commis par Régis de Camaret. Isabelle Demongeot[5], ex-numéro 1 du tennis féminin français se rend auprès de la justice pour porter plainte pour viol contre son ancien entraîneur.

En 2020, Sarah Abitbol, ancienne patineuse internationale française dénonce les viols qu'elle a subis dans son adolescence par son ancien entraîneur Gilles Beyer[5],[10].

En 2022, la joueuse de tennis Fiona Ferro porte plainte contre son ancien entraineur Pierre Bouteyre pour des agressions sexuelles et des viols alors qu'elle a entre 15 et 18 ans entre 2012 et 2015 ; l'entraineur est mis en examen en août 2022 et se défend en affirmant qu'il s'agissait d'une relation amoureuse consentie[11].

En 2024, Hugo Auradou et Oscar Jegou sont accusés de viol en Argentine[12].

Références

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  1. a et b Anne Jolly et Greg Decamps, « Les agressions sexuelles en milieu sportif : une enquête exploratoire », Science & Motricité, no 57,‎ , p. 105–121 (ISSN 1378-1863 et 1782-1541, DOI 10.3917/sm.057.0105, lire en ligne, consulté le )
  2. Greg Décamps, Sabine Afflelou et Anne Jolly, « Étude des violences sexuelles dans le sport en France : contextes de survenue et incidences psychologiques », sur psychologue-reims.com/, (consulté le )
  3. Benjamin Bousquet, « Violences sexuelles dans le sport : une « culture du secret et du mensonge » fustigée par un rapport parlementaire », La Croix,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  4. a b et c Théo Gicquel et Apolline Merle, « Violences dans le sport : viols, emprise, harcèlement... Les mineurs en première ligne », France Info,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  5. a b c d e f g et h Farid Achache, « Violences sexuelles dans le sport: en France, les chiffres sont édifiants », sur RFI, (consulté le )
  6. Vincent Daheron, « 421 personnes mises en cause, 83 % de femmes victimes. Les chiffres clés de l'état des lieux sur les violences dans le sport », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  7. « Violences sexuelles dans le sport : 533 affaires sont en cours de traitement, affirme Roxana Maracineanu », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  8. Rémi Dupré et Nicolas Lepeltier, « L’État défaillant face aux dérives des fédérations sportives, juge un rapport parlementaire », Le Monde,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  9. « Violences sexuelles dans le sport : l'Assemblée nationale adopte définitivement une proposition de loi pour mieux protéger les enfants », France Info,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  10. « Cellule Signal-sports », sur sports.gouv.fr (consulté le )
  11. Simon Soubieux, « Tennis : Pierre Bouteyre, l'ancien entraîneur de Fiona Ferro, mis en examen pour viols après des accusations de la joueuse », sur France Info, (consulté le )
  12. « Oscar Jegou et Hugo Auradou mis en examen pour viols aggravés en Argentine », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )

À voir

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Bibliographie

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Article connexe

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Lien externe

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