Vajira Chitrasena

danseuse traditionnelle, chorégraphe et enseignante srilankaise

Vajira Chitrasena (en singhalais : වජිරා චිත්‍රසේන, Vajirā Citrasēna ; en tamoul : வஜிர சித்திரசேன, Vajira Cittiracēṉa ), née le et morte le , est une danseuse traditionnelle, chorégraphe et enseignante srilankaise.

Vajira Chitrasena
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Biographie
Naissance
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Kalubowila (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 92 ans)
Nationalité
Activités
Conjoint
Chitrasena (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction

Elle est considérée comme la première danseuse étoile de Sri Lanka et la première femme srilankaise à pratiquer la danse traditionnelle kandyenne, traditionnellement réservée aux hommes. Elle a ainsi introduit une dimension féminine (lāsya (en)) dans une forme de danse jusqu'alors à prédominance masculine. Elle a également ouvert la voie aux femmes qui souhaitaient devenir danseuses traditionnelles[1]. Elle est mariée à Chitrasena, un danseur légendaire et un maître de danse[2].

Le , elle reçoit, en même temps que feu le professeur Indra Dassanayake, le prix Padma Shri, l'une des plus hautes distinctions civiles indiennes, qui coïncide avec le 71e jour de la République de l'Inde[3],[4].

Jeunesse

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Vajira est née le à Kalubowila, près de Colombo. Son nom complet est Vajira Nalaperuma Arachige Perera. Les membres de sa famille sont fonctionnaires. Son père est attaché à l'administration du gouvernement local. Sa mère, Lilian, enseigne à l'école des garçons de Kalutara[5]. Lilian est parfois considérée comme celle qui a poussé Vajira à monter sur scène[6].

Elle fait ses études primaires et secondaires au Methodist College de Colombo.

Vajira est l'enfant le plus vif de sa famille, une fille pleine d'entrain. Elle est la deuxième enfant d'une famille de sept enfants. Elle a une sœur aînée et deux sœurs plus jeunes, ainsi que trois frères plus jeunes[5]. Ses sœurs, dont Vipuli et l'aînée, sont également danseuses.

Vajira commence la danse à l'âge de 6 ans à la Kalutara Balika Vidayalaya, l'école de la ville. Il s'agissait d'une activité extrascolaire, comme pour beaucoup d'autres filles à l'époque. C'est en mars 1941, à l'occasion d'une représentation à l'hôtel de ville de Kalutara, que l'enthousiasme de Vajira pour la danse s'est éveillé[7]. À l'époque, les deux danseurs venaient de rentrer d'Inde et présentaient des danses dans le style indien.

Vajira, qui souhaitait désormais apprendre les danses traditionnelles, part pour un temps à Sri Palee, à Horana, s'inspirant de l'exemple de Santiniketan[8]. Rabindranath Tagore était venu jeter les bases de Sri Palee et il avait donné ses concerts indiens au Regal Theatre, à Colombo. Depuis cette période, dans les années 1930, l'influence de l'Inde a été grande[9].

Mais comme il y avait peu d'espoir que la danse puisse lui offrir la possibilité de faire carrière, ses parents l'ont ramenée peu de temps après à Kalutara pour qu'elle reprenne ses études secondaires et qu'elle apprenne la danse comme matière scolaire facultative. En 1943, Vajira fait sa première apparition en solo sur scène à l'hôtel de ville de Kalutara.

Elle fréquente ensuite le Methodist Girls' College à Colombo. En 1946, à l'âge d'environ quinze ans, elle rejoint le Chitrasena Kalayathanaya, l'école de danse créée par Chitrasena, en tant qu'élève à plein temps. Elle intègre la troupe et en peu de temps, elle devient soliste et se distingue comme la danseuse la plus talentueuse de l'école Chitrasena[9][10].

Carrière

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En 1948, Vajira joue le rôle du cerf dans le ballet « Ravana » de Chitrasena, une interprétation du Ramayana. Cette pièce fait partie du Pageant of Lanka[11], un événement culturel majeur organisé pour célébrer l'indépendance de Sri Lanka[12].

En 1950, à l'âge de dix-huit ans, Vajira épouse celui qui est devenu son partenaire de danse, Chitrasena. En 1952, elle joue pour la première fois le rôle de Prakrithi dans le ballet « Chandali ». Au cours de la première partie de ce programme, elle présente son premier ballet pour enfants, « Kumudini », et devient ainsi chorégraphe à l'âge de vingt ans. Vajira a chorégraphié vingt-six productions, dont onze ballets pour enfants et quinze ballets pour adultes[5].

Vajira et son mari ont tous deux effectué plusieurs tournées en Inde entre 1959 et 1998 pour collaborer avec des artistes de différents genres. Vajira et Chitrasena étaient connus pour leurs liens étroits avec l'Inde et pour leur contribution au renforcement des relations entre les deux pays dans le domaine des arts. Son ascension vers la célébrité a été accompagnée d'une discipline et d'un dévouement inébranlables, non seulement en tant qu'enseignante, mais aussi en tant qu'interprète et chorégraphe, illuminant ainsi la carrière de son mari.

Vajira a également enseigné la danse à des étudiants pendant plus de soixante ans.

Outre ses multiples rôles de danseuse, Vajira est également mère de trois enfants : les filles Upeka (1951) et Anjalika (1953), et le fils Anudatta (1957)[10].

Vajira Chitrasena meurt le , à l'âge de 92 ans[13].

Distinctions

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En , le président indien Ram Nath Govind décerne à Vajira le prestigieux prix Padma Shri pour ses réalisations artistiques lors de la cérémonie d'investiture des prix Padma qui s'est tenue le . C'est également la première fois qu'un Sri Lankais est honoré par ce prix depuis 2002. Le , elle reçoit son prix Padma Shri du haut commissaire indien à Sri Lanka lors d'une cérémonie qui s'est déroulée au Temple Trees[14].

Références

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  1. (en) « A life dedicated to dance », Daily News,‎ (lire en ligne)
  2. (en) Sunil Kothari, « Sri Lankan dance legend Chitrasena: A contemporary of Uday Shankar », The Asian Age,‎ (lire en ligne)
  3. (en) Meera Srinivasan, « Two Sri Lankan women receive Padma awards for contribution to arts, language teaching », The Hindu,‎ (lire en ligne)
  4. (en) « Chitrasena, Dassanayake awarded highest civilian award in India », Colombo Gazette,‎ (lire en ligne).
  5. a b et c (en) Marianne Nürnberger, « Vajira - The First Professional Female Dancer oft he Sinhalese Style », Sri Lanka Journal of the Humanities,‎ (DOI https://dx.doi.org/10.4038/sljh.v40i0.7232, lire en ligne)
  6. (en) « Of Spirited Legacy », Artra, no 53,‎ (lire en ligne  ).
  7. (en) Somalatha Subasinghe, « Turning Points », Nrtya puja – A Tribute to Chitrasena, 50 Years in the Dance: 1936-1986, Chitrasena-Vajira Dance Foundation (ed.),‎ .
  8. (en) Yomal Senerath-Yapa, « Destined to dance: Vajira looks back », The Sunday Times,‎ (lire en ligne)
  9. a et b Marianne Nürnberger et Marianne Nürnberger, Dance is the language of the gods: the Chitrasena School and the traditional roots of Sri Lankan stage-dance, VU Univ. Press, coll. « Sri Lanka studies », (ISBN 978-90-5383-524-1 et 978-90-5383-579-1).
  10. a et b (en) Mirak Raheem, « Vajira: The Pioneering Female Dancer », South Asian Dance Intersections, vol. 1, no 1,‎ , p. 60-63 (DOI 10.55370/sadi.v1i1.1475, lire en ligne)
  11. (en) « Pages from 1948 », The Sunday Times,‎ (lire en ligne)
  12. (en) Sachitra Mahendra, « Vajira Chitrasena : Rhythm of Revolution », Daily News,‎ (lire en ligne)
  13. (en) Gagani Weerakoon, « Guru Vajira Chitrasena no more! », Ceylon Today,‎ (lire en ligne).
  14. (en) « Renowned Sri Lankan dancer Vajira Chitrasena conferred upon Padma Shri award », The New Indian Express,‎ (lire en ligne)